mardi, janvier 23, 2007

Hepimiz Hrant Dink'iz


Des dizaines de milliers de personnes ont accompagné le cercueil de Hrant Dink dans une marche silencieuse de 8 km jusqu'au cimetière arménien de Balikli. Aux obsèques, la France était représentée par, tenez vous bien, une vague conseillère du président de la république et l'assistant du président du parlement. "Les gars, on a un voyage gratuit pour Istanbul mais il faut se farcir un enterrement, ça vous dit??" "je prends". Qu'attendre de plus à l'international d'un pays potentiellement dirigé par Marie-Ségo?



La femme et les filles de Hrant Dink


Images CNN TÜRK

Enfin une chanson que j'aurais aimé ne plus jamais être de circonstance




Ne bir haram yedi ne cana kıydı
Ekmek kadar temiz su gibi aydın
Hiç kimse duymadan hükümler giydi
Yiğidim aslanım burda yatıyor

Il n'avait commis aucun crime, aucune faute
Il était propre comme le pain, pur comme l'eau
Sans que personne n'entende, il a été condamné
Mon brave lion repose ici




Le très compromis Monsieur Petit

Si la police annonce ne pas encore avoir trouvé d'origine politique au meurtre de Hrant Dink, les théories s'ébauchent librement dans la presse turque.



Inutile de s'arrêter sur celles de partis comme le BBP, qui voient dans le meutre de Hrant Dink une "provocation arménienne", examinons plutôt les pistes qui mènent au général à la retraite Veli Küçük (petit).



Le commanditaire direct du meutre est, selon se propre aveu,Yasin Hayal, proche du MHP et de groupes islamistes, entraîné en Azerbaïjan. Il a avoué sans remords avoir fourni le revolver et 200 YTL (120 euros) à Ogun Samsat, l'assassin. Selon lui il avait d'abord ordonné à un certain Zeynel Abidin Yavuz de tuer le journaliste, mais celui-ci avait refusé. Yasin Hayal semble avoir endoctriné un petit groupe de jeunes dans la haine des "traîtres à la nation" et l'idée qu'il fallait les "punir".



L'avocat de Hrant Dink avait rappelé le jour de sa mort qu'il avait été menacé directement par un général de la gendarmerie à la retraite, Veli Küçuk. Celui-ci semble avoir des fréquentations douteuses, puisqu'il a été photographié avec Alparslan Arslan, avocat nationaliste et islamiste qui avait tué un juge et blessé quatre autres en mai dernier au conseil d'Etat à Ankara. Interrogé à l'époque, Veli Küçük avait affirmé ne pas connaître le meutrier, ce qu'une photo publiée récemment et prise lors d'un congrès Azeri à Stockholm semble contredire!



Selon l'agence Firat (pro-pkk) qui a publié la photo, Küçük aurait de plus pris part à l'organisation de réseaux azeris spécialisés dans le meutre d'arméniens, et l'entraînement de commandos MHP en Azerbaïjan. Evidemment, tout ça peut sonner un peu "Metal Firtina", mais rappellons que le PKK est supposé bien connaître le sujet, lui qui observait un statut-quo avec les loups gris au Nakitchevan, plaque tournante du trafic d'héroïne, et y connait un rayon en assassinat politique.



Si on ajoute que le nom de Küçük est souvent revenu dans l'enquête sur le scandale de Susurluk en 1996, on voit de quel genre de personnage il s'agit.















dimanche, janvier 21, 2007

Sans surprise

L'assassin a été arrêté à Samsun.


Il s'appelle Özgun Samsast et a 17 ans... Il a été dénoncé par son père, qui l'a reconnu sur les images télévisées. Originaire de Trabzon, ville décidemment très productive en assassins et lyncheurs, il est membre des Alperen Olackalari (foyers nationalistes et islamistes).

Il aurait fait 5 fois le voyage entre Trabzon et Istanbul, en avion. Pour un fils de famille ouvrière, c'est un luxe qui peut suprendre, et il serait intéressant de savoir qui lui a payé ces billets...

D'après ses parents, il est instable psychologiquement et drogué.

Je rappelle ce que j'ai dit 10 minutes après avoir appris la nouvelle:

L'enquête revelera (ou pas) si comme on peut le penser il s'agit d'un énième post-pubère fanatisé, proche des "foyers idéalistes" qui ont fourni la crème des tueurs d'extrême-droite en Turquie.

Pas tellement envie de rigoler... mais avouez que c'est lassant quand tout est prévisible...

vendredi, janvier 19, 2007

colère


J'ai pleuré en découvrant l'assassinat de Hrank Dink.
C'est la Turquie que j'aime qu'on tente d'assassiner en frappant un de ses hommes libres. Ceux qui ont le courage de refuser de se taire mais refusent aussi la voie de la haine.
Ma colère est immense contre la bêtise de tous ceux qui appelaient à la haine et contre la bêtise bien pensante et la lâcheté des députés français. C'est la Bêtise qui tenu la main haineuse qui a tiré.

Anne

Et merci à vous, messieurs les députés!

Le principal argument contre la stupide loi anti-négation du génocide arménien votée à la sauvette dans un hémicycle désert en octobre dernier? Un coup porté aux démocrates de Turquie, dont Hrant Dink.

Résultat un peu plus de trois mois plus tard. Dire que nos abrutis de députés franchouillards ont du sang sur les mains est il un raccourci? Et bien je le fais.

Hrant Dink, rédacteur en chef du quotidien arménien Agos a même déclaré qu’il viendrait en France se faire condamner pour que « ces deux mentalités irrationnelles se rejoignent pour me mettre en prison"

Il aurait peut être été bien inspiré de le faire... au final ces "deux mentalités" ont préféré le condamner à mort.

Un crime contre la Turquie


L'assassinat de Hrant Dink ne ramène pas la Turquie à son niveau des années 90. Quand les gouvernements de l'époque se seraient félicités à mots couverts de l'élimination d'un "traître" parmi une longue liste, le gouvernement actuel, pourtant 100 fois coupable de la remontée du chauvinisme hystérique visible depuis 2004, n'a pas de mots assez forts pour condamner l'acte.

Comme pour le prêtre italien assassiné à Trabzon, il semble que ce meutre soit imputable à un adolescent de 18 ans, celui-ci "vêtu d'un pull rouge avec un chapeau blanc" (on admire le sens du symbole)...L'enquête revelera (ou pas) si comme on peut le penser il s'agit d'un énième post-pubère fanatisé, proche des "foyers idéalistes" qui ont fourni la crème des tueurs d'extrême-droite en Turquie.

L'assassinat de Hrant Dink serait passé inaperçu aux heures les plus sombres des années 90, quand les intellectuels de gauche, politiciens kurdes et syndicalistes tombaient sous les balles de "groupes non identifiés" notoirement liés à l'Etat. Il fait aujourd'hui l'effet d'un coup de couteau dans le dos pour la démocratie turque vacillante. Cengiz Aktar rappelle à juste titre que "le crime représente un avertissement à l'ensemble des intellectuels et démocrates du pays".

Le message est en effet clair: "ne croyez pas que les temps ont changé. Nous sommes toujours là. Notre Turquie est indivisible, monolithique, turco-turque et sunnite, doit répéter d'une seule voix des slogans octogénaires, doit prétendre que le blanc est noir et qu'un rond et un carré sont parfaitement semblables, doit marcher en rang derrière le "ay yildiz" humecté-du-sang-de-nos-martyrs et se purger des traitres"

L'enjeu maintenant est de prouver qu'il est trop tard. Qu'il n'y pas de retour en arrière possible dans cette libération des esprits et de la parole. Que les vannes sont ouvertes et que la mue de la Turquie est inéluctable. Des boutonneux sanguinaires fanatisés ne représentent pas la Turquie, et l'assassinat de Hrant Dink n'est certainement pas un crime d'Etat. Mais la Turquie doit avoir le courage de rompre avec la facilité du nationalisme béat, du chauvinisme électoral. Elle doit faire le ménage dans ses groupes d'extrême-droite, frapper fort dans les forums internet où se murissent ce genre d'abomination, dans les partis de bovins qui appellent quotidiennement au meurtre des "ceux qui pensent différemment" sans pour autant se voir accusés "d'appel à la haine" comme les démocrates kurdes ou turcs.

Elle doit aussi tirer les conséquences pour la première fois mortelle de l'article 301. Hrant Dink avait été condamné pour "insulte à l'identité turque". Pour certains, cette insulte est un condamnation à mort, comme cela est démontré aujourd'hui.

A Ankara et à Taksim des manifestants déposent des gerbes de "karanfil" (fleur de deuil) et crient "nous sommes tous Kurdes, nous sommes tous Arméniens", "vive l'amitié entre les peuples", "Hrant Dink est immortel" en descendant l'Istiklal.

C'est cette Turquie qui doit rentrer dans l'Europe, en essayant de laisser à la porte ceux qui voudraient la contraindre à rester "droite dans ses bottes"...




lundi, janvier 15, 2007

Gooooooong.....c'est parti!

Nicolas Sarkozy fait trop d'honneur à la Turquie! Une place de choix dans son discours d'investiture à la candidature, à grands coups de "la Turquie, qui n'a pas de place au sein de l'Union Européenne".



Pour citer Guillaume Perrier, Nicolas Sarkozy a appris à l'école que la Turquie était en Asie Mineure: il a d'ailleurs redoublé sa sixième et raté le concours de Science po, mais ça, il a retenu.



Comment le lui reprocher? Si chaque "Non à la Turquie prononcé" lui fait gagner 0,000001% en prédiction consolidée d'intentions de votes sur un échantillon représentatif, le jeu en vaut largement la chandelle. Ensuite les promesses tenues, les enjeux stratégiques, économiques, démocratiques...pfff, on verra une fois installé à l'Elysée!



JUBILATOIRE: le site "rayez la Turquie", que je découvre, et qui propose de rayer le petit bout de péninsule anatolienne qui dépasse sur les billets euros!







La mention "vos euros restent valables" est assez cocasse... un seul regret, impossible de déterminer l'origine de cette courageuse initiative...









mercredi, janvier 10, 2007

Toi con ou toi faire exprès?

Mais depuis le temps qu'on vous le répète!



Interrogé sur la minorité kurde, le très décevant (élu comme laïque, démocrate et progressiste, il constitue en fait un point de bloquage pour la plupart des réformes) président de la république Ahmet Necdet Sezer a répondu



"Il n'y a rien de tel qu'une minorité Kurde en Turquie, car les citoyens turcs d'origine kurde constitute une partie de la majorité de la nation Turque"



Puisqu'on vous dit qu'il n'y a pas de problème de droits des minorités, il n'y a pas de minorité...



C'est affligeant d'être buté à ce point, mais l'exemple vient de Paris, qui émet des réserves à tous les traités internationaux parlant des droits des minorités: la France ne voit pas le besoin de signer, car elle ne compte pas de minorité sur son sol. De plus si elle signe, "certains" pourraient se croire autorisé à invoquer ces traités (certains étant les minorités non reconnus puisqu'il n'y a pas de minorités, vous suivez?)









lundi, janvier 08, 2007

Violence contre les femmes et Islam?

A en croire beaucoup, la violence contre les femmes et plus largement le machisme est intimement liée à l'Islam. C'est faire peu de cas des statistiques espagnoles annuelles de femmes tuées par leur compagnon. C'est surtout ignorer allégrement ce qui se passe dans certains pays plus lointaints.



Ici dans la très chrétienne et rarement critiquée Arménie, un article trouvé de le cadre de mon boulot... (Mais j'aurais pu citer le sud de la Georgie et son adorable tradition de rapt de jeunes filles)

“I remember my grandfather saying that a man, when choosing a wife for
himself, should beat her first, and if she cowered in the corner, that
meant she would make a good wife, and if she ran away, then she
wouldn’t.



Des extraits pour la bonne bouche



"Armen Ashotian, a member of parliament from the governing Republican
Party, said, “Domestic violence is not a feature of our families. I
think that people who want to raise this problem are really not
bothered by the issue but just want to get new grants. They are
lowering the image of Armenia for the sake of their own pockets."



"If couples divorced because of beatings and abuse, there would be no
families left in Armenia,” said accountant Satik Kintoian, 78.




“I remember my grandfather saying that a man, when choosing a wife for
himself, should beat her first, and if she cowered in the corner, that
meant she would make a good wife, and if she ran away, then she
wouldn’t."



Turcs sans le savoir

Le couple infernal de la politique française se retrouve plus ou moins dans une hostilité à la Turquie guidée par les sondages. Et pourtant, que de points communs entre Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et les hommes politiques Turcs!



Que dit en substance Nicolas Sarkozy aux immigrés? "La France, soit tu l'aimes, soit tu la quittes". On apprécie le dessin de Charb mettant en scène Sarko montrant du doigt la sortie à une petite fille Africaine "Tu l'aimes la France? Eh ben tu vas la quitter quand même".



Un observateur dilettante de la vie politique turque ou même un simple badaud stanbouliote un tant soit peu turcophone aura noté la similitude troublante avec le slogan favori des boeufs des très respectables MHP ou du BBP, joyeux louveteaux défenseurs de l'identité turque, la vraie, sunnite et issue en droite ligne des Sibériens des origines: TÜRKIYE, YA SEV YA TERKET. La Turquie, soit tu l'aimes, soit tu dégages... "Tu" étant Kurde, Alevi, de gauche, Grec, Arménien, Juif, Assyrien, etc...



On croyait Ségolène à l'abri du telle faute de goût, elle qui s'abstient religieusement d'avoir une opinion sur quelque sujet que ce soit. Son slogan "L'Ordre Juste" peut sonner un peu vichyste, un peu second empire, mais à tout prendre ne mange pas de pain. Mais un esprit aux aguets de l'équipe de Turquie Européenne a trouvé son précédent turc (ce qui confortera les partisans de la théorie de la "langue du soleil" pour lesquels tout est issu du turc et des Turcs).



Que était le slogan du parti Refah (prospérité) de Necmettin Erbakan dans les années 90? (parti chassé du pouvoir en 1997 par le dernier coup d'Etat militaire en date?)



ADIL DÜZEN! Ce qui veut dire... Ordre Juste.



On attend avec impatience les prochains mots d'ordre subtils concoctés par les autres candidats à la présidentielle, en espérant qu'ils aient, comme les deux favoris, la bonne idée l'aller piocher dans le fond certainement inépuisable des bons mots de la bonne cinquantaine de partis turcs actuels!





vendredi, janvier 05, 2007

les prédictions de Günes Hanim (madame soleil)

Allez une petite prédiction, parce que ça fait longtemps que je n'en ai pas fait:



Je vois, je vois....une opération militaire turque contre le PKK avant les élections... je vois une riposte indignée du PKK et une reprise des attentats du TAK... je vois une montée subséquente de l'extrême droite et une défaite de l'AKP...



Voilà, c'est fait! Bonne année!







Le maire de Sur frappe encore!

Abdullah Demirbas est un homme têtu que j'aimerais fort rencontrer!



Il est en effet à la pointe du combat pour la langue kurde en Turquie, faisant de sa municipalité (DTP), sise dans le district de Diyarbakir, une ville pionnière du bilinguisme en Turquie. La dernière décision de son conseil municipal est d'offrir aux administrés des services administratifs dans les deux langues. Il avait auparavant fait éditer des livres pour enfant,



C'est contraire à la constitution, mais pas au bon sens puisque de nombreux (et surtout nombreuses) Kurdes doivent recourir à un tiers parlant turc pour les formalités administratives. Abdullah Demirbas justifie sa décision en disant que la Turquie, monolingue dans les textes, est multilingue dans les faits et que l'administration est au service des citoyens... une étude réalisée à sa demande dans sa ville montre que 72 % des habitants utilisent le kurde comme langue véhiculaire quotidienne...



Il avait auparavant annoncer qu'il allait faire suivre aux employés de mairie des cours de lange Kurde, Turque, Anglaise...Assyrienne et Arménienne! (tout en reconnaissant que peu de personnes parlaient ces deux langues!)



Abdullah Demirbas espère maintenant que le parlement turc suivra l'exemple en inscrivant le multilinguisme de la Turquie dans les textes...



En cette année d'élection? Güldürme beni! (ne me fais pas rigoler!)



Que retenir? Les Kurdes s'enhardissent, et la répression n'est plus ce qu'elle était. Le combat n'a plus lieu d'être dans les montagnes: une telle décision fait plus pour la culture kurde que 100 mines radiocommandées explosant sur les routes de montagne. Prendre de fait ce que la loi ne donne, c'est ce qu'avaient commencé à faire les Bretons à partir des années 60... la différence, c'est que les familles kurdes n'ont jamais cessé d'apprendre le kurde à leurs enfants, intériorisant le mépris et la peur de l'Etat pour leur culture.





jeudi, janvier 04, 2007

Nursun en Arménie

Le journal "the New anatolian", un des deux quotidiens anglophones de Turquie (avec le très mauvais turkish daily news), laisse la place à des opinions très diverses, de la pensée unique la plus pure à des articles pertinents et parfois provocateurs. La journaliste Nursun Erel réalise régulièrement des "interviews" remarquées sur les sujets sensibles, du PKK aux Arméniens.



Je viens de découvrir qu'elle a, au cours du mois de décembre, effectué sur l'invitation de l'ONG Caucasus Center un voyage d'une dizaine de jours en Arménie, écrivant une série de sept articles et interviews.



Si on frémit toujours en lisant l'interview d'un charmant membre du Dashnak parlant de réannexer l'Arménie Occidentale, mais qui n'a pas pris la nationalité arménienne parce qu'il veut garder son passeport canadien, on rit beaucoup quand la journaliste tente, preuves à l'appui, de convaincre ses hôtes que l'église d'Akhtamar, au milieu du lac de Van, a été intégralement restaurée, dotée d'une plaque attestant de son identité arménienne et d'une croix à son sommet. Impossible de convaincre des gens qu'on a persuadé que tout le patrimoine arménien a été rasé en Turquie (ce qui est en partie vrai.)



Ces articles, datés du 4 au 18 décembre, sont disponibles ici

Hips!

Histoire de commencer l'année sur une note ethylique, je vous livre une perle dénichée par Baskin Oran dans Hürriyet du 15 décembre dernier.



Le professeur de théologie de l’Université de Selçuk, H. Tekin déclare que “tant
que l’on n’a pas perdu tout contrôle de soi-même dans l’ivresse, il est
tout à fait possible de se livrer à la prière rituelle après avoir bu.
” (Hürriyet, le 15-12-2006)



Naturellement, l'islam peut faire peur, mais à la sauce turque (sachant que les islamistes radicaux en Turquie sont plus arabes qu'ottomans dans les moeurs!), ca reste assez tolérable...









Serefe!