Le moral des troupes
Les 8 soldats prisonniers du PKK et libérés grâce à l'intervention du DTP ont donc été arrêtés et seront jugés pour "désobéissance aux ordres", "franchissement de frontière sans autorisation" et "non respect de la discipline militaire" ou "incitation à la désertion", à la demande de la cour militaire de Van. Tous ces jolis mots, pour un seul reproche: ils ne sont pas suicidés, comme, apparemment, tout bon appellé "malgré lui" de 20 ans devrait le faire en cas de défaite.
J'avais déja parlé de ces soldats soviétiques fusillés à Stalingrad pour avoir reculé lors d'un assaut. Rappellons tout de même que pendant la "grande guerre patriotique" certains généraux timorés ont également été purgés. Cela pourrait être une solution à de nombreux problèmes en Turquie: imaginez vous Büyükanit au poteau pour échec dans les Kandil? Celui lui évitera au moins de faire une carrière de "militaire à la retraite" conspirateur barbouze, comme nombre de ses semblables. Büyükanit proteste mollement contre les accusations de la presse turque, et insiste sur le fait qu'il est très mal de s'interroger sur l'origine ethnique de ces soldats. Il annonce tout au plus un "enquête administrative" visant à savoir "quelless erreurs ont été commises".
On ignore l'impact de cette décision sur le moral des troupes, qui savent maintenant que si ils sont blessés au combat, ils doivent se tirer une balle dans la tête pour ne pas tomber entre les mains de l'ennemi. Du côté des parents, c'est la consternation la plus totale.
Afin d'éviter d'entamer le moral de la nation, la gendarmerie a pris une décision originale: imposer à la presse une interdiction de parler de cette affaire. Comme toujours en Turquie, un problème n'existe pas quand on interdit d'en parler.
Certaines déclaration des soldats ont pourtant filtré: "nous n'avions le support ni de nos commandants, ni de nos soldats". "Comme j'étais blessé et que je n'avais pas de fusil, j'ai dit en kurde que je me rendais". Un autre soldat a enfin déclaré que son commandant avait pris son fusil, et que les fusils de la plupart de ses camarades s'étaient enrayés. Cela confirmerait donc l'origine kurde des appellés: on sait que les gradés ne leur font aucune confiance, et qu'il est arrivé que des conscrits kurdes soient abattus d'une rafale dans le dos en pleine opération.
L'armée turque envoie donc au casse-pipe, sans support, des jeunes appellés auxquels elle ne donne pour arme qu'un fusil déficient, ou mieux pas d'arme du tout: un seul but, produire du martyr politiquement correct "il est d'origine kurde mais il se bat pour la Turquie, quel exemple". En cas d'échec de l'opération, le marty potentiel devient un affreux traître à mettre au secret en laissant filitrer un minimum d'information...
Rassurons nous, la justice ne manque pas cependant d'attaquer les journalistes pour "atteinte à l'image du service militaire" au titre de l'article 25/2 de la loi 5187 sur la presse et de l'article 318 du code pénal. L'image du service militaire est donc sauve. Ouf.
J'avais déja parlé de ces soldats soviétiques fusillés à Stalingrad pour avoir reculé lors d'un assaut. Rappellons tout de même que pendant la "grande guerre patriotique" certains généraux timorés ont également été purgés. Cela pourrait être une solution à de nombreux problèmes en Turquie: imaginez vous Büyükanit au poteau pour échec dans les Kandil? Celui lui évitera au moins de faire une carrière de "militaire à la retraite" conspirateur barbouze, comme nombre de ses semblables. Büyükanit proteste mollement contre les accusations de la presse turque, et insiste sur le fait qu'il est très mal de s'interroger sur l'origine ethnique de ces soldats. Il annonce tout au plus un "enquête administrative" visant à savoir "quelless erreurs ont été commises".
On ignore l'impact de cette décision sur le moral des troupes, qui savent maintenant que si ils sont blessés au combat, ils doivent se tirer une balle dans la tête pour ne pas tomber entre les mains de l'ennemi. Du côté des parents, c'est la consternation la plus totale.
Afin d'éviter d'entamer le moral de la nation, la gendarmerie a pris une décision originale: imposer à la presse une interdiction de parler de cette affaire. Comme toujours en Turquie, un problème n'existe pas quand on interdit d'en parler.
Certaines déclaration des soldats ont pourtant filtré: "nous n'avions le support ni de nos commandants, ni de nos soldats". "Comme j'étais blessé et que je n'avais pas de fusil, j'ai dit en kurde que je me rendais". Un autre soldat a enfin déclaré que son commandant avait pris son fusil, et que les fusils de la plupart de ses camarades s'étaient enrayés. Cela confirmerait donc l'origine kurde des appellés: on sait que les gradés ne leur font aucune confiance, et qu'il est arrivé que des conscrits kurdes soient abattus d'une rafale dans le dos en pleine opération.
L'armée turque envoie donc au casse-pipe, sans support, des jeunes appellés auxquels elle ne donne pour arme qu'un fusil déficient, ou mieux pas d'arme du tout: un seul but, produire du martyr politiquement correct "il est d'origine kurde mais il se bat pour la Turquie, quel exemple". En cas d'échec de l'opération, le marty potentiel devient un affreux traître à mettre au secret en laissant filitrer un minimum d'information...
Rassurons nous, la justice ne manque pas cependant d'attaquer les journalistes pour "atteinte à l'image du service militaire" au titre de l'article 25/2 de la loi 5187 sur la presse et de l'article 318 du code pénal. L'image du service militaire est donc sauve. Ouf.
2 commentaires:
Comme ce n'est pas vraiment une surprise, on peut pousser l'analyse un peu plus loin.
Après les photos prises et les témoignages des soldats, il est difficile de maintenir la propagande habituelle : "Le PKK détenait des otages", "le PKK est une organisation terroriste qui ne vise qu'à répandre la violence", "la force résoudra la question du PKK"
Cela ne tient pas face à la réalité. Donc la diabolisation doit maintenant englober les victimes pour tenter de lever par le haut la cohérence de ce discours. Le risque, c'est que trop de monde ne se rende compte du caractère grotesque de l'histoire. Et donc, en bonne démocratie, l'État turc censure la presse... qui pourtant lui est largement acquise.
Une chose que je ne vois nulle part, c'est "interdiction de franchir la frontière". Ca montre en tout cas que cette histoire de frontière "bafouée" n'est pas tranchée.
Enfin, il faut noter qu'Özhan Sabanoğlu est un arabe de la région d'Antakya. Ce qui montre que ce sont les minorités plus généralement qu'on envoie au casse-pipe et que ce n'est pas une affaire kurdo-kurde.
Sinon, dans la série des histoires "drôles" : Devlet Bahçeli dont on se souvient de la poignée de main porteuse de paix et d'espoir avec Ahmet Türk pour un avenir radieux en Turquie vient de demander la levée de l'immunité de tous les parlementaires DTP.
Et Ayşel Tuğluk voit son procès confirmé pour propagande en faveur organisation terroriste. One more. Si on la poursuit elle, il ne faut pas demander les autres...
La guerre psychologique passe par les médias. La Turquie utilise les médias pour entretenir cette haine anti-kurde, anti-PKK, et appeler au nationalisme turc. Et ça marche très bien... Ils sont forts...
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