vendredi, décembre 21, 2007

La laïcité en danger

Les liens du chef de l'Etat avec les hautes autorités religieuses deviennent difficile à cacher! Après avoir avancé à pas de loup, il agit maintenant à visage découvert et affirme sa volonté de remettre en question la laïcité en mettant en avant les "racines religieuses" du pays. "La laïcité n'a pas le pouvoir de couper le pays de ses racines, elle a l'essayé, elle n'aurait pas dû" a-t-il osé affirmer!

"La république laïque a longtemps sous-estimé l'importance de l'aspiration spirituelle"

"Ce que j'ai le plus à cœur à vous dire, c'est que, dans ce monde obsédé par le confort matériel, le pays a besoin de croyants convaincus qui ne craignent pas d'affirmer ce qu'ils sont et ce en quoi ils croient".


Il faut rendre grâce à Abdullah Gül : lui au moins ne se permettrait pas de proférer de telles inepties, bafouant sans vergogne le droit de ses citoyens à l'athéisme le plus décomplexé.

Vous aurez reconnu dans ces déclarations abjectement bigotes le discours tenu par le chanoine Sarkozy à Rome... Il n'y a pas qu'en Turquie que la laïcité est menacée, et en affichant de manière aussi ostentatoire ses convictions religieuses, Nicolas Sarkozy (double divorcé vivant dans un concubinage libidineux avec une créature mangeuse d'hommes, Dieu ait pitié de son âme) fait acte de séparatisme.


Un athée, un musulman, un juif, un boudhiste, doit-il encore se reconnaître dans cette France qui fait, par la voix du chef de l'Etat, de ses racines chrétiennes un horizon indépassable? Personnellement, quand je vois le président de la république faire allégeance au Pape, je vois 20 générations de rois de France gallicans se retourner dans leur tombe... on est loin du temps ou les émissaire de Philippe le Bel retournaient une bonne mandale à un Pape récalcitrant.

Bientôt, le rétablissement de l'enseignement relgieux dans les écoles publiques, et la mention de la religion sur la carte d'identité. Tout français sera considéré d'office comme Catholique. Et Sarkozy aura de plus en plus de mal à justifier son rejet de la Turquie, Etat faux laïc et vrai jacobin, si semblable à son pays soeur la France...

Et si cela n'était qu'une vaste blague? Dans la délégation accompagnant Sarkozy sur la tombe de Jean-Paul II, se trouvait Jean-Marie Bigard. La vrai question est: a-t-il posé ses couilles sur le marbre?


jeudi, décembre 20, 2007

Ya sev, ya Terket, oui, mais...

We cannot get out. We cannot get out. They have taken the Bridge and second hall. Frár and Lóni and Náli fell there... went 5 days ago... the pool is up to the wall at Westgate. The Watcher in the Water took Óin. We cannot get out. The end comes...drums, drums in the deep... they are coming.

Tout geek qui se respecte aura reconnu ces lignes, derniers mots griffoné par Orin, Nain des mines de la Moria tombé lors d'une invasion des sombres et immondes hordes orquesques... (pour les non-geeks, il s'agit d'un livre qui parle d'elfes et de nains et de magiciens et d'anneau maudit).

Fazil Say, pianiste turc génial et reconnu internationalement, aurait été parfait pour ce rôle. Son interview dans le Süddeutschezeitung a provoqué une tempête dans un verre d'eau en Turquie : à l'en croire, les derniers bastions de la civilisation tombent sous les coups de boutoir des hordes islamistes anatoliennes... dernier avatar en fait de l'incompréhension féroce qui oppose la bourgeoisie laïque occidentalisée réfugiée à Sisli ou Nisantasi, Izmir ou Ankara, et le reste de la Turquie.


"“Nos rêves pour la Turquie se sont partiellement effondrés, toutes les femmes de nos minitres portent le foulard...Les islamistes ont gagné. Ils sont à peu près 70% et nous 30%. Je songe à aller m’installer ailleurs"

Comme le dit déja Guillaume sur son blog, c'est encore une fois "eux contre nous", le coté lumineux contre le côté obscur (je me sens très geek aujourd'hui).

Fazil Say s'excuse aujourd'hui, et dit que ses remarques ont été mal comprises. C'est fou comme ça arrive souvent ses choses là. Et comme toujours ce n'est pas "j'ai dit une connerie", mais "vous m'avez mal compris"...

Il est vrai qu'avant l'arrivée de l'AKP, la Turquie était un pays rêvé, et si les femmes de ministres ne portaient pas le voile, ceux ci se pressaient pourtant aux obsèques des leaders fascistes et détournaient des sommes faramineuses. La Turquie n'était pas menacée par l'islamiste quand les militaires ont imposé l'enseignement religieux et l'identité "turco-sunnite" comme base indépassable de la nation turque. Bref on tourne en rond.

Fazil Say est poursuivi par le ministre de l'éducation, qu'il a accusé de supprimer l'enseignement musical. Celui ci affirmé avoir augmenté de 30% le nombre de professeurs, et l'attaque donc pour diffamation.

On aimerait savoir si Fazil Say s'est ainsi insurgé quand les chanteurs kurdes ou de gauche étaient attaqué pour divers motifs séparatisto-terroristes. Mais probablement étaient-ils inclus dans sa tête dans le "EUX"? Quid de Sivan Perwer ou Ahmed Kaya (mort en exil)? Il ya quelques semaines, des étudiants kurdes ont été passés à tabac à Sakarya pour avoir porté un t-shirt à la mémoire de ce dernier...



Je trouve la colonne de Hüseyn Gulerce dans Zaman mignonne tout plein. Evidemment, cet immonde fourbe doit avoir un agenda islamiste caché.

Orhan Kemal Cengiz, dans le TDN, résumé en quelques lignes l'essentiel du problème.

Actually if you look at the history of the Turkish Republic you can observe clearly that Turkish state assumes the role of "atheis" when it deals with its Muslim citizens and the role of "Sunni Muslim" when it relates with its non-Muslims and Alevi citizens.


On ne peut pas mieux dire. En Turquie, il ne faut pas être chrétien, converti, athée, alevi. Il ne faut pas non plus être trop musulman. Il ne faut pas bien sur pas être kurde. Ceux qui parviennent à se forger une identité malgré ces restrictions, représentent le "NOUS". Les autres, le "EUX".


mardi, décembre 18, 2007

Champagne :)

Ce blog vient de passer les 50 000 visites... c'est pas grand chose, mais ça fait plaisir. L'audience augmente, (toutes proportions gardées) ces derniers mois, et nous dépasserons pour la première fois les 4000 visites en décembre! A ce rythme, 2008 pourrait également voir 50 000 visites, soit autant que pendant les 2 années et demi précédentes...



visite de voisinnage, Umkapani, 2005


Vues de Mongolie...





Les Petits Mongols sont moins prompts à la déconne et à la grimace que les petits Kurdes, mais tout aussi photogéniques... Ces images ont été prises dans des "Kindergarten" gérés par des ONG à Ulan Bataar et dans la localité dont j'ai parlé plus bas...

Voici la "Ger" traditionnelle, principale source de pollution à Ulan Bataar. L'ambiance a l'intérieur est également très enfumée, mais au moins il fait chaud.

Gengis Khan est l'Atatürk local. Aéroport, Vodka, Avenues, Place, Statue devant laquelle viennent s'incliner les membres du nouveau gouvernement.

Rare chez les jeunes, le costume tradditonel reste populaire...

lundi, décembre 17, 2007

La Turquie à la remorque...

Mais qu'avaient pu manger les gardes frontières turcs d'Edirne pour être d'aussi méchante humeur?

Un couple de britannique, Heather et Ted Shephard, s'est retrouvé dans une situation surréaliste en tentant de rejoindre la Grande-Bretagne par la route depuis leur résidence turque d'Altinkum, petite localité située sur une péninsule à l'ouest d'Izmir et comptant une forte communauté venant de la perfide Albion.

Venus en Turquie par le chemin inverse, avec toutes leurs possessions dans une remorque à deux roues accrochée derrière leur voiture, ils ont voulu rentrer chez eux pour Noël. Victime d'une crevaison, ils ont du changer leur roue à Edirne, et se sont finalement fait voler leur remorque, vide.

Qu'à cela ne tienne, ils ont tenté de passer la frontière... se heurtant au refus ferme des douaniers: ils sont entrés en Turquie avec une remorque, ils doivent ressortir avec une remorque. Celle-ci n'a pas besoin d'être la même, mais il faut une remorque...

Une "bonne âme" rencontrée à Edirne leur a finalement refourgué une remorque similaire pour la coquette somme de 170 £, environ 250 euros. Laquelle fut lâchement abandonnée en Bulgarie...

Il n'y a pas vraiment de règle en Turquie, si ce n'est que le port de l'uniforme rend souvent très con. On peut élargir, en disant que lorsque certains Turcs se voient attribuer une parcelle d'autorité, ils en font souvent un usage tatillon et horripilant... on pense ici au "Yasak" automatiques des vigiles, policiers, balayeurs qui voient sortir un appareil photo... ou à l'autre courge d'étudiante qui voulait nous empêcher de prendre des photos du site d'Hassakeyf en Aout 2005!



Frappes Chirurgicales



Si, si les bombardements turcs sur le Kurdistan Irakien sont tout ce qu'il y a de plus chirurgicaux. A la grande époque des "barbiers", un bon pourcentage des patients mourraient d'un arrêt cardiaque en se faisant dépiauter à la scie émoussée sans anesthésie par des chirurgiens cautérisant le moignon béant au fer rouge. C'est plus à ce style de médecine "pré-Ambroise Paré" qu'à la chirurgie au laser que font penser les opérations aériennes qui ont eu lieu ce Week-End.

Villages détruits, au moins un civil tué, et probablement pas la moindre perte dans les rangs d'une guerrilla bénéficiant de souterrains aménagés et inexpugnables, dans lesquels, comme le disait si bien un responsable des renseignements turcs à la retraite, "les terroristes jouent de la musique bien à l'abri pendant que nous les bombardons"


Si la Turquie se vante d'avoir touché des cibles rebelles, les officiels kurdes de la région affirment que le PKK, pas fou, avait plié bagage des semaines avant les frappes, et que ce sont essentiellement des villages kurdes irakiens qui ont été détruits. Des centaines de civils ont fui leur villages pour se réfugier dans des grottes voisines... Abdullah Ibrahim, un responsable de la région de Sangasar, affirme que, si des bases rebelles se trouvent bien dans la région, elles n'ont pas été touchées par les bombes qui n'ont frappé que les villages...


dimanche, décembre 16, 2007

Petit Bilan Mongol

Les difficultés d'accès à Internet à Ulan Bataar ne m'ont pas permis de vraiment poster quand j'étais là-bas. De retour dans le monde des températures supérieures à 0° (+2 à Roissy hier, quelle rigolade!), et après 12 délicieuses heures de sommeil récompensant 20h de voyage porte à porte et 7h de décalage horaire dans les dents, je vais tenter de tirer quelques enseignements de ce voyage.

La ville : Grand bleu sur Youbi vendredi, et ça change pas mal de choses. Quand la température monte, la fumée et la pollution montent également, et permettent à la ville de respirer un peu mieux. L'horizon se dégage, et on se rend compte qu'en effet, Youbi est entourée de montagnes grises et bleues. Le sentiment d'oppression disparait peu à peu, et on se dit qu'on reviendrait bien jeter un œil en été.

(http://missionmongolie.blog.lemonde.fr)

Vendredi matin, départ pour une localité située à une quarantaine de kilomètres au Sud d'Ulan Bataar. Dès les frontières de la villes franchies, le paysage est à couper le souffle... troupeaux de moutons dans la steppe, tentes parsemées... absence totale d'arbre et végétation se résumant à quelques touffes cramées émergeant d'une fine couche de neige (eh oui, il fait moins froid donc il neige), qui suffisent visiblement à nourri les moutons, vaches très poilues et petits chevaux trapus qui se comptent par dizaines de millions en Mongolie (population 2,5 millions). La ville que nous atteignons compte quelques milliers d'habitants. Construite par les Soviétiques, elle comptait de nombreuses fabriques de ciments et de briques, dont la plupart ont fermé après 1990. L'architecture correspond à l'image que l'on peut se faire de la Sibérie: petites maisons de bois colorées serrées contre les autres et protégées par des palissades. Une ambiance très "Far East", ville champignon poussée au milieu de nulle part. Trois soeurs sud-coréennes tiennent une école, accueillant les enfants dont les parents ne peuvent payer l'éducation et la matériel scolaire.

Coupée de tout, dépourvue d'emploi, la ville semble pourtant plus vivable que les faubourgs d'Ulan Bataar, composés en majorité de tentes traditionnelles (les Ger) entassées sans électricité ni eau courante. Des conditions déplorables auxquelles s'ajoutent l'alcoolisme et la violence familiale... théorie intéressante développée dans "History of Mongolia" par un intellectuel nommé "Baabar" (sic): c'est l'ingénierie sociale promue par les soviétiques à partir de 1921 qui est à l'origine des problèmes des femmes en Mongolie. En détruisant le cadre de la famille traditionnelle, dans lequel la femme était puissante et respectée, le bolchévisme a fait de la femme mongole la victime de violences domestiques qui n'existaient pas auparavant... le mirage de la capitale, autour de laquelle s'entassent d'ex nomades ayant parfois vendu leur troupeau pour s'installer là, est comparable à celui de l'Europe ou de la Corée du Sud, vers lesquelles se dirigent des milliers de Mongols trompés par les "passeurs" auprès desquels ils s'endettent pour plusieurs milliers d'euros...

Les gens : Une lecture de l'histoire de la Mongolie au XXème siècle permet peut-être de comprendre pourquoi il est rare de voir un sourire sur un visage Mongol. C'est en tous cas une explication possible pour le manque total d'amabilité et de chaleur humaine que j'ai perçu dans cette ville. Celà ne semble pas être une attitude envers les étrangers : dans la rue les Mongols se rentrent dedans sans se regarder, sans sourire, sans croiser le regard. Une hostilité sourde et glaciale qui fiche franchement le bourdon. Traversant une université bondée pour rencontrer le doyen du département de science sociale, je n'ai pas vu le moindre sourire ou la moindre étincelle dans un regard... un poil préoccupant tout de même. D'après un étranger ayant couramment appris le Mongol, les Mongols ne possèdent pas dans leur langue d'expressions usuelles pour dire "merci" ou "pardon". Evidemment, après avoir trainé au Kurdistan, l'on développe quelques attentes en termes de contact humain. Je dois encore donc voyager, afin de me faire à l'idée qu'il y a des endroits ou les gens sont encore plus odieux que dans une gare de RER de banlieue parisienne.

Heureusement, la visite de deux "kindergarten" soutenus par une ONG locale me permettent de faire une provision de grands sourires et de regards ravis. Les gamins Mongols ne semblent pas toucher par le blues de leurs parents, et sont ravis de réciter de longs poèmes mongols d'une seule traite, avec petit salut digne à la fin!

Photos à venir, je dois récupérer celles prises par mes collègues. Mon appareil m'a été "subtilisé" sous mes yeux par quatre pickpockets. Petit enseignement: si vous sentez une main dans votre poche, et que vous attrapez cette main, vous n'êtes pas plus avancé quand vous ne parlez pas la langue, que tout le monde autour de vous s'en contrefout, et que vous vous dites qu'il vaut mieux laisser partir le bonhomme qui pourrait bien vous refiler un coup de lame... la même scène au Kurdistan ou en Turquie, et le voleur était pré-lynché par une foule en colère me rendant l'appareil photo avec le sourire...

mercredi, décembre 12, 2007

Global Warming is a lie!

Le moins qu'on puisse dire est que "Youbi" (personne ne dit "Ulan Bataar") se mérite! L'arrivée à 7h à l'aéroport Gengis Khan n'est pas exactement chaleureuse. Le vol Aeroflot en provenance de Moscou (6H) était déja frigorifique et peu confortable, mais le brouillard de pollution, l'air sec à -25° et l'odeur âcre du charbon de bois forment un comité d'accueil peu appréciable.



Après trois jours entiers sur place, je commence à avoir une vision plus large de la ville. U.B a le charme sophisitiqué d'une banlieue de Diyarbakir. Cohérence zéro, immeuble délabrés et soviétiques, avec de temps en temps des bâtiments modernes et resplendissants, témoignant d'un début de développement économique. Le traffic reste très raisonnable par rapport à Istanbul ou Tbilissi. Beaucoup de voitures neuves japonaises ou coréennes.

Théoriquement entourée de montagnes, la ville est de fait encerclée par un brouillard noirâtre qui s'ajoute à la brume glacée naturelle... cette pollution est en fait produite par les "Gir", ces tentes mongoles agglomérées tout autour de U.B... de 600 000 habitants, la ville est passée à plus de un million à la suite d'un exode rural massif de population nomades se sédentarisant autout de la ville de manière chaotique... ce petit monde se chauffe (et on ne peut pas leur en vouloir) au charbon de bois, qui produit une fumée noire et rend l'air irrespirable... Il faudrait emmener une délégation d'anti-nucléaires en voyage organisé dans le coin...

Mais le soleil transperce la brume, et entoure les tentes et les temples boudhistes d'un halo très photogénique...

Plus de photos et de récits à venir après cet avant-goût...


dimanche, décembre 09, 2007

Aux sources de la Turquicitudité

Choqué par les allégations d'anti-turquisme primaire me concernant, j'ai décidé de frapper fort.

Je suis sur le départ: dans environ 20H, je serai à OULAN-BATOR, au pays du loup, des stèles de l'Orkhon et tout le toutim...

Des nouvelles bientôt! Kendinize iyi bakin ;)

vendredi, décembre 07, 2007

Lagendijk vs Zana

Après un article anodin à 122 commentaire (and counting), je me dois d'assurer la continuité du débat...

Je choisis donc un sujet totalement consensuel : la quatrième conférence internationale sur l'UE, les Kurdes et la Turquie.

Fidèle à elle-même, Leyla Zana a notamment martelé qu'il ne saurait y avoir de solution hors d'un dialogue direct entre la Turquie et Abdullah Öcalan, le rôle duquel les Kurdes trouvent "très important et efficace dans le cadre de la paix sociale et de la fraternité entre les peuples".

(Ahmet Türk et Leyla Zana)

C'est là qu'on voit que le parlement européen a progressé depuis l'attribution du Prix Sakharov à Leyla Zana. Le président de la commission parlementaire Europe Turquie, Joost Lagendijk (NB: ça se prononce Laxendeyk, avec un X kurde, enfin un c'h breton quoi), s'adressant au public immédiatement après Mme Zana, a dénoncé son discours, estimant son appel au dialogue avec Öcalan "parfaitement inutile". "J'ai n'ai pas aimé le discours de Mme Zana, elle n'aimera pas le mien non plus". Au moins tout est clair. "Une grande majorité du parlement européen condamne le PKK, si vous entendez le contraire ne le croyez pas".


Pour lui, la solution passe par un dialogue entre le DTP et l'AKP, et le PKK bloque intentionnellement la situation de peur qu'une solution puisse se faire sans lui...


(Joost Lagendijk)

Ahmet Türk, prenant ensuite la parole, a rappelé que le PKK bénéficiait du soutien de plusieurs millions de Kurdes, et que l'écarter des négociations serait improductif.

Denonçant l'AKP comme la source du renouveau du nationalisme turc (!!!!), critiquant la position anti-PKK de l'UE (???) Nurettin Demirtas, un des chefs du DTP, voit la solution dans une assemblée régionale bénéficiant d'un minimum d'autonomie vis à vis du gouvernement central. Rien à redire la dessus... la proposition d'une constitution civile sans référence à la "turquicité" semble également de bon sens pour un pays qui affirme benoitement ne pas être basé sur une ethnie. Mais il refuse tout dialogue avec l'AKP, qui fait de la condamnation du PKK par le DTP une précondition au dialogue... l'AKP a "oublié ses promesses" juste après les élections.

Un peu de mauvaise foi ici, puisque l'intensité des attaque du PKK a sensiblement augmenté après les élections, avec un paroxysme en septembre-octobre...ce qui évidemment, ne pousse pas au dialogue...

mardi, décembre 04, 2007

Les Kurdes sont Turcs, enfin non, enfin si, mais pas tout à fait

Une bien belle initiative que celle prise par quelques Turcs hautement patriotes...

"Je fais mes courses chez un turc" "Mon argent ne va pas au PKK"

Paix, fraternité, fleurs et petits oiseaux. On imagine les critères de sélection du Bakkal (épicier) "non PKK" à Istanbul ou Ankara: à la tête du vendeur, à son origine avouée: t'es de Diyarbakir? J'achèterai pas mon lait chez toi. Non parce que si les liens du bakkal avec le PKK sont prouvés et avérés, on s'étonne un peu de le voir en liberté dans le climat actuel: le raisonnement est donc : commerce kurde = soutien du PKK.

Bientôt un "nuit de cristal" avec saccage généralisé des commerces kurdes? Des affichettes "Commerce Kurde" avec un garde patibulaire interdisant aux "non-aryens" (eh ben oui, soyons logique) de faire leurs emplettes chez eux?

Sans surprise le site "Türksolu" (la gauche turque)(sob) relaie l'info!

On imagine les Kurdes décider de ne plus acheter de Renault (merci Ismail) parce que l'armée possède les usines qui fabriquent ces voitures... Après tout ils financent ainsi les armes qui viennent tuer leurs enfants et raser leurs villages...

lundi, décembre 03, 2007

L'unité Kurde est mal barrée

Evidemment vu ce que représente mon "triste sire du jour", le titre de ce message peut paraître un peu outré.

Hasan Tamoyan est le vice président de l'Union Nationale des Yezidi d'Arménie, proche du président arménien Robert Kotcharian.

Son interview est disponible ici. Le style, l'aggressivité, les contradictions éhontées et la négation obstinée du réel rappellent certains nationalistes turcs dans leurs meilleurs jours.

La thèse principale de Mr Tamoyan, largement diffusée dans la communauté Yezidi en Arménie, est que les Yezidi n'ont RIEN, mais alors RIEN à voir avec les Kurdes (ces musulmans barbares). Ils constituent une ethnie distincite, et parlent un language distinct appellé Ezediki.

Le problème c'est que l'intervieweur ne s'en laisse pas compter, et ose parler de ces Yezidis qui se considèrent Kurdes, de religion Yezidi et de langue kurmanci.

Les villages refusant des livres "Ezdiki" en alphabe cyrillique et exigeant des livres en script latin kurmanci ? jamais entendu parler. Jamais d'ailleurs entendu parler du Kurmanci en Arménie. Qui sont ces gens?

Cruelle erreur, le Ezdiki et le Kurmanci n'ont rien à voir, et le fait qu'elles soit intercompréhensibles ne prouve rien. Mr Tamoyan n'a JAMAIS entendu parler de ces prétendues sources extérieures classant les Yezidis comme des Kurdes non sunnites. Tous les universaitaires qui publient ce genre d'information n'ont qu'un seul but, anihiler les Yezidis.

Selon lui, tous les Yezidis pensent comme lui. Pas une majorité, tous. Les exemples de Yezidis pensant différemment de l'atteignent pas, tous les Yezidis pensent comme lui, point. Les exemples de villages entiers de Yezidis se considérant Kurdes, et soutenant le PKK? Jamais entendu parler. Pas de commentaire.

Mr Tamoyan accuse ensuite son détracteur de "croire en internet", l'accuse de soutenir le PKK parce qu'il a interviewé certains de ses membres en Arménie (tiens tiens, un travers bien turc ça), le menace de prévenir la sécurité arménienne qu'il fricote avec le PKK.

Bref un champion du monde, négationniste du réel, paranoïaque, d'une mauvaise foi en inox, à l'épreuve des balles. "L'Arménie est la lumière du monde Yezidi!"

Son compère Aziz Tamoyan lui affirme doctement qu'il y a 40,262 Yezidis et 1519 Yezidis "qui sont devenus kurdes" en Arménie. Le recensement donnait en fait le choix entre "Etes vous Yezidi" ou "Etes vous Kurde". On imagine un referendum donnant le choix entre "chiite" et "türkmène" en Irak, on aurait pas fini de rigoler.

Aziz Tamoyan se considère d'ailleurs comme "président de tous les Yezidis du monde" (!!!) et parle lui de "Yezideren", un language sans connection avec le Kurmanci. Les Kurdes irakiens financent d'ailleurs des kurdes pour convertir les grecs et les assyriens arméniens au "Kurdisme" dans le but final d'assimiler les Yezidis..

Ah oui au fait, le Kurmanci n'existait pas jusqu'il y a quelques temps. Un language totalement articifiel... Mais en fait tout s'éclaire : les Kurmanci sont des Yezidis qui sont devenus Kurdes!

La suite ici, moi je n'en peux plus!


(Aziz Tamoyan)



Petite interview contradictoire ici pour un autre son de cloche venu d'un kurde d'Arménie...

C'est ici le "vice président du comité national yezidi" Onnik Krikorian qui s'insurge contre ces livres en Yezdiki, refusés selon lui par 11 villages sur 12. Pour lui ces livres ont été faits pour l'argent. Le Ezdiki? Du Kurmanci, un point c'est tout. C'est déja un peu plus rassurant... surtout quand parlant d'Aziz Tamoyan" il répète "c'est une honte, une honte, une honte"...


dimanche, décembre 02, 2007

Comme on se retrouve...

Aurais-je porté la poisse? La Turquie se retrouve dans le groupe de la Suisse à l'Euro 2008. Au delà du groupe de la mort dont la France écope, c'est ce Suisse-Turquie à domicile qui va attirer les regards... et c'est l'attitude de la presse turque, prompte à enflammer les esprits et à lancer des campagnes d'appel au meurtre et à la "vengeance nationale" qui va devoir être observée...


Les Suisses n'avaient pas été, en 2005, exempts de tout reproche. Il suffit de se souvenir des France-Suisse de 2005 et de 2006 pour se remettre en mémoire l'hostilité voire la francophobie de la presse suisse, l'arrogance des joueurs et le mauvais esprit inexplicable qui avait pourri ces matches. L'élimination sans gloire des Helvètes contre l'Ukrainn en 8eme de finale avait été, je l'avoue, une grande satisfaction personnelle.

En 2005, les sifflets suisses avaient accompagné l'Istiklal Marsi, provoquant une campagne nationaliste hystérique entre les deux tours, aboutissant au spectacle écœurant de joueurs turcs poursuivants les Suisses dans les couloirs du stade Şükrü Saraçoğlu de Fenerbahçe...L'entraîneur Fatih Terim, celui qui faisait campagne il y a peu pour lever des fonds en faveur de l'armée (qui en a tant besoin), avait largement entretenu cette hystérie et appelé ses joueurs à "casser du Suisse".

Souvenez vous...