dimanche, septembre 30, 2007

Que croire?

Une embuscade près de Beytüssebab dans le district frontalier de Sirnak a causé 12 morts hier dans un bus civil. Parmi eux, 7 "Gardiens de village", ces milices kurdes armées par l'Etat à la suite de l'insurrection du PKK en 1984. Le bus arrêté, les occupants ont été forcés à sortir et ont été mitraillés sur le bord de la route.

Ca ne serait pas la première fois que le PKK s'en prend violemment à ces "traîtres" désignés et à leurs familles. L'attaque survient le lendemain d'un accord turco-irakien pour lutter contre la guerrilla séparatiste qui utilise le Kurdistan Irakien comme base pour ses attaques contre l'armée turque. Cet incident rappelle bien sûr l'assassinat de conscrits désarmés, attribué à un groupe dissident du PKK décidé à faire capoter une tentative de cessez le feu.

De nombreux signes ont montré ces derniers mois une radicalisation de la tactique du PKK. De l'assassinat de villageois refusant de leur donner des vivres à des assauts contre les casernes et postes avancés. Le problème c'est que ressortent en ce moment de nombreux témoignages attribuant aux "barbouzes" diverses et variées de nombreux crimes atroces imputés au PKK. On apprend donc que l'armée et ses auxillaires ont plus d'une fois revêtu la tenue des guerrila pour commettre des actes justifiant posteriori la ligne dure...

Difficile donc de savoir qui est responsable de cet acte sauvage: PKK en pétage de plomb, ou Etat profond peu soucieux de laisser l'AKP régler le problème pacifiquement...

En attendant, je vais y réfléchir à deux fois avant de prendre un Dolmus dans la région de Sirnak...

samedi, septembre 29, 2007

Tbilissi

Tbilissi c'est dès demain, avec une arrivée sur zone à 3h du matin. Bon ok en fait c'est après-demain. En toute honnêteté intellectuelle, je me suis demandé ce que je savais de la Géorgie moderne.

Bien peu de chose. Ils jouent au rugby (vaillamang), j'ai gouté du vin Géorgien, j'ai même mangé ma premère "Katchapuri" dans un restaurant Géorgien de Vienne. Ils font des Karadeniz Pide, que je soupçonne du coup de ne pas être si Turcs que ça. J'ai croisé quelques Géorgiens à la mine basse à Istanbul. Je sais que leur langue, comme la plupart des langues caucasiennes, est foncièrement inaccessible pour un étranger et ferait passer le Turc et le Hongrois (deux langues non indo-européennes que je parle pour l'une, que je devrais parler pour l'autre) pour d'aimables idiomes. Je la trouve par contre à veloutée et râpeuse à l'oreille, un peu comme leur vin... Je me suis laissé conquérir par les chants géorgiens à couper le souffle, j'ai une idée à peu près claire de ce à quoi ressemblent les danses traditionnelles géorgiennes.

Comme je suis quelqu'un de foncièrement sympa, je vous fait partager mon coup de coeur kitch, probablement la première chanson géorgienne que j'aie jamais écouté. Pas grand chose à voir avec la majesté des polyphonies, mais avouez que c'est délicieux... voici "Dzeveli Tbilissi" dont je dois connaître le premier couplet en phonétique à force de l'écouter!



Ici par contre, on se tait et on écoute... Skhva Sakartvelo...



Une lecture conseillée, le blog d'un journaliste français installé à Tbilissi. Pas la peine de lire plus de 2 posts pour comprendre qu'il est dingue de ce pays...

Même si le voyage sera court, (2 jours et demi à Tbilissi, la même chose a Yerevan), j'ai la ferme intention de ramener autant de photos que mon appareil peut en supporter...Il paraît que j'ai le droit au Wi-Fi à l'hôtel à Tbilissi, vous aurez donc de mes nouvelles sous peu!

mercredi, septembre 26, 2007

Sakartvelo et Hayastan

Si je vous dis que je vais passer 3 jours en Sakartvelo avant de passer de l'Hayastan voisin, ça risque de ne pas vous dire grand chose...

Je pars en fait 3 jours en Géorgie puis 3 jours en Arménie, dès dimanche. Promis je ramène quelque photos et quelques histoires de ces deux anciens royaumes chrétiens du Caucase...

Voyages Voyages!

Silence radio en ces temps d'intense actualité. Eh oui, rattrapé par la vie professionnelle, si jeune, je sais c'est un drame.

Pour me faire pardonner, quelques clichés pris dans le cadre de mes voyages...

Comme promis il y a quelques semaines: Belgrade.

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La forteresse de Belgrade (KaleMegdan) remonte au IIIème siècle avant J.C. Fondé par les Celtes, le site fut conquis par les Romains, puis par les Huns, les Goths, les Avars et enfin les Byzantins en 535. Elle passe ensuite dans les mains des Hongrois, sous le nom de Nandorfehevar, et des Bulgares, avant de devenir une place forte du jeune royaume Serbe. Suite à la défaite du champ des merles en 1389 contre les Turcs, les Serbes se replient sur la principauté de Belgrade, dirigée par le déspote Stefan Lazarevic. Une première tentative de Mehmet II lui même pour prendre la citadelle se heurte en 1456 à la résistance héroïque des Serbes et des Hongrois du héros national magyar Janos Hunyadi, père du du futur roi de Hongrie Mathias, et qui a d'ailleurs le droit à sa plaque commémorative dans le parc.

Cette bataille repousse l'invasion de la Hongrie de près d'un siècle, puisque ce n'est qu'en 1521 que les Turcs vont prendre la citadelle.

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Cette peinture immortalise l'héroïsme de Titus Dugovics, qui, à l'instant où un Janissaire s'apprête à planter le drapeau ottoman sur la citadelle, l'empoigne et se jette avec lui dans le vide.

Ce haut lieu de l'héroïsme Serbo-hongrois est aujourd'hui un parc, un musée militaire et un lieu de rendez vous pour la jeunesse de Belgrade, les petits vieux et les joggeurs. On compte de nombreux cafés et restaurants qui utilisent les impressionnantes fortifications...

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mardi, septembre 18, 2007

Yasasin Sarko!

4 mois après son élection, le président Sarkozy a déja mangé son chapeau concernant son opposition à la candidature turque. Après avoir donné son accord à l'ouverture de nouveaux chapitres de négociation, il a commencé à s'attaquer à la courageuse innovation chiraquienne du "réferendum obligatoire", par lequel les français devaient avoir leur mot à dire sur toute nouvelle candidature après l'adhésion de la Croatie. En d'autres termes, connaissant la xénophilie de ce beau peuple, le droit de veto systématique sur tout nouvel élargissement: Serbie, Macédoine, Montenegro...et Turquie!

Plus d'info sur le blog de Jean Quatremer, qui avait révélé l'affaire dès le 27 juillet...

Amis gogos qui avez voté non à la constitution pour voter contre la Turquie, puis voté pour Sarko pour les mêmes raisons, j'espère que votre posterieur ne vous douloit point...





Le John Lennon turc...


Que prévoit l'article 301 pour "Apologie du crime raciste"?

La question se pose aujourd'hui en Turquie avec le scandale causé par une chanson d'Ismail Türüt, glorifiant à mots couverts les assassins de Hrant Dink et du prêtre italien de Trabzon Andrea Santoro. Le gouvernement se dit "horrifié" et promet une enquête. L'émoi est encore plus grand avec la diffusion sur youtube d'un clip vidéo réalisée par un ouvrier turc d'Autriche, montrant de photos de Dink, de Santoro, et des symboles du parti MHP.

Les chansons de Türüt, gorgées d'anti-tout-ce-qui-bouge (arméniens, juifs, américains, "anti-turquie"), proclament notamment que ""Arrêtez de sonner les cloches, assez d'être proarméniens, les gens ne vont pas gober ça, pas dans la région de la mer Noire". (tiens tiens, karadenizli en force, décidemment...). Une photo du cadavre de Dink devant son journal, Agos, apparaît ensuite, alors que Türüt chante : "Si quelqu'un brade notre patrie, il mourra sur-le-champ".
"Je n'ai rien à voir avec la vidéo", se défend Türüt. Arif, le parolier, explique : "Je n'ai pas entendu parler du clip. C'est sans doute le fait d'un de ces 'zozos' d'Internet. C'est moi qui ai écrit les paroles de ce morceau. J'en reconnais chaque strophe, chaque mot." Se disant désolé de l'assassinat de Dink, le parolier poursuit : "Quoi qu'il en soit, on peut se poser des questions sur le slogan : 'Nous sommes tous des Arméniens'. Il est illogique d'établir un parallèle entre le meurtre et la chanson." (traduction courrier international).

Ce qu'il y a de franchement répugnant avec ces S.A à la petite semaine, c'est qu'ils n'assument même pas totalement leurs délires meurtriers..."Mais non pas du tout, qu'allez vous chercher là mon bon monsieur".

Reste à voir maintenant si Ismail Türüt va être condamné....

jeudi, septembre 13, 2007

Bouts de ficelle


Sympas les Genç Siviller (jeunes civils)! Devant les assauts des forces du mal qui tentent de mettre à mal la sainte constitution militaire de 1982 (la seule la vraie celle sans laquelle la Turquie s'écroule), ils proposent tout simplement de la "réparer"

Pour fêter l'anniversaire du coup d'Etat du 12 septembre 1980 (si vous n'êtes pas encore allé dévorer les bulletins d'info-turk, nous n'avons rien à nous dire) ils organisaient un "atelier" sur la place de Galatasaray à Istanbul (istiklal caddesi).

Le but? Permettre aux passants de proposer leurs modifications et d'effacer les articles qui doivent être supprimés pour permettre une constitution civile et démocratique. On imagine le boulot...

mercredi, septembre 12, 2007

Le fardeau des villes satellites

Le National Action Plan de la Turquie concernant les demandeurs d'asile a été en grande partie élaboré en 2005. Dans le petit monde des ONG, il a suscité l'incompréhension et la consternation: un candidat à l'asile, enregistré auprès du UNHCR, devait obligatoirement accepter d'aller vivre dans une des "villes sattelites" désignées par les autorités turques. En d'autres termes, quitter Istanbul pour des endroits aussi improbables que Bilecik ou Burdur, Isparta ou Afyon : but avoué de cette politique, éloigner les réfugiés de la capitale culturelle.

Le problème, c'est que l'aide légale ou matérielle aux demandeurs d'asile était concentrée à Istanbul, à travers quelques ONG comme ICMC ou Helsinki Citizen Assembly (où j'ai travaillé). Dans une ville comme Istanbul, un Somalien peut espérer passer un peu inaperçu et trouver à se loger dans des conditions déplorables à Tarlabasi ou Umkapani. Il peut également trouver un travail illégal lui permettant de subsister.

A Burdur, qui accueille aujourd'hui 300 demandeurs d'asile, une partie de la population commence à grogner contre la présence d'étrangers qui ne reçoivent plus de support du HCR ou de l'Etat. Aidés sur le budget de la ville, ils présentent de plus un risque pour l'emploi en se vendant à des prix défiants toute concurrence. Dans une ville déja touchée par la pauvreté, l'aide apportée à ces étangers suscite des tensions... Mais de nombreux habitants considèrent qu'il est du devoir de la Turquie d'aider ces "invités du Seigneur" qui ont fuit leur pays en guerre (Erythrée, Somalie, Soudan) et qui sont de plus souvent musulmans. Le député AKP de la ville, M. Özcelik, tente d'obtenir du gouvernement des subsides pour alléger la charge de la municipalité...



mardi, septembre 11, 2007

Précieuses archives

Pour fêter à sa manière le 27ème anniversaire du coup d'Etat de 1980, le site Info-Turk publie l'ensemble de ses bulletins parus depuis 1980.

Ce qui permet de tomber sur des articles croustillants, témoignant de l'ambiance d'une époque et permettant peut être de mieux comprendre l'actualité...

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Imaginons maintenant les effets de ces joyeuses colonies sur la population... Pourtant, parlez de conditionnement semi-fasciste avec des inconditonnels de l'armée, et vous vous ferez taxer de dangereux gauchiste pro-PKK. Cet article est pourtant tiré d'un journal pro-militaire, à une époque ou on avait pas honte de ce genre de "rééducation". La rédemption des "socialocommuniste" (toute personne de gauche) par la marche militaire, tout un programme. Et pourtant, des appels au coup d'Etat anti-AKP éclosent encore ça et là...

L'agenda secret de l'AKP (bis)

On le sait, une équipe d'universitaires travaille actuellement sur un projet de "constitution" civile sensée remplacer la constitution de 1982. Pourquoi civile? Parce que la constitution actuelle, bien qu'amendée, est toujours celle imposée par les militaires suite au coup d'Etat du 12 septembre 1980.

Ergun Özbudun dirige ses travaux, qui selon le camp "laïc" ne sauraient que mettre-en-danger-les-fondements-de-la-république, etc etc etc on connaît la chanson. Il avait tapé très fort en affirmant dès juillet la nécessité de retirer de la loi fondamentale toute mention au "nationalisme d'Atatürk". Sacrilège, mais avouons qu'une constitution démocratique affirme rarement l'obligation de se conformer à une idéologie figée. On imagine la constitution française se proclamant "gaulliste" sans possibilité d'y changer quoi que ce soit.

Aujourd'hui, comme preuve de la volonté sournoise de la cabale islamo-européenne de morceler la Turquie et "d'Iraniser" les Turcs, Ergun Özbudun souhaite retirer de la constitution l'instruction religieuse obligatoire. Oui, dans ce pays laïc, l'instruction religieuse (sunnite exclusivement) est obligatoire, depuis le coup d'Etat militaire. Bien sûr, ici on ne suit plus du tout: les militaires anti-islamistes sont ceux qui ont introduit l'instruction religieuse sunnite obligatoire? Eh oui, on peut même dire qu'ils sont en grande partie responsable du renouveau religieux en Turquie. Resserrer les Turcs autour de l'islam et du nationalisme pour les détourner des illusions communistes, le fondement de la "synthèse turco islamiste".

"Nous maintenons l'idée que le sécularisme devrait protéger ceux qui n'ont pas d'opinion religieuse". En Turquie, ce n'est pas encore un pléonasme... s'avouer Athée n'attire pas souvent une franche sympathie.

On attend maintenant de voir si ces travaux atteindront leur but. Mais une réelle laïcisation sous l'égide des méchants vilains islamistes, avouons que cela serait jouissif...


lundi, septembre 03, 2007

Retour

Le pire quand on ne part pas en vacances, c'est la rentrée. Les récipiendaires des mails non répondus du mois d'aout se réveillent soudain, laissant beaucoup moins de temps pour suivre l'actualité turque. Avouons le, après avoir été "au taquet" pendant toute la période électorale, le comité rédactionnel des Chroniques de Beyoglu a décidé de lever un peu le pied.


Non, même le revirement attendu de Sarkozy sur la Turquie (de candidat, il passe à homme d'Etat, logique...) même les péripéties fashion de Mme Gül, même les débats sur une nouvelle constitution "civile" ne parvienne pas à me sortir de ma (relative) lethargie.

En fait, pour me réveiller, il me fallait au moins ça!




MLKP
: Marksist Leninist Komunist Parti, Turquie / Kurdistan du Nord. On en trouve des choses sur les murs de Bruxelles... J'ai vu ça Avenue de Stalingrad (!!!!!!)

Si vous ne trouvez pas ça clair, il suffit de vous renseigner! Voici une petite explication

MLCP (MLKP) was founded on September 10th, 1994. The documents of the Founding Congress (1st Congress) form its theoretical, political and organisational basis. This historical development, expressed as the “Unity Revolution”, is a result of the struggle conducted within the organisations and among the organisations starting from 1989 by the party’s predecessor organisations bearing the thought of “unity of communists”. In 1991, TDKIH (Revolutionary Communist Workers’ Movement of Turkey) and TKIH (Communist Workers’ Movement of Turkey) were united. After a struggle lasting for years, TKIH and TKP-ML Hareketi (Communist Party of Turkey- Marxist Leninist Movement) gathered the Unity Congress and founded MLCP-F (Marxist Leninist Communist Party – Foundation). And the 1st Party and Unity Conference realized the unity between MLCP-F and TKP-ML (YIO) (Communist Party of Turkey-Marxist Leninist / Reconstruction Organisation) and eliminated the addition of “Foundation”. Thus MLCP was created by the unification of four communist organisations.

Tout de suite, on y voit plus clair non? Si vous en voulez encore c'est ici