vendredi, août 31, 2007

Absence

Eh non, je ne suis pas en vacances, j'étais pour le travail quatre jours en Serbie, dans la bonne ville de Belgrade. Quelques photos de la citadelle turque à venir, histoire de rentabiliser ce voyage blogistiquement parlant !

Sinon mon Serbo-Croate a bien progressé: Saat (heure), Sabah (matin), Pazar (marché), on sent que les Ottomans sont restés 500 ans !

vendredi, août 24, 2007

Frère N°1

Chomage? Sous développement? Malnutrition? Violence? Analphabétisme? Exode Rural? Injustice? Discrimination?

Tout cela est SECONDAIRE. Le grand combat des députés DTP: améliorer les conditions de détentions du soleil de l'humanité à l'ombre. Le guide du peuple Kurde est en effet toujours en prison malgré ses vibrants appels à la paix et à la fraternité, scandaleusement enfermé dans une île prison, dont il est le seul prisonnier. Les prisons F-Tipi, dans lesquelles militants d'extrême gauche et kurdes sont enfermés npar milliers? De la gnognotte! La fenêtre d'Öcalan ferme mal! Mais que fait Amnesty? que fait l'UE?

Perpétuellement au dernier stade de maladies douteuses (gonflements de tête auxquels il survit pourtant depuis les années 70, écoulements, yeux qui picotent), Abdullah Öcalan inquiète beaucoup ses supporters.

Nihat Ergün, député AKP, déclare : "les députés DTP devraient essayer d'amélioprer les conditions de vie des gens de la région (kurde) plutot que les conditons de détention d'Öcalan". Encore un qui n'a rien compris: "sa santé est notre santé, si Öcalan meurt, le peuple kurde meurt". Cons de Kurdes qui ont vécu des milliers d'années avant qu'Öcalan ne leur fasse la grâce de naître, tsss.


jeudi, août 23, 2007

Nouvelles Frontières

Je suis bien placé pour le savoir, des milliers de candidats à l'immigration en Europe, venus du monde entier pourrissent actuellement en Turquie. Lors de mon séjour dans l'ONG Helsinki Citizen Assembly à Istanbul, j'ai été au contact de Burundais, Congolais, Tanzaniens, MAuritaniens, Ougandais, Sri Lankais, Pakistanais, Bengladeshis, Népalais, Chinois, Nigerians, aux parcours individuels improbables, qui avaient tous une caractéristique commune: ils n'ont jamais demandé à se trouver là.

Trompé par des trafiquants farceurs, des centaines d'Ethiopiens, Soudanais, Somaliens, Erithréens se retrouvent un beau matin sur la côte turque, après avoir pris un Cargo à Port Soudan ou sur la côte lybienne. Ils sont abandonnés ici par des passeurs qui leurs disent qu'ils sont en Italie. D'autres ont la chance d'arriver sur la côte grecque, à la frontière turque.

Les gardes frontière grecs, très prévenants, les font monter dans un petit zodiac qui passe tranquillement dans les eaux turques et les abandonne sur la plage.

Dotée de 7200 km de côtes, la Turquie est bien sûr incapable de totalement contrôler sa frontière. Les passeurs sont nombreux à promettre aux immigrants bloqués en Turquie, souvent dans des conditions humaines déplorables, un passage vers l'eldorado européen, en l'occurence la grecque. Difficile de parler d'Eldorado quand on connaît la réputation du système grec d'asile et de détention, mais pourquoi pas.

La frontière terrestre est virtuellement infranchissable. Mines, rivière, chiens policiers, lunettes infra-rouges: nous avons vu à IStanbul une mère revenir sans son fils d'une tentative de passer la frontière: il s'était noyé dans la rivière, refoulé des deux côtés par la coopération greco turque.

Une autre solution est le passage en Bulgarie dans un camion. C'est le cas de nombreux réfugiés que j'ai rencontré en Hongrie, autre point d'échouage.

De nombreuses embarcations de fortune tentent donc la traversée vers la grêce ou vers ses îles. Et toutes les semaines, les communiqué se succèdent : des dizaines d'immigrants trouvent chaque année la mort dans les eaux égéennes. Le 17 aout, se sont six afghans qui sont morts noyés, 45 personnes parvenant à regagner la côte à la nage.

mercredi, août 22, 2007

Les Kurdes Irakiens vous disent merci

Et dire que les Kurdes Irakien auraient pu connaître un monde sans PKK. Un monde où ils ne seraient pas sous la menance permanente de voisins haineux tentant de déloger les courageux guerilleros du PKK/PJAK, spécialistes de la bombinette à distance et de l'opération transfrontalière.

L'Iran, qui écrase joyeusement sa population kurde avec un entrain redoublé depuis l'arrivée au pouvoir d'Ahmadinedjad, bombarde férocement les villages kurdes irakiens situés à sa frontière. Les réfugiés quittent la région par centaines pour échapper au pillonage dans la région de Qalaa Diza. Un hélicoptère Iranien contenant six Pasdaran a explosé dans les monts Kandil. Selon le PKK/PJAK, il s'est posé sur une mine (pas de bol), selon les Iraniens c'est la faute du mauvais temps

J'ai un doute, mes lecteurs vont pouvoir me renseigner: PJAK et PAJK, c'est la même chose? Il serait quand même dommage qu'un groupe kurde iranien parle uniquement le turc...


"Le monde s'améliore par les femmes", oui, mais sans lavage de cerveau et sans AK-47 alors hein! Une amie avocate tente de défendre actuellement une kurde irakienne passée par les camps du PKK et réfugiée en Europe. Difficile d'en tirer quoi que ce soit quand la personne se mure dans le silence et n'arrive pas à regarder les gens dans les yeux. La vie ne devait pas être si belle là bas...

mardi, août 21, 2007

Mon nouveau pote!

Il paraît que les Alevis n'ont pas été très convaincus par le CHP et le camp "laïc" lors des dernières élections. La réponse ne s'est pas faite attendre, par la voix de Yusuf Halaçoglu, président de la Société D'Histoire Turque (laquelle n'en est pas à sa première énormité) : Les Alevis seraient des Arméniens convertis, rien de plus. Si Martin Van Bruinesen lui même affirme que les Alevis sont un mélange de turcs, de kurdes et de chrétiens convertis, le fait des les désigner en bloc comme "arméniens" et donc traîtres potentiels est un peu fort de Kahve.

Mais il faut en fait comprendre que Yusuf Halaçoglu n'est autre qu'un Hibernatus Anatolien tout juste sorti de la glace: pour lui, IL N'Y A PAS DE KURDES EN TURQUIE. "Nos recherches prouvent que les Kurdes de Turquie sont en fait de race Türkmène, et que les Alevis sont d'origne Arménienne".


Et ça continue. Pour lui de nombreux membres du PKK sont en fait des Arméniens: la preuve, "quand certains membres du PKK sont arrêtés, on remarque qu'ils ne sont pas circoncis" (NDLR: les membres) "Nous devons faire attention à la provenance de la terreur. Les Alevis ne font en plus rien qu'à vouloir ouvrir des "églises" (cemevi...), c'est bien la preuve que ce sont des Arméniens dont la conversion n'est pas sincère.

De nombreux responsables Alevis, journalistes et politiques kurdes demandent la démission de ce triste sire, et vont porter plainte pour racisme et incitation à la haine...

La Société D'Histoire Turque a été créée sur ordre d'Atatürk en 1932, et a notamment affirmé que les Hittites et les Sumériens, premières civilisations Anatoliennes, étaient de race turque, balayant d'un revers de main les 4000 ans séparant ces civilisations et l'arrivée des premiers turcs dans la région. On trouve notamment sur leur site une rubrique "Etudes Arméniennes" convaincante, et une recherche du mot "Kurde" (Kürt) abouti au résultat suivant.

Aratmış Olduğunuz Kelime: kürt (vous avez cherché le mot "Kurde")

Kayıt Bulunamadı... (aucune page trouvée)


Le DSP tente la refondation de la gauche

Baykal semble décidé à saborder le navire plutôt que d'en abandonner le commandement. L'exaspération grandit dans les rangs du CHP, mais c'est du côté du DSP que sonne la révolte. Zeki Sezer, le leader du DSP, ancien parti d'Ecevit, a commencé à prendre ses distances avec le parti avec qui il avait pourtant fait une alliance électorale, présentant ses candidats sur une liste communes. L'alliance a été pratiquement rompue dimanche lors du congrès du DSP.

Contrairement aux députés CHP, les députés qui ont rejoint le DSP après le 22 juillet prennent actuellement part au scrutin présidentiel. Ils ont également annoncé être prêt à collaborer avec l'AKP pour le vote de nouvelles modifications de la constitution, le CHP ayant déja déclaré ne même pas vouloir en entendre parler.

Sezer ne se prive plus de critiquer Baykal: "on ne peut pas se prétendre de gauche et exclure toute une partie de l'Anatolie" martèle-t-il. On sait en effet que le CHP n'a pas pris la peine de faire campagne au Kurdistan, sachant trop bien que dans l'esprit des Kurdes, le CHP ne vaut pas plus que le MHP.

vendredi, août 17, 2007

Le Mot Interdit

Chez les Yezidis, l'utilisation du mot "Seytan" (diable) est un grand tabou. Un peu comme le blasphématoire "Jeovah" des juifs, immortalisé dans "Life of Brian". Les députés CHP viennent d'inventer un nouveau tabou, par la bouche d'un de ceux qui accusait le 23 juillet le peuple turc d'être stupide, Onur Öymen. "Ce serait mieux si leur bouche ne prononçait pas le nom d'Atatürk" a-t-il déclaré au sujet des députés AKP.


Pourquoi cette Fatwa? Parce la mesquinerie d'Erdogan n'a pas de limites! Il a osé rappellé que la femme d'Atatürk était voilée de pied en cap et portait donc le voile à Cankaya (le palais présidentiel), ceci constituant donc un précédent à la future "birinci kadin" (first lady?), Mme Gül, qui porte le voile.

Pour Kemal Kılıçdaroğlu, chef du groupe parlementaire du CHP, le premier ministre est toujours dans la première phase du développement humain et ne connait pas le processus de ce développement.

Des historiens convoqués en urgence assurent que Latife Hanim (la femme d'Atatürk) ne portait absolument pas le voile. Elle s'est en effet dévoilée après les lois de laïcisation, afin de montrer l'exemple... Le problème, c'est que google image est d'une grande utilité quand on est, comme moi presque aussi mesquin qu'Erdogan


(Avec Ismet Inönü)

(11 septembre 1924)

RAppellons tout de même que Latife Hanim a divorcé de Mustafa Kemal en 1925, et n'a plus porté le voile après cette date.



Panturquisme, mode d'emploi

Petite illustration de la grande solidarité entre turcophones: l'Ouzbékistan, république turcophone d'Asile Centrale dirigée par le charmant Mr Karimov, a extradé en catimini vers la Chine, en vertu d'un accord de coopération judicière, un Imam Ouïghour (donc turcophone) réfugié au Canada, Huseyn Celil. Jugé à Urumqui (capitale de l'Ouïgouristan) il a été condamné à la prison à vie.

Les Ouïghours, dont de nombreux sont réfugiés en Ouzbékistan, connaissent une situation préoccupante, mais apparement moins porteuse que celles des Tibétains. Colonisés par les sinophones, ils sont sévèrement encadrés et toute activité culturelle est assimilée à du séparatisme. Ce qui après tout est aussi une spécialité turque...

jeudi, août 16, 2007

Petite histoire du CHP

Mustafa Akyol se déchaîne et tire sur l'ambulance dans le TDN. Il n'a pas vraiment tort après tout!

Carnage chez les Yezidis

Je n'ai appris la nouvelle que ce matin, par dessus l'épaule d'un voyageur lisant son journal. C'est l'attentat le plus lourd ayant frappé les Kurdes, et il vise les Yezidis, vivant dans une zone hors du contrôle du gouvernement kurde.




En Avril, des Yezidis avaient lapidé une jeune fille de leur secte coupable de vouloir se marier avec un sunnite, dans une communauté interdisant totalement l'exogamie. C'est le prétexte utilisé par les tafkiris (extrêmistes sunnites) pour viser depuis les Yezidis de la province de Ninive (Mossoul). L'attentat de mardi à Qahataniya près de Sinjar a fait entre 250 et 500 morts selon diverses sources, rasant de nombreux immeubles sous les décombres desquels des personnes sont encores ensevelies. Zayan Osman, ministre de la santé de la région kurde, parle de 250 morts et 350 blessés.



Massoud Barzani a annoncé d'urgence l'envoi de peshmergas dans la région de Sinjar et Shingal, territoire Yezidi situé à la frontière Syrienne, qui doit prochainement choisir, avec d'autres régions dont celle de Kirkuk son rattachement au Kurdistan. Il appelle également à la solidarité des Kurdes pour l'envoi de médicaments et pour le don du sang.



Mais quand les Kurdes se remparent derrière la frontière de leur région et tentent d'interdire aux arabes irakiens l'accès au Kurdistan sans invitation officielle d'un Kurde, ce sont de méchants séparatistes...

mardi, août 14, 2007

Violence dans le football en Turquie

Quand je vivais à Istanbul, je n'ai jamais vraiment pu m'intéresser de près au championnat turc. Sommé de choisir entre Fenerbahçe et Galatasaray, j'ai eu la présence d'esprit de me déclarer fan de Besiktas, et j'ai eu le nez creux.


1) Personne ne les déteste, c'est donc socialement sécurisant.

2) Ils ont été champions en 2003 quand j'y étais, ce qui m'a valu de me brouiller avec un fan de galatasaray que je chambrais lourdement (ben oui, en France on se chambre mais on se brouille pas pour autant, mea culpa).

3) Leur stade était à quelques centaines de mètres de mon appart à Cihangir, ce qui me permettait de suivre l'évolution du score en ouvrant la fenêtre les soires de matchs.

Malgré celà, et malgré ma footbolophilie primaire de fan inconditionnel du Stade Rennais depuis à peu près la chute de mes dents de lait, impossible de me passionner pour la Süper Lig.

1) Essayez de regarder un match à la télé: les bandeaux publicitaires flashy et agités occupent les 2/3 de l'écran.

2) Le championnat est quand même sévèrement limité, avec 3 équipes stanbouliotes et Trabzon qui peuvent prétendre se disputer le titre.

3) Le fanatisme des turcs va un peu trop loin

4) C'est d'une VIOLENCE!

Il est rare de voir un matc sans carton rouge, les joueurs se cassent les pattes, s'insultent se crachent dessus. Le bon esprit du footballer turc s'est révélé à la face du monde lors du mémorable Turquie-Suisse de 2005, lors duquel, après qu'au match aller les Suisses aient conspué l'hymne turc, le match avait dégénèré en bataille rangée sur le terrain et dans les couloirs.



Les batailles rangées entre hooligans commencent à faire partie du quotidien. La grande nouveauté, ce sont les hooligans qui se ruent sur la pelouse pour tabasser les joueurs adverses. A ce jeu là, TRABZON est très fort.

Dans cette ville, au demeurant très jolie, spécialisée dans les cerises, les poissons frits et la production d'assassins nationalistes, les fans de Trabzonspor (les Mavi/Bordo) sont connus pour être particulièrement "patriotes". Loin de moi l'idée de stigmatiser Trabzon. A la suite de l'assassin de Hrant Dink, les fans de Erciyespor avaient chanté "nous sommes tous turcs, morts aux traîtres", ce qui ramène les "ho hisse enculés" au rang de taquineries de cour d'école.

Evidemment, la France ou l'Italie n'ont parfois rien à envier à la Turquie concernant le comportement des supporters, mais la violence sur le terrain est tout de même bien moindre...

Ici des images d'affrontements à Diyarbakir (pour changer)




vendredi, août 10, 2007

Beaucoup de bruit pour rien

J'ai peu suivi la visite du premier ministre irakien Maliki à Ankara. Il venait parler des moyens de régler le problème du PKK. Même un observateur distant de la situtation en Irak pourrait se poser des questions: comment Ankara peut il espérer que le gouvernement irakien, retranché dans sa zone verte, n'assurant pas la sécurité dans sa propre capitale, traversé par des crises et des démissions quotidiennes, puisse faire quoi que ce soit contre le PKK?

Cengiz Aktar ne s'y trompe pas: cette entrevue était purement symbolique. Ankara entend montrer à son opinion et au monde que la Turquie épuise tous les moyens diplomatiques avant de recourir à la force: négociations avec Washington, avec Bagdad... attendez, il manque quelque chose non?

Seule une reprise des relations diplomatiques avec ERBIL permettra à Ankara d'avance sur ce dossier. Les dirigeants turcs le savent parfaitement, mais négocier avec les "chefs tribaux" semble au dessus de leurs forces. En ignorant royalement l'administration kurde établie depuis 1991, et seule à même de faire quelque chose contre le PKK, la Turquie crée ses propres problèmes: pourquoi Barzani ou Talabani tenteraient ils quoi que ce soit contre le PKK, alors que les Turcs continuent à les considérer comme des chefs terroristes indignes de dialogue?

PDK et UPK se sont déja battus contre le PKK, le PDK agissant même aux côtés de la Turquie. Ils n'ont aujourd'hui rien à gagner en aidant une Turquie autiste et méprisante, menaçant d'intervenir à tout va et refusant aux Kurdes le droit de récupérer Kirkuk.




jeudi, août 09, 2007

Premières tensions DTP/PKK

C'est inquiétant, il semble que Murat Karayilan soit parfaitement d'accord avec moi: le score global du DTP au Kurdistan est très décevant, et le nombre de 20 députés DTP au parlement très en dessous des attentes. Plutôt que de se remettre en question, il a une analyse toute faite et prête à l'emploi: les Kurdes qui ont voté AKP sont des TRAITRES.

Le PKK n'a pas non plus apprécié les déclarations et l'attitude des députés DTP qui se sont efforcés de ne pas faire de scandale et de s'intégrer au jeu politique turc. Ces députés "nient leur passé" selon "l'aile politique" du PKK, le KCK. En effet, pas de grands serments en kurde, pas de portrait d'Öcalan, pas d'émeute et pas d'arrestation à la tribune. C'est bien décevant tout ça.

Pour Duran Kalkan, si le DTP a perdu des voix, c'est la faute des dirigeants du DTP. Amusant ça, tous les candidats ont été plus ou moins validés par le PKK, parfois en dépit du bon sens et à rebrousse-poil des électeurs (on voit le score d'Aysel Tugluk, parachutée à Diyarbakir...)

Öcalan est fidèle à lui même "ils ont utilisé mon nom, et ils n'ont obtenu que 20 sièges? Que feraient-ils sans moi?". On n'ose répondre...

L'enlèvement grandguignolesque de 9 villageois le 31 juillet, punis pour leur village qui n'a pas bien voté, montre à quel point le PKK se rend compte qu'il est en train de perdre la main au Kurdistan, tout comme le meurtre d'un villageois à Cepkenli près de Van, qui refusait de livrer de la nourriture à un groupe de guerrilero. Quand la propagande ne marche plus, essayez la terreur.

On retrouve ici une configuration classique des rapports entre le PKK et le parti pro-kurde: l'indépendance est inacceptable, et la solution pour contrer les tentatives d'émancipation est le durcissement, la répression au sein de la population kurde, la provocation. C'était le cas lors du torpillage du HADEP, ça pourrait être le cas encore aujourd'hui.

Peut on y voir une des raison pour laquelle le DTP tente de s'intégrer coûte que coûte au jeu politique turc, quitte à "affadir" son message pro-kurde? Peut on leur en vouloir? Les réactions des journaux turcs à la poignée de main entre Türk et Bahçeli sont très élogieuses. De Radikal à Hürriyet toute la presse a salué ce geste... Hasip Kaplan, un des députés DTP, parle de paix et souhaite que les fusils se taisent. C'est en effet "L'image que la Turquie attendait", mais qui peut prévoir ce qui va se passer dans les prochains mois..


mardi, août 07, 2007

A hue et à dia..

Pour ceux qui considèrent encore le PKK et le DTP comme une même entité homogène, voici une petite illustration de la compléxité de la situation.


La cérémonie du serment au parlement s'est passée au mieux. Malgré les tentatives pour lancer une polémique suite à l'épisode du C.V des parlementaires kurdes (qui avaient osé mettre le Turc, leur deuxième langue, en "langue étrangère"), il n'y a eu aucun dérapage à l'assemblée nationale turque. Les 20 députés DTP ont joué l'apaisement, Ahmet Türk allant même serrer la main du leader du MHP Devlat Bahçeli. Celui ci, malgré son idéologie, est salué par de nombreux observateurs pour sa "retenue" et son interdiction faite aux "jeunes nationalistes" de participer à des combats de rue contre les kurdes. Tout est relatif, mais il est vrai que les violences et les écarts sont plus à chercher du côté du BBP et d'autres groupusucles d'extrême droite. Bref, une poignée de mains dont on peut penser ce qu'on veut, mais qui vaut mieux que les chars autour du parlement et les députés kurdes allant directement de la tribune à la prison.

Deniz Baykal lui, fort de ses 99 parlementaites (13 de ses élus ayant rejoint le DSP comme prévu), snobe tout le monde: AKP, DTP, MHP, personne n'est digne de son attention. On se demande ce qui lui fera quitter la présidence du CHP.

Le PKK de son côté a enlevé 9 personnes dans un village coupable de ne pas avoir bien voté, puis les a relâché après une semaine. Ou comment pourrir toute tentative de "respectabilisation" du DTP et l'empêcher de prendre part au jeu politique turc autrement qu'en demandant la libération d'Öcalan ou en provoquant des scandales...

Mehmet Ali Birand est bien pessimiste, et pense que le geste entre Bahçeli et Türk sera puni à la fois par les "gangs" nationalistes et par le PKK: les deux se nourrissent du sang versé, dit-il, et l'apaisement est pour eux une bien mauvaise nouvelle. Tu l'as dit bouffi.





lundi, août 06, 2007

La vrai raison des aides européennes en Turquie

J'ai trouvé une nouvelle idole! Les foules sont ingrates et se lassent de tout, même de Kemal Kerinçsiz. Rigoler de Deniz Baykal ne m'amuse plus, et les délires des patriotes en exil me lassent au plus au point.


Heureusement, il existe en Turquie un réservoir inépuisable de petits grands hommes, de névrotiques complotophiles écumants de rages et avides de dénoncer les innombrables menances qui planent sur la Turquie.

Yilmaz Dikbas en fait partie. Comme de nombreux patriotes inquiets, il s'interroge devant les fonds européens versés aux ONG et associations turques. La raison lui en paraît fumeuse: pourquoi l'Europe donnerait elle autant d'argent alors que tout le monde sait qu'elle déteste la Turquie? Le texte qui m'a été envoyé date un peu (décembre 2005) mais il est toujours d'actualité. On m'a accusé récemment d'activité douteuses et anti-turques parce que j'avais travaillé en ONG à Istanbul. Il est vrai que l'aide aux demandeurs d'asile risque était en fait un moyen détourné de livrer Istanbul aux Grecs, mais bon.


Voici donc devant vos yeux ébaubis l'agenda caché de l'UE. (je cite)

Le projet européen est un projet impérialiste dont les fondations ont été posées il y a 50 ans. Ces objectifs principaux concernant la Turquie sont les suivants.

Prendre Chypre au Turcs (le projet est preque fini)

Faciliter l'établissement d'un Etat Kurde, amputant la Turquie de son Sud-Est

Diviser le peuple turc en augmentant les différences religieuses, raciales et linguistiques (NDLR : ce qui signifie "demander le respect des minorités" pour les patriotes)

Faire reconnaître au Turcs le soit-disant génocide arménien et préparer le terrain pour l'abandon à l'arménie de terres dans le Sud Est (les pressions dans ce but continuent)

Préparer le terrain pour l'établissement d'un Etat Religieux Orthodoxe à "Constantinople) en faisant reconnaître l'archevêque de Fener comme "Oecuménique" (les pressions viennent des U.S.A pas de l'UE)


Prendre le contrôle de toutes les ressources hydrauliques et des réseaux de distribution, en particulier celles des barrages sur le Tigre et sur l'Euphrate (ceci attend son tour pour prendre place sur l'agenda) (NDLR: honnêteté intellectuelle, il reconnait que malgré ses efforts d'imagination il n'a rien trouvé pour appuyer ses dires et se projette dans un futur probable).

Sous couvert de privatisation, prendre le controle de toutes les usines, les entreprises, les terres, les ressources minières, les banques, les aéroports et les ports des mains du peuple turque contre un prix ridicule.

Minimiser les pouvoir des Forces Armées Turques et donner le contrôle et l'inspection de l'armée, la fleur de la nation (NDLR: :D :D :D ) à Bruxelles. (les pressions intensives continuent)

Mettre fin à la souveraineté de l'Etat Nation de la république Turque, en facilitant l'abolition des articles 6, 7, 8, 9, 81 et 103 de la constitution de la République Turque, relatifs à "la souveraineté qui est investie dans les mains de la nation sans réserves ou conditions). (Les architectes vicieux du projet EU n'ont pas encore révélé cet objectif, ils comptent le faire après que les autres objectifs soient remplis).

Sympa hein?

Notre ami conclut son raisonnement en décrivant toutes les associations de la société civile qui ont reçu des fonds de l'UE comme le CHEVAL DE TROIE CONDUIT JUSQU'AU COEUR DE L'ANATOLIE et la CINQUIEME COLONNE QUI A PENETRA DANS LA NATION TURQUE.

Je tiens le texte (en anglais) à la disposition des curieux.

Une petite recherche nous apprend que Yilmaz Dikbas est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont "Satilik Vatan" (nation à vendre) (2003) et "le dernier clou de l'UE sur le cercueil".


mercredi, août 01, 2007

Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis


Yasar Büyükanit et Deniz Baykal, la brute et le truand, n'ont visiblement jamais entendu parler de ce proverbe.

Alors que le second, désavoué par son parti et par les électeurs, s'accroche fermement à son siège de "chef de l'élite laïque" autoproclamé, le premier annonce benoitement que malgré la déroute éléctorale des partis proches de l'armée, malgré même les critiques de Devlet Bahçeli qui accuse l'armée d'avoir provoqué par son "e-memorandum" du 12 avril la victoire écrasante de l'AKP, l'armée reste sur ses positions. Un bon signe en cas d'invasion conjointe de l'Anatolie par les forces kurdo-armeno-greco-européennes, mais un mauvais signe quant au respect de l'expression démocratique du peuple turc.

Bref, Yasar Pasa ne veut pas d'un président "islamiste". Le fait que le parti "islamiste" tienne 340 sièges sur 550 n'a visiblement pas d'influence sur sa réflexion.

L'AKP de son côté commence à réfléchir à une "constitution civile", en bref une constitution remplaçant celle imposée délicatement par Kenan Evren en 1982, et approuvée par un plébiscite au score irakien, mais surtout épurée de ses références à Atatürk, d'après le député AKP Zafer Üskül. Une constitution, en somme, abolissant la primauté de l'Etat sur l'individu, nettoyées de ses bloquages idéologiques, et dont la liste des "exceptions" à l'exercice de la liberté d'expression serait quelque peu réduite.

Une équipe d'experts a déja commencé à travailler sur un projet de constitution, sous la direction du professeur Ergin Özbudun: au menu, la limitation de la possibilité pour le président de nommer les membres de la haute administration et de la justice, l'abolition du "YÖK", haut conseil des universités farouchement kémaliste, l'abolition du pouvoir du président de nommer les recteurs d'universités, l'abrogation de l'article faisant du MGK (haut conseil de sécurité) un organe prévu par la constitution. Bref, un démilitarisation.

Le travail de cette équipe doit bien sûr être surveillé de près. L'AKP n'est jamais qu'un moindre mal, compte dans ses rangs d'authentique islamistes bigots, et ne s'est pas magicalement élevé au rang de parti social démocrate progressiste. Mais maintenir que la constitution MILITAIRE de 1982 est la garante de la démocratie turque est tout simplement grotesque.

Les députés DTP quant à eux soutiendront la candidature de Gül. Dans un registre nettement plus amusant, nombre d'entre eux ont, lors de l'écriture de leur "CV" de député, listé le Turc comme "langue étrangère". Bouh, les méchants traîtres, oser dire que le Turc n'est pas leur langue maternelle. Si j'espère que les députés DTP ne céderont pas aux provocations de bas étage, je ne peux qu'approuver cette petite pique, servant à rappeller que la langue maternelle d'un grand nombre de "citoyens turcs d'origine kurde", c'est encore le kurde.