mardi, août 29, 2006

Petites recettes du T.A.K

Le site du T.A.K, en dehors d'une prose excitée, comporte une rubrique fort utile, expliquant aux curieux comment fabriquer des bombes... il faut le voir pour le croire mais apparemment ca marche...

Diverses options, la bombe au nitrate d'ammonium, la bombe au chlorate de pottassium et à l'essence.... et tous les renseignements pour mettre en place le circuit électrique, le détonateur, le système de retardement, afin de préparer une adorable bombinette pour la joie des petits et des grands.

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Comme les T.A.K sont en plus écolos, ils proposent un système fonctionnant à l'énergie solaire...

J'avoue que ca fait froid dans le dos, la destruction à la portée du premier ado boutonneux désoeuvré venu...d'un point de vue tactique on ne peut qu'admirer, le TAK table sur la décentralisation, l'action individuelle, se contentant peut être de poser son nom sur les communiqués revendiquant les morts de touristes anglais...


T.A.K, le retour...

Le TAK, ce groupuscule, lié ou non au PKK, commence à être difficile à cerner... arrivé à un tel niveau de connerie (attentats aveugles à Marmaris, Antalya, Istanbul, des dizaines de blessés et au moins 4 morts...), la question des objectifs réels des "faucons de la libération du Kurdistan" se pose..

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(bbc news)

Ce que les autorités turques ne peuvent nier, c'est qu'elles avaient été prévenues... Voici un E-mail envoyé par le TAK à la presse fin mars au cours des émeutes de Diyarbakir...

Parton en Turquie, les bombes vont exploser, des assassinats et des sabotages seront commis. Nous ne reconnaitrons aucune règle. Tout sera une cible pour nous. Nous déterminerons la cible, nous l'attaquerons avec un esprit de revenge et nous la détruirons. Nous viserons le tourisme.

C'est une des principales sources de financement de cette sale guerre, et ce sera donc notre première cible. Nous avertissons les touristes turcs et étrangers de ne pas aller dans les régions touristiques de Turquie. NOUS NE SOMMES PAS RESPONSABLES POUR CEUX QUI MOURRONT AU COURS DES ACTIONS MENEES DANS CES REGIONS (!!!!!!!). La Turquie n'est pas un pays sur et ne le sera jamais. Nous sommes un peuple menacé de destruction, et nous sommes en guerre.

On admire le courage de "si des gens meurent c'est pas de notre faute, on avait bien dit qu'on mettrait des bombes", je suppose que c'est ce qui leur permet de dormir sur leurs deux oreilles... ce qui est plus étonnant c'est qu'ils parviennent ainsi à poser des bombes tranquillement, comme si aucune mesure de sécurité n'avait été prise en dépit des menaces...

La où je ne comprends plus, c'est que ces braves petits faucons désobéissent ouvertement à Abdullah Öcalan, qui tente d'offrir un énième cessez le feu, et même à Murat Karayilan qui en promet un pour le 1er septembre...le but principal du TAK étant la libération d'Öcalan, ils pourraient au moins obéir à ses discours officiels...

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Coup de chance, les Teyrebazen Azadiya Kurdistan ont un site officiel, avec animation flash en intro et tout... en TURC bien sur ! Le temps d'essayer de traduire leur prose, et on comprendra peut être mieux...en attendant, touristes de Turquie, visitez le Kurdistan, c'est bien plus sur que Bodrum et Antalya...


vendredi, août 25, 2006

Nouvelle nouvelle nouvelle tentative de cessez le feu au Kurdistan...

Murat Karayilan propose à la Turquie un Cessez-le-feu à partir du premier septembre, envoyant judicieusement la balle dans le camp de la turquie qui décidera de ne rien en faire... le cessez-le-feu unilatéral du premier septembre 1999 avait été rompu le 1er juin 2004 par le même karayilan, estimant que la démocratisation n'allait pas assez vite. Maintenant qu'elle a été sévèrement compromise par cette rupture et par l'autisme borné des dirigeants turcs, élus ou nons, et à l'heure où les F16 tucs pilonnent les positions du PKK, Murat tente de faire passer le message "vous voyez bien que c'est pas nous, c'est eux"

Foin de médisances, le fait est que la Turquie a l'occasion comme le dit Abdullah Öcalan ( qui s'y connait), d'arrêter l'effusion de sang...que celà soit sincère ou que celà soit lié à l'écrasante infériorité numérique et aux appels de nombreux hommes politiques kurdes, cela importe peu... que Karayilan ait justement appellé texto au chaos et à la guérilla urbaine en Avril pour changer d'avis en Aout, ce n'est pas le sujet! Mais l'armée turque, dotée de joujous high-tech, d'un stock de Mehmetçik aspirants martyrs contre leur gré, n'a pas du tout l'intention d'accepter un cessez-le-feu, ce qu'elle n'a, d'ailleurs, jamais fait officiellement...

Ce qui est plus intéressant c'est cette phrase d'öcalan dans cette interview du 11 aout

"A l'étape finale, les armes seraient déposées pour de bon, dans le cas où une garantie juridique serait donnée"

En gros une demande d'amnistie...plus que judicieuse, même si pour le trouffion PKK moyen, accepter une amnistie signifie être catalogué traître réactionnaire droitier et connaître une fin désagréable...même si l'amnistie à la turque c'est "revenez de la montagne, dénoncez vos camarades, passez deux en en prison et acceptez de vous faire arrêter pour un oui ou pour un non pendant le restant de votre vie..."

Que certains aient accepté cette amnestie première mouture en dit long sur les conditions de vie dans les joyeuses colonies de vacances du Qandil...
(photo http://www.conflictpics.co.uk/Kurdistan/Images/patrol2.jpg)




La Turquie censure Fifi Brindacier

Ce n'est pas tellement l'image de la fille teigneuse à couettes rousses (de son vrai nom suédois Pippilotta Viktualia Rullgardina Krusmynta Efraimsdotter Långstrump) (et en turc "Pippi Uzun çorap" (longues chaussettes, comme langstrump) qui met des branlées aux chenapans que les censeurs ont banni, mais plutot le fait que ses aventures étaient traduites en Kurde, et que la cargaison de livres, offerts par l'ONG kurde suédoise KOMAK, était destinée à 5 villes Kurdes du Sud-Est, sous le nom menaçant de Pippi-Ya Goredirey (source wikipedia)

La cargaison, destinée à des librairies dans cinq localités kurdes de Turquie, a été saisie car elle n'était pas accompagnée de l'autorisation requise du ministère turc de l'Education, et il manquait également des documents douaniers, selon les autorités citées par TT.
Les 1.208 livres, dont 25 différents titres de "Fifi Brindacier", l'héroïne créée par Astrid Lindgren, avaient été embarqués en Suède le 7 août par l'association Komak qui s'occupe de projet d'éducation parmi la population kurde de Turquie. (source AFP / info-turk)


Rappelons que les publications en langue kurde sont parfaitement autorisées en Turuqie... Il faut reconnaître que la Turquie fait tout pour effacer la bonne impression des 2 années de réformes menées par l'AKP! Mais comment accuser "La Turquie" ici... un fonctionnaire teigneux sourcille en voyant passer un livre en kurde dans ses mimines poilues et décide de priver les enfants kurdes des aventures de Pippi Uzun çorap...et de contribuer à interdire à ces mêmes enfants toute alphébétisation dans leur langue maternelle (ce qui chacun sait est un facteur de séparatisme)

Ce qu'il ya de bien quand on se coupe pendant deux mois de l'actualité turque, c'est qu'on se refait rapidement une belle capacité d'émerveillement ....

De Sarajevo à Mostar

Je pense avoir battu un record personnel d'absence de ce blog...Bien installé, doté d'un clavier français et d'un peu de temps libre, je me dois donc de relater mon petit voyage en Bosnie Herzegovine...fin Juillet...

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Impression générale: amateur de trous de balles (dans les murs), de ruines, de champs de batailles, n'allez pas à Sarajevo, c'est déja trop tard. Les traces de la guerre sont bien sur encore présentes, mais la ville (en tous cas le centre) a été refaite à neuf, briquée, rénovée, et offre un visage plus qu'attrayant.

C'est d'ailleurs ce qu'on du se dire les centaines de backpackers échoués dans le quartier turc de Bascarsija (çarsi = marché en turc, Bas = tête, ca simplifie le tourisme pour moi...mais POURQUOi les Ottomans ne sont pas restés plus longtemps à Budapest!).... le train de Budapest à Sarajevo (14 heures, départ 17h40, un par jour!) est d'ailleurs essentiellement occupé par des "routards", plus ou moins civilisés...sans surprise les australiens forment le gros des troupes, le "trip to europe" tenant lieu de voyage initiatique avant la première année de fac. L'austalien moyen se contrefout des vieilles pierres, des mosqées, églises et autres citadelles, mais sera en mesure d'alimenter les pages "going out" du Lonely Planet et de donner à 1 cent près le prix d'une bière à Zagreb. J'écope pour ma part d'un gros Irlandais sympa éduqué dans une école en gaëlique, et la conversation s'oriente évidemment dans des sphères pan-celtiques assez jouissives mais totalement hermétiques pour l'américaine du kentucky qui partage notre compartiment. La fraternité celtique survivra à une nuit blanche pour cause de ronflements gargantuesques...

Inutile d'espérer trop dormir, le passage de 2 frontières hors-UE n'en laisse pas le loisir! Les gardes frontières hongrois, croates (2 fois) et Bosniaques regardent d'un oeil las les passeports Australiens, Européens, Japonais (eh oui...) avant de laisser repartir le train. Bien 4 heures consacrées à franchir les frontières, soit un petit tiers du voyage...le voyage de Budapest à la frontière croate (Manastir) me permet d'ailleurs d'avoir un aperçu du Sud Ouest de la Hongrie, écrasé par le soleil de juillet, tout à fait bucolique.

L'arrivée à Sarajevo est assez surprenante...grande gare ferroviaire assez glauque, mais surtout FROID POLAIRE! la ville est mine de rien un peu en altitude, enfermée dans une cuvette surplombée de collines, et oui, bon, il est 6h du matin... l'hostel Ljubjica propose un service de navette qui nous amène directement dans le quartier turc. C'est bien tout ce que ce cloaque propose d'ailleurs, la seule fois ou j'ai dormi dans un truc aussi sale,c'était à Amidya au Kurdistan...et au moins c'était silencieux! Bref je suis un vieux con, mais 5 australiens et yankees brâmant jusqu'à 6 heures du mat ne font rien pour le sommeil du juste. Bref, à éviter à tout prix, en tous cas les dortoirs...

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Peu importe l'hotel miteux et mal fréquenté, la lumière du matin sur Sarajevo fait vite oublier la nuit blanche passée dans le train! Le petit déjeuner tant fantasmé de Börek et de Café Turc (pardon, Burek et Café Bosniaque !) englouti dans le premier café ouvert est un délice... Ayant quitté Itanbul en Novembre j'ai par contre perdu le fil des Ezans (appel à la prière)...n'ayant toujours rien entendu à 9h, je finis par demander à un gardien de mosquée si cela exisite ici... il me rassure, le prochain est à 10h (le deuxieme de la journée), en complet décalage avec les horaires turques de cette péridode... quand il retentit enfin, le dépaysement est complet: chaleur + calme + architecture ottomane + collines verdoyantes + Ezan: je me croirais bien à Trabzon!!

Pris d'un besoin irrepréssible de prendre de la hauteur, je me dirige vers la première colline que je vois, arpentant les ruelles et longeant les cimetières. Détail dérangeant, la plupart des pensionnaires semblent être morts en 1993 ou en 1994...pas de surprise, mais des frissons dans le dos tout de même...à flanc de colline, les pierres tombales blanches garnies de turbans s'étendent sur des kilomètres...il faut dire que le fondateur ottoman (Isa Bey) de Sarajevo n'avait pas du prévoir la possibilité d'un siège tenu par des barbares pilonant la ville de leurs mortiers...

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On comprend mieux l'enfer subit par la population, l'impossibilité de même traverser la rue sans risque le sniper vicieux, l'obus sournois...gageons que les courageux soldats de forces serbes de Bosnie se sont payé du bon temps...

Les traces de la guerre sont patiemment effacées, et le quartier touristique en est à peu près exempt, restauration oblige... je sympathize avec le gardien de la mosquée Gazi Husrev Bey, joyau de l'Islam balkanique, qui a fait ses études à Istanbul...on blablate en turc et je marque bien sur des points en comparant sa mosquée à la Sokolu Mehmet Pasa Camii d'Istanbul: même harmonie, même calme, même paix, même inspiration puisqu'elle a été construite par un élève de Mimar Sinan... mon statut de connaisseur es mosquées me fait ouvrir les portes du Turbe de Gazi Husrev Bey, théoriquement fermées au public, et toc, mais pas celles de la Medressa...

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Mais la principale curiosité, c'est ce clocher garni d'un cadran aux chiffres arabes... on admire, n'est ce pas, l'inspiration photographique intense, l'ombre du minaret se reflétant sur le clocher...la bonne idée de se lever tôt surtout!

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Petite déception au fur et à mesure que la journée avance, les boutiques de souvenir ouvrent, étalent leur camelote, et le quartier turc se transforme en entrepôts de bibelots exportés du grand bazar... je chipote,mais c'est trop propre, trop briqué, trop lisse... je flâne vite fait dans les ruelles, explore les "hans" (cours intérieures), engloutis un ou deux çay et repars vite dans les collines...rien de plus plaisant que de marcher peinard dans les quartiers résidentiels (coquets), avec la ville à ses pieds... but de mes pérégrinations, le cimetière juif de Kovaçiçi, aperçu en photo dans l'ancienne synagogue transformée en musée du judaïsme bosniaque... je ne trouverai jamais ce cimetière, malgré la perte de deux ou trois kilos dans les côtes! Je l'ai pourtant vu de loin...tant pis!

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Dans la catégorie "gout douteux", la bibliothèque (XIXeme siècle) désaffectée remporte le premier prix

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Une vague ressemblance (néo mauresque?) avec la grande synagogue de Budapest...

Ceux qui ont suivi le siège de Sarajevo, ou vu l'excellent "Welcome to Sarajevo" de Michael Winterbottom reconnaitront ces tours jumelles...

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en bien meilleur état qu'en 1992....

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Comme un symbole de la reconstruction de la bosnie? La campagne donne une impression plus mitigées, et les ruines jonchent la voie entre Sarajevo et Mostar...impacts d'obus, immeubles calcinés voisinent avec des bâtiments flambants neufs et des grosses cylindrées aux plaques allemandes et autrichiennes...comme au kurdistan irakien, les réfugiés tentent de revenir et d'investir dans leur pays meurtri.

Ayant commencé ma visite à 6 h du matin, j'ai en début de soiré épuisé les charmes touristiques de la ville... 13 heures de tourisme stakhanoviste me poussent à croire qu'il est inutile de rester un jour de plus, et je prends (après moult palabres à l'otogar) un billet pour Mostar, histoire de voir si le pont tient le coup...

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