vendredi, décembre 21, 2007

La laïcité en danger

Les liens du chef de l'Etat avec les hautes autorités religieuses deviennent difficile à cacher! Après avoir avancé à pas de loup, il agit maintenant à visage découvert et affirme sa volonté de remettre en question la laïcité en mettant en avant les "racines religieuses" du pays. "La laïcité n'a pas le pouvoir de couper le pays de ses racines, elle a l'essayé, elle n'aurait pas dû" a-t-il osé affirmer!

"La république laïque a longtemps sous-estimé l'importance de l'aspiration spirituelle"

"Ce que j'ai le plus à cœur à vous dire, c'est que, dans ce monde obsédé par le confort matériel, le pays a besoin de croyants convaincus qui ne craignent pas d'affirmer ce qu'ils sont et ce en quoi ils croient".


Il faut rendre grâce à Abdullah Gül : lui au moins ne se permettrait pas de proférer de telles inepties, bafouant sans vergogne le droit de ses citoyens à l'athéisme le plus décomplexé.

Vous aurez reconnu dans ces déclarations abjectement bigotes le discours tenu par le chanoine Sarkozy à Rome... Il n'y a pas qu'en Turquie que la laïcité est menacée, et en affichant de manière aussi ostentatoire ses convictions religieuses, Nicolas Sarkozy (double divorcé vivant dans un concubinage libidineux avec une créature mangeuse d'hommes, Dieu ait pitié de son âme) fait acte de séparatisme.


Un athée, un musulman, un juif, un boudhiste, doit-il encore se reconnaître dans cette France qui fait, par la voix du chef de l'Etat, de ses racines chrétiennes un horizon indépassable? Personnellement, quand je vois le président de la république faire allégeance au Pape, je vois 20 générations de rois de France gallicans se retourner dans leur tombe... on est loin du temps ou les émissaire de Philippe le Bel retournaient une bonne mandale à un Pape récalcitrant.

Bientôt, le rétablissement de l'enseignement relgieux dans les écoles publiques, et la mention de la religion sur la carte d'identité. Tout français sera considéré d'office comme Catholique. Et Sarkozy aura de plus en plus de mal à justifier son rejet de la Turquie, Etat faux laïc et vrai jacobin, si semblable à son pays soeur la France...

Et si cela n'était qu'une vaste blague? Dans la délégation accompagnant Sarkozy sur la tombe de Jean-Paul II, se trouvait Jean-Marie Bigard. La vrai question est: a-t-il posé ses couilles sur le marbre?


jeudi, décembre 20, 2007

Ya sev, ya Terket, oui, mais...

We cannot get out. We cannot get out. They have taken the Bridge and second hall. Frár and Lóni and Náli fell there... went 5 days ago... the pool is up to the wall at Westgate. The Watcher in the Water took Óin. We cannot get out. The end comes...drums, drums in the deep... they are coming.

Tout geek qui se respecte aura reconnu ces lignes, derniers mots griffoné par Orin, Nain des mines de la Moria tombé lors d'une invasion des sombres et immondes hordes orquesques... (pour les non-geeks, il s'agit d'un livre qui parle d'elfes et de nains et de magiciens et d'anneau maudit).

Fazil Say, pianiste turc génial et reconnu internationalement, aurait été parfait pour ce rôle. Son interview dans le Süddeutschezeitung a provoqué une tempête dans un verre d'eau en Turquie : à l'en croire, les derniers bastions de la civilisation tombent sous les coups de boutoir des hordes islamistes anatoliennes... dernier avatar en fait de l'incompréhension féroce qui oppose la bourgeoisie laïque occidentalisée réfugiée à Sisli ou Nisantasi, Izmir ou Ankara, et le reste de la Turquie.


"“Nos rêves pour la Turquie se sont partiellement effondrés, toutes les femmes de nos minitres portent le foulard...Les islamistes ont gagné. Ils sont à peu près 70% et nous 30%. Je songe à aller m’installer ailleurs"

Comme le dit déja Guillaume sur son blog, c'est encore une fois "eux contre nous", le coté lumineux contre le côté obscur (je me sens très geek aujourd'hui).

Fazil Say s'excuse aujourd'hui, et dit que ses remarques ont été mal comprises. C'est fou comme ça arrive souvent ses choses là. Et comme toujours ce n'est pas "j'ai dit une connerie", mais "vous m'avez mal compris"...

Il est vrai qu'avant l'arrivée de l'AKP, la Turquie était un pays rêvé, et si les femmes de ministres ne portaient pas le voile, ceux ci se pressaient pourtant aux obsèques des leaders fascistes et détournaient des sommes faramineuses. La Turquie n'était pas menacée par l'islamiste quand les militaires ont imposé l'enseignement religieux et l'identité "turco-sunnite" comme base indépassable de la nation turque. Bref on tourne en rond.

Fazil Say est poursuivi par le ministre de l'éducation, qu'il a accusé de supprimer l'enseignement musical. Celui ci affirmé avoir augmenté de 30% le nombre de professeurs, et l'attaque donc pour diffamation.

On aimerait savoir si Fazil Say s'est ainsi insurgé quand les chanteurs kurdes ou de gauche étaient attaqué pour divers motifs séparatisto-terroristes. Mais probablement étaient-ils inclus dans sa tête dans le "EUX"? Quid de Sivan Perwer ou Ahmed Kaya (mort en exil)? Il ya quelques semaines, des étudiants kurdes ont été passés à tabac à Sakarya pour avoir porté un t-shirt à la mémoire de ce dernier...



Je trouve la colonne de Hüseyn Gulerce dans Zaman mignonne tout plein. Evidemment, cet immonde fourbe doit avoir un agenda islamiste caché.

Orhan Kemal Cengiz, dans le TDN, résumé en quelques lignes l'essentiel du problème.

Actually if you look at the history of the Turkish Republic you can observe clearly that Turkish state assumes the role of "atheis" when it deals with its Muslim citizens and the role of "Sunni Muslim" when it relates with its non-Muslims and Alevi citizens.


On ne peut pas mieux dire. En Turquie, il ne faut pas être chrétien, converti, athée, alevi. Il ne faut pas non plus être trop musulman. Il ne faut pas bien sur pas être kurde. Ceux qui parviennent à se forger une identité malgré ces restrictions, représentent le "NOUS". Les autres, le "EUX".


mardi, décembre 18, 2007

Champagne :)

Ce blog vient de passer les 50 000 visites... c'est pas grand chose, mais ça fait plaisir. L'audience augmente, (toutes proportions gardées) ces derniers mois, et nous dépasserons pour la première fois les 4000 visites en décembre! A ce rythme, 2008 pourrait également voir 50 000 visites, soit autant que pendant les 2 années et demi précédentes...



visite de voisinnage, Umkapani, 2005


Vues de Mongolie...





Les Petits Mongols sont moins prompts à la déconne et à la grimace que les petits Kurdes, mais tout aussi photogéniques... Ces images ont été prises dans des "Kindergarten" gérés par des ONG à Ulan Bataar et dans la localité dont j'ai parlé plus bas...

Voici la "Ger" traditionnelle, principale source de pollution à Ulan Bataar. L'ambiance a l'intérieur est également très enfumée, mais au moins il fait chaud.

Gengis Khan est l'Atatürk local. Aéroport, Vodka, Avenues, Place, Statue devant laquelle viennent s'incliner les membres du nouveau gouvernement.

Rare chez les jeunes, le costume tradditonel reste populaire...

lundi, décembre 17, 2007

La Turquie à la remorque...

Mais qu'avaient pu manger les gardes frontières turcs d'Edirne pour être d'aussi méchante humeur?

Un couple de britannique, Heather et Ted Shephard, s'est retrouvé dans une situation surréaliste en tentant de rejoindre la Grande-Bretagne par la route depuis leur résidence turque d'Altinkum, petite localité située sur une péninsule à l'ouest d'Izmir et comptant une forte communauté venant de la perfide Albion.

Venus en Turquie par le chemin inverse, avec toutes leurs possessions dans une remorque à deux roues accrochée derrière leur voiture, ils ont voulu rentrer chez eux pour Noël. Victime d'une crevaison, ils ont du changer leur roue à Edirne, et se sont finalement fait voler leur remorque, vide.

Qu'à cela ne tienne, ils ont tenté de passer la frontière... se heurtant au refus ferme des douaniers: ils sont entrés en Turquie avec une remorque, ils doivent ressortir avec une remorque. Celle-ci n'a pas besoin d'être la même, mais il faut une remorque...

Une "bonne âme" rencontrée à Edirne leur a finalement refourgué une remorque similaire pour la coquette somme de 170 £, environ 250 euros. Laquelle fut lâchement abandonnée en Bulgarie...

Il n'y a pas vraiment de règle en Turquie, si ce n'est que le port de l'uniforme rend souvent très con. On peut élargir, en disant que lorsque certains Turcs se voient attribuer une parcelle d'autorité, ils en font souvent un usage tatillon et horripilant... on pense ici au "Yasak" automatiques des vigiles, policiers, balayeurs qui voient sortir un appareil photo... ou à l'autre courge d'étudiante qui voulait nous empêcher de prendre des photos du site d'Hassakeyf en Aout 2005!



Frappes Chirurgicales



Si, si les bombardements turcs sur le Kurdistan Irakien sont tout ce qu'il y a de plus chirurgicaux. A la grande époque des "barbiers", un bon pourcentage des patients mourraient d'un arrêt cardiaque en se faisant dépiauter à la scie émoussée sans anesthésie par des chirurgiens cautérisant le moignon béant au fer rouge. C'est plus à ce style de médecine "pré-Ambroise Paré" qu'à la chirurgie au laser que font penser les opérations aériennes qui ont eu lieu ce Week-End.

Villages détruits, au moins un civil tué, et probablement pas la moindre perte dans les rangs d'une guerrilla bénéficiant de souterrains aménagés et inexpugnables, dans lesquels, comme le disait si bien un responsable des renseignements turcs à la retraite, "les terroristes jouent de la musique bien à l'abri pendant que nous les bombardons"


Si la Turquie se vante d'avoir touché des cibles rebelles, les officiels kurdes de la région affirment que le PKK, pas fou, avait plié bagage des semaines avant les frappes, et que ce sont essentiellement des villages kurdes irakiens qui ont été détruits. Des centaines de civils ont fui leur villages pour se réfugier dans des grottes voisines... Abdullah Ibrahim, un responsable de la région de Sangasar, affirme que, si des bases rebelles se trouvent bien dans la région, elles n'ont pas été touchées par les bombes qui n'ont frappé que les villages...


dimanche, décembre 16, 2007

Petit Bilan Mongol

Les difficultés d'accès à Internet à Ulan Bataar ne m'ont pas permis de vraiment poster quand j'étais là-bas. De retour dans le monde des températures supérieures à 0° (+2 à Roissy hier, quelle rigolade!), et après 12 délicieuses heures de sommeil récompensant 20h de voyage porte à porte et 7h de décalage horaire dans les dents, je vais tenter de tirer quelques enseignements de ce voyage.

La ville : Grand bleu sur Youbi vendredi, et ça change pas mal de choses. Quand la température monte, la fumée et la pollution montent également, et permettent à la ville de respirer un peu mieux. L'horizon se dégage, et on se rend compte qu'en effet, Youbi est entourée de montagnes grises et bleues. Le sentiment d'oppression disparait peu à peu, et on se dit qu'on reviendrait bien jeter un œil en été.

(http://missionmongolie.blog.lemonde.fr)

Vendredi matin, départ pour une localité située à une quarantaine de kilomètres au Sud d'Ulan Bataar. Dès les frontières de la villes franchies, le paysage est à couper le souffle... troupeaux de moutons dans la steppe, tentes parsemées... absence totale d'arbre et végétation se résumant à quelques touffes cramées émergeant d'une fine couche de neige (eh oui, il fait moins froid donc il neige), qui suffisent visiblement à nourri les moutons, vaches très poilues et petits chevaux trapus qui se comptent par dizaines de millions en Mongolie (population 2,5 millions). La ville que nous atteignons compte quelques milliers d'habitants. Construite par les Soviétiques, elle comptait de nombreuses fabriques de ciments et de briques, dont la plupart ont fermé après 1990. L'architecture correspond à l'image que l'on peut se faire de la Sibérie: petites maisons de bois colorées serrées contre les autres et protégées par des palissades. Une ambiance très "Far East", ville champignon poussée au milieu de nulle part. Trois soeurs sud-coréennes tiennent une école, accueillant les enfants dont les parents ne peuvent payer l'éducation et la matériel scolaire.

Coupée de tout, dépourvue d'emploi, la ville semble pourtant plus vivable que les faubourgs d'Ulan Bataar, composés en majorité de tentes traditionnelles (les Ger) entassées sans électricité ni eau courante. Des conditions déplorables auxquelles s'ajoutent l'alcoolisme et la violence familiale... théorie intéressante développée dans "History of Mongolia" par un intellectuel nommé "Baabar" (sic): c'est l'ingénierie sociale promue par les soviétiques à partir de 1921 qui est à l'origine des problèmes des femmes en Mongolie. En détruisant le cadre de la famille traditionnelle, dans lequel la femme était puissante et respectée, le bolchévisme a fait de la femme mongole la victime de violences domestiques qui n'existaient pas auparavant... le mirage de la capitale, autour de laquelle s'entassent d'ex nomades ayant parfois vendu leur troupeau pour s'installer là, est comparable à celui de l'Europe ou de la Corée du Sud, vers lesquelles se dirigent des milliers de Mongols trompés par les "passeurs" auprès desquels ils s'endettent pour plusieurs milliers d'euros...

Les gens : Une lecture de l'histoire de la Mongolie au XXème siècle permet peut-être de comprendre pourquoi il est rare de voir un sourire sur un visage Mongol. C'est en tous cas une explication possible pour le manque total d'amabilité et de chaleur humaine que j'ai perçu dans cette ville. Celà ne semble pas être une attitude envers les étrangers : dans la rue les Mongols se rentrent dedans sans se regarder, sans sourire, sans croiser le regard. Une hostilité sourde et glaciale qui fiche franchement le bourdon. Traversant une université bondée pour rencontrer le doyen du département de science sociale, je n'ai pas vu le moindre sourire ou la moindre étincelle dans un regard... un poil préoccupant tout de même. D'après un étranger ayant couramment appris le Mongol, les Mongols ne possèdent pas dans leur langue d'expressions usuelles pour dire "merci" ou "pardon". Evidemment, après avoir trainé au Kurdistan, l'on développe quelques attentes en termes de contact humain. Je dois encore donc voyager, afin de me faire à l'idée qu'il y a des endroits ou les gens sont encore plus odieux que dans une gare de RER de banlieue parisienne.

Heureusement, la visite de deux "kindergarten" soutenus par une ONG locale me permettent de faire une provision de grands sourires et de regards ravis. Les gamins Mongols ne semblent pas toucher par le blues de leurs parents, et sont ravis de réciter de longs poèmes mongols d'une seule traite, avec petit salut digne à la fin!

Photos à venir, je dois récupérer celles prises par mes collègues. Mon appareil m'a été "subtilisé" sous mes yeux par quatre pickpockets. Petit enseignement: si vous sentez une main dans votre poche, et que vous attrapez cette main, vous n'êtes pas plus avancé quand vous ne parlez pas la langue, que tout le monde autour de vous s'en contrefout, et que vous vous dites qu'il vaut mieux laisser partir le bonhomme qui pourrait bien vous refiler un coup de lame... la même scène au Kurdistan ou en Turquie, et le voleur était pré-lynché par une foule en colère me rendant l'appareil photo avec le sourire...

mercredi, décembre 12, 2007

Global Warming is a lie!

Le moins qu'on puisse dire est que "Youbi" (personne ne dit "Ulan Bataar") se mérite! L'arrivée à 7h à l'aéroport Gengis Khan n'est pas exactement chaleureuse. Le vol Aeroflot en provenance de Moscou (6H) était déja frigorifique et peu confortable, mais le brouillard de pollution, l'air sec à -25° et l'odeur âcre du charbon de bois forment un comité d'accueil peu appréciable.



Après trois jours entiers sur place, je commence à avoir une vision plus large de la ville. U.B a le charme sophisitiqué d'une banlieue de Diyarbakir. Cohérence zéro, immeuble délabrés et soviétiques, avec de temps en temps des bâtiments modernes et resplendissants, témoignant d'un début de développement économique. Le traffic reste très raisonnable par rapport à Istanbul ou Tbilissi. Beaucoup de voitures neuves japonaises ou coréennes.

Théoriquement entourée de montagnes, la ville est de fait encerclée par un brouillard noirâtre qui s'ajoute à la brume glacée naturelle... cette pollution est en fait produite par les "Gir", ces tentes mongoles agglomérées tout autour de U.B... de 600 000 habitants, la ville est passée à plus de un million à la suite d'un exode rural massif de population nomades se sédentarisant autout de la ville de manière chaotique... ce petit monde se chauffe (et on ne peut pas leur en vouloir) au charbon de bois, qui produit une fumée noire et rend l'air irrespirable... Il faudrait emmener une délégation d'anti-nucléaires en voyage organisé dans le coin...

Mais le soleil transperce la brume, et entoure les tentes et les temples boudhistes d'un halo très photogénique...

Plus de photos et de récits à venir après cet avant-goût...


dimanche, décembre 09, 2007

Aux sources de la Turquicitudité

Choqué par les allégations d'anti-turquisme primaire me concernant, j'ai décidé de frapper fort.

Je suis sur le départ: dans environ 20H, je serai à OULAN-BATOR, au pays du loup, des stèles de l'Orkhon et tout le toutim...

Des nouvelles bientôt! Kendinize iyi bakin ;)

vendredi, décembre 07, 2007

Lagendijk vs Zana

Après un article anodin à 122 commentaire (and counting), je me dois d'assurer la continuité du débat...

Je choisis donc un sujet totalement consensuel : la quatrième conférence internationale sur l'UE, les Kurdes et la Turquie.

Fidèle à elle-même, Leyla Zana a notamment martelé qu'il ne saurait y avoir de solution hors d'un dialogue direct entre la Turquie et Abdullah Öcalan, le rôle duquel les Kurdes trouvent "très important et efficace dans le cadre de la paix sociale et de la fraternité entre les peuples".

(Ahmet Türk et Leyla Zana)

C'est là qu'on voit que le parlement européen a progressé depuis l'attribution du Prix Sakharov à Leyla Zana. Le président de la commission parlementaire Europe Turquie, Joost Lagendijk (NB: ça se prononce Laxendeyk, avec un X kurde, enfin un c'h breton quoi), s'adressant au public immédiatement après Mme Zana, a dénoncé son discours, estimant son appel au dialogue avec Öcalan "parfaitement inutile". "J'ai n'ai pas aimé le discours de Mme Zana, elle n'aimera pas le mien non plus". Au moins tout est clair. "Une grande majorité du parlement européen condamne le PKK, si vous entendez le contraire ne le croyez pas".


Pour lui, la solution passe par un dialogue entre le DTP et l'AKP, et le PKK bloque intentionnellement la situation de peur qu'une solution puisse se faire sans lui...


(Joost Lagendijk)

Ahmet Türk, prenant ensuite la parole, a rappelé que le PKK bénéficiait du soutien de plusieurs millions de Kurdes, et que l'écarter des négociations serait improductif.

Denonçant l'AKP comme la source du renouveau du nationalisme turc (!!!!), critiquant la position anti-PKK de l'UE (???) Nurettin Demirtas, un des chefs du DTP, voit la solution dans une assemblée régionale bénéficiant d'un minimum d'autonomie vis à vis du gouvernement central. Rien à redire la dessus... la proposition d'une constitution civile sans référence à la "turquicité" semble également de bon sens pour un pays qui affirme benoitement ne pas être basé sur une ethnie. Mais il refuse tout dialogue avec l'AKP, qui fait de la condamnation du PKK par le DTP une précondition au dialogue... l'AKP a "oublié ses promesses" juste après les élections.

Un peu de mauvaise foi ici, puisque l'intensité des attaque du PKK a sensiblement augmenté après les élections, avec un paroxysme en septembre-octobre...ce qui évidemment, ne pousse pas au dialogue...

mardi, décembre 04, 2007

Les Kurdes sont Turcs, enfin non, enfin si, mais pas tout à fait

Une bien belle initiative que celle prise par quelques Turcs hautement patriotes...

"Je fais mes courses chez un turc" "Mon argent ne va pas au PKK"

Paix, fraternité, fleurs et petits oiseaux. On imagine les critères de sélection du Bakkal (épicier) "non PKK" à Istanbul ou Ankara: à la tête du vendeur, à son origine avouée: t'es de Diyarbakir? J'achèterai pas mon lait chez toi. Non parce que si les liens du bakkal avec le PKK sont prouvés et avérés, on s'étonne un peu de le voir en liberté dans le climat actuel: le raisonnement est donc : commerce kurde = soutien du PKK.

Bientôt un "nuit de cristal" avec saccage généralisé des commerces kurdes? Des affichettes "Commerce Kurde" avec un garde patibulaire interdisant aux "non-aryens" (eh ben oui, soyons logique) de faire leurs emplettes chez eux?

Sans surprise le site "Türksolu" (la gauche turque)(sob) relaie l'info!

On imagine les Kurdes décider de ne plus acheter de Renault (merci Ismail) parce que l'armée possède les usines qui fabriquent ces voitures... Après tout ils financent ainsi les armes qui viennent tuer leurs enfants et raser leurs villages...

lundi, décembre 03, 2007

L'unité Kurde est mal barrée

Evidemment vu ce que représente mon "triste sire du jour", le titre de ce message peut paraître un peu outré.

Hasan Tamoyan est le vice président de l'Union Nationale des Yezidi d'Arménie, proche du président arménien Robert Kotcharian.

Son interview est disponible ici. Le style, l'aggressivité, les contradictions éhontées et la négation obstinée du réel rappellent certains nationalistes turcs dans leurs meilleurs jours.

La thèse principale de Mr Tamoyan, largement diffusée dans la communauté Yezidi en Arménie, est que les Yezidi n'ont RIEN, mais alors RIEN à voir avec les Kurdes (ces musulmans barbares). Ils constituent une ethnie distincite, et parlent un language distinct appellé Ezediki.

Le problème c'est que l'intervieweur ne s'en laisse pas compter, et ose parler de ces Yezidis qui se considèrent Kurdes, de religion Yezidi et de langue kurmanci.

Les villages refusant des livres "Ezdiki" en alphabe cyrillique et exigeant des livres en script latin kurmanci ? jamais entendu parler. Jamais d'ailleurs entendu parler du Kurmanci en Arménie. Qui sont ces gens?

Cruelle erreur, le Ezdiki et le Kurmanci n'ont rien à voir, et le fait qu'elles soit intercompréhensibles ne prouve rien. Mr Tamoyan n'a JAMAIS entendu parler de ces prétendues sources extérieures classant les Yezidis comme des Kurdes non sunnites. Tous les universaitaires qui publient ce genre d'information n'ont qu'un seul but, anihiler les Yezidis.

Selon lui, tous les Yezidis pensent comme lui. Pas une majorité, tous. Les exemples de Yezidis pensant différemment de l'atteignent pas, tous les Yezidis pensent comme lui, point. Les exemples de villages entiers de Yezidis se considérant Kurdes, et soutenant le PKK? Jamais entendu parler. Pas de commentaire.

Mr Tamoyan accuse ensuite son détracteur de "croire en internet", l'accuse de soutenir le PKK parce qu'il a interviewé certains de ses membres en Arménie (tiens tiens, un travers bien turc ça), le menace de prévenir la sécurité arménienne qu'il fricote avec le PKK.

Bref un champion du monde, négationniste du réel, paranoïaque, d'une mauvaise foi en inox, à l'épreuve des balles. "L'Arménie est la lumière du monde Yezidi!"

Son compère Aziz Tamoyan lui affirme doctement qu'il y a 40,262 Yezidis et 1519 Yezidis "qui sont devenus kurdes" en Arménie. Le recensement donnait en fait le choix entre "Etes vous Yezidi" ou "Etes vous Kurde". On imagine un referendum donnant le choix entre "chiite" et "türkmène" en Irak, on aurait pas fini de rigoler.

Aziz Tamoyan se considère d'ailleurs comme "président de tous les Yezidis du monde" (!!!) et parle lui de "Yezideren", un language sans connection avec le Kurmanci. Les Kurdes irakiens financent d'ailleurs des kurdes pour convertir les grecs et les assyriens arméniens au "Kurdisme" dans le but final d'assimiler les Yezidis..

Ah oui au fait, le Kurmanci n'existait pas jusqu'il y a quelques temps. Un language totalement articifiel... Mais en fait tout s'éclaire : les Kurmanci sont des Yezidis qui sont devenus Kurdes!

La suite ici, moi je n'en peux plus!


(Aziz Tamoyan)



Petite interview contradictoire ici pour un autre son de cloche venu d'un kurde d'Arménie...

C'est ici le "vice président du comité national yezidi" Onnik Krikorian qui s'insurge contre ces livres en Yezdiki, refusés selon lui par 11 villages sur 12. Pour lui ces livres ont été faits pour l'argent. Le Ezdiki? Du Kurmanci, un point c'est tout. C'est déja un peu plus rassurant... surtout quand parlant d'Aziz Tamoyan" il répète "c'est une honte, une honte, une honte"...


dimanche, décembre 02, 2007

Comme on se retrouve...

Aurais-je porté la poisse? La Turquie se retrouve dans le groupe de la Suisse à l'Euro 2008. Au delà du groupe de la mort dont la France écope, c'est ce Suisse-Turquie à domicile qui va attirer les regards... et c'est l'attitude de la presse turque, prompte à enflammer les esprits et à lancer des campagnes d'appel au meurtre et à la "vengeance nationale" qui va devoir être observée...


Les Suisses n'avaient pas été, en 2005, exempts de tout reproche. Il suffit de se souvenir des France-Suisse de 2005 et de 2006 pour se remettre en mémoire l'hostilité voire la francophobie de la presse suisse, l'arrogance des joueurs et le mauvais esprit inexplicable qui avait pourri ces matches. L'élimination sans gloire des Helvètes contre l'Ukrainn en 8eme de finale avait été, je l'avoue, une grande satisfaction personnelle.

En 2005, les sifflets suisses avaient accompagné l'Istiklal Marsi, provoquant une campagne nationaliste hystérique entre les deux tours, aboutissant au spectacle écœurant de joueurs turcs poursuivants les Suisses dans les couloirs du stade Şükrü Saraçoğlu de Fenerbahçe...L'entraîneur Fatih Terim, celui qui faisait campagne il y a peu pour lever des fonds en faveur de l'armée (qui en a tant besoin), avait largement entretenu cette hystérie et appelé ses joueurs à "casser du Suisse".

Souvenez vous...





vendredi, novembre 30, 2007

Kurdistana Sor

La région de Lachin, ou "Berdzor" en Arménien (Laçin en Kurde) comptait 9000 habitants en 2005. C'était la capitale de la république kurde autonome, le "Kurdistan Rouge" (soviétique) , proclamée le 7 juillet 1923. Cette république fut dissoute le 8 avril 1929. Laçin comptait 3322 kurdophones en 1931, sans compter ceux qui ne parlaient pas kurde mais se définissaient comme Kurdes, chiites d'ailleurs.



La minorité kurde d'Azerbaïjan se serait installé dans la région au XVIIIème siècle, à partir de tribus nomades. Si Lénine a joué, comme ailleurs, la carte des minorités, une grande partie de la population fut déportée par Staline dans les années 30, notammen vers Kransondar mais aussi le Turkmenistan et le Kazakhstan. Une forte minorité kurde s'est cependant maintenue dans la région, progressivement assimilée et parlant l'azeri avec des restes de Kurmanci.

En 1992, pendant la guerre Arméno-Azerie, un kurde nommée Wekil Mustafayed a proclamé la république kurde de Laçin, sans succès apparent puisqu'il s'est réfugié en Italie. Il entretenait, bien sûr, de bons rapports avec le PKK...même si celui-ci avait tenté de le dissuader de proclamer sa république.

(Laçin, en 2005)

Ce sont d'ailleurs des Kurdes, qui se battaient aux côtés des forces arméniennes, qui ont pris laville de Lacin en 1993...mais il s'agissait des kurdes yezidis situés en Arménie! Les Kurdes Azeris, chiites et turcophones de fait, se sont eux retrouvés à se battre contre les Arméniens et donc contre leurs frères kurdes... A la suite de la victoire arménienne, les kurdes azeris ont été expulsés de la région occupée.

Tout info est bonne à prendre: si vous en savez plus, notamment sur Wekil Mustafayed, je suis preneur : il raconte dans cette interview en turc ses rencontres avec Abdullah Öcalan... un gentil traducteur bénévole turquifié veut-il s'y coller?

Mais où donc qu'ils sont?

Le nouveau jeu rigolo pour l'armée turque va maintenant être de localiser les "membres-de-l'organisation-séparatiste-terroriste-tueuse-de-bébés" : de nombreuses sources semblent d'accord pour estimer que de nombreux camps du PKK dans le Kandil ont été évacués au cours de ses derniers mois.


Osman Öcalan, très loquace ces temp-ci, annonçait il y a peu que les forces du PKK se retiraient dans les montagnes iraniennes. L'opération des pasdaran contre les camps du PJAK en Iran, et les relations turco-iraniennes qui se réchauffent semblent compliquer un peu l'affaire. Selon Osman, les membres "turcs" du PKK sont rentrés au Kurdistan de Turquie (ce qui en dit long sur la capacité des 100.000 soldats turcs à contrôler leur propre frontière), remplacés dans les camps par les membres kurdes iraniens du PJAK! Apo junior estime les forces du PKK à un peu moins de 7000 hommes: 3000 en Turquie, 2000 en Iran (PJAK) et 1700 environ en Irak...

Mais pour trouver du croustillant, de l'information de derrières les fagots, il faut aller hercher du côté... Azeri!

C'est un dénommé Mehmet Azeritürk (ça ne n'invente pas), secrétaire général de la fédérationdes associations turco-azeries (donc totalement neutre en ce qui concerne le problème kurde et le problème arménien) qui l'annonce: le PKK veut se replier au Nagarono-Karabakh. Ce territoire Azeri peuple en majorité d'arménien a été conquis par l'Arménie au terme d'une guerre entre les deux pays nouvellement indépendant. Le Nagorno Karabakh est aujourd'hui une république indépendante auto-proclamée (un peu comme Chypre nord quoi), au régime mafieux étroitement lié à Erevan. L'Azerbaïjan n'a pas renoncé à le récupérer, un peu vexé que les pogroms anti-arméniens lancés à Bakou en 1988 aient abouti à la perte d'1/3 de son territoire. Les Turcs parlent de leur coté du "génocide azeri" par les vilains Arméniens, qui n'en sont pas à ça près, n'est-ce-pas, puisque ce sont déja eux qui ont génocidé les turcs en 1915. Si, si.
Carte du Nagorno Karabak et des territoires azeris sous contrôle arménien.


Mais je m'égare. L'Arménie fait donc tout pour attirer le PKK dans le Nagorno-Karabakh, afin de créer une zone tampon avec le territoire sous contrôle Azeri, notamment dans les villes de Susa, Lacin et Fuzuli. Les autorités arméniens démentent, mais laissent entendre qu'il est possible que les autorités de Stepanekert (la capitale du Karabakh) soient entrées en contact avec le PKK. Selon le même Mehmet Azeritürk, le PKK pourrait également tenter de s'installer dans les villages kurdes (Yezidi) à la frontière turco-arménienne. Le PKK est plutôt populaire au sein de la minorité kurde yezidie d'Arménie.

Un élément vient crédibiliser cette posssibilité d'installation du PKK dans le corridor situé entre la frontière arménienne et le Nagorno Karabakh : cette zone, occupée par les troupes arméniennes, serait majoritairement peuplée... de Kurdes!
Alors vous je ne sais pas, mais moi je tombe des nues.

Que penser de cette info? Une intox puérile destinée à attirer l'attention du grand frère turc sur l'ennemi arménien? Une information fondée qui ferait du PKK un auxillaire de l'Arménie contre l'Azerbaïjan, bien à l'abri des troupes turques? Une rancune tenace de la part des Azeris qui n'ont pas digéré le rôle des kurdes dans la guerre du Karabakh?

Bref, je vais me plonger dans ce que je peux trouver sur l'histoire du "Kurdistan rouge"! Si cette information tombe à l'eau, j'aurai au moins appris quelque chose!

jeudi, novembre 29, 2007

Le Kurdistan à la loupe déformante

L'instiut de sondage "MetroPOLL" basé à Ankara a publié les résultats d'une enquête effectuée au Kurdistan Turc sur un échantillon peu représentatif de 1079 personnes. Peut-on taxer ce sondage de "séparatisme"? Il délimite en tous cas particulièrement bien les limites officieuses du Kurdistan Nord, en se basant pour son enquête sur 14 districts : Adiyaman, Agri, Bingol, Bitlis, Diyarbakir, Hakkari, Mardin, Mus, Siirt, Tunceli, Sanliurfa, Van, Batman et Sirnak. Comme quoi, si "IL N'Y A PAS KURDISTAN", tout le monde au moins sait où ça se trouve, et où ça commence!

Première limite du sondage: il ne concerne que les centres urbains de la région. Deuxième limite, la taille de l'échantillon: interroger 20 personnes à Tunceli parait légèrement insuffisant pour déterminer le taux de connaissance du Dimli (ou zazaki) dans le Dersim... 100 personnes à Mardin, et naturellement l'arabe sera légèrement surreprésenté par rapport à son poids réel au Kurdistan, puisque le sondage énonce doctement que 13,9 des sondés ont l'arabe comme langue maternelle... On se retrouve donc avec 33% de monolingues turcophones, contre à peine 60% de kurdophones (Kurmanci +Dimli)... Dans l'ambiance actuelle, peut on légitimement supposer que de nombreux sondés n'ont pas voulu admettre que le kurde était parlé chez eux? Je le pense.

Bien plus intéressantes sont les questions sur le niveau de vie et la perception des problèmes de la région: 41% des sondés mettent le chômage bien avant le "terrorisme" dans la liste de leurs préoccupations. Mais là encore, ce sondage est il crédible quand 2,4 % des sondés citent les droits de l'homme et la question kurde comme un problème?

En vrac, 52% des sondés pensent que le DTP devrait déclarer le PKK comme une organisation terroriste, 45 % pensent que le DTP ne réprésentent pas du tout ou pas assez les Kurdes...

Comble du ridicule: 51% pensent que la Turquie devraient envahir le Kurdistan Irakien, 32% pensent qu'elle devrait viser à la fois le PKK et le Gouvernement Régional Kurde... 50% pensent qu'il n'y aurait pas de conflit turco-kurde en Turquie si la Turquie intervenait en Irak, 65% pensent que Barzani supportent le PKK...

Ce sondage est donc une totale escroquerie scientifique. Peut on décemment poser des questions comme:

Do you agree with the view that "in order to cut off support of the northern Iraqi Kurdish administration to the PKK, the operation should be launched against both Barzani and the PKK?

Sondage de commande, totalement orienté, visant à montrer qu'il n'y a pas de question kurde mais seulement un problème de pauvreté et de terrorisme, qu'il faut intervenir en Irak et taper sur Barzani.... 48 des sondés pensent qu'il faut un embargo économique sur le kurdistan irakien! Alors que le commerce transfrontalier fait vivre la région? 65 % des Kurdes contre la création d'un Kurdistan Irakien? 2 % demandant la reconnaissance de l'identité Kurde?

Ne nous interrogeons pas trop longtemps sur la représentativité de l'échantillon : 2,7% des sondés affirment avoir voté pour le DTP le 22 juillet... prenons acte de la marge d'erreur annoncée : plus ou moins 3%.

Si quelqu'un connait le commanditaire, ça m'intéresse!

mercredi, novembre 28, 2007

No Pasaran!


(DESCENDS DONC DE LA!)

mardi, novembre 27, 2007

Toujours en Vrac

Massoud Barzani serait examiné à Vienne par un groupe de médecins irakiens, selon des sources kurdes irakiennes reprises par Firat News.

Le maire DTP de la commune de Kayapinar, Zülküf Karetekin, accusé de propagande pro PKK, a été acquitté, tout comme quatre de ses employés municipaux.

La presse turque de fond de caniveau annonce la 3eme tentative turque pour prendre Vienne.

On aurait tort de s'insurger, il suffit de jet un oeil aux tabloïds anglais à la veille d'un match de l'équipe d'Angleterre contre un ennemi ancestral pour se rendre compte que la presse turque n'a parfois rien à envier à ses consoeurs. Méfiance cependant, les troupes polonaises sont qualifiées cettes fois. On rappelle que la 2eme campagne viennoise, perdue en 1683, avait sonné le début de la fin pour l'Empire Ottoman, dépossédé de toute l'Europe centrale dès 1699.

lundi, novembre 26, 2007

En vrac

La rumeur délirante dénuée de tout fondement semble être une spécialité de la presse "républicaine" ces derniers temps. Après avoir annoncé que Murat Karayilan avait été grièvement blessé dans un bombardement et qu'il était soigné dans le Sinjar (zone Yezidi), certains médias turcs ont annoncé ce Week End que Massoud Barzani s'était envolé dans un avion américain en compagnie du même Karayilan et de Cemil Bayik, faisant étape à Incirlik (base américaines située près de Diyarbakir) avant de gagner l'Italie.

Une manière comme une autre d'exciter l'opinon turque, qui se ramollit un peu ces temps-ci...Quoi, le chef-de-tribu-féodal tient les chefs de l'organisation-séparatiste-terroriste-tueuse-de-bébés et ne nous les livre pas? Plus inquiétant, d'autres rumeurs annoncent une tentative d'assassinat sur Barzani, et son admission dans un hopital israélien...

Quelque chose qui ne ramollit pas, c'est le sol des montagnes kurdes. Par pur mauvais esprit, je suis quotidiennement la météo du Kurdistan, et CA Y EST! IL NEIGE à Hakkari et Yuksekova, Rendez vous en Avril pour l'épisode XII de "Regain de tension à la frontière Irakienne", à moins que l'armée turque ne préfère nous préparer un remake de "Sarikamis 1914, 90 000 soldats morts de froid sans voir un Russe".

Un journaliste kurde, Mehmet Metiner, est d'avis qu'une fermeture du DTP profitera surtout au PKK. C'est le bon sens qui parle : le durcissement dans le discours du DTP depuis le 22 juillet, la reprise en main par le PKK, l'entêtement à demander la libération du soleil de l'humanité et à faire comme si sa santé était le point de convergence de toutes les luttes kurdes ne doivent rien au hasard. C'est la perte d'influence du PKK au Kurdistan qui le pousse d'une part à tenter d'attirer la Turquie dans un bourbier irakien, et d'autre part à faire fermer le DTP, qui a eu des résultats très décevants (mais prévisibles) aux dernières élections. Si Erdogan semble avoir réussi à éviter l'option militaire et tente maintenant de promouvoir une solution pacifique et démocratique, l'expérience montre que le PKK fera tout pour l'empêcher...on ne le dira jamais assez, mais la démocratie et les droits de kurdes sont la pire chose qui pourrait arriver au PKK.


vendredi, novembre 23, 2007

Le chiffre

Combien la Turquie a-t-elle dépensé pour lutter contre le PKK depuis le début de son activité armée à grande échelle en 1984?

300 000 000 000 $

Ce chiffre est donné par le porte parole du gouvernement, Cemil Cicek... peut on légitimement supposer qu'il est sous-estimé?

Le PK a lui survécu avec un budget que l'on peut vraisemblablement estimer comme légèrement inférieur.

Selon un rapport de l'économiste Mustafa Sönmez, ce sont 29% des ressources investies par la Turquie dans le sud-est qui sont dépensées en sécurité et en défense.

19,6 milliards de YTL sont prévus pour le budget de la défense (8,8% du budget), sans compter 5 milliards pour l'achat de nouvelles armes. Le budget de l'éducation est lui de 22 milliards...celui de la santé de...1,05 milliards.

Il est amusant de mettre ses chiffres faramineux en parallèle avec les déclarations des 8 prisonniers du PKK à leur libération: fusils enrayés, officiers absents, nourriture insuffisante. En attendant, l'armée est la première entreprise du pays, possédant des fonds de pension, des usines, un parc immobilier énorme...

mercredi, novembre 21, 2007

La Turquie en Europe

C'est fait, le ticket d'entrée est dans la poche. On appréciera que la sélection turque ait arraché son billet pour l'Euro Suisse en battant samedi dernier la Norvège, soit deux pays irréductiblement anti-UE. La victoire serrée de ce soir contre la Bosnie suffit à la Turquie pour sortir qualifiée de son groupe, en compagnie de la Grèce (ça ne s'invente pas).



C'est donc le retour de la Turquie en compétition internationale, après les échecs de 2004 (élimination en barrage contre l'improbable Lettonie) et de 2006. La Turquie avait fait un magnifique 3 eme du mondial 2002. La Turquie avait perdu tous ses matches lors de l'Euro 2000, et avait atteint les quarts en 2004, tombant contre le Portugal.

Si il y en a qui doivent être contents, ce sont les organisateurs suisses. On se souvient des mémorables Suisse-Turquie et Turquie Suisse de 2005. Pour mémoire, l'hymne turc avait été conspué comme jamais par le public suisse (pour une raison qui m'échappe), et la presse turque s'était distinguée par son sens de la mesure en appelant avant le match retour au lynchage de tout citoyen helvétique. La sélection suisse avait été accueillie par une foule haineuse à l'aéroport, l'ambiance du stade était ignoble, et les joueurs turcs avaient fini par tabasser les Suisses dans les couloirs. Bref, du grand art.

On imagine donc la joie du comité d'organisation de l'Euro 2008 à l'idée d'accueillir des milliers de supporters turcs qui n'ont probablement toujours pas digéré l'affaire...

Allez avec un peu de chance il y aura un joli Suisse-Turquie en match d'ouverture :)

L'AKP reprend-il la main?

C'est moi, ou c'est encore un coup d'épée dans l'eau? On attend toujours la grande invasion, les hordes turques déferlant sur le Kurdistan Irakien, la victoire finale contre "l'organisation-terroriste-séparatiste-tueuse-de-bébés". Pour la énième fois depuis l'invasion américaine de l'Irak, les effets de manches de la "diplomatie" turque et les menaces des militaires tournent à la pantalonnade...(admirez l'enchaînement vestimentaire improbable).

Bref, l'AKP semble une fois de plus avoir réussi à éviter l'intervention militaire en Irak. Guillaume Perrier analyse magistralement la situation sur son blog, je n'ai donc pas grand chose à ajouter.

Il serait pourtant illusoire de croire à une amélioration prochaine de la situation des kurdes en Turquie. Si la fièvre nationaliste semble retomber aussi vite qu'elle était montée, elle peut sans problème atteindre des sommets au moindre prétexte.

Abdullah Gül continue à employer la langue de bois avec une ardeur non démentie : "il n'y pas eu de place pour la discrimination ethnique dans l'histoire de la Turquie" dit-il. Une belle énormité, sachant que les "minorités de Lausanne" (juifs grecs arméniens) se sont vues barrer l'accès à la haute fonction publique et militaire et étaient soumis à une taxe spéciale dans les années 30. Interdire à un peuple de parler sa langue et tenter de l'assimiler de force, c'est aussi, techniquement, de la discrimination ethnique (certains peuvent parler leur langue maternelle, d'autres non).

La libération de la parole est donc loin d'être achevée... Erdogan poursuit pourtant son idée fixe, "faire descendre les kurdes des montagnes". Intention des plus louables, puisqu'il s'efforce de contrecarrer les efforts de la justice d'interdire le DTP, et semble paver la voie à une amnistie pour les militants du PKK. Bahçeli, Baykal et leur nouveau pote Cicek, hurlent à la désintégration de la Turquie, au bradage de la patrie, à la trahison. A les entendre, Mustafa Kemal, à force de se retourner dans sa tombe, remplacerait avantageusement les turbines du futur barrage d'Ilisu.

Ce n'est pas la première fois qu'on parle d'amnistie en Turquie. Daniel Cohn Bendit propose de son côté en rigolant d'envoyer Öcalan à...Cuba afin de régler le problème. Mehmet Ali Sahin, le ministre de la justice qui se désole que les soldats turcs désarmés préfèrent la reddition au suicide, affirme qu'Apo a été confiné dans sa cellule, après que l'administration AIT DECOUVERT QU'IL TRANSMETTAIT DES ORDRES A SES FIDELES. Sachant qu'il est de notoriété publique qu'il le fait depuis 1999, que ses discours sont publiés dans les journaux kurdes turcophones et sur internet et sont accessibles (enfin je me comprends) au premier venu, c'est un peu fort de Kahve... l'administration "parallèle" turque utilise Öcalan comme une marionette depuis son arrestation (et probablement avant), et interdit ainsi l'émergence d'un mouvement pro-kurde indépendant du PKK. Ce sont aujourd'hui les "durs" et les apoïstes qui dirigent le DTP, totalement repris en main à la suite des élections du 22 juillet.

Enfin, dans la catégorie, "contre le séparatisme, rien ne vaut l'expansionnisme", voila une jolie carte publiée par le quotidien populiste "Günes"


Les Azeris vont être un peu vexés... par contre ça va en faire des minorités à assimiler tout ça! Attention les amis, ça va être très compliqué de nier l'éradication des arméniens cette fois...

lundi, novembre 19, 2007

Haine dans le pays, Gloire dans le monde

Dans un nouvel édito au vitriol, le très détesté Mustafa Akyol répond à son courrier des lecteurs... jouissif!

Il met en fait le doigt sur un mal turc parmi tant d'autres: tous les intellectuels et artistes turcs qui acquièrent une forme de reconnaissance internationale sont détestés par l'establishement kémaliste! Quant aux "intellectuels" officiels célébrés en Turquie, leur qualités ne sont visiblement pas reconnues à leur juste mérite dans le reste du monde... Mustafa Akyol explique avec raison que si ces traîtres à la patrie sont ainsi célébrés et récompensés dans le monde entier, c'est parce qu'ils ont choisi de battir leur notoriété sur la haine anti-turque.

Il est vrai que la liste est longue...

Nazim Hikmet: 17 ans en prison, déchu (et pas encore réhabilité) de sa nationalité, mort en exil.

Yilmaz Güney: de multiples séjours en prison, palme d'or à Cannes pour Yol, mort en exil.

Orhan Pamuk: prix nobel de littérature, de nombreux procès et menaces, vit à l'étranger.

Elif Safak: reconnue par la critique internationale, insultée, menacée, vit à l'étranger.

Ismail Besikci: sociologue éminent, reconnu pour ses travaux pionniers sur la société kurde, a passé 17 ans en prison... condamné au total à 100 ans de prison et 10 milliards de lira (7000 euros) d'amende pour son obstination à répéter "il y a des kurdes".

Mais on peut faire plus trivial: même les chouchous du public peuvent se voir mis au pilori pour déviance par rapport à la ligne officielle.

Ibrahim Tatlises, superstar turque de l'arabesk, insulté et menacé par le MHP après avoir déclaré vouloir chanter dans sa langue, le kurde. A pensé vivre en Allemagne mais est finalement retourné en Turquie...

Sezen Aksu: la "diva turque" ne s'est pas fait que des amis pour avoir chanté en kurde, grec, arménien...

Tarkan, star de la türkçe pop, poursuivi pour avoir tenté d'échapper au service militaire...

et j'en oublie tellement...

jeudi, novembre 15, 2007

Le moral des troupes

Les 8 soldats prisonniers du PKK et libérés grâce à l'intervention du DTP ont donc été arrêtés et seront jugés pour "désobéissance aux ordres", "franchissement de frontière sans autorisation" et "non respect de la discipline militaire" ou "incitation à la désertion", à la demande de la cour militaire de Van. Tous ces jolis mots, pour un seul reproche: ils ne sont pas suicidés, comme, apparemment, tout bon appellé "malgré lui" de 20 ans devrait le faire en cas de défaite.

J'avais déja parlé de ces soldats soviétiques fusillés à Stalingrad pour avoir reculé lors d'un assaut. Rappellons tout de même que pendant la "grande guerre patriotique" certains généraux timorés ont également été purgés. Cela pourrait être une solution à de nombreux problèmes en Turquie: imaginez vous Büyükanit au poteau pour échec dans les Kandil? Celui lui évitera au moins de faire une carrière de "militaire à la retraite" conspirateur barbouze, comme nombre de ses semblables. Büyükanit proteste mollement contre les accusations de la presse turque, et insiste sur le fait qu'il est très mal de s'interroger sur l'origine ethnique de ces soldats. Il annonce tout au plus un "enquête administrative" visant à savoir "quelless erreurs ont été commises".

On ignore l'impact de cette décision sur le moral des troupes, qui savent maintenant que si ils sont blessés au combat, ils doivent se tirer une balle dans la tête pour ne pas tomber entre les mains de l'ennemi. Du côté des parents, c'est la consternation la plus totale.

Afin d'éviter d'entamer le moral de la nation, la gendarmerie a pris une décision originale: imposer à la presse une interdiction de parler de cette affaire. Comme toujours en Turquie, un problème n'existe pas quand on interdit d'en parler.

Certaines déclaration des soldats ont pourtant filtré: "nous n'avions le support ni de nos commandants, ni de nos soldats". "Comme j'étais blessé et que je n'avais pas de fusil, j'ai dit en kurde que je me rendais". Un autre soldat a enfin déclaré que son commandant avait pris son fusil, et que les fusils de la plupart de ses camarades s'étaient enrayés. Cela confirmerait donc l'origine kurde des appellés: on sait que les gradés ne leur font aucune confiance, et qu'il est arrivé que des conscrits kurdes soient abattus d'une rafale dans le dos en pleine opération.

L'armée turque envoie donc au casse-pipe, sans support, des jeunes appellés auxquels elle ne donne pour arme qu'un fusil déficient, ou mieux pas d'arme du tout: un seul but, produire du martyr politiquement correct "il est d'origine kurde mais il se bat pour la Turquie, quel exemple". En cas d'échec de l'opération, le marty potentiel devient un affreux traître à mettre au secret en laissant filitrer un minimum d'information...

Rassurons nous, la justice ne manque pas cependant d'attaquer les journalistes pour "atteinte à l'image du service militaire" au titre de l'article 25/2 de la loi 5187 sur la presse et de l'article 318 du code pénal. L'image du service militaire est donc sauve. Ouf.


vendredi, novembre 09, 2007

Irrécupérable?

Et si la Turquie était tout simplement irrécupérable? Et si tous les timides pas en avant étaient perpetuellement à refaire? Depuis que j'ai commencé, en 2002, à m'intéresser à ce pays lors de mon premier séjour, la Turquie n'a jamais connu une telle hystérie, une telle violence, un tel délire nationaliste irrationnel. L'histoire montre bien sûr que ce n'est pas la première fois.

Sans préjuger des horreurs qui peuvent encore se produire pendant les deux mois à venir, le bilan de 2007 est effroyable. Commençée avec l'assassinat de Hrant Dink, l'année a vu le débat politique trusté par l'opposition nationaliste, par les délires anti-européens, anti-américains, anti-juifs, anti-kurdes, anti-intellectuels, anti-ennemi-de-l'intérieur. Je pensais sincèrement que les élections du 22 juillet mettraient un terme à ce baroud d'honneur des "associations pour la pensée d'Atatürk," des "Grande Union des Avocats" et autres présidents vétoïsateurs compulsif, et remettraient la Turquie sur la voie de la démocratisation et de la normalisation. C'est ce que mérite ce grand pays, et ce qui méritent les millions de Turcs ne partageant pas la conviction farouche que "Her Sey Vatan için" (tout pour la patrie)...

Mais le mal est plus profond. L'AKP, après avoir suscité de nombreux espoirs (et j'étais le premier à les défendre), donne des gages aux militaires et aux nationalsites fous furieux pour tenter de rassembler. Dans un contexte hystérique alimenté savemment par les attaques du PKK (le seul mouvement non-séparatiste qui emploie la violence pour respecter les frontières du pays qu'il combat)(sic), les Cemil Cicek et Mehmet Ali Sahin parviennent à occulter les tentatives d'Abdullah Gül et de Recept Tayip Erdogan d'apaiser la situation.

Et si c'était concerté? Le gouvernment freine des quatre fers pour empêcher une intervention en Irak, qu'il sait vouée à l'échec et qui causerait la fin des espoirs d'intégration européenne. Il mandate donc deux ou trois ministres pour carresser les Martyrophiles dans le sens du poil. D'où les propos surréalistes du ministre de la justice regrettant que les prisonniers rentrent vivant. D'où la volonté de Cicek d'attaquer encore et encore les députés DTP, en s'interrogeant sur leur passé, leurs liens familiaux, et probablement la langue dans laquelle ils rêvent.

A Paris, à Bruxelles, en Allemagne, les loups gris achèvent de dessiner l'image du Turc dans l'inconscient européen. Non seulement il est musulman, sa femme est voilée, mais en plus ses enfants se mettent à 100 contre 1 pour passer à tabac des journalistes, des Kurdes ou des Arméniens. Image superficielle, déformée, outrée, puisque la majorité silencieuse de la communauté turque en Europe est la première frappée par les militants d'extrême droite. Mais la France l'Allemagne ou la Belgique ont perdu l'habitude des défilés fascistes, des lynchages et des chasses à l'homme, et le pékin moyen, dont je fais partie, se demande pourquoi ces jeunes qui se déclarent prêts à mourrir pour leur pays restent bien en sécurité à 4000 km du Kandil. Il est bien sur plus facile de tabasser un "chien d'arménien" ou un "traître" que d'aller dans les montagnes "casser du Kurde".

J'aime trop ce pays pour être totalement découragé. Il reste en Turquie, avant qu'ils soient abattus au coin d'une rue, de nombreux intellectuels et journalistes (vendus à l'occident et au complot kurdo-arménien), des associations comme les "Genç Siviller", qui défendent un idéal de démocratie et de pacifisime. Mais chaque jour, pour le plus grand bonheur des loups gris et du PKK, la Turquie semble devoir tomber plus bas...


jeudi, novembre 08, 2007

Kenan Evren regrette

L'ex-putschiste de 1980 serait il travaillé par les remords? Après avoir fait scandale en proposant un système fédéral en Turquie, Kenan Evren exprime maintenant ses regrets quant à l'interdiction de la langue kurde, gravée dans le marbre de l'article 26 de la constitution militaire de 1982.

"C'était une erreur, nous n'aurions jamais dû faire ça" avoue-t-il, expliquant sa décision à l'époque par une visite dans une école primaire kurde, lors de laquelle il a découvert que certains enseignants utilisaient toujours le kurde en pratique.

Evren reste cependant opposé à l'enseignement du kurde à l'école (on cherche la logique).

Imaginons maintenant Monsieur "Pas de repentance" Sarkozy s'excuser au nom de la France pour l'interdiction du Breton et le combat pour son éradication...Après son accueil au Guilvinec, on peut toujours rêver...i

mercredi, novembre 07, 2007

Engagez vous, rengagez vous qu'ils disaient

Pauvres otages libérés! Ils doivent maintenant regretter la tranquillité de leur brève captivité dans les monts Kandil...ou de ne pas être morts en martyrs en refusant de se rendre après avoir vu 12 de leurs camarades tomber.



Ils sont maintenant interrogés par les forces armées turques, depuis plusieurs jours, sans possibilité de se défendre.

Mehmet Ali Sahin, ministre de la justice, a déclaré "Aucun membre des forces armées turques n'aurait du se trouver dans une telle situation. Je ne peux pas accepter le fait qu'ils sont partis avec les terroristes cette nuit la. JE NE PEUX PAS ETRE TRES HEUREUX DE LEUR LIBERATION"

On imagine la joie de Madame Sahin, à l'idée que son mari serait contrarié par le non sacrifice volontaire de son fiston pendant son service militaire. La presse turque devrait se poser la question: si il y a un Mehmet Ali Sahin junior, OU fait il son service? A Izmir? A Bodrum? Vérification faite, Mehmet Ali Bey a 4 enfants...

Mehmet Ali Sahin, Ministre de la justice

Cemil Cicek lui se contente de blâmer les députés DTP qui sont allés négocier la libération des prisonniers avec le PKK. Encore tout faux les gars, bien essayé... Le procureur d'Ankara les a déja attaqué pour liens avec une organisation historique.

Bianet cite l'exemple de la libération de Coskun Kirandi, prisonnier du PKK en 2005. La délégation qui avait négocié avec le PKK à l'époque avait été attaquée pour "diffuser la propagande d'une organisation terroriste", mais la cour pénale de Malatya avait jugé que l'initiative était basée sur des "raison humanistes".

Humaniste, humaniste...ça rime avec séparatiste ça, c'est louche!

Hürriyet se pose légitimement la question

SERONT ILS JUGES? Les réponses ici...


La leçon sera sûrement retenue par les prochaines prisonniers du PKK. Vu la reconnaissance de la mère patrie, ils resteront bien sagement dans les montagnes, quitte à se farcir une rééducation politique complète. Au moins ils parlent déja la langue officielle du PKK...

lundi, novembre 05, 2007

Comme prévu...

Apo Junior, pardon Osman Öcalan, le frère de l'autre, indique que les forces du PKK en Irak sont en train de fondre comme neige au soleil: elles se retirent en fait en Iran, à la frontière turque...

Rassurons nous, la presse turque n'en est pas à ça près et appellera bientôt à "punir" le régime des ayatollahs et à annexer l'Azerbaïjan iranien pour faire bonne mesure!

Si toi pas martyr, toi traître!

Un article de Today's Zaman, relatant la libération des soldats turcs prisonniers du PKK, s'élève contre certains commentateurs dans la presse turque, qui laissent entendre qu'il aurait été "plus honorable pour eux de mourir que de se laisser capturer". Ayant de la suite dans les idées, ces mêmes commentateurs s'interrogent sur les origines des soldats, probablement des Kurdes n'est- ce-pas.

Dans sa lutte contre "l'organisation marxiste terroriste", la Turquie devient tout bonnement stalinienne: bientôt, les soldats qui reculeront seront fusillés sur place, et ceux qui se laisseront capturer seront envoyés en camp de rééducation après leur libération. Kemal Kerinçsiz deviendra le nouveau Vychinsky terrassant les "vipères lubriques", Büyükanit fera un magnifique Brejnev, et Hürriyet une très crédible Pravda...

Les 8 soldats devraient être réintégrés à l'armée, et renvoyés au front. On s'interroge sur le geste du PKK: quel intérêt de libérer ces prisonniers en sachant qu'on obtiendra rien en échange? Geste de bonne volonté certes, mais face à un ennemi qui en est totalement dénué...bonne nouvelle cependant, on peut désormais sortir libre et vivant des camps du Kandil...

Selon Abdulrahman Cadirci, porte parole du PKK, la libération des soldats doit s'entendre comme un acte de bonne volonté pour favoriser la libération d'Abduallah Öcalan. Selon les députés DTP qui ont réceptionné les soldats à leur libération, ceux ci ont répété qu'ils avaient été très bien traités, et qu'ils étaient très réconnaissant envers le DTP, et même envers leurs ravisseurs, qu'ils n'ont quitté qu'après moutl embrassades...de quoi alimenter leur futur procès en sorcellerie...

samedi, novembre 03, 2007

Honte sur moi...

Le message était passé inaperçu dans mon spam hotmail... (oui chers lecteurs, c'est ici, filtre hotmail exclusif oblige, que finissent vos messages, que je sauve systématiquement et auxquels je réponds à peu près aussi souvent!)

Evidemment c'est un peu tard, mais saluons le déja terminé "Festival de Cinéma Kurde de Paris", qui a eu lieu du 24 au 30 octobre.

Voici le programme, impressionnant, en pièce jointe... je regrette particulièrement de ne pas avoir vu le documentaire Dersim 1938.

Est ce que certains de vous y sont allés?

Mauvais point pour un "brave garçon"

Si on ne peut même plus tranquillement menacer de mort anonymement, ou va-t-on, je vous le demande??

Un étudiant turc, Mert Sahin est actuellement poursuivi pour menaces de mort sur la personne de l'éditeur Necati Abay, porte parole de la "platforme de solidarité avec les journalistes emprisonnés".

Celui ci avait écrit,  le soir du meurtre de Hrant Dink, un article intitulé "Un autre journaliste a été tué, les "brave garçons" ont tué Hrant Dink". On se souvient que les "braves garçons" en Turquie sont ceux qui avaient été désignés ainsi par le général Buüyükanit au lendemain de l'affaire de Semdinli: en d'autres termes, les barbouzes ultra nationalistes agissant officieusement sur ordre de l'Etat profond. 

A la suite de cet article il avait été menacé de mort par e-mail par le jeune Mert Sahin. "Si vous continuez à informer le public en accusant de tels nationalistes, votre sort sera le même". L'adresse email disait tout le courage de la menace :"mekiskali87@hotmail.com". Le problème, c'est que l'anonymat sur internet ne résiste pas à une enquête poussée...

Jugé, le jeune Sahin assume ses idées et ses actes: "Mes sentiments nationalistes étaient à vif à l'époque, j'ai réagi, mais mon but n'était pas de menacer". Bravo. Plus intéressant, cette déclaration: "Le message d'Abay m'a été envoyé par des gens que je connaissais pas, et ils m'ont demandé de réagir à cette déclaration". En d'autres termes, Mert Sahin avait été "repéré" auparavant, comme Ozgun Samast avant lui, par d'autres "braves garçons" sympathisant du drapeau aux trois lunes...Fait notable, Sahin est originaire de Sakarya, ville connue pour son campus très MHP-friendly. Manipuler des ados fanatisés pour faire taire des journalistes, ça se fait aussi en Belgique...par les mêmes personnes.

Sahin va être jugé au titre de l'article 106/2 et de l'article 115 pour "bénéficier de la peur créée par des organisations criminelles qui existent pour menacer quelqu'un" et "faire obstacle à liberté de croire, de penser et de conviction". L'avocat de Necati Abay a demandé une peine de 2 à 8 ans de prison.

La sentence sera prononcée le 2 février 2008.

jeudi, novembre 01, 2007

"Le PKK: une trahison de la cause kurde"

Celal Talabani ne mâche plus ses mots! Dans une interview au quotidien Milliyet publiée Mercredi, il appelle le PKK a déclarer un cessez le feu unilatéral et à se retirer entièrement en Irak.

Le temps du combat armé est terminé. Le nouvel esprit du nouveau siècle est au dialogue, à la démocratie, à la négociation et aux moyens pacifiques. Le contraire de ceci est l'activité terroriste.

"Si le PKK n'est pas prêt à complètement déposer les armes, alors il devrait déclarer un cessez le feu inconditionne. Il devrait se retirer entièrement à l'intéreiur de l'Irak d'une manière qui éviterait les combats et ne ferait pas une cible des troupes turques".

Les attaques du meutrières du PKK sont définitivement des actions terroristes et des meutres. Ce que le PKK fait est une "trahison de la cause Kurde".

Talabani accuse du plus le PKK de vouloir attirer à la fois la Turquie et le gouvernement kurde irakien dans un piège.

Bien sûr, ce langage est une réponse aux demandes de la Turquie, et doit être remis dans le contexte d'une interview à un quotidien turc. Mais les autorités kurdes ont commencé à resserrer le contrôle autour des camps du PKK, visant à réduire sa liberté de mouvement.

mercredi, octobre 31, 2007

Au pays des aveugles...


Comment d'un côté refuser toute reconnaissance au Kurdistan Irakien, traîter son président démocratiquement élu de "chef tribal", bombarder les montagnes au pifomètre et exercer un demi-blocus sur son économie fragile, et de l'autre demander aux dirigeants kurdes d'agir?

Il faut au moins être Turc pour ça. "A nos yeux vous n'existez pas, mais vous devez faire ce qu'on vous dit", c'est assez logique en fait dans un pays ou les Kurdes n'existaient pas mais étaient quand même des voleurs qui faisaient trop d'enfants.

Soufflant le chaud et le froid, Massoud Barzani appelle la Turquie à négocier directement avec lui. Qui peut lui donner tort? Négocier avec Bagdad pour régler un problème du Kurdistan, c'est un peu comme négocier avec Tbilissi pour l'Abkhazie, avec Chisinau pour la Transdnistrie, avec Israël pour Gaza. Mais Erdogan l'accuse d'aider et de soutenir le terrorisme, et refuse de le considérer comme un interlocuteur valable.

La plupart des commentateurs turcs ayant conservé un brin de jugeotte appellent la Turquie à collaborer avec la Gouvernement Régional Kurde. Mais avec un entêtement à se fourvoyer dans les pires impasses devenu une marque de fabrique, Ankara refuse. Baskin Oran met sur le même plan l'impossibilité de négocier avec les Kurdes, le refus de reconnaissance du Génocide arménien, et l'occupation de Chypre: dans les trois cas, la solution adoptée a été de ne pas chercher de solution et de refuser tout déblocage. Aujourd'hui, la candidature de la Turquie à l'UE, et plus largement sa stabilité et sa démocratisation achopent sur ces points.

Pas de négociation avec les terroristes, ni avec les frères ou les cousins des terroristes. Et tant pis si tout la zone frontalière étouffe du ralentissement des échanges avec le Kurdistan Irakien, si les camionneurs qui alimentent la Turquie en pétrole menacent de faire grève si on les forces à passer par Mossoul, si les entreprises turques se retirent d'Irak en faisant perdre des marchés à la Turquie. L'important, c'est que la Turquie refuse bravement de parler aux chefs tribaux dont elle attend la collaboration la plus étroite:

"Tirez sur vos frères pour nous, mais n'attendez rien de nous en échange": qui pourrait refuser une telle offre?

Mon quart d'heure de gloire n'aura pas lieu

J'ai été approché il y a deux semaines par le quotidien Today's Zaman pour un article sur les blogs d'expat. Finalement mon interview ne sera pas retenue, deux autres blogs français ayant été logiquement privilégiés parmis d'autres blogs étrangers sur la Turquie. (Au fil du bosphore et du miel aux épices)

Je publie ici mon Interview, qui m'a au moins permi de réfléchir un peu sur mon blog :)

1. Qui êtes-vous, en quelques mots? En particulier, quelle est votre histoire avec la Turquie?

Je suis Breton, j'ai 25 ans, et j'ai un lien avec la Turquie depuis septembre 2002. J'ai décidé un peu au hasard de passer une année universitaire la bas, et je n'ai jamais pu me dexintoxiquer depuis. Je suis donc resté jusqu'en juillet 2003, puis je suis rentré en France finir mes études, et j'ai continué à apprendre le Turc. j'ai également écrit mon mémoire de science po sur l'évolution de la question kurde en Turquie entre 1999 et 2004 (je peux vous le faire parvenir). En Mai 2005, je suis revenu à Istanbul et j'ai commencé à tenir ce blog. Je suis resté jusqu'en Décembre 2005, effectuant un stage dans l'ONG turque Refugee Law Help Programme (dépendant de Helsinki Citizen Assembly Turkey).

J'ai beaucoup voyagé en Turquie, plus particulièrement dans le sud-est kurde, mais aussi le long de la côte de la mer noire, en Anatolie centrale... Voila pour mon histoire!

2. Quand avez-vous commencé ce blog? Pourquoi l'avoir commencé? Vos motivations ont-elles évolué depuis ?

Ce blog a donc commencé en Mai 2005. Il ne devait être qu'un carnet de bord de ma vie à Istanbul. Comme vous le voyez, les premiers posts sont plutot personnels, vie quotidienne à Istanbul, à l'image de ce qui se fait (en bien mieux) sur le blog "du miel aux épices". A partir d'un voyage au Kurdistan Irakien (aout 2005), j'ai commencé à politiser un peu plus. A partir de mon départ de la Turquie, ce blog s'est logiquement transformé en blog politique, même si il garde une place pour les voyages que je peux effectuer (géorgie et arménie récemment). La motivation: les lecteurs! Je reçois pas mal de courrier, j'ai fait des contacts très intéressants, et même si l'audience reste confidentielle, ceux qui s'intéressent de près à la Turquie connaissent mon blog. Je collabore par exemple avec Turquie Europénne.

Mes opinons politiques transparaissent largement, je n'ai pas pour ambition d'être totalement objectif: je soutiens le mouvement de réforme démocratique et d'ouverture, je suis contre l'establishement kémaliste figé en 1924, je suis pour les droits des kurdes, etc etc. On peut en parler plus en détail si vous voulez mais je pense que les articles parlent pour eux mêmes.

3. Que trouve-t-on sur ce blog?

Récits de voyages, analyes, billets d'humeurs, billets culturels parfois, critiques de concerts, de film... un peu de tout, la tendance étant nettement politique.

4. Et vous, qu'y trouvez-vous, personnellement?

Je voulais être journaliste mais je me suis dirigé vers les métiers humanitaires. Mais bon comme j'aime écrire par dessus tout, c'est une très bonne solution de compromis! J'y trouve une grande satisfaction quand les messages de félicitations affluent, la confirmation de mes idées quand les insultes et les menaces arrivent. De nombreux contacts, des rencontres... et la possibilité de garder un lien avec la Turquie, car ma carrière professionelle et ma vie privée ne me feront pas revenir en Turquie pour y vivre.

5. Pour qui écrivez-vous et dans quelle mesure ce blog est-il interactif?

Le grand public. Mais au final, surtout des gens qui s'y connaissent déja! En tous cas ce sont eux qui écrivent les commentaires, et qui m'apportent des informations supplémentaires, que je m'efforce d'intégrer. Tous ceux qui veulent en avis un peu "engagé" sur la Turquie.

6. Que conseilleriez-vous à un étranger qui vient d'arriver à Istanbul et souhaite y commencer un blog?

Apprendre le turc. Se laisser gagner par la ville avant de commencer à écrire. Choisir un focus particulier évitant de croiser ce qui se dit déja sur d'autres blogs! il manque un blog francophone sur la vie nocturne d'Istanbul par exemple

7. Comment avez-vous choisi le nom de votre blog?

J'ai toujours vécu à Beyoglu, et comme ça devait être un blog personnel sur ma vie à Istanbul... Beyoglu c'est ma ville rêvée, un village qui grouille, un carrefour incroyable... j'ai vécu à Cihangir, à Tepebasi, à Elmadag (bon ok c'est Sisli mais juste à la frontière), et au pied de la tour de Galata. je travaillais à Tünel. Je connais toutes les rues, les bars, les petits coins...et ça me manque.

8. Cette expérience demeure-t-elle très virtuelle ou l'écriture d'un blog a-t-elle un impact concret sur votre quotidien (rencontres, découvertes, autres… anecdotes) ?

Oui comme je l'ai dit! Impact peut etre pas sur mon quotidien mais sur ma vie en général, par les rencontres et les amitiés que j'ai pu nouer. Je suis persuadé que ce blog aura pour moi des débouchés concret, mais j'aime ma profession actuelle.. rien ne presse. Anecdotes... découvrir qu'une lectrice est une bretonne dont le grand père connaissait le mien, et qu'elle a également voyagé dans le sud est kurde et au Kurdistan Irakien! Une interview sur une radio de Boston au sujet du kurdistan Irakien...divers contacts professionnels...

9. Qu'aimeriez-vous de plus pour votre blog que vous n'avez peut-être pas le temps ou la possibilité de faire ?

J''ai de moins en moins de temps, mon "vrai travail" étant de plus en plus prenant. Je dois m'y remettre. Disons que j'ai eu un grand moment de lassitude après les élections législatives que j'avais couvertes presque au jour le jour (avec des prédicitions électorales qui se sont avérées exactes)

10. Y a-t-il des côtés négatifs au fait de tenir un blog tel que le vôtre?

Oui, je culpabilise quand je n'écris pas. Je reçois aussi pas mal d'insultes voire de menace mais on s'y fait.

11. Comment voyez-vous votre place au sein de la société turque ? (étranger ? expatrié ? visiteur ? observateur? turc par certains côtés ?…) Votre blog joue-t-il un rôle dans cette perception ?

Observateur... je suis conscient que mes idées sont celles d'une minorité turque occidentalisée et éduquée, sortie du carcan du kémalisme ou à l'inverse des idéologies marxistes. Je me sens proche des turcs, tout en restant irrémédiablement fermé à un certain nationalisme, à la réécriture de l'histoire... Quand je vivais à Istanbul, je me sentais parfaitement intégré: la maitrise de la langue, l'intérêt pour la culture, la musique...je me sentais chez moi, sans aucun doute.

12. Quand avez-vous quitté la Turquie et quels liens conservez-vous avec le pays? Votre blog a-t-il évolué depuis votre départ?

J'ai quitté la TUrquie en décembre 2005, et mon blog a évolué vers la politique. Si je vivais toujours en Turquie, la part de quotidien serait beaucoup plus grande.