samedi, septembre 30, 2006

Document "choc": vidéo de l'attaque du PKK contre Sivan Perwer

J'avais beau en avoir entendu parler et ne pas en douter une seconde, cette vidéo du 25 mars 2003 vient mettre un point final aux dénégations minables des PKK de tout poil.

Lors d'un concert donnée pour le Newroz à Berlin, organisé par des partis kurdes syriens et iraniens, Sivan Perwer, le GRAND Sivan Perwer est attaqué par un groupe de 25 "militants du PKK". Ils commencent à hurler "Biji Serok Apo" (vive notre chef Apo) puis "Biji Azadi Kurdistan" (vive la liberté du Kurdistan) avant de monter sur scène et de molester le chanteur devant les enfants présents.



J'avoue que j'en tremble encore, tant de connerie bovine, de haine, et d'hypocrisie ensuite pour nier toute implication dans cet attentat et mettre ça sur le dos des agents turcs. A vomir. Quelle différence avec les loups gris gueulant "Ya Sev ya terket"???

Heureusement les Apocis sont expulsés et la foule reprend "Biji Kurdistan" avec un organisateur qui hurle "ce sont eux les traîtres" "ils ne parlent meme pas kurde!"..Sivan finit par revenir sur scène pour chanter Herne Pesh, "en avant"...

Je n'ai pas l'impression d'un soutien sans failles de l'assistance à "la voix du peuple kurde", au parti unique des 40 000 000 de kurdes qui tente de faire taire le plus grand chanteur kurde du XXeme siècle... étonnant, à en croire les bons agneaux qui s'étonnent qu'on puisse douter du contraire...

Cette vidéo vaut plus que tous les textes et tous les argumentaires!

"the Other Iraq"

Bon j'avoue avoir été charmé par ma visite du Kurdistan Irakien et je ne suis certainement pas impartial tant j'espère que ce pays va se développer et rester un havre de paix au moyen orient, mais la quand même, avouons que le style est un peu trop...américain!



Les Maires Pro-Kurdes de Turquie depuis 1999


Parmi les contributions à la conférence de kurdologie d’Erbil, publiées pour la plupart sur le site de l’institut kurde de Paris, l’article de Nicole F. Watts, professeur l’université de San Fransisco, présente un intérêt très particulier. Son étude est centrée sur le district de Diyarbakir. Elle a eu la chance d’interviewer Feridun Çelik, maire de 1999 à 2004, évincé par le PKK, puis Osman Baydemir, le maire actuel, figure de proue du mouvement kurde démocratique.

Cette analyse vise à décrire les pratiques symboliques des acteurs politiques kurdes qui ont fait le choix de « jouer le jeu » en tentant de s’inscrire dans les politiques turques « légitimes », souvent contre le gré de l’appareil d’Etat. On apprend beaucoup, et on est surpris des libertés prises par ces maires, qu’on aurait pu juger impensable.

Officialisation du Kurmanci

Il est apparemment possible, en jouant sur les interprétations juridiques, de publier du matériel officiel en Kurde tant que cela reste dans le cadre municipal. Osman Baydemir ne s’en est pas privé à partir de 2004, imprimant systématiquement ses affiches en Turc, Kurmanci et Anglais. Le but : pousser subtilement les frontières du « tolérable », occuper les espaces, profiter des vides juridiques et compter sur la non intervention de fonctionnaires sourcilleux ou d’avocats turcs nationalistes prêts à hurler à l’atteinte la république/Atatürk/l’Armée/leur belle-sœur. Le Kurmanci devient ainsi visible et officiel, accédant au rang de «haute culture », de « gouvernementalité » (Gellner / Foucault).

Nicole Watts souligne ce glissement normatif, d’une langue kurde bannie, niée, réprimée devenant soudain aux yeux des habitants de Diyarbakir légitime, officielle, banale. La municipalité de Sur encourage de son coté les cours de Kurde pour le personnel de la mairie, annonçant vingt diplômés en Aout 2006 : l’importance d’une administration parlant la langue du peuple est indéniable, notamment pour la représentation que se font les locuteurs de leur langue maternelle. Cette légitimation d’une langue jugée « inférieure » vise à enrayer son déclin et à favoriser chez les Kurdes de Turquie un véritable bilinguisme. Beaucoup de jeunes kurdes aujourd’hui ne parlent ni parfaitement turc, ni parfaitement kurde, mélangent les deux langues dans un sabir qui ne peut que contribuer à l’affaiblissement du Kurmanci sous l’effet de la télévision turque.

Le maire du district de Yenisehir de Diyarbakir, Firat Anli, confie ainsi avoir généralisé l’usage du kurmanci lors des cérémonies officielles, les mariages… la langue grignote ainsi du terrain, agrandit son « espace visible ».

« Déturquification » et « Kurdification » de l’espace

Beaucoup plus étonnant, la « déturquification », menée tambours battants par Osman Baydemir. Je n’ai vu Diyarbakir qu’en 2003, et avait été choqué par les énormes pancartes et leur slogan « Ne Mutlu Türkü Diyene » (heureux celui qui peut se dire turc) craché à la face des habitants. Certaines de ses pancartes ont disparu, tout comme une statute de Kemal Atatürk. En 2005, une statue en l’honneur de Musa Anter, écrivain kurde assassiné en 1992 par les habituels « groupes indéterminés » à la solde de l’Etat, a été inaugurée dans le district de Yenisehir. A signaler aussi à Bağlar, une rue Yilmaz Güney, à Batman des « boulevards des droits de l’homme ». L’administration s’est bien sur opposée à certains noms jugés trop subversifs. On apprend ainsi que le nom « quartier de la paix » a été refusé : motif, parler de paix dans le Sud-est équivaut à plaider pour une solution négociée entre le PKK et l’Etat…En disant « Yurtta Bariş, Dünyada Bariş » (paix dans le pays, paix dans le monde), Kemal Atatürk aurait du faire attention…Encore plus symbolique, une rue « Selaheddin Eyyubi » (le Saladin des croisades). Pour les historiens c’est le fondateur Kurde d’une grande dynastie, pour les Kurdes, c’est un héros national, mais pour les Turcs c’est un Turc (et pour les arabes un arabe) : impossible de refuser…

Un petit tour sur le site de la mairie de Diyarbakir permet de constater que ce pari de la "subversion subtile" est partout présent...


"Her Sey Insan Için" = "tout pour l'être humain". Rien de bien méchant, sauf si on connaît le slogan nationaliste "Her Sey Vatan Için" = "tout pour la patrie"... Il reste que le site n'est pas accessible en Kurde malgré un lien (mort), et que seul un "Hun Bi Xer Hatin" (bienvenue à vous) salue le Kurdophone...

Le tournant des émeutes

Sans surprise, les émeutes de Mars 2006 provoquées par le PKK malgré les appels au calme d’Osman Baydemir ont sérieusement compromis ces évolutions. Baydemir a vu s’unir contre lui les pro-PKK qui lui reprochaient de faire le jeu de la Turquie et le gouvernement turc lui reprochant de faire le jeu du PKK. Malgré de bonnes relations tissées entre les maires kurdes et le nouveau gouverneur nommé en 2004, il est désormais impossible pour les officiels turcs de s’afficher en public avec les élus kurdes, et 50 d’entre eux sont actuellement en procès...

vendredi, septembre 29, 2006

La Turquie refuse le cessez-le-feu

Sans surprise, la routine. Tellement plus simple de brâmer "on ne négocie pas avec les terroristes" pour un Etat qui abritait à l'assemblée nationale et dans la coaliton gouvernementale jusqu'en 2002 des députés MHP accusés de meutre de journalistes, qui, selon les aveux du lieutenant Tokat payait des barbouzes pour commettre de faux attentats, et qui vu les scandales de Semdinli et de Süsürlük devrait la jouer profil bas.

Le PKK, annonçant ne pas vouloir utiliser la force si il n'est pas attaqué pourra ainsi se draper dans sa dignité pour dire "c'est pas nous c'est eux" et recommencer de plus belle...

Pendant ce temps les commentaires de Jelal Talabani, peu récompensé de ses efforts de médiateur, ne passent décidemment pas. Il avait accusé la Turquie et l'Iran d'ingérence et de tentatives de déstabilisation. Cemil Cicek, le sémillant ministre de la justice a trouvé cet argument imparable. Il déclare dans Hürriyet "Le fait qu'un ancien chef de tribu se prononce sur un sujet ou un autre à partir de l'étranger ne change en rien notre manière de percevoir le terrorisme." Et Pan, mange ça! Il est vrai que la Turquie peut se targuer d'un bilan incomparable en matière de lutte anti-terroriste ces dernières années, incapable de protéger même ses stations balnéaires ou les ambassades étrangères, comptant un nombre record de groupuscules violents (on oublie trop souvent le Hizbullah turc, le DHKP-C, le Tikko..le TIT!).

Mais bon Talabani est un "chef de tribu", CQFD, il a tort. On imagine l'ambiance aux assemblées de l'ONU si tout le monde se met au niveau de Cicek...



Chirac à Erdogan "va donc eh, bouseux, tu vendais des simits à Kasimpasa", Bush à Sarkozy "Cocu! Nabot!" Sarkozy à Bush "Alcoolo!". La grande classe.

Avouons tout de même qu'il n'a pas été très malin en disant que si la Turquie essayait de déstabiliser l'Irak, l'Irak pouvait très bien déstabiliser la Turquie et l'Iran... mais ne le ferait pas. Levée des boucliers dans la presse turque, à coup de "il veut redessiner la carte" et "il soutient le PKK"...


Travaux de décoration...

Mes excuses confuses et contrites à ceux qui seraient tombés sur un blog exsangue et les entrailles html à l'air... voilà ce que ca donne quand un bidouilleur dans mon genre essaie de tripoter du code...

Au final la catastrophe est évitée, et vous aurez remarqué en marge à droite le petit bandeau "flickr" qui renvoie vers mes photos. Seules 200 photos actuellement, mais beaucoup à venir, et en qualité raisonnable. "Chroniques de Beyoglu" s'essaie au "web 2.0", ca promet...

jeudi, septembre 28, 2006

Silahlari Gömelim! Öcalan demande au PKK de déposer les armes

Il sera maintenant difficile pour le PKK de prétendre agir au nom d'Öcalan.


Le "Leader du peuple kurde" (petite formule toute faite que permet de voir que Firat News est un peu partisan) a appellé son organisation à observer un cessez le feu et à déposer les armes. Petite nuance, il a appellé "tout le monde en Turquie et au moyen orient à déposer les armes", mais autant montrer l'exemple. Le PKK "n'utilisera ses armes que si il est attaqué dans un but d'anihilation" et déplore que le sang d'innocents ait été versé des deux cotés sans ouvrir de voie à une résolution du conflit.


(l'Ile d'Imrali, prison d'Öcalan)



Il ajoute "il est possible que pendant la durée de l'armistice des provocations aient lieu. Je ne pense pas qu'elles viendront du côté du PKK", mais qu'en cas de provocation le cessez le feu doit rester sincère des deux côtés... L'armistice n'est "pas un signe de faiblesse".

Le reste de l'interview donnée à ses avocats lors de leur rencontre hebdomadaire rappelle les grandes positions d'Öcalan depuis son arrestation: union démocratique des turcs et des kurdes, refondation pour une "république démocratique" et la Turquie modèle pour tout le moyen-orient. Rien de neuf, si ce n'est cette épine dans le pieds de la direction du PKK et autres "TAK"...On imagine les maux de tête à venir: comment concilier l'éducation politique des "guerrillas" à coup de pavés verbeux apoesques sur la tête tout en refusant d'écouter les perles de sagesses qui parviennent à s'échapper d'Imrali? Le TAK peut il continuer à venger Apo contre son gré?

Ecartant toutes les paroles d'Öcalan qui leur déplaisent en prétextant sa condition de prisonnier, les Karayilan et Altun ont réussi à mettre le "Kürt Halkin Önderi" sous tutelle intellectuelle et politique: il n'est pas responsable de ses paroles. Un brin commode, mais il est tellement commode de se placer sous une figure totémique infaillible mais peu contrariante pour diriger... Après tout les portraits de Mao flottent partout sur la Chine Capitaliste, et Sarkozy se veut Gaullien...

Plus sérieusement, la Turquie serait bien inspirée de saisir (en mettant des gants si elle veut) cette énième main tendue...les sommes englouties par l'entretien de 250000 soldats sur le pied de guerre au Kurdistan et à la frontière irakienne, la compromission du rêve européen et la récente poussée de violence devraient peser lourd face au point d'honneur à ne pas "négocier avec les terroristes"...

Madagaskar

Déja que le film original est assez marrant, mais alors si les Kurdes s'en mêlent...

mardi, septembre 26, 2006

Ils ne vont quand même pas oser...

L'intervention turque en Irak, maintes fois annoncée, jamais réalisée, a fini par devenir une "running joke", une métaphore filée de l'entêtement des décideurs turcs à vouloir faire croire que se mettre l'UE, les Etats-Unis, les Arabes et les Kurdes à dos pouvait contribuer à leur sécurité. J'ai pour ma part toujours considéré les barissements belliqueux d'Abdullah Gül, Büyükyanit et son prédécesseur Özkok comme étant de la politique interne.


Le site israëlien DEBKA, citant des informations supposées émaner du Mossad, annonce pourtant que non seulement le Turquie va intervenir mais qu'en plus elle va le faire en partenariat avec l'Iran. PKK et PKJAK (le PKK en Iran, faisons simple) fournissent (aimablement) le prétexte à une main-mise sur les champs pétrolifères de Mossoul et Kirkuk.

Ma culture historique a de nombreuses lacunes, mais je n'arrive vraiment pas à me rappeller quand pour la dernière fois un Etat a annexé une partie d'un autre Etat Souverain à la suite d'une intervention militaire et a réussi à conserver le morceau. L'exemple d'Israël en 1967 vient à l'esprit, dans une configuration légèrement différente, mais on ne peut pas dire que ce soit une réussite flagrante. L'annexion du Koweït par Saddam (persuadé que personne n'interviendrait, et même conforté dans cette idée par son allié américain) n'a pas non plus laissé de traces dans les mémoire comme un grand coup de génie politique. Non vraiment, il me semble que l'époque soit plus aux modifications de frontières dues aux déclarations d'indépendances qu'aux grandes conquêtes mongoles.


L'armée turco-iranienne (qu'on m'arrête si je dis une bêtise, mais il me semble que ce serait un grande première depuis l'Empire Timuride) a pour elle une nette supériorité numérique et matérielle. Elle a contraire une incapacité chronique a mener une guerre propre et efficace contre des mouvements de guérillas: il faut donc prévoir, dans le scénario le plus optimiste, un exode des populations Kurdes Irakiennes hors de leurs villages pilonnés par les aviations turques et iraniennes, des bombardements chirurgicaux cramant tout dans un rayon de 20 kilomètres autour de la cible, des images de veuves et d'orphelins en boucle sur les écrans du monde entier. Les quelques milliers de combattants du PKK et du PJAK lutteront à avec l'énergie du désespoir et devraient infliger quelques pertes, avant de succomber sous le nombre, faute, cette fois, de porte de sortie.

C'était donc le scénario optimiste, celui ou les forces kurdes irakiennes laissent dévaster leur pays par des armées ennemies. Le scénario pessimiste donc ajoute à ce charmant tableau une résistance acharnée des 100 000 peshmergas des forces du gouvernement régional kurde, commandées par des généraux rompus au combat de guérilla, vétérans de la résistance contre Saddam, appuyés par la population, armés et habillés par les Etats-Unis, entraînés par des instructeurs israëliens, et ayant avec eux le bon droit, celui de la résistance à l'envahisseur. Cela signifierait pour la Turquie un abandon total du rêve européen, contre les illusoires ressources apportées par le pétrole irakien.

J'espère ne pas me tromper, mais je n'y crois pas une seconde. Evidemment personne n'aurait cru que la France, l'Angleterre et Israël envahiraient l'Egypte nasserienne en 1956 pour prendre le contrôle du canal de Suez. Victoire militaire (la belle affaire), fiasco diplomatique et humiliation, tape sur les doigts par l'Oncle Sam, menace nucléaire par l'Oncle Ivan, à méditer pour les Turcs.

Au même moment, Jalal Talabani, qui n'a pas du tout envie de voir des Turcs en uniforme au Kurdistan Sud, annonce avoir obtenu du PKK un nouveau cessez le feu, qui prendra effet dans les jours à venir. Difficile ensuite pour la Turquie, même si elle ne reconnaît jamais ces cessez-le-feu, de justifier une intervention... Difficile aussi d'expliquer aux investisseurs turcs qui injectent des millions de YTL dans l'économie kurdistanaise (quel joli mot) qu'ils vont perdre leurs billes dans une "metal firtina" (tempête de métal) des familles.

La Turquie et l'Iran surtout se sont déja signalés ces derniers mois par des bombardements des positions rebelles dans le Kandil, avec une inefficacité criante. La perspective d'une intervention terrestre semble hautement irréaliste, mais la connerie humaine n'a parfois que faire des considérations stratégiques et du bon sens.

La où l'article brouillon de DEBKA perd un peu plus de crédibilité, c'est en annonçant doctement qu'en cas d'intervention, les Turcs et les Iraniens veilleront à détruire les postes d'observations israëliens au Kurdistan Irakien, et empêcher Israël d'utiliser l'aéroport d'Erbil dans une éventuelle offensive israëlo-américaine contre l'Iran. La Turquie laïque, dans un judicieux renversement d'alliance s'allierait donc à l'Iran Chiite contre les judéos-croisés, coupant les ponts avec ses actuels alliés Américains et Israëliens, sortant de l'OTAN... Si Enver Pasa était à la tête de la Turquie, je ne dis pas. Sa grande offensive caucasienne de 1915 avait fini lamentablement dans les neiges de Kars, sans même franchir la frontière russe, ses troupes gelant sur pied sans tirer un coup de fusil, précipitant ainsi la défaite des Ottomans malgré le génie de son rival Mustafa Kémal sur le front ouest.


dimanche, septembre 24, 2006

Les abrutis associés

Vexé par la publicité faite autour de l'attentat revendiqué par le "TIT" en début de semaine, le TAK s'est empressé de remettre les pendules à l'heure en faisant valoir son professionalisme et sa précision en attaquant un poste de police dans la ville d'Igidir, au moyen d'un camion piégé. Le bilan de 5 policiers blessé pour un total de 17 blessés (dont 7 enfants) montre un léger défaut de maîtrise au niveau des dégats collatéraux. Le bilan des attentats du TAK au Kurdistan turc serait intéressant. Visant essentiellement des postes de police et des bureaux de partis turcs, ils font souvent plus de victimes dans la population civile kurde que chez les forces d'occupation...

L'armée turque elle parvient à tuer des enfants sans lever le petit doigt. Un obus non explosé dans une zone de tir de l'armée dans la province de Siirt a causé la mort d'un enfant de 10 ans et grièvement blessé son frère de 12 ans. La manifestation organisée par les proches de la victime a été etouffée dans l'oeuf par les militaires et les "forces d'actions spéciales " (özel tim).


(Source Firatnews)


Non contents d'avoir cramé la plupart des forêts du Kurdistan, vidé 4000 villages et détruit les paturages et les cultures, la glorieuse armée turque assure aux Kurdes des années d'accidents mortels, même en cas de paix durable grâce aux champs de mines aux frontières et obus nons explosés judicieusement disséminés...

vendredi, septembre 22, 2006

Une plaie de la Turquie: "l'union des avocats" nationaliste

On commence à se lasser des procès à répitition intentés à Baskin Oran, Orhan Pamuk et dernièrement Elif Safak pour "insulte" (à l'armée, Atatürk, la république, Enver Pasa, etc). Leur inutilité est flagrante (les "traîtres" sont toujours immédiatement acquittés à l'ouverture de leur procès) et le gouvernement se désole de la mauvaise image de la Turquie donnée par cette chasse aux sorcières.


Deux responsables: Le ridicule article 301 du code pénal, qui condamne toute atteinte à "l'identité de la Turquie (türktür türk kalacak), l'armée, la justice, le gouvernement et des organisation comme "Büyük Hukukçular Birligi" (grande union des avocats), "ONG" ultranationaliste qui se donne pour mission d'intenter un procès à tout intellectuel, journaliste, écrivain qui ose porter atteinte à l'évangile selon Alparslan Türkes.

Le gouvernement AKP, soutenu en cela par le CHP, se refuse, malgré les appels répétés de l'UE et des progressites turcs, à retirer cet article, sous le prétexte que cet article ne constitue pas une entrave à la liberté d'expression et protège la république. On rappelle que la constitution militaire issue du coup d'état du 12 septembre 1980 affirmait protéger la liberté d'expression "SOUS RESERVE DE" (s'ensuivait une liste interminable de cas particulier rendant dans les faits impossible la moindre critique). La Turquie, citadelle assiégiée, sous les menaces des ennemis de l'intérieur et de l'extérieur, ne peut se permettre de laisser ses citoyens attaquer les fondements de la république.

De manière amusante, la vaillante armée turque autopraclamée invincible n'a jamais servi, si l'on excepte l'invasion de chypre, sur un théatre extérieur depuis la proclamation de la république. A l'image des armées sud-américaines des années 70, elle ne sert qu'à maintenir la démocratie dans un carcan sous prétexte de sécurité nationale.

L'article 301 ne serait pas aussi célèbre s'il n'était brandi à bout de bras par des excités comme cette union des avocats et son président le procureur psychopate Kemal Kerinçsiz, "croisé" autoproclamé, dont voici une citation " notre pays est sous occupation culturelle et économique... l'impérialisme occidental a choisi sa nouvelle princesse (Elif Safak) pour supporter les minorités ethniques les partisans des USA et de l'union européenne"


(sur les drapeaux " l'UE c'est le facisme")

(Kemal Kerinçsiz au second plan)


Ce courageux guignol se voit systématiquement ridiculisé par des juges qui l'écoutent d'une oreille distraite et acquittent illico les agents de l'impérialisme. Baskin Oran avait proprement ridiculisé Kerinçsiz en démontant point par point son longuissime acte d'accusation, avec un mépris jouissif...

"L'"existence d'une minorité" est un fait sociologique. Il n'est pas du pouvoir de l'Etat de l'accepter ou de le nier. Si dans un pays, il y a un groupe non-dominant qui diffère de la majorité par différents aspects, et qui considère que ces différences sont une partie indissociable de son identité, alors les critères internationaux s'accordent sur le fait qu'il existe une minorité dans ce pays. Et à partir de là, ce qu'affirme l'Etat est sans importance." (trad sandrine alexie)

"Ah, ces procureurs que nous voyons aujourd’hui, qui ont tenté de sauver le pays!

Il y a eu un Procureur militaire en 1980, qui disait dans son acte d’accusation :

Dans l’Est s’il neige, alors il gèle; et quand on marche dessus, cette neige produit les sons khart-khurt. Le nom Kurde est dérivé de cela, donc il n’y a pas de groupe appelé kurde”. Bon, c’était lors du coup d’Etat militaire, alors nous pouvons comprendre. Nous nous disons: “Ce procureur n’a jamais entendu parler de la blague sur Hayri le canard”.

Il y en a un autre, qui dans les années 1970, nous explique dans son acte d’accusation :

Les mots Turc (Türk) et Kurde (Kürt) sont une valeur commune combinée, composée de l'assemblage des mêmes lettres ". Il nous apprit ainsi que les lettres T, Ü, R et K sont les mêmes, alignées différemment et donc que les Kurdes sont en fait des Turcs.

Et comme si ça ne suffisait pas, le même procureur militaire a pu dire, dans son acte d’accusation, que je vais lire verbatim, tellement c’est dur à croire :

Le nationalisme turc n’est jamais raciste, en accord avec notre Constitution. Au contraire, au lieu d’une vue raciste abstraite, il accepte un racisme national idéaliste, progressiste, unificateur basé sur l’unité d’une même culture et d’une même destinée.”[3] Mais bon, c’était le coup d’Etat militaire, alors que ça nous plaise ou non, nous disons d’accord, nous comprenons."
Mais en 2006, nous ne comprenons plus du tout. Dieu merci, il n’y a plus de dictature militaire maintenant, mais une Turquie qui s’avance sur le chemin démocratique qui mène à l’UE.

La suite est en ligne, et est du même tonneau! Un vrai bonheur... Je ne résiste pas à citer ce morceau de bon sens

"Par exemple, l’article 39/2 de Lausanne se lit comme suit: “Tous les habitants de la Turquie, sans distinction de religion, sont égaux devant la loi.” Maintenant je souhaite pouvoir repérer celui qui interpréterait ça comme un “droit des minorités” puisqu’il ne parle même pas de “majorité”. Il n’est même pas fait mention de “nationaux” mais des droits de “tous ceux qui habitent en Turquie”, étrangers ou nationaux.

Saviez-vous que cet article 39/2 était la proposition de la Délégation du gouvernement d’Ankara à la conférence de Lausanne ?

Avez-vous jamais songé que si l’art. 39/2 avait été appliqué, c’est-à-dire que si l’Etat ne l’avait pas violé constamment jusqu’à nos jours, nous n’aurions pas ce problème stupide concernant les émissions de radio ou télévision en des “langues autres que le turc”?

N’avez-vous jamais pensé que sans de tels problèmes, le nationalisme kurde n’aurait jamais gagné en force ?"

Ca tombe sous le sens, mais ca reste d'une élévation de pensée totalement inaccessible à l'establishement turc! Il est CLAIR, que si un enfant est éduqué dans sa langue maternelle, il voudra prendre les armes contre son pays. Le fait qu'après 80 ans de république négationniste les Kurdes soient toujours là et posent toujours problème n'effleure pas les courageu croisés: la seule solution est la répression, le fusil dans le dos de chaque citoyen.

Pour en revenir à Kerinçsiz, il est également responsable des procès contre Hrant Dink le journaliste turc arménien, de l'interdiction de la conférence arménienne prévue à l'université de bogaziçi, d'une tentative d'interdiciton de la conférence sur la question kurde, et du procès de 5 journalistes ayant critique la décision d'interdiction de la conférence arménienne susdite. Il s'est aussi distingué en tentant de faire interdire la venue du Katolikos arménien en juin...

Selon cet article d'armenews, tiré d'un article de Yeni Safak, Kerinçsiz a des fréquentations édifiantes dans les milieux négationnistes et l'Etat profond. Il a notamment participé en avril à une cérémonie visant à réhabiliter un fonctionnaire ottoman responsable de massacres d'arménien et pendu par le gouvernement provisoire de Mustafa Kemal. La filiation idéologique de ce triste cuistre n'est donc même pas "ultra kémaliste", elle remonte directement au comité union et progrès, aux fondement du nationalisme turc de la fin du XIXeme, aux inspirateurs de la "turquification", des émeutes anti chrétiennes, des massacres de 1895 et de 1915, aboutissant aujourd'hui aux caciques de l'Etat profond, du MHP, en passant par l'idéologue du MHP Atsiz, qui parvenait dans ses écrits à prouver dans ses écrits que les kurdes n'existaient pas mais qu'ils étaient quand même inférieurs, au colonel Türkes arreté après la seconde guerre mondiale pour avoir tenté de pousser la Turquie dans le camp Nazi...

La suppression de l'article 301 permettrait à la Turquie de s'économiser une publicité négative dont elle n'a que trop peu besoin, et de mettre hors d'état de nuire des gens comme Kerinçsiz...

jeudi, septembre 21, 2006

Pensée du jour

C'est toujours délicieux de voir exprimé en une phrase ce qu'on peine parfois à mettre en mots simplement!

Petite reflexion d'un lecteur du blog de Guillaume Perrier

"Les pires turcophobes que je connaisse sont ceux qui soutiennent mordicus toutes les idioties et toutes les horreurs d’un régime aux abois. Ces turcophobes-là soutiennent les sottises de l’Etat comme la corde soutient le pendu, et ces turcophobes-là sont facilement identifiables, ils se prennent pour des ayatollahs du régime, les policiers de la vertu du gouvernement, et même les vierges effarouchées qui poussent des cris d’orfraies dès qu’une voix libre s’exprime."

Et toc! On ne peut pas mieux remettre en place les abrutis qui hurlent à la turcophobie dès qu'on ose sortir de la rengaine "la turquie c'est chouette, bodrum ca déchire, le çay c'est très bon"... Remuer la merde, chercher la petite bête, appeller un fasciste un fasciste, c'est être turcophobe...

Pris à partie par les PKK quand je critique le Soleil de l'Humanité, par les loups gris quand je critique l'armée turque, je suis à la fois kurdophobe à la solde des turcs et turcophobe à la solde de l'impérialisme qui fait rien qu'à vouloir diviser la république. Les pires sont peut être ces français qui parcourent les forums "turcophiles" et qui sont les premiers à encenser le père Kémal et à vomir Orhan Pamuk et Elif Safak comme "traitres" et "provocateurs".


mercredi, septembre 20, 2006

Rions un peu avec Abdullah Gül

Je me tâte à créer une rubrique spéciale consacrée au très rigolo ministre des affaires étrangères de la Turquie, Abdullah Gül.


Après s'être insurgé la semaine dernière contre l'affaire du drapeau kurde déployé au Kurdistan Sud (découvrant en 2006 que celui-ci y flotte depuis 15 ans), il déclare aujourd'hui vouloir protéger les Kurdes Irakiens en cas de guerre civile en Irak. Ce ne serait selon lui qu'une "continuation" de l'aide apportée à la Turquie aux kurdes d'irak, et il cite l'exemple de l'aide apportée par la Turquie aux 500 000 réfugiés fuyant les armées de Saddam en 1988.

Amusant, la lecture du livre de Sabri Cigerli "les réfugiés kurdes d'Irak en Turquie" ne m'avait pas donné l'impression que la Turquie était particulièrement ravie de les recevoir, ni qu'elle les avait particulièrement bien traitée à l'époque. Enfermés dans des camps gardés par l'armée, coupés de la population kurde de Turquie, les réfugiés étaient très mal vus de la presse turque de l'époque, qui se donnait des maux de tête terribles pour savoir comment les désigner. Difficile d'apeller ces kurdes pas de chez nous "turcs des montagnes", c'est un peu vache des les appeller "terroristes", que faire. Et surtout comment nier l'existence de la langue kurde quand les reporters de la télévision sont obligés de recourir à des interprètes pour interviewer ces salauds qui ne parlent pas turc mais seulement kurmanci?

Bref, Abdullah Gül veut protéger les Kurdes d'Irak. Lesquels ne connaissent de la Turquie que les bombardements dans le monts Kandil, le soutien aux fascistes du front turkmène irakien, le blocus partiel du poste frontière de Kara Habur / Ibrahim Qalil, et les menaces hebdomadaires d'intervention armée. J'espère qu'Abdullah Gül ne s'attend pas à des arcs de triomphes et des jolies kurdes se jettant au coup des soldats...

Rendons grâce à la Turquie, seuls les grand pays peuvent se permettre de placer un comique à la tête de leur diplomatie.

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Aux origines du TIT...

L'acharnement de la police à négliger la piste de l'extrême droite turque est quand même un poil louche... Le journal "Gündem" livre quelques infos sur les TIT, qui semblent déjà avoir un beau palmarès à son actif.

D'après un "repenti" du PKK, Adil Timurtas, les TIT regroupaient des soldats, des policiers, d'autres "repentis" et des militants d'extrême droite, et "travaillait" en relation étroite avec les JITEM (services secrets de la gendarmerie). Dans une interview donnée au magazine "Nokta", Timurtas rend les TIT responsable de nombreuse "exécutions extra judiciaires" survenues au Kurdistan Turc. Ces "disparitions" de Kurdes soupçonnés de soutenir le PKK étaient souvent le fait d'hommes armés en civil agissant en toute impunité. J'ai travaillé sur le cas de ces "kayiplar" (disparus) afin d'essayer de faire reconnaître le statut de réfugié en Hongrie à un Kurde de Diyarbakir...La liste ci-jointe, établie par les soins de l'IHD donne idée de l'importance de ce phénomène et la vraie dimension de l'OHAL, système d'état d'urgence en cours au Kurdistan de 1987 à 2003. Entre les "Özel tim", le JITEM, le Hizbullah et donc le TIT, le pouvoir turc disposait d'un choix appréciable d'exécuteurs de basses oeuvres...

La spécialité du TIT, selon Adil Timurtas, était l'intimidation. Le "repenti" cite en vrac une bombe placée dans la voiture du président du barreau de Diyarbakir, l'incendie du journal Yeni Ülke (revendiquée sous le nom "Union des Moudjaïdine Islamiques"!!)

Arrêté plusieurs fois et illico relâché, Demirtas a été pris sur le fait en 2005, tâchant d'extorquer des fonds au représentant du DEHAP dans le district de Bagçilar Lezgin Bingol. "Relaché faute de preuve", inculpé à nouveau suite à l'appel du procureur de la république à Diyarbakir, il s'en sort nouveau... il est des protections qui n'ont pas de prix.

On plonge ici dans les barbouzeries du l'Etat turc, faisant "régner l'ordre" au Kurdistan main dans la main avec les néo-fascistes du MHP et les fanatiques du Hizbullah. Autant ce parti islamiste kurdo-turc, responsable de nombreux massacres au Kurdistan, fut proprement éliminé en 2000 par l'armée qui avait utilisé, autant l'impunité totale dont bénéficient les membres des "özel tim" et autres TIT est frappante. De Süsürlük à Semdinli, les assassins en service commandé sont les "bons petits gars" loués par le nouveau chef de l'Etat Major Büyükyanit...


TIT et TAK la suite!

Petites reflexions tirées du site nasname.com, à partir d'une lettre reçue par son directeur Sükrü Gülmüs, accessoirement ex-cadre de premier plan du PKK et placé depuis "sur liste noire".


Nedir TAK? Kurdistan Intikam Sahinleri... Peki nedir TiT, Turk iNTiKAM TUGAYI...Cok guzel, buraya kadar cidden guzel...


C'est quoi le TAK? Les Faucons de la vengeance du Kurdistan.... Bon alors c'est quoi les TIT? Les BRIGADES de la vengeance turque. Très chouette, jusqu'ici c'est sérieusement chouette...

Le site des jeunesses du PKK défend le TAK. Les MHP défendent le TIT (...) Qui nous délivrera d'eux?

mardi, septembre 19, 2006

Rien de neuf à Diyarbakir

Petite victoire pour le maire de Diyarbakir Osman Baydemir, la manifestation silencieuse de Samedi a été un vif succès, se déroulant, ce qui est rare dans cette ville, sans (trop de) heurts avec la police, sans vitrines brisées et sans slogans pro-Öcalan. Bref rien à voir avec les émeutes de début avril.

Le mystère plane encore sur les auteurs de cet attentat. La piste PKK, poursuivie par les autorités, semble franchement foireuse. La piste extrême-droite, non retenue, semble peu crédible. La piste Etat-Profond, privilégiée par les Kurdes, serait tirée par les cheveux...et pourtant celà semble bien devoir être une de ces trois solutions!

Une bombe similaire a celle de l'attentat de Diyarbakir a été trouvée sur une route de la région de Nusaybin, "au bord d'une route longeant la frontière turco-syrienne et très fréquemment empruntée, par la population et les militaires, ont précisé les services du gouverneur local." (AFP)

"Glups", je l'ai empruntée cette route moche entre deux étendues de cailloux, et elle est en effet très fréquentée par les militaires qui passent le temps en contrôlant les cars.

L'étau semble se resserrer sur le PKK en Irak. Après la fermeture du "centre culturel Öcalan" à Bagdad, le "gouvernement irakien" annonce la fermeture de tous ses bureaux. On ignore ce que le "coordinateur spécial" américain Joseph Ralston a en tête, ni si le PDK et l'UPK sont prêts à lutter directement contre les forces de Karayilan dans les monts Kandil... Avouons tout de même que le PKK n'a plus beaucoup d'amis! La menace est cependant nuancée par la nomination au poste de "coordinateur spécial" pour le gouvernement irakien d'un...arabe sunnite. Et là, on voit mal le gouvernement du Kurdistan de Massoud Barzani laisser un général arabe diriger des troupes au Kurdistan, encore moins laisser y rentrer des troupes arabes...


vendredi, septembre 15, 2006

Peur de Dieu, oui, Peur d'Allah, non!

L'avantage d'avoir un pape en état de marche, c'est qu'on peut enfin en rire sans mauvaise conscience. Il y a quelques jours, Benoit XVI s'était signalé en appellant hommes et femmes à réapprendre "la crainte de dieu" et en appelant au combat contre la laïcité. La "crainte de Dieu" a en effet progressivement reculé en Europe, à partir du moment où elle n'était plus soutenue par l'inquisition et ses bûchers. C'est un peu simpliste, mais avouons qu'il est plus simple d'être Athée et de se déclarer comme tel quand on ne risque plus de se voir brûler vif pour ça... Le Pape Clément VIII, condamnant l'Edit de Nantes accordant la liberté de culte aux Protestants, estimait qu'il "apportait la pire chose au monde, la liberté de conscience". De son point de vue, il avait entièrement raison.

De manière amusante, cette crainte de Dieu tant chérie par Benoit XVI ne semble pas s'étendre au Dieu des musulmans (qui aux dernière nouvelles est le même), et il site l'empereur Byzantin Manuel II Paléologue "Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau. Tu ne trouveras que des choses mauvaises et inhumaines, comme le droit de défendre par l'épée la foi qu'il prêchait". Manuel II en savait quelque chose, avant dernier souverain d'un Empire réduit à Constantinople et ses Faubourgs, la Morée et le Pont, prisonnier de Beyazit Ier, vassalisé par Mehmet Ier en 1424... Gage d'une grande neutralité philosophique envers l'Islam!

En citant un vaincu aigri et désespéré déplorant "le droit de défendre sa foi par l'Epée", Benoît XVI ferait bien sourir, mais sa critique de l'Islam comme une religion violente et inhumaine opposée à un christiannisme pacifique et compassionel n'est pas des plus judicieuse, surtout à deux mois d'un voyage en Turquie, d'ores et déjà condamné par l'opinion turque...

Souhaitons en tous cas bonne chance au Panzer Pape, condamné à essayer d'insuffler la crainte de Dieu aux mécréants, sans pour autant utiliser l'épée. A ma connaissance ca ne s'est jamais fait... Réagissant aux critiques virulentes soulevées par son "dérapage", le Pape rappelle que ce qui lui tient à coeur, c'est
"une claire et radicale réfutation de la motivation religieuse de la violence".

mercredi, septembre 13, 2006

TIT et TAK sont sur un bateau

L'attentat de Diyarbakir a été revendiqué mercredi après-midi par une organisation d'extrême droite à peu près inconnue, les TITs (Brigades turques de la vengeance) sur un site web qui brille par sa sobriété. Les TIT s'étaient auparavant signalés en envoyant des lettres de menace et des "colis douteux" à l'IHD et au DTP à Diyarbakir (source Firat). La police juge quant à elle la piste douteuse, et il est vrai que l'amateurisme du site web pousse à la ciconspection... Les TITs affirment quand même vouloir tuer 10 Kurdes pour chaque Turc tué (ce qui en passant constitue une reconnaissance de la spécificité kurde par l'extrême droite, on progresse) et que "un bon Kurde est un Kurde mort". "Vaste programme" comme disait l'autre.

Si cet attentat est bien le fait d'un groupuscule d'extrême droite (ce qui reste plausible si on remonte aux années 1990), éventuellement télécommandé par "l'Etat profond", gageons que certains faucons encagoulés vont triompher... le TAK ayant eu l'ambition affichée de "faire sombrer la Turquie dans le chaos", une guerre civile à coups de vengeance, contre vengeance et revengeance serait un ravissement... à l'heure où le DTP et l'IHD appellent le PKK à déposer les armes et la Turquie a accepter un cessez le feu...

Trois jours de deuil ont été décrétés, et une manifestation silencieuse est annoncée pour Samedi...

Au moins 11 morts dans un attentat à Diyarbakir

Dans "petites recettes du TAK", j'avais montré comment ce groupuscule tablait sur l'action individuelle pour mener à bien son ambition de chaos généralisé en Turquie. En expliquant tranquillement comment fabriquer des bombes "artisanales", le TAK, si c'est bien lui qui est impliqué dans l'attentat de Diyarbakir, vient de se mettre quelques litres de sang kurde sur les mains.

(photo AP)

La bombe qui a fait au moins onze morts hier soir à Diyarbakir prêt d'un arrêt de bus du parc de kosuoglu dans le quartier de Baglar, à proximité de l'école primaire Yunus Emre, aurait, selon NTV Türk, explosé entre les mains du terroriste, de manière involontaire. Selon CNN Türk, elle aurait au contraire été activée au moyen d'un téléphone portable, ce qui est la méthode préconisée par le TAK sur son site web.

Si je ne me trompe pas, c'est la première fois qu'un attentat de cette ampleur et visant des civils a lieu au Kurdistan Turc. Malgré le peu d'illusion que je conserve envers le PKK et le TAK, il me semble peu probable que ces organisations décident de frapper aveuglement la population kurde. Non que le PKK ne soit pas un spécialiste des assassinats ciblés de Kurdes qui dévient de la ligne du parti, mais l'attentat aveugle au Kurdistan ne me paraît pas susceptible d'apporter quoi que ce soit au PKK ou au TAK...

L'hypothèse serait donc celle d'une bombe explosant entre les mains du candidat terroriste... Le gouverneur du district de Diyarbakir parle d’une bombe « transportée dans un thermos et qui a explosé pendant qu’elle était transportée" (washington post).

L'IHD, (Insan Halklari Dernegi, Institut de défense des droits de l'homme), cité par Firat News, a "condamné cet attentat, quels qu'en soit les responsables et quel que soit le but recherché" Le président du barreau de Diyarbakir, Sezgin Tanrikulu a de même "maudit" les responsables de cet attentat.

Dans la journée, des habitants de Diyarbakir sont venus déposer des fleurs sur le lieu de l'explosion.


vendredi, septembre 08, 2006

Nostalgie...

Evidemment c'est dur d'aller au Kurdistan-sud tous les ans...pas encore de bonnes liaisons aériennes, et celles qui existent sont hors de prix...

Pendant ce temps, certaines s'amusent!

Petit récit d'un congrès de Kurdologie à Erbil (Hewler) sur ce blog...

mercredi, septembre 06, 2006

Si la mauvaise foi tuait...

...la haute administration turque serait décimée! Le nouveau scandale, la nouvelle croisade turque "Les Kurdes d'Iraq utilisent leur drapeau". Enorme. Le porte parole du ministère des affaires étrangères, Namik Tan confiait ce matin à la presse qu'Abdullah Gül en avait parlé au secrétaire général de l'ONU, en visite à Ankara dans le cadre du déploiement de forces turques au liban.

D'après Tan, la situation créée par ce déploiement de drapeau est "extrêmement dangereuse"

La ou je ne comprends pas, c'est que le drapeau kurde flotte sur le "Nord de l'Irak" depuis maintenant 15 ans, qu'un drapeau grand comme un terrain de foot est peint sur le barrage de Duhok, qu'un drapeau flotte à portée de jumelles du poste frontière de Kara Habur... Je ne pense pas que les Turcs ait attendu septembre 2006 et l'annonce faite par le président du Kurdistan Massoud Barzani que tous les drapeaux "baathistes" flottant au Kurdistan devaient être descendus. De fait, et j'ai pu m'en rendre compte, on ne pouvait jusqu'ici voir de drapeau Irakien que dans les villes tenues par l'UPK (sous le drapeau kurde), et aucun dans celles tenues par le PDK.


(poste frontière Turquie / Kurdistan Irakien)

Si Abdullah Gül le souhaite, je tiens à sa disposition des documents accablants prouvant que les "Nord irakiens" passent leur temps à gueuler "Kurdistan", et que le drapeau nouvellement créé est visible partout et sans aucun respect de la souveraineté turque.


La presse internationale s'emmêle quant à elle les pinceaux en annonçant que "le président kurde annonce que le Kurdistan va adopter un drapeau séparé" (International Herald Tribune). On frôle "retour vers le futur". On revient de la 4ème dimension... Bientôt on verra la presse française découvrir que le drapeau breton flotte sur toutes les mairies depuis bien 30 ans.

Namik Tan déclare, toujours selon International Herald Tribune, que "des mesures seront prises pour résoudre ce problème de drapeau".

Gageons que Koffin Annan, qui doit avoir d'autres chats à fouetter, a du bien rigoler. Personellement j'ai hâte de voir les mesures prises par la Turquie !


mardi, septembre 05, 2006

La bombe du Lieutenant Tokat

Décidemment l'armée turque n'est plus ce qu'elle était. A moins que ce soit simplement la presse turque qui ne prenne plus de gants? Après le scandale de Semdinli l'année dernière, le journal Sabah a fait exploser le 27 juillet une petite bombe qui met le haut commandement de l'armée dans l'embarras. Dans son édition du dimanche, le lieutenant général à la retraite Altay Tokat affirme avoir fait, sur ordre, exploser "une ou deux bombes" au Kurdistan Turc afin de "faire rentrer les juges et les fonctionnaires dans le rang".

Le procureur de l'Etat major, Saim Öztürk, s'est bien sur empressé d'attaquer Tokat au titre de l'article 95 du code pénal militaire pour "tentative d'entamer la confiance en l'armée" et "déclaration au sujet d'affaires militaires sans ordre". Le lieutenant Tokat ne faisant plus partie de l'armée, son cas pourrait être transféré devant une juridiction civile.

De leur côté, l'IHD et le barreau de Diyarbakir se sont empressés de déposer une plainte séparée contre Altay Tokat et ont demandé une enquête sur ses activités au Kurdistan.

L'extrait de l'interview de Sabah ne donne pas exactement l'impression d'une "repentance", et le lieutenant Tokat rappelle plutot le Général Aussarès parlant sans honte des tortures infligées aux Algériens.

"De mon temps, j'ai également du poser quelques bombes à des endroits stratégiques. (...) Le but était de faire passer un message".

"Les fonctionnaires et les juges qui viennent de l'ouest ne comprennent pas le sérieux de la situation...quand les choses se calment, ils commencent à ne pas prendre le "business" au sérieux. En conséquance, j'ai fait poser des bombes à des endroits proches de leurs maisons...Après ça, ils comprenaient qu'ils devaient faire attention. Une action de ce genre est plus efficace que mille mises en garde! Je les éduquais ainsi"

"Vous ne pouvez pas dire immédiatement que poser des bombes est illégal. Il est possible que j'aie sauvé la vie de ces personnes. Je ne leur ai pas dit."

(source BIANET)
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samedi, septembre 02, 2006

La terreur Kurde continue !

Au Kurdistan Irakien, il n'y a pas beaucoup de distractions, mais on a la télé... et parfois ca donne des idées!



La tête réjouie de l'otage gâche un peu l'effet de surprise, mais j'avoue avoir quand même bien rigolé... si quelqu'un peu traduire ce que le terrible preneur d'otage dit...

Crime contre la république au sein de la Jandarma

Le chef de la gendarmerie de la ville de Gezin (district d'Elazig), Azim Basol, fait l'objet d'une plainte pour avoir dancé le Halay (dance traditionnelle) avec des enfants sur de la musique Kurde lors d'un "camp d'été" organisé par Osman Baydemir dans sa ville.

Le site de la mairie de Diyarbakir ne manque pas de publier la photo incriminant le malheureux militaire, qui n'a pas compris que si tous les citoyens turcs sont turcs, il ne fait pas bon de danser avec ceux qui le sont mais pas vraiment, enfin si, mais quand même c'est des kurdes quoi.

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Je suppose qu'Azim Basol est le monsieur en polo blanc à l'air pincé qui tient la main d'Osman Baydemir (costume noir). Le site de la mairie livre traitreusement à la justice les titres des chansons sur lesquels le malheureux fonctionnaire s'est compromis: "Lo Bedre", "Serê Golê", "Melî" "Wesê".

Dans un tout autre style, le chef de la police d'Istanbul, Celalettin Cerrah, n'a toujours pas été inquiété pour avoir s'être réjoui du lynchage de manifestants protestant contre l'envoi de troupes turques au Liban.

Le journage RADIKAL dénonce la naissance d'une "culture du lynchage", qui transpire en effet des agressions régulières subies par les kurdes et les militants de gauche en Turquie: les groupes néo fascistes tels que le MHP et le BBP se spécialisent depuis environ deux ans dans les commandos de choc destinés à tabasser les ennemis de la Turquie à 10 contre 1. Jeune kurde sauvagement agressé à Istanbul au printemps, syndicalistes lynchés à Trabzon, membres d'associations de soutiens aux prisonniers agressés à Rize en Avril 2005 avec le soutien du maire de la ville, vandalisme lors d'une exposition de photos à Istanbul en Septembre 2005 (j'y étais)... En toute impunité bien sur.


vendredi, septembre 01, 2006

Le Kongra-Gel condamne le TAK...

On attend encore une condamnation officielle de la part d'Öcalan ou Karayilan des attentats aveugles commis par le TAK dans les grandes villes de l'Ouest et du Sud, mais un officiel du "Kongra-gel" a émis l'opinion que les attentats commis contre les civils ne "faisaient pas avancer la cause kurde (AKI)

Difficile de ne pas être d'accord...

"The killing of civilians is not acceptable. If the armed struggle can contribute to a solution of the [Kurdish] issue, then it has a certain legitimacy, but actions like the ones we've seen in recent days, are unacceptable," Kartal told AKI.

"I'm of course referring exclusively to civilian targets, it is clear that in a context in which Turkey conducts open war, military targets remain legitmate targets [for Kurdish separatists]," he added.

Le problème c'est que le TAK semble se foutre de l'opinion et de "la cause kurde" comme de l'an 40, c'est cà le problème avec les groupuscules fanatiques... gageons que les djihadistes savent très bien qu'ils ne contribuent pas à la reconstruction de l'irak, que le Hezbollah sent quelque part qu'il ne fait pas de bien au Liban, et que le Hamas ne se considère pas comme le meilleur allié de la paix en Palestine...