dimanche, novembre 27, 2005

Retour à Amedi

Si seulement! En plus si il neige ca doit être à couper le souffle...
Malheureusement je n'y retourne qu'à travers d'autres grimoires
D'après Henry Binden, en 1857 Amedi est un monceaux de ruines. La citadelle est essentiellement peuplée de juifs, et les femmes juives s'unissent souvent aux musulmans.
Il décrit déja la porte qui nous a frappé en Aout: "nous sortons par la porte ouest, cette porte est fort curieuse, la voute extérieure en ogive est ornée de dessins d'arabesques et de serpents entrelacés" Cette porte s'appelle en fait "porte de Zibar", et daterait de l'époque parthe! (148-226 après J.C)...Les rois parthes ayant vaincu les romains sont ceux représentés sur la porte...la pauvre Roxane peut oublier ses "visages de princes kurdes..." Mais l'info reste à vérifier...moi j'aimais bien l'idée d'avoir vu les visages des emirs du Badinan.

Pour Thaha Baher il existe à Amedi un "étrange monument, une grande fosse carrée creusée dans le roc de la montagne". J'avoue qu'on l'a ratée celle la.

Et la je m'insurge: à quelques Km d'Amedi à Ardan, une église Assyrienne du IV ème siècle, qui d'après une étude de 1997 existe toujours....ils auraient pu y penser nos anges gardiens...

Claudius James Rich

Ils me font toujours rigoler les neuneus en Turquie avec leur très inspiré et épidermique "il n'y pas Kurdistan", "ca n'a jamais existé", comme ci ces trois syllabes leur arrachaient les yeux à chaque fois. Quand on lit les récits des voyageurs, diplomates, "touristes" des XVIII et XIX eme siècles, le mot Kurdistan est courant. Difficile pour un louveteau gris même de mauvaise foi de crier au complot séparatiste si il tombe sur le livre "Narrative of a Residence in Koordistan" de Claudius James Rich, écrit en 1820. L'édition que j'ai lue date de 1836...

Je souhaite pousser un coup de gueule contre l'institut kurde de paris et sa règle de non-emprunt qui ne m'a permi que de le feuilleter. :o)

Ce bouquin est un trésor, écrit par un homme d'exception...parlant couramment latin, grec, hébreu, araméen, arabe, persan, turc (etc). Il effectue un voyage au "Koordistan" en 1820, et rédige un journal quotidien, gorgé d'observations anthropologiques. L'homme meurt en octobre 1821, du Choléra attrapé à Shiraz (Perse).

Evidemment il faudrait que je le lise en intégralité...mais rien que sa description de Sulemanye me fait aimer cet espèce d'anglaise: "Suleymanye ressemble à un gros village arabe". Il le juge sans intérêt, notant tout de même 2 belles mosquées et un joli Hammam. Il faut dire que la ville ne faisait que 10000 habitants à l'époque...

Petites découvertes...

Comme j'ai du temps libre (profitons en!), je vais faire un petit tour à l'institut kurde de paris, rue La Fayette. Presque par réflexe, je salue le standard en turc (oups), et on me répond en turc. Pas de surprise....
Quel accueil! Ayant formulé des désirs de recherche sur le patrimoine architectural du kurdistan irakien, on me fait asseoir en face d'une pile de livres, des cartes grandes comme l'appart dans lequel je loge (14m²)...merci Sandrine!

Je commence par combler une partie de mes énormes lacunes sur les Yezidis: déja on me fait découvrir que "religion originelle des kurdes", rien du tout, encore de la propagande. Et merde. Le Yezidisme remonte en fait au 12ème siècle, serait issu du Soufisme et originaire de la vallée de Lalish, entre Mossoul et Duhok. A voir les photos de monastère et de pélerinages, j'en veux encore un peu plus à ces neuneus d'UPKistes qui ont refusé qu'on visite un village Yezidi sous prétexte "d'eau pas pure...".

Brièvement notons que les Yezidis ont été engendrés par Adam, sans Eve. La grande classe, et surtout un bon point pour eux! En fait Adam et Eve avaient décidés de "prendre leur volupté" au dessus d'une cruche (sans jeu de mot)....pour Adam le résultat fut le merveilleux peuple Yezidi, pour Eve de la pourriture te des vers...j'y peux rien, tout ca et dans les Kawls, leurs chants relgieux.,

A noter dans leur système de castes une caste des Kawwals, équivalent intéressant des Bardes celtes, formés dans des écoles de la vallée de Lalish. Autre bretonnerie, de grands "pardons" (processions) organisés tous les ans, ou on "promène le paon" (Tawus gerran) dans les régions yezidies...

Stigmatisés comme "adorateurs du diable", les Yezidis ont en fait une cosmogonie assez complexe, avec un soupçon de zoroastrisme. Après avoir créé le monde, Dieu, un poil flemmard, l'a confié aux 7 archanges ou 7 mystères (Haft Surr): le big boss "Tawus Melek" (l'ange paon), désigné comme le diable par les sunnites qui généralement n'apprécient que peu les nombreuses sectes anatolo-méspotamiennes...Tawus Melek décide de tout, et Dieu est foncièrement bon, donc nul besoin de le prier, autant se concentrer sur son assistant. Bon d'accord c'est le diable, enfin l'ange déchu, mais Dieu lui a pardonné, alors hein.

"Shaytan" le mot iranien (et turc) pour Satan, est un mot tabou, et la lettre "Shin" de l'alphabet arabe tout autant. D'ailleurs pour simplifier, l'écriture et la lecture sont théoriquement interdites aux croyants, réservées aux lettrés. Il parait que cha se perd.
Autres tabous les vêtements bleus, certains aliments, l'interdiction de salir le sol, l'air, le feu, l'eau (je ne sais pas si ca veut dire "écologie", espérons...)

En résumé, niveau vestiges, il peut etre intéressant d'aller découvrir le sanctuaire du Sheikh Adi, fondateur de la religion, tous les villages Yezidis comptent un mausolée dédié à un Saint protecteur. Grand festival en automne dans la vallée de Lalish...équivalent de Hacibektas pour les Alevis en Turquie.




Un mois à Paris... C'est par ou la plage?

Bon bah voila, pour la première fois de ma vie je me retrouve à Paris pour plus de 3 jours. Honnêtement on ne fait rien pour que mes préjugés de Breton évoluent...Je laisse toujours les cadres supérieurs pressés me foncer dedans et rebondir, l'air surpris que quelqu'un ne comprenne pas à quel point ILS sont pressés, eux. Je ne peux m'empêcher de demander au serrurier à qui il faut 2 heures pour faire un double pourquoi ce double doit me coûter 15 euros (19 pour deux clés), contre 10 balles les deux à Istanbul. Si le niveau de vie ici était 10 fois celui de la Turquie, ca se saurait...La sempiternelle réponse "oui-mais-à-Paris-il-y-a-tous-les-théâtres" lasse un peu à force, même si il est vrai qu'on ne va pas chez le serrurier tous les jours. Renoncer à tout confort de vie pour le plaisir de voir Francis machin au théâtre de la Michautruc, j'avoue en béotien diplômé que ca ne m'effleurerait pas.

Le programme de formation auquel je participe vaut tout de même le déplacement, malgré quelques à côtés un peu effrayant pour un apolitique militant comme moi. Il est vrai que bosser sur les questions de migrations mène vite à cotoyer les "militants" qui m'ont souvent débecté. Je pense par exemple à la promo précédent la nôtre à Science Po Lille, qui sous prétexte que des sans papiers avaient occupé l'IEP pendant quelques jours ont passé le reste de leur scolarité à parler comme si ils avaient fait le Vietnam. La formation dispensée par le programme "échanges et partenariats" vaut pourtant le détour, malgré mes réserves initiales: faut dire qu'aller tous les jours au "centre international de culture populaire" (CICP) m'effrayait un peu: les comité france-palestine ou france-tchétchénie m'ont fait vaguement craindre un "france-kurdistan" avec "cadre" du PKK à l'oeil torve fourni gratuitement (grace à la "contribution du peuple kurde" comme disait l'autre). Rien de tout celà. Par contre évidemment on nage dans une ambiance "alter" que je n'avais jamais trop fréquenté à part au tribunal international sur l'Iraq en juin...Rien de bien méchant au contraire, et je me détend vite.... au menu méthodologie de projet, nombreuses rencontres avec des responsables d'ONG (CIMADE, Gisti) sur Paris et familiarisation avec le système français, que je connais logiquement (?) moins que le turc...

mercredi, novembre 09, 2005

Fin de séjour

Je rentre en France le 12 novembre....fin de 6 mois à Istanbul, sans trop de regret. Istanbul en hiver est un poil glauque, il pleut depuis deux mois et je n'ai pas vraiment pu faire de tourisme!
Retour en France donc, et si tout va bien départ pour la Hongrie en Janvier. Une autre langue tordue en perspective...

J'ai beaucoup d'appréhension. Tous mes amis turcs me disent de bien faire attention à moi en France, parce que ca a l'air dangereux ce pays là. Limite on se demande ce qu'ils font dans l'Europe.