mercredi, octobre 31, 2007

Au pays des aveugles...


Comment d'un côté refuser toute reconnaissance au Kurdistan Irakien, traîter son président démocratiquement élu de "chef tribal", bombarder les montagnes au pifomètre et exercer un demi-blocus sur son économie fragile, et de l'autre demander aux dirigeants kurdes d'agir?

Il faut au moins être Turc pour ça. "A nos yeux vous n'existez pas, mais vous devez faire ce qu'on vous dit", c'est assez logique en fait dans un pays ou les Kurdes n'existaient pas mais étaient quand même des voleurs qui faisaient trop d'enfants.

Soufflant le chaud et le froid, Massoud Barzani appelle la Turquie à négocier directement avec lui. Qui peut lui donner tort? Négocier avec Bagdad pour régler un problème du Kurdistan, c'est un peu comme négocier avec Tbilissi pour l'Abkhazie, avec Chisinau pour la Transdnistrie, avec Israël pour Gaza. Mais Erdogan l'accuse d'aider et de soutenir le terrorisme, et refuse de le considérer comme un interlocuteur valable.

La plupart des commentateurs turcs ayant conservé un brin de jugeotte appellent la Turquie à collaborer avec la Gouvernement Régional Kurde. Mais avec un entêtement à se fourvoyer dans les pires impasses devenu une marque de fabrique, Ankara refuse. Baskin Oran met sur le même plan l'impossibilité de négocier avec les Kurdes, le refus de reconnaissance du Génocide arménien, et l'occupation de Chypre: dans les trois cas, la solution adoptée a été de ne pas chercher de solution et de refuser tout déblocage. Aujourd'hui, la candidature de la Turquie à l'UE, et plus largement sa stabilité et sa démocratisation achopent sur ces points.

Pas de négociation avec les terroristes, ni avec les frères ou les cousins des terroristes. Et tant pis si tout la zone frontalière étouffe du ralentissement des échanges avec le Kurdistan Irakien, si les camionneurs qui alimentent la Turquie en pétrole menacent de faire grève si on les forces à passer par Mossoul, si les entreprises turques se retirent d'Irak en faisant perdre des marchés à la Turquie. L'important, c'est que la Turquie refuse bravement de parler aux chefs tribaux dont elle attend la collaboration la plus étroite:

"Tirez sur vos frères pour nous, mais n'attendez rien de nous en échange": qui pourrait refuser une telle offre?

Mon quart d'heure de gloire n'aura pas lieu

J'ai été approché il y a deux semaines par le quotidien Today's Zaman pour un article sur les blogs d'expat. Finalement mon interview ne sera pas retenue, deux autres blogs français ayant été logiquement privilégiés parmis d'autres blogs étrangers sur la Turquie. (Au fil du bosphore et du miel aux épices)

Je publie ici mon Interview, qui m'a au moins permi de réfléchir un peu sur mon blog :)

1. Qui êtes-vous, en quelques mots? En particulier, quelle est votre histoire avec la Turquie?

Je suis Breton, j'ai 25 ans, et j'ai un lien avec la Turquie depuis septembre 2002. J'ai décidé un peu au hasard de passer une année universitaire la bas, et je n'ai jamais pu me dexintoxiquer depuis. Je suis donc resté jusqu'en juillet 2003, puis je suis rentré en France finir mes études, et j'ai continué à apprendre le Turc. j'ai également écrit mon mémoire de science po sur l'évolution de la question kurde en Turquie entre 1999 et 2004 (je peux vous le faire parvenir). En Mai 2005, je suis revenu à Istanbul et j'ai commencé à tenir ce blog. Je suis resté jusqu'en Décembre 2005, effectuant un stage dans l'ONG turque Refugee Law Help Programme (dépendant de Helsinki Citizen Assembly Turkey).

J'ai beaucoup voyagé en Turquie, plus particulièrement dans le sud-est kurde, mais aussi le long de la côte de la mer noire, en Anatolie centrale... Voila pour mon histoire!

2. Quand avez-vous commencé ce blog? Pourquoi l'avoir commencé? Vos motivations ont-elles évolué depuis ?

Ce blog a donc commencé en Mai 2005. Il ne devait être qu'un carnet de bord de ma vie à Istanbul. Comme vous le voyez, les premiers posts sont plutot personnels, vie quotidienne à Istanbul, à l'image de ce qui se fait (en bien mieux) sur le blog "du miel aux épices". A partir d'un voyage au Kurdistan Irakien (aout 2005), j'ai commencé à politiser un peu plus. A partir de mon départ de la Turquie, ce blog s'est logiquement transformé en blog politique, même si il garde une place pour les voyages que je peux effectuer (géorgie et arménie récemment). La motivation: les lecteurs! Je reçois pas mal de courrier, j'ai fait des contacts très intéressants, et même si l'audience reste confidentielle, ceux qui s'intéressent de près à la Turquie connaissent mon blog. Je collabore par exemple avec Turquie Europénne.

Mes opinons politiques transparaissent largement, je n'ai pas pour ambition d'être totalement objectif: je soutiens le mouvement de réforme démocratique et d'ouverture, je suis contre l'establishement kémaliste figé en 1924, je suis pour les droits des kurdes, etc etc. On peut en parler plus en détail si vous voulez mais je pense que les articles parlent pour eux mêmes.

3. Que trouve-t-on sur ce blog?

Récits de voyages, analyes, billets d'humeurs, billets culturels parfois, critiques de concerts, de film... un peu de tout, la tendance étant nettement politique.

4. Et vous, qu'y trouvez-vous, personnellement?

Je voulais être journaliste mais je me suis dirigé vers les métiers humanitaires. Mais bon comme j'aime écrire par dessus tout, c'est une très bonne solution de compromis! J'y trouve une grande satisfaction quand les messages de félicitations affluent, la confirmation de mes idées quand les insultes et les menaces arrivent. De nombreux contacts, des rencontres... et la possibilité de garder un lien avec la Turquie, car ma carrière professionelle et ma vie privée ne me feront pas revenir en Turquie pour y vivre.

5. Pour qui écrivez-vous et dans quelle mesure ce blog est-il interactif?

Le grand public. Mais au final, surtout des gens qui s'y connaissent déja! En tous cas ce sont eux qui écrivent les commentaires, et qui m'apportent des informations supplémentaires, que je m'efforce d'intégrer. Tous ceux qui veulent en avis un peu "engagé" sur la Turquie.

6. Que conseilleriez-vous à un étranger qui vient d'arriver à Istanbul et souhaite y commencer un blog?

Apprendre le turc. Se laisser gagner par la ville avant de commencer à écrire. Choisir un focus particulier évitant de croiser ce qui se dit déja sur d'autres blogs! il manque un blog francophone sur la vie nocturne d'Istanbul par exemple

7. Comment avez-vous choisi le nom de votre blog?

J'ai toujours vécu à Beyoglu, et comme ça devait être un blog personnel sur ma vie à Istanbul... Beyoglu c'est ma ville rêvée, un village qui grouille, un carrefour incroyable... j'ai vécu à Cihangir, à Tepebasi, à Elmadag (bon ok c'est Sisli mais juste à la frontière), et au pied de la tour de Galata. je travaillais à Tünel. Je connais toutes les rues, les bars, les petits coins...et ça me manque.

8. Cette expérience demeure-t-elle très virtuelle ou l'écriture d'un blog a-t-elle un impact concret sur votre quotidien (rencontres, découvertes, autres… anecdotes) ?

Oui comme je l'ai dit! Impact peut etre pas sur mon quotidien mais sur ma vie en général, par les rencontres et les amitiés que j'ai pu nouer. Je suis persuadé que ce blog aura pour moi des débouchés concret, mais j'aime ma profession actuelle.. rien ne presse. Anecdotes... découvrir qu'une lectrice est une bretonne dont le grand père connaissait le mien, et qu'elle a également voyagé dans le sud est kurde et au Kurdistan Irakien! Une interview sur une radio de Boston au sujet du kurdistan Irakien...divers contacts professionnels...

9. Qu'aimeriez-vous de plus pour votre blog que vous n'avez peut-être pas le temps ou la possibilité de faire ?

J''ai de moins en moins de temps, mon "vrai travail" étant de plus en plus prenant. Je dois m'y remettre. Disons que j'ai eu un grand moment de lassitude après les élections législatives que j'avais couvertes presque au jour le jour (avec des prédicitions électorales qui se sont avérées exactes)

10. Y a-t-il des côtés négatifs au fait de tenir un blog tel que le vôtre?

Oui, je culpabilise quand je n'écris pas. Je reçois aussi pas mal d'insultes voire de menace mais on s'y fait.

11. Comment voyez-vous votre place au sein de la société turque ? (étranger ? expatrié ? visiteur ? observateur? turc par certains côtés ?…) Votre blog joue-t-il un rôle dans cette perception ?

Observateur... je suis conscient que mes idées sont celles d'une minorité turque occidentalisée et éduquée, sortie du carcan du kémalisme ou à l'inverse des idéologies marxistes. Je me sens proche des turcs, tout en restant irrémédiablement fermé à un certain nationalisme, à la réécriture de l'histoire... Quand je vivais à Istanbul, je me sentais parfaitement intégré: la maitrise de la langue, l'intérêt pour la culture, la musique...je me sentais chez moi, sans aucun doute.

12. Quand avez-vous quitté la Turquie et quels liens conservez-vous avec le pays? Votre blog a-t-il évolué depuis votre départ?

J'ai quitté la TUrquie en décembre 2005, et mon blog a évolué vers la politique. Si je vivais toujours en Turquie, la part de quotidien serait beaucoup plus grande.

vendredi, octobre 26, 2007

La phrase...

Sonmez Koksal, ancien chef du MIT, doute fortement de l'efficacité d'un raid militaire sur les positions du PKK au Kurdistan Sud.

"Pendant une attaque aérienne, les terroristes feraient de la musique et chanteraient dans des abris à vingt mètres de profondeur. Ce n'est pas facile de nettoyer ces caves une à une..."

C'est en fait ça qui est fatiguant: les deux camps savent parfaitement que la victoire finale est impossible! Mais la Turquie continue de refuser de négocier avec le PKK, qui de son côté affirme n'être pas séparatiste, souhaiter une démocratisation de la Turquie, mais utilise la violence pour continuer d'être incontournable... Le raid du WE dernier met légèrement à mal la théorie de la légitime défense, et n'a au final servi qu'à alimenter l'ultranationalisme turc: a Osmanye (Sud), deux loups gris armés de fusils à pompe (apparemment en vente libre en Turquie???) ont bloqué une route,menaçant de tuer les personnes qui ne criaient pas"mort au PKK". Des bureaux du DTP et des commerces kurdes ont été vandalisés.

Une majorité de la population kurde soutient le PKK, mais ne veut plus de violence inutile. En attirant sur les kurdes la haine et la vengeance primale par des actions militaires foncièrement inutiles, le PKK est en contradiction avec ses objectifs annoncés, et redonne le moral aux va-t-en-guerre...le camp CHP/MHP a été broyé aux élections de Juillet? Les voila sur le devant de la scène, leur discours anti-americano-européano-kurde "légitimisé"...

Que demandent les militants du PKK, rencontrés par ce journaliste du Guardian? "des garanties sur la santé de notre leader, empoisonné dans sa cellule". La démocratisation de la Turquie, l'avenir du Kurdistan irakien, la reconstruction du kurdistan turc, pris en otage pour un hypocondriaque agonisant depuis maintenant 8 ans. Les demandes de reconnaissance officielle de l'identité kurde en Turquie sont on ne peut plus légitimes, et nécessaires, mais la stratégie de tirer la Turquie vers le chaos est en totale contradiction avec ces demandes. Demander que l'armée turque se retire dans ses casernes, tout en attaquant les dites casernes, c'est au mieux de la mauvaise foi, au pire de la schyzophrénie.

Une Turquie dont l'opinon publique serait manipulée par des Ertugrul Özkok et des Devlet Bahçeli, rêvant de "punir" les kurdes irakiens, traversées de lynchages et de pogroms anti-kurdes, coupant les ponts avec l'Europe: c'est la Turquie que parvient à dessiner l'action du PKK, malgré toute la candeur, les aspirations légitimes et le romantisme de ses militants: ils ont en face d'eux un pays foncièrement violent, terriblement têtu, et dans lequel un noyau de fachistes a besoin du PKK pour continuer à exister et à empêcher tout changement.

jeudi, octobre 25, 2007

Le PKK auto-torpille sa version des faits

Certains ont affirmé que l'attaque qui a provoqué la capture de huits soldats turcs dimanche 21 Octobre était en fait un acte de défense contre une incursion turque en Irak.

Plusieurs détails, relevés par des commentateurs de ce blog et par la presse, semblent mettre cette version à mal.

Tout d'abord le look des soldats prisonniers, pas vraiment des têtes de commando d'élite: maigrichons, habillés en piou-piou, 20 ans à tout casser. Enverrait-on ces jeunes, qui visiblement se sont rendus sans trop faire d'histoire, se battre en Irak? Ils ressemblent plus à des conscrits patrouillant à la fontière...

Cette carte, ou le lieu de l'attaque est marqué, donne une idée de la complexité de la zone...


Agrandir le plan

Et enfin ce très rigolo communiqué du PKK : les soldats sont en fait détenus en Turquie dans une zone contrôlée par la guerilla. Le PKK affirme d'ailleurs, et c'est tout à son honneur, avoir soigné un des soldats, blessé dans l'attaque, "conformément à la convention de Genève". Laquelle interdit aussi de montrer le visage des prisonniers, mais on ne va pas chipoter (comme ça leurs familles ne s'inquiètent pas trop au moins).

On se rapproche donc plus d'une attaque massive du PKK sur un poste militaire (on parle d'une brigade de 250 PKK, dont 34 sont restés sur le carreau) que d'un acte de défense...rappellons que le PKK affirme ne pas avoir rompu le cessez le feu proclamé en juin, et se contenter de se défendre face aux aggressions turques...

Pendant ce temps, un envoyé Américain discute avec le gouvernement irakien de Bagdad pour faire libérer les soldats. On affirmerait d'ailleurs que Vladimir Poutine discute avec Tabo M'Beki pour faire libérer Ingrid Betancourt. A suivre.


La bave aux lèvres

Merci au Courrier International de donner une idée de l'état d'esprit d'une certaine presse turque, respectable et républicaine...on frôle la psychiatrie!!!



Il faut punir Barzani

Quel est donc l’interlocuteur à qui nous devons transmettre un message clair dans la situation actuelle ? Dès lors que l’on ne peut dialoguer avec ce troupeau d’assassins qu’est le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), nous devons nous adresser à celui qui est le véritable responsable de ce qui se passe maintenant. Qui cela peut-il être si ce n’est celui qui protège et héberge ces terroristes ? Dans ce cas de figure, notre interlocuteur n’est autre que Barzani. Il convient dès lors de lui faire clairement comprendre, et ce pour la dernière fois, le message suivant : “Tu as devant toi une alternative : ou tu deviens notre voisin, ou tu deviens notre cible.” Voilà le seul et le dernier discours que la République turque et l’armée turque doivent tenir à l’attention des Kurdes d’Irak : “Soit vous devenez des interlocuteurs en tant que voisins immédiats, soit vous choisissez de devenir nos ennemis.” Maintenant, c’est à eux de décider. S’ils choisissent de s’en remettre aux Etats-Unis et de devenir nos ennemis, ils auront en tout cas été prévenus. Nos canons pointent donc désormais vers Barzani, dont les structures militaires et économiques sont devenues nos cibles. Notre objectif sera alors de transformer le “rêve kurde” en “cauchemar turc”. Si Barzani s’imagine qu’il peut, en instrumentalisant le PKK, réaliser ses rêves pankurdes, alors, nous devons à notre tour lui opposer un nouveau tracé des frontières régionales. Que les Kurdes irakiens prennent bien conscience que le prix à payer pour leur “Megali Idea” [“Grande Idée”, concept panhellénique de Grande Grèce englobant une partie de la Turquie] serait bien trop lourd pour eux. Faisons-leur comprendre que, en quelques attaques aériennes, le nord de l’Irak reviendra vingt ans en arrière. Va-t-on alors voir des F16 américains s’opposer à nous ? Sachez que vous vous mettriez alors à dos l’Iran et la Syrie, auxquels on peut encore ajouter la Russie, sans oublier l’Amérique latine, votre ancienne arrière-cour qui vous déteste copieusement. Le tout sur fond de neutralité européenne.
Que l’Amérique qui se trouve à 14 000 kilomètres d’ici réfléchisse bien à tout cela. Il y a donc sur la balance d’un côté le nord de l’Irak, qui pèse trois fois rien, et de l’autre la Turquie. Dès lors qu’il choisit de mettre tout son poids du mauvais côté, l’“ancien allié” pourrait provoquer un bouleversement complet des équilibres régionaux. Dans ces conditions, la Turquie est désormais en mesure de prendre une décision historique et d’effectuer un choix global. Si on en est là aujourd’hui, c’est à cause des caprices d’enfants gâtés des Irakiens du Nord et de l’attitude fort malavisée de la superpuissance.

Ertugrul Özkök, Hürriyet

Des nouvelles des prisonniers

Le PKK, une organisation moderne à la pointe des technologies de communication.

Et ils ont du mérite, parce que la connexion internet au Kurdistan irakien n'est pas exactement ce qui se fait de mieux!



Ils n'ont pas l'air spécialement maltraités, j'en vois même un qui rigole (et sera donc jugé pour intelligence avec l'ennemi à sa libération). Il est vrai qu'ils sont nettement moins en danger maintenant, ne craignant qu'un hypothétique bombardement turc...

mercredi, octobre 24, 2007

Monsieur Veto a déménagé

Une autre, pour le plaisir (je découvre les archives du site)


"Monsieur le président, Monsieur Tayip (Erdogan) au Téléphone"

Abdullah Gül "J'OPPOSE MON VETO" (mais qu'est ce qui m'arrive, merde?)

Allusion hilarante à l'ex président Sezer, spécialiste incontesté du véto à toute réforme gouvernementale de 2002 à 2007 (y compris aux paquets d'harmonisation UE...)

Piyerafö Ailesi?

La "une" gigantesque du "Penguen" du 9 octobre.


Les deux personnages portent une moustache typique des "loups gris" (courageux tabasseurs à 10 contre un, en Turquie comme en Belgique. Le jeu de mot est à peu près intraduisible, et reprend le mot d'ordre des loups gris (et de Sarkozy): "Ya sev (soit tu l'aimes(la Turquie)) Ya terket (soit tu dégages)", détourné en Ya Sev, Yabadabadu (cri joyeux de Mr Pierrafeu dans le dessin animé bien connu). Son compère menace "sois intelligent, Orhan Pamuk-tas(pierre)".

Révélations exclusives

Selon un des plus grands experts en affaires kurdes en Turquie, Devlet Bahçeli, le PKK ne serait plus dirigé par Abdullah Öcalan, mais par Massoud Barzani. Mr Bahçeli, chef d'un sympathique parti démocratique turque, dont les militants se surnomment affectueusement les loups gris, affirme même que Massoud Barzani dirige lui même les opérations terroristes du PKK visant la Turquie.

Ce délire total du chef du MHP est révélateur: pour les cercles nationalistes, une intervention en Irak ne doit pas se limiter à anéantir le PKK. Elle doit également permettre à la Turquie d'assouvir son vieux rêve d'annexion de la "région de Mossoul", à savoir le Kurdistan Irakien tout entier. Exciter la haine des loups gris contre le "chef tribal kurde", c'est encore le meilleur moyen de coller à une opinion publique survoltée qui ne rêve que carnage et vengeance en "Irak du Nord". Les 12 "martyrs" enterrés récemment en grande pompe ont bon dos: les pertes civiles et les flots de réfugiés que provoquerait une offensive turque de grande envergure ne feraient pas pleurer dans les chaumières, chaque goutte de sang turc valant pour le MHP des hectolitres de sang kurde... Selon le TDN, 4200 personnes ont tenté de s'engager dans l'armée depuis ce WE, parmi elles des hommes qui avaient déja fait le service militaire, ainsi que 350 FEMMES.


(manifestante turque faisant le signe des loups gris)

Oubliée la poignée de main du mois d'Aout: Bahçeli appelle également à l'interdiction du DTP et à l'arrestation de ses élus locaux et nationaux...

Contrairement à Talabani et Zebari qui jouent actuellement l'apaisement avec la Turquie, Barzani semble ne plus se faire d'illusion et promet une résistance des forces armées kurdes si l'armée turque tentait d'envahir le Kurdistan.

("A la frontière turco irakienne)
(Haddad, Al Hayat)

mardi, octobre 23, 2007

Cette fois c'en est trop!

Alors que la Turquie atteint des sommets de colère et de "ferveur" nationaliste, qui n'épargnent pas les loups gris de Belgique et leurs victimes, une dernière dépêche risque de précipiter la guerre.

Les célébrations du centième anniversaire de Fenerbahçe (petits joueurs, le Stade Rennais a 106 ans) ont été annulées par respect pour les 12 soldats tombés ce Week-End. Avec elles, c'est le concert de Beyoncé qui tombe à l'eau!

et le DTP?

Il n'y a pas si longtemps, le DTP s'élevait contre les actions armées du PKK, et proclamait son désir de "paix et fraternité".

Alors que les attaques du PKK redoublent d'intensité dans le but à peine voilé de faire entrer l'armée turque en Irak, le silence du DTP est assourdissant. On sait juste que les députés ont voté contre l'intervention turque en Irak mercredi dernier. Hier, Ahmet Türk a déclaré que la peine du DTP était grande suite aux incidents meurtriers du W.E. Une déclaration qui ne mange pas de pain et reste dans la ligne minimaliste du DTP : être triste pour les morts des deux côtés.

Des ambassadeurs de l'UE vont rencontrer Ahmet Türk aujourd'hui, et on attend d'eux qu'ils demandent au DTP de condamner la violence du PKK et de lui demander de déposer les armes, ce qu'a d'ailleurs fait l'organisation de défense des droits de l'homme IDH, traditionnellement pro-kurde. C'est aussi la demande de Jalal Talabani, qui indique au PKK qu'il y a en Turquie de chouettes montagnes et beaucoup plus de place pour eux si ils souhaitent absolument continuer la lutte, c'est aussi la proposition surprenante d'Erdogan, faite la semaine dernière: déposez les armes et concentrez vous sur l'activité parlementaire. Une sorte de promesse d'amnistie voilée, qui a volé en éclat avec les attaques du WE, la réponse du PKK.

........

Pour une fois, l'armée et le PKK sont d'accord: 8 soldats sont, pour l'une, portés disparus, pour l'autre, tenus en otage.

Voici leurs noms, leurs ville d'origine et leur grade....

1)Ramazan Yüce Mardin soldat 2)İrfan Beyaz Antep soldat 3) Mehmet Şenkul Niğde sergent
4) Nihat Başova Konya/Cihanbeyli soldat 5) İlhami Demir Ağrı/Patnos soldat 6) Fatih Atakul
Denizli soldat 7) Halis Tan Adana sergent "professionnel" (je suppose non-conscrit) 8) Özhan Şabanoğlu
Hatay soldat

On remarque parmi eux deux ou trois kurdes potentiels.. (Agri, Mardin, Adana).

Très bon article de Mustafa Akyol dans "Zaman" qui au final ne fait qu'employer le bon sens...mais dans l'ambiance électrique qui prédomine dans la presse turque, c'est une petite bouffée d'air frais. Il rappelle que le PKK n'est pas un mouvement extra-terrestre tombant du ciel, mais le résultat de politiques racistes et assimilationnistes pas totalement abandonnées aujourd'hui... mais que c'est aussi un mouvement qui se nourrit de la répression et n'a aucun intérêt à voir la Turquie se démocratiser.

"comme tous les nationalistes tardifs, le nationalisme kurde est romantique, irrationnel et furieux"... pas faux, mais il aurait pu ajouter que le nationalisme turc n'a plus rien de romantique et est plus hystérique que furieux...ces deux nationalismes se nourrissant l'un l'autre...


lundi, octobre 22, 2007

Guerre totale

Selon des sources militaires, 250 militants du PKK ont passé la frontière dans la nuit de samedi à dimanche et ont attaqué une unité militaire près de Hakkari. Bilan, 12 soldats et 32 PKK tués dans une des plus grosses opérations de ces dernières années. L'agence du PKK, firatnews, annonçait même dimanche avoir pris "de nombreux otages", dans une autre attaque visant un convoi militaire.

Selon le PKK par contre, c'est bien une tentative d'incursion des Turcs qui a été repoussée et l'organisation nie avoir perdu des hommes, parlant de "guerre psychologique" engagée par l'armée turque...

17 civils ont été blessés lors de l'explosion d'une bombe sur le passage d'un dolmus près de Daglica... que le PKK attribue également à l'armée.

La Turquie a répliqué en bombardant "63 positions du PKK" au Kurdistan Sud, une de ces positions étant visiblement un pont entre deux villages près d'Amidiya. Je serais très curieux de connaître la côte de popularité du PKK chez les kurdes de Turquie et d'Irak en ce moment, j'ai comme un doute. En tous cas, il réalise l'exploit d'unir tous les Turcs derrière l'armée, tous partis confondus. Bravo!

jeudi, octobre 18, 2007

Il y a 12 ans

Le 20 mars 1995, à la veille du Newroz, l'armée turque lançait une grande opération transfrontalière contre les camps du PKK en "Irak du Nord". Objectif avoué: écraser les camps du PKK pour empêcher la guerrilla de lancer des opérations contre la Turquie.

La première ministre Tansu Ciller, en réponse aux protestations occidentales justifiait cette action comme "une opération militaire ponctuelle dans le nord de l'Irak afin de neutraliser les camps du PKK dans cette région frontalière, et donc protéger les populations innocentes contre les raid du PKK à partir des camps situés en territoire irakien."


A l'époque, Chris Kutschera parle de "Telethon" organisé par les medias turcs pour aider financièrement l'armée (premier groupe économique du pays).

Le commandant en chef de l'offensive Hasan Kundakci affirmait lui sans rire "Je ne resterai pas en paix dans ma tombe si je meurs avant l'éradication du PKK!" (Milliyet, le 22 mars 1995)". Détail plus que rigolo, Hasan Kundakci est maintenant lié aux groupuscules nationalistes qui visent à éliminer les "ennemis de la race" comme Hrant Dink. On espère en tous cas, pour son repos éternel, qu'il pourra encore jouire longtemps d'une bonne santé.

Après 2 semaines de combats, les 35 000 soldats turcs avaient réussi à tuer 200 guerilleros...Le 2 Mai, l'armée parlait de "Succès total" (on savoure, 12 ans plus tard), et annonçait 555 PKK tués pour 61 soldats. Öcalan répliquait "Même pas vrai, c'est le contraire" et demandait un cessez le feu le 23 mai.

Le 14 mai 1997, 50 000 hommes, appuyés par les blindés et l'aviation, envahissaient une nouvelle fois le Kurdistan Irakien, provoquant selon les sources militaires, la mort de 2500 PKK. Le problème, c'est que le PKK avait fait mieux que se défendre, abattant des hélicoptères de combat

"La reconnaissance par les autorités que des missiles kurdes SA-7 avaient abattu deux hélicoptères, Cougar et Cobra, a ébranlé les forces armées d'élite turques et déclenché une déplaisante série de reproches. Est également apparu le spectre d'un humiliant retrait devant une confrontation directe avec le PKK, réminiscence du retrait soviétique d'Afghanistan une fois que les missiles Stinger de fabrication américaine ont permis aux Mujaheddin de disputer aux Russes le contrôle aérien", soulignait Reuters

Les militaires turcs sont probablement méchants, mais certainement loin d'être bêtes. Ils savent très bien qu'une énième opération massive en Irak n'apportera aucun résultat concrèt militairement. Le gouvernement sait très bien qu'en tentant de négocier avec Bagdad, il ne fait qu'un simulacre de diplomatie. Seule solution: dialoguer avec l'administration kurde, lui offrir des garanties, reconnaître l'existence de la région fédérale kurde, arrêter de brandir les sanctions économiques... Si l'administration kurde se voit garantir un rôle de partenaire économique de la Turquie ne vivant pas sous une menace constante, elle sera peut être plus disposée à agir contr le PKK.

On est donc plongé dans une magnifique opération de relations publiques, afin de mobiliser une opinion publique turque visiblement amnésique, et tuer dans l'oeuf tout espoir de réconciliation. Le DTP, qui a voté hier contre l'intervention (19 voix contre) est d'ores et déjà inaudible et marginalisé. Tant par l'entêtement du pouvoir turc que par le coup de couteau dans le dos donné par le PKK : les attaques contre l'armée sont allées croissant depuis les élections du 22 juillet et la modeste vague d'espoir provoquées par les tentatives de normalisation du DTP...


mercredi, octobre 17, 2007

Tout est dit

Excellentissime analyse dans Haaretz, journal israëlien bien connu des lecteurs du courrier international, sur les rapports entre la Turquie le Kurdistan Irakien...

C'est en anglais ;)

mardi, octobre 16, 2007

Les Martyrs rapportent.

L'ensemble de la presse turque appelle un soldat qui tombe face au PKK un "Martyr" (Sehit). Leurs photos sont publiées, leurs obsèques sont diffusées, avec gros plans sur les mères éplorées et les pères aux moustaches tremblantes de rage.

On pourrait penser que l'armée turque, "notre mère à tous" comme disent certains, prend sous son ailes les familles éprouvées et leur offre un certain soutien, une certaine compensation pour la promotion éclair de leur fiston, au détour d'une patrouille nocturne, au rang de martyr du peuple turc. Une campagne télévisée lancée par le coach de la sélection turque, Fatih Terim, a rassemblé en quelques jours 33 millions de YTL, soit environ 20 million d'euros, grâce au soutien explicite de Yasar Buyukanit, le chef de l'Etat Major.

Un article de "Zaman", peint un tableau un peu plus contrasté, où les dons qui affluent vers la "fondation Mehmetcik" (organisme de "bienfaisance" dépendant directement de l'armée) n'arrivent pas exactement dans les mains des familles. Mehmet Güner, fils d'un soldat tué en opération, se plaint que l'argent de la fondation Mehmetcik serve en réalité à acheter... plus d'armement, notamment de l'équipement pour les soldats. Louable intention, quand on se réfère aux témoignages kurdes des années 90, parlant de jeunes conscrits tentant d'acheter (ou de saisir) du pain chez les paysans, faute d'être nourris par l'armée. Mais Güner parle d'autorités les "traitant comme des mendiants", et affirme que ses appels sont restés sans réponse...

De leur place réservée au paradis, les martyrs de l'armée et du PKK doivent sérieusement se demander ce qu'ils font là...


Cette fois, c'est inquiétant

Autant les grandes déclarations concernant l'envoi de troupes en masse restent peu crédible, autant la nouvelle tactique annoncée par l'Etat-major est nettement plus inquiétante.

Très poétiquement, Ervan Deger du New Anatolian compare la stratégie militaire aux "raids" Ottomans en territoire ennemi. Ankara devrait se contenter d'envoyer des équipes de forces spéciales pour viser directement les camps du PKK. Du point de vue des villages kurdes irakiens, c'est plutôt positif, puisqu'ils ne seront peut être plus les victimes collatérales des bombardement très peu chirurgicaux de l'armée turque. Du point de vue du PKK, la lutte finale approche peut être. Après des années d'embuscades et de mines téléguidées, l'entraînement spartiate de la guerrilla va montrer ce qu'il vaut en combat régulier. Le hic, c'est que les commandos d'élite de l'armée turque sont probablement un peu plus coriaces que les conscrits.

Bref un affrontement entre une guerrilla sur-entraînée et des commandos! J'avoue mettre une piécette sur le PKK, car je doute que les commandos aient le "martyr du peuple" comme but ultime. Remarquez, ils sont peut être aussi lobotomisés que leurs adversaires...

L'annonce des sanctions économiques à venir contre la région kurde est par contre effrayante: nouveau ralentissement du traffic au poste frontière de Habur, voire fermeture pure et simple, réduction des livraisons d'éléctricité, de nourriture, d'essence (car le pétrole brut irakien n'est pas raffiné sur place...). C'est donc non seulement le Kurdistan Irakien qui va souffrir, mais aussi les entreprises turques, leurs travailleurs kurdes de Turque sur place, et toute la région frontalière du Kurdistan Turc qui vivote grâce au commerce avec leurs frères du Sud.

Qu'ont les Kurdes à gagner de cet affrontement? Allez voir les commentaires éclairés de mon dernier poste : du chaos et du massacre généralisé au Kurdistan Irakien surgira une alliance entre les Kurdes du Nord et ceux du Sud, enfin gagnés à la cause suprême et débarassés de leurs fidélités tribales et nationalistes primitives!

On aurait presque peur, si ce "regain de tension à la frontière" ne se produisait pas, somme toute, une demi-douzaine de fois par an.

lundi, octobre 15, 2007

L'Escalade

On ne pourra pas dire que le PKK n'a pas tout fait pour. Un massacre de conscrits comme à la grande époque, des exécutions de civils (fermement niées, et paraissant relever d'un règlement de compte mafieux), un redoublement d'activité malgré l'élection de députés kurdes à l'assemblée. Coupant les liens avec Washington à la suite du vote d'une motion sur le génocide arménien, Ankara semble décidé à intervenir. Gage de l'AKP donné aux élites kémaliste? Tentative de rassembler le pays, divisé en deux sur une ligne de front Laïques/Malais?

C'est en tous cas la première fois que le gouvernement réélu s'affirme aussi nettement en faveur d'une intervention, et annonce vouloir demander l'aval du parlement. Evidemment, on peut espérer une manoeuvre sournoise consistant à demander l'autorisation du parlement tout en ordonnant aux députés de voter contre. Mais non, je dois être trop machiavélique.

Les bombardements de l'armée turque ont commencé à vider les villages autour de Zakho et d'Amidya. Aucune victime, les bombardements visant des zones inhabitées supposées abriter des bases du PKK. 60 000 soldats sont massés à la frontière, ce qui évidemment n'est pas la première fois de puis 2003. Ce qui change, c'est l'intensité des combats entre l'armée et la guerrilla, et le ton de plus en plus résolu d'Erdogan...

samedi, octobre 13, 2007

Photos Arménie + Georgie

Je manque de temps et de motivation pour écrire...

Voila en vrac mes photos de Géorgie et d'Arménie. Je tenterai d'en dire un peu plus, mais en ce moment la flémingite atteint le sommet du Mont Ararat, que je vous invite à chercher parmi mes photos d'Arménie... perdu dans la brume de chaleur...

lundi, octobre 08, 2007

C'est pas nous, c'est eux

Alors que le PKK vient apparemment de dézinguer 13 militaires d'un coup dans la province de Tunceli (Dersim), dans la plus grosse opération depuis des années, il nie farouchement toute responsabilité dans le massacre de Beytussebab, où 13 personnes dont 6 civils ont trouvé la mort.

Voila le communiqué publié sur le site des HPG (forces armées du PKK) le 1er Octobre

On the day before yesterday, in the district of Beytüşşebap, province of Şırnak, twelve persons, including seven Village Guards, died by the strafing of a minibus. For notice, those responsible are the Turkish army and the illegal military organization, JİTEM.

Our freedom movement proclaimed a unilateral ceasefire one year ago on 1 October 2006. The Turkish military increased the intensity of its attacks for this proclamation and used all conceivable dirty methods of warfare.

Within this year, the Turkish army carried out 483 military operations. Chemical weapons and cluster bombs were used, as well as the systematic burning of forests. It came to war crimes before the eyes of the world public.

This war concept, which was intensified after the elections of 22 July, is a result of an agreement between the government party AKP and the military. Previously, it was already announced by military circles that the "extermination of terror" is attainable at the earliest by aiming at the "collaborators". Thus almost the entire society was set as the target. For this reason, after that, the course of action which followed showed that this method was implemented.

The dirty relations between institutions of the state, the army, and the government were uncovered by the the bomb attack on a bookshop in Şemdinli by the resident population. Those caught red-handed again implemented the network of gangs, JİTEM, informers, and the use of terror in Kurdistan, in order to intimidate the population. As strengthened Kontras were used in the form of Hizbullah in the mid-1990s, so today there are more organizations such as JİTEM and TİT.

The purposes of this approach are to isolate the guerrillas and to damage the prestige of the PKK. In Beytüşşebap, Village Guards were deliberatelyy selected as the target of attack in order to break the passivity of these circles and turn them against the Kurdish movement.

In the consciousness of this reality, our HPG guerrillas put an emphasis on attacks against JİTEM in their latest actions. There is no connection between the recent incident [in Beytüşşebap] and the guerrillas. We call upon the public of Turkey to place no faith in this war propaganda which twists the facts. In addition, we continue to request the political parties, human rights associations, and democratic-civil-social organizations to examine the incident, and to find and to call to account its true authors.

Ce n'est donc pas une action planifiée. Restent trois options: pétage de plomb d'un groupe de guerrilla, règlement de compte mafieux (on sait que les gardiens de villages sont allégrement impliqués dans des trafics en tous genres) ou provocation de barbouzes...réjouissant.



dimanche, octobre 07, 2007

Ruelles du vieux Tbilissi

De retour d'une semaine Caucasienne avec 350 photos dans la besace!



Tbilissi m'a fait une très bonne impression. Entre vieilles maisons traditionnelles et immeubles grandiloquents, la ville possède une âme certaine et un "potentiel" impressionnant. L'ambiance des ruelles rappelle à s'y méprendre les quartiers stambouliotes de Fener et Balat.





Les maisons sont assez délabrées, mais on imagine sans peine un centre restauré et refait à neuf...

Ca et la, quelques maisons donnent une idée de la gloire de Tbilissi à la fin du XIXème siècle...boiseries exubérantes, balcons, cours intérieures, verdure....





Les plus vieux bâtiments ont été construits dans un style très "byzantin" avec des couches de briques rouges et des voutes légèrement différentes...le mix ottomano-bizantino-russo-arabe-art nouveau est tout simplement détonnant!








lundi, octobre 01, 2007

Trajectoires

Coucou de Tbilissi!

Je ne parlerai pas de la ville avant de pouvoir poster des photos. J'aimerais juste mettre en parallèle deux trajectoires qui illustrent les tourments de la fin de l'Empire Ottoman et de la conquête russe du Caucase.

Illona, chef de projet dans une ONG georgienne, déja croisée en Europe, n'est pas exactement typée "caucasienne", et m'a toujours paru furieusement, disons, "mésopotamienne". Le mystère s'éclaircit ce soir. Quand on découvre qu'elle ne parle pas géorgien mais russe avec son collègue, on lui demande si le gérogien est sa langue maternelle.

Non, c'est l'assyrien. Le suryani. La famille a fuit l'Empire Ottoman en 1915, plus précisemment la région d'Hakkari... Et la me reviennent en mémoire les récits de Claudius James Rich, décrivant les belliqueuses tribus assyriennes d'Hakkari comme faisant peur même aux Kurdes...
Curieusement le massacre et l'exode des assyriens a été bien moins publicisé que celui des arméniens...

J'aimerais donc comparer cette trajectoire avec celle d'un TCHERKESSE rencontré à Diyarbakir en 2003, parfaitement kurdisé, blond comme les blés et indubitablement peu "aryen" (au sens non-nazi du terme). Sa famille a lui avait vraisemblablement été chassée du Caucase par l'Empire Russe. Le peuple tcherkesse a essaimé en Turquie, Iran, Syrie, Jordanie...