vendredi, novembre 30, 2007

Kurdistana Sor

La région de Lachin, ou "Berdzor" en Arménien (Laçin en Kurde) comptait 9000 habitants en 2005. C'était la capitale de la république kurde autonome, le "Kurdistan Rouge" (soviétique) , proclamée le 7 juillet 1923. Cette république fut dissoute le 8 avril 1929. Laçin comptait 3322 kurdophones en 1931, sans compter ceux qui ne parlaient pas kurde mais se définissaient comme Kurdes, chiites d'ailleurs.



La minorité kurde d'Azerbaïjan se serait installé dans la région au XVIIIème siècle, à partir de tribus nomades. Si Lénine a joué, comme ailleurs, la carte des minorités, une grande partie de la population fut déportée par Staline dans les années 30, notammen vers Kransondar mais aussi le Turkmenistan et le Kazakhstan. Une forte minorité kurde s'est cependant maintenue dans la région, progressivement assimilée et parlant l'azeri avec des restes de Kurmanci.

En 1992, pendant la guerre Arméno-Azerie, un kurde nommée Wekil Mustafayed a proclamé la république kurde de Laçin, sans succès apparent puisqu'il s'est réfugié en Italie. Il entretenait, bien sûr, de bons rapports avec le PKK...même si celui-ci avait tenté de le dissuader de proclamer sa république.

(Laçin, en 2005)

Ce sont d'ailleurs des Kurdes, qui se battaient aux côtés des forces arméniennes, qui ont pris laville de Lacin en 1993...mais il s'agissait des kurdes yezidis situés en Arménie! Les Kurdes Azeris, chiites et turcophones de fait, se sont eux retrouvés à se battre contre les Arméniens et donc contre leurs frères kurdes... A la suite de la victoire arménienne, les kurdes azeris ont été expulsés de la région occupée.

Tout info est bonne à prendre: si vous en savez plus, notamment sur Wekil Mustafayed, je suis preneur : il raconte dans cette interview en turc ses rencontres avec Abdullah Öcalan... un gentil traducteur bénévole turquifié veut-il s'y coller?

Mais où donc qu'ils sont?

Le nouveau jeu rigolo pour l'armée turque va maintenant être de localiser les "membres-de-l'organisation-séparatiste-terroriste-tueuse-de-bébés" : de nombreuses sources semblent d'accord pour estimer que de nombreux camps du PKK dans le Kandil ont été évacués au cours de ses derniers mois.


Osman Öcalan, très loquace ces temp-ci, annonçait il y a peu que les forces du PKK se retiraient dans les montagnes iraniennes. L'opération des pasdaran contre les camps du PJAK en Iran, et les relations turco-iraniennes qui se réchauffent semblent compliquer un peu l'affaire. Selon Osman, les membres "turcs" du PKK sont rentrés au Kurdistan de Turquie (ce qui en dit long sur la capacité des 100.000 soldats turcs à contrôler leur propre frontière), remplacés dans les camps par les membres kurdes iraniens du PJAK! Apo junior estime les forces du PKK à un peu moins de 7000 hommes: 3000 en Turquie, 2000 en Iran (PJAK) et 1700 environ en Irak...

Mais pour trouver du croustillant, de l'information de derrières les fagots, il faut aller hercher du côté... Azeri!

C'est un dénommé Mehmet Azeritürk (ça ne n'invente pas), secrétaire général de la fédérationdes associations turco-azeries (donc totalement neutre en ce qui concerne le problème kurde et le problème arménien) qui l'annonce: le PKK veut se replier au Nagarono-Karabakh. Ce territoire Azeri peuple en majorité d'arménien a été conquis par l'Arménie au terme d'une guerre entre les deux pays nouvellement indépendant. Le Nagorno Karabakh est aujourd'hui une république indépendante auto-proclamée (un peu comme Chypre nord quoi), au régime mafieux étroitement lié à Erevan. L'Azerbaïjan n'a pas renoncé à le récupérer, un peu vexé que les pogroms anti-arméniens lancés à Bakou en 1988 aient abouti à la perte d'1/3 de son territoire. Les Turcs parlent de leur coté du "génocide azeri" par les vilains Arméniens, qui n'en sont pas à ça près, n'est-ce-pas, puisque ce sont déja eux qui ont génocidé les turcs en 1915. Si, si.
Carte du Nagorno Karabak et des territoires azeris sous contrôle arménien.


Mais je m'égare. L'Arménie fait donc tout pour attirer le PKK dans le Nagorno-Karabakh, afin de créer une zone tampon avec le territoire sous contrôle Azeri, notamment dans les villes de Susa, Lacin et Fuzuli. Les autorités arméniens démentent, mais laissent entendre qu'il est possible que les autorités de Stepanekert (la capitale du Karabakh) soient entrées en contact avec le PKK. Selon le même Mehmet Azeritürk, le PKK pourrait également tenter de s'installer dans les villages kurdes (Yezidi) à la frontière turco-arménienne. Le PKK est plutôt populaire au sein de la minorité kurde yezidie d'Arménie.

Un élément vient crédibiliser cette posssibilité d'installation du PKK dans le corridor situé entre la frontière arménienne et le Nagorno Karabakh : cette zone, occupée par les troupes arméniennes, serait majoritairement peuplée... de Kurdes!
Alors vous je ne sais pas, mais moi je tombe des nues.

Que penser de cette info? Une intox puérile destinée à attirer l'attention du grand frère turc sur l'ennemi arménien? Une information fondée qui ferait du PKK un auxillaire de l'Arménie contre l'Azerbaïjan, bien à l'abri des troupes turques? Une rancune tenace de la part des Azeris qui n'ont pas digéré le rôle des kurdes dans la guerre du Karabakh?

Bref, je vais me plonger dans ce que je peux trouver sur l'histoire du "Kurdistan rouge"! Si cette information tombe à l'eau, j'aurai au moins appris quelque chose!

jeudi, novembre 29, 2007

Le Kurdistan à la loupe déformante

L'instiut de sondage "MetroPOLL" basé à Ankara a publié les résultats d'une enquête effectuée au Kurdistan Turc sur un échantillon peu représentatif de 1079 personnes. Peut-on taxer ce sondage de "séparatisme"? Il délimite en tous cas particulièrement bien les limites officieuses du Kurdistan Nord, en se basant pour son enquête sur 14 districts : Adiyaman, Agri, Bingol, Bitlis, Diyarbakir, Hakkari, Mardin, Mus, Siirt, Tunceli, Sanliurfa, Van, Batman et Sirnak. Comme quoi, si "IL N'Y A PAS KURDISTAN", tout le monde au moins sait où ça se trouve, et où ça commence!

Première limite du sondage: il ne concerne que les centres urbains de la région. Deuxième limite, la taille de l'échantillon: interroger 20 personnes à Tunceli parait légèrement insuffisant pour déterminer le taux de connaissance du Dimli (ou zazaki) dans le Dersim... 100 personnes à Mardin, et naturellement l'arabe sera légèrement surreprésenté par rapport à son poids réel au Kurdistan, puisque le sondage énonce doctement que 13,9 des sondés ont l'arabe comme langue maternelle... On se retrouve donc avec 33% de monolingues turcophones, contre à peine 60% de kurdophones (Kurmanci +Dimli)... Dans l'ambiance actuelle, peut on légitimement supposer que de nombreux sondés n'ont pas voulu admettre que le kurde était parlé chez eux? Je le pense.

Bien plus intéressantes sont les questions sur le niveau de vie et la perception des problèmes de la région: 41% des sondés mettent le chômage bien avant le "terrorisme" dans la liste de leurs préoccupations. Mais là encore, ce sondage est il crédible quand 2,4 % des sondés citent les droits de l'homme et la question kurde comme un problème?

En vrac, 52% des sondés pensent que le DTP devrait déclarer le PKK comme une organisation terroriste, 45 % pensent que le DTP ne réprésentent pas du tout ou pas assez les Kurdes...

Comble du ridicule: 51% pensent que la Turquie devraient envahir le Kurdistan Irakien, 32% pensent qu'elle devrait viser à la fois le PKK et le Gouvernement Régional Kurde... 50% pensent qu'il n'y aurait pas de conflit turco-kurde en Turquie si la Turquie intervenait en Irak, 65% pensent que Barzani supportent le PKK...

Ce sondage est donc une totale escroquerie scientifique. Peut on décemment poser des questions comme:

Do you agree with the view that "in order to cut off support of the northern Iraqi Kurdish administration to the PKK, the operation should be launched against both Barzani and the PKK?

Sondage de commande, totalement orienté, visant à montrer qu'il n'y a pas de question kurde mais seulement un problème de pauvreté et de terrorisme, qu'il faut intervenir en Irak et taper sur Barzani.... 48 des sondés pensent qu'il faut un embargo économique sur le kurdistan irakien! Alors que le commerce transfrontalier fait vivre la région? 65 % des Kurdes contre la création d'un Kurdistan Irakien? 2 % demandant la reconnaissance de l'identité Kurde?

Ne nous interrogeons pas trop longtemps sur la représentativité de l'échantillon : 2,7% des sondés affirment avoir voté pour le DTP le 22 juillet... prenons acte de la marge d'erreur annoncée : plus ou moins 3%.

Si quelqu'un connait le commanditaire, ça m'intéresse!

mercredi, novembre 28, 2007

No Pasaran!


(DESCENDS DONC DE LA!)

mardi, novembre 27, 2007

Toujours en Vrac

Massoud Barzani serait examiné à Vienne par un groupe de médecins irakiens, selon des sources kurdes irakiennes reprises par Firat News.

Le maire DTP de la commune de Kayapinar, Zülküf Karetekin, accusé de propagande pro PKK, a été acquitté, tout comme quatre de ses employés municipaux.

La presse turque de fond de caniveau annonce la 3eme tentative turque pour prendre Vienne.

On aurait tort de s'insurger, il suffit de jet un oeil aux tabloïds anglais à la veille d'un match de l'équipe d'Angleterre contre un ennemi ancestral pour se rendre compte que la presse turque n'a parfois rien à envier à ses consoeurs. Méfiance cependant, les troupes polonaises sont qualifiées cettes fois. On rappelle que la 2eme campagne viennoise, perdue en 1683, avait sonné le début de la fin pour l'Empire Ottoman, dépossédé de toute l'Europe centrale dès 1699.

lundi, novembre 26, 2007

En vrac

La rumeur délirante dénuée de tout fondement semble être une spécialité de la presse "républicaine" ces derniers temps. Après avoir annoncé que Murat Karayilan avait été grièvement blessé dans un bombardement et qu'il était soigné dans le Sinjar (zone Yezidi), certains médias turcs ont annoncé ce Week End que Massoud Barzani s'était envolé dans un avion américain en compagnie du même Karayilan et de Cemil Bayik, faisant étape à Incirlik (base américaines située près de Diyarbakir) avant de gagner l'Italie.

Une manière comme une autre d'exciter l'opinon turque, qui se ramollit un peu ces temps-ci...Quoi, le chef-de-tribu-féodal tient les chefs de l'organisation-séparatiste-terroriste-tueuse-de-bébés et ne nous les livre pas? Plus inquiétant, d'autres rumeurs annoncent une tentative d'assassinat sur Barzani, et son admission dans un hopital israélien...

Quelque chose qui ne ramollit pas, c'est le sol des montagnes kurdes. Par pur mauvais esprit, je suis quotidiennement la météo du Kurdistan, et CA Y EST! IL NEIGE à Hakkari et Yuksekova, Rendez vous en Avril pour l'épisode XII de "Regain de tension à la frontière Irakienne", à moins que l'armée turque ne préfère nous préparer un remake de "Sarikamis 1914, 90 000 soldats morts de froid sans voir un Russe".

Un journaliste kurde, Mehmet Metiner, est d'avis qu'une fermeture du DTP profitera surtout au PKK. C'est le bon sens qui parle : le durcissement dans le discours du DTP depuis le 22 juillet, la reprise en main par le PKK, l'entêtement à demander la libération du soleil de l'humanité et à faire comme si sa santé était le point de convergence de toutes les luttes kurdes ne doivent rien au hasard. C'est la perte d'influence du PKK au Kurdistan qui le pousse d'une part à tenter d'attirer la Turquie dans un bourbier irakien, et d'autre part à faire fermer le DTP, qui a eu des résultats très décevants (mais prévisibles) aux dernières élections. Si Erdogan semble avoir réussi à éviter l'option militaire et tente maintenant de promouvoir une solution pacifique et démocratique, l'expérience montre que le PKK fera tout pour l'empêcher...on ne le dira jamais assez, mais la démocratie et les droits de kurdes sont la pire chose qui pourrait arriver au PKK.


vendredi, novembre 23, 2007

Le chiffre

Combien la Turquie a-t-elle dépensé pour lutter contre le PKK depuis le début de son activité armée à grande échelle en 1984?

300 000 000 000 $

Ce chiffre est donné par le porte parole du gouvernement, Cemil Cicek... peut on légitimement supposer qu'il est sous-estimé?

Le PK a lui survécu avec un budget que l'on peut vraisemblablement estimer comme légèrement inférieur.

Selon un rapport de l'économiste Mustafa Sönmez, ce sont 29% des ressources investies par la Turquie dans le sud-est qui sont dépensées en sécurité et en défense.

19,6 milliards de YTL sont prévus pour le budget de la défense (8,8% du budget), sans compter 5 milliards pour l'achat de nouvelles armes. Le budget de l'éducation est lui de 22 milliards...celui de la santé de...1,05 milliards.

Il est amusant de mettre ses chiffres faramineux en parallèle avec les déclarations des 8 prisonniers du PKK à leur libération: fusils enrayés, officiers absents, nourriture insuffisante. En attendant, l'armée est la première entreprise du pays, possédant des fonds de pension, des usines, un parc immobilier énorme...

mercredi, novembre 21, 2007

La Turquie en Europe

C'est fait, le ticket d'entrée est dans la poche. On appréciera que la sélection turque ait arraché son billet pour l'Euro Suisse en battant samedi dernier la Norvège, soit deux pays irréductiblement anti-UE. La victoire serrée de ce soir contre la Bosnie suffit à la Turquie pour sortir qualifiée de son groupe, en compagnie de la Grèce (ça ne s'invente pas).



C'est donc le retour de la Turquie en compétition internationale, après les échecs de 2004 (élimination en barrage contre l'improbable Lettonie) et de 2006. La Turquie avait fait un magnifique 3 eme du mondial 2002. La Turquie avait perdu tous ses matches lors de l'Euro 2000, et avait atteint les quarts en 2004, tombant contre le Portugal.

Si il y en a qui doivent être contents, ce sont les organisateurs suisses. On se souvient des mémorables Suisse-Turquie et Turquie Suisse de 2005. Pour mémoire, l'hymne turc avait été conspué comme jamais par le public suisse (pour une raison qui m'échappe), et la presse turque s'était distinguée par son sens de la mesure en appelant avant le match retour au lynchage de tout citoyen helvétique. La sélection suisse avait été accueillie par une foule haineuse à l'aéroport, l'ambiance du stade était ignoble, et les joueurs turcs avaient fini par tabasser les Suisses dans les couloirs. Bref, du grand art.

On imagine donc la joie du comité d'organisation de l'Euro 2008 à l'idée d'accueillir des milliers de supporters turcs qui n'ont probablement toujours pas digéré l'affaire...

Allez avec un peu de chance il y aura un joli Suisse-Turquie en match d'ouverture :)

L'AKP reprend-il la main?

C'est moi, ou c'est encore un coup d'épée dans l'eau? On attend toujours la grande invasion, les hordes turques déferlant sur le Kurdistan Irakien, la victoire finale contre "l'organisation-terroriste-séparatiste-tueuse-de-bébés". Pour la énième fois depuis l'invasion américaine de l'Irak, les effets de manches de la "diplomatie" turque et les menaces des militaires tournent à la pantalonnade...(admirez l'enchaînement vestimentaire improbable).

Bref, l'AKP semble une fois de plus avoir réussi à éviter l'intervention militaire en Irak. Guillaume Perrier analyse magistralement la situation sur son blog, je n'ai donc pas grand chose à ajouter.

Il serait pourtant illusoire de croire à une amélioration prochaine de la situation des kurdes en Turquie. Si la fièvre nationaliste semble retomber aussi vite qu'elle était montée, elle peut sans problème atteindre des sommets au moindre prétexte.

Abdullah Gül continue à employer la langue de bois avec une ardeur non démentie : "il n'y pas eu de place pour la discrimination ethnique dans l'histoire de la Turquie" dit-il. Une belle énormité, sachant que les "minorités de Lausanne" (juifs grecs arméniens) se sont vues barrer l'accès à la haute fonction publique et militaire et étaient soumis à une taxe spéciale dans les années 30. Interdire à un peuple de parler sa langue et tenter de l'assimiler de force, c'est aussi, techniquement, de la discrimination ethnique (certains peuvent parler leur langue maternelle, d'autres non).

La libération de la parole est donc loin d'être achevée... Erdogan poursuit pourtant son idée fixe, "faire descendre les kurdes des montagnes". Intention des plus louables, puisqu'il s'efforce de contrecarrer les efforts de la justice d'interdire le DTP, et semble paver la voie à une amnistie pour les militants du PKK. Bahçeli, Baykal et leur nouveau pote Cicek, hurlent à la désintégration de la Turquie, au bradage de la patrie, à la trahison. A les entendre, Mustafa Kemal, à force de se retourner dans sa tombe, remplacerait avantageusement les turbines du futur barrage d'Ilisu.

Ce n'est pas la première fois qu'on parle d'amnistie en Turquie. Daniel Cohn Bendit propose de son côté en rigolant d'envoyer Öcalan à...Cuba afin de régler le problème. Mehmet Ali Sahin, le ministre de la justice qui se désole que les soldats turcs désarmés préfèrent la reddition au suicide, affirme qu'Apo a été confiné dans sa cellule, après que l'administration AIT DECOUVERT QU'IL TRANSMETTAIT DES ORDRES A SES FIDELES. Sachant qu'il est de notoriété publique qu'il le fait depuis 1999, que ses discours sont publiés dans les journaux kurdes turcophones et sur internet et sont accessibles (enfin je me comprends) au premier venu, c'est un peu fort de Kahve... l'administration "parallèle" turque utilise Öcalan comme une marionette depuis son arrestation (et probablement avant), et interdit ainsi l'émergence d'un mouvement pro-kurde indépendant du PKK. Ce sont aujourd'hui les "durs" et les apoïstes qui dirigent le DTP, totalement repris en main à la suite des élections du 22 juillet.

Enfin, dans la catégorie, "contre le séparatisme, rien ne vaut l'expansionnisme", voila une jolie carte publiée par le quotidien populiste "Günes"


Les Azeris vont être un peu vexés... par contre ça va en faire des minorités à assimiler tout ça! Attention les amis, ça va être très compliqué de nier l'éradication des arméniens cette fois...

lundi, novembre 19, 2007

Haine dans le pays, Gloire dans le monde

Dans un nouvel édito au vitriol, le très détesté Mustafa Akyol répond à son courrier des lecteurs... jouissif!

Il met en fait le doigt sur un mal turc parmi tant d'autres: tous les intellectuels et artistes turcs qui acquièrent une forme de reconnaissance internationale sont détestés par l'establishement kémaliste! Quant aux "intellectuels" officiels célébrés en Turquie, leur qualités ne sont visiblement pas reconnues à leur juste mérite dans le reste du monde... Mustafa Akyol explique avec raison que si ces traîtres à la patrie sont ainsi célébrés et récompensés dans le monde entier, c'est parce qu'ils ont choisi de battir leur notoriété sur la haine anti-turque.

Il est vrai que la liste est longue...

Nazim Hikmet: 17 ans en prison, déchu (et pas encore réhabilité) de sa nationalité, mort en exil.

Yilmaz Güney: de multiples séjours en prison, palme d'or à Cannes pour Yol, mort en exil.

Orhan Pamuk: prix nobel de littérature, de nombreux procès et menaces, vit à l'étranger.

Elif Safak: reconnue par la critique internationale, insultée, menacée, vit à l'étranger.

Ismail Besikci: sociologue éminent, reconnu pour ses travaux pionniers sur la société kurde, a passé 17 ans en prison... condamné au total à 100 ans de prison et 10 milliards de lira (7000 euros) d'amende pour son obstination à répéter "il y a des kurdes".

Mais on peut faire plus trivial: même les chouchous du public peuvent se voir mis au pilori pour déviance par rapport à la ligne officielle.

Ibrahim Tatlises, superstar turque de l'arabesk, insulté et menacé par le MHP après avoir déclaré vouloir chanter dans sa langue, le kurde. A pensé vivre en Allemagne mais est finalement retourné en Turquie...

Sezen Aksu: la "diva turque" ne s'est pas fait que des amis pour avoir chanté en kurde, grec, arménien...

Tarkan, star de la türkçe pop, poursuivi pour avoir tenté d'échapper au service militaire...

et j'en oublie tellement...

jeudi, novembre 15, 2007

Le moral des troupes

Les 8 soldats prisonniers du PKK et libérés grâce à l'intervention du DTP ont donc été arrêtés et seront jugés pour "désobéissance aux ordres", "franchissement de frontière sans autorisation" et "non respect de la discipline militaire" ou "incitation à la désertion", à la demande de la cour militaire de Van. Tous ces jolis mots, pour un seul reproche: ils ne sont pas suicidés, comme, apparemment, tout bon appellé "malgré lui" de 20 ans devrait le faire en cas de défaite.

J'avais déja parlé de ces soldats soviétiques fusillés à Stalingrad pour avoir reculé lors d'un assaut. Rappellons tout de même que pendant la "grande guerre patriotique" certains généraux timorés ont également été purgés. Cela pourrait être une solution à de nombreux problèmes en Turquie: imaginez vous Büyükanit au poteau pour échec dans les Kandil? Celui lui évitera au moins de faire une carrière de "militaire à la retraite" conspirateur barbouze, comme nombre de ses semblables. Büyükanit proteste mollement contre les accusations de la presse turque, et insiste sur le fait qu'il est très mal de s'interroger sur l'origine ethnique de ces soldats. Il annonce tout au plus un "enquête administrative" visant à savoir "quelless erreurs ont été commises".

On ignore l'impact de cette décision sur le moral des troupes, qui savent maintenant que si ils sont blessés au combat, ils doivent se tirer une balle dans la tête pour ne pas tomber entre les mains de l'ennemi. Du côté des parents, c'est la consternation la plus totale.

Afin d'éviter d'entamer le moral de la nation, la gendarmerie a pris une décision originale: imposer à la presse une interdiction de parler de cette affaire. Comme toujours en Turquie, un problème n'existe pas quand on interdit d'en parler.

Certaines déclaration des soldats ont pourtant filtré: "nous n'avions le support ni de nos commandants, ni de nos soldats". "Comme j'étais blessé et que je n'avais pas de fusil, j'ai dit en kurde que je me rendais". Un autre soldat a enfin déclaré que son commandant avait pris son fusil, et que les fusils de la plupart de ses camarades s'étaient enrayés. Cela confirmerait donc l'origine kurde des appellés: on sait que les gradés ne leur font aucune confiance, et qu'il est arrivé que des conscrits kurdes soient abattus d'une rafale dans le dos en pleine opération.

L'armée turque envoie donc au casse-pipe, sans support, des jeunes appellés auxquels elle ne donne pour arme qu'un fusil déficient, ou mieux pas d'arme du tout: un seul but, produire du martyr politiquement correct "il est d'origine kurde mais il se bat pour la Turquie, quel exemple". En cas d'échec de l'opération, le marty potentiel devient un affreux traître à mettre au secret en laissant filitrer un minimum d'information...

Rassurons nous, la justice ne manque pas cependant d'attaquer les journalistes pour "atteinte à l'image du service militaire" au titre de l'article 25/2 de la loi 5187 sur la presse et de l'article 318 du code pénal. L'image du service militaire est donc sauve. Ouf.


vendredi, novembre 09, 2007

Irrécupérable?

Et si la Turquie était tout simplement irrécupérable? Et si tous les timides pas en avant étaient perpetuellement à refaire? Depuis que j'ai commencé, en 2002, à m'intéresser à ce pays lors de mon premier séjour, la Turquie n'a jamais connu une telle hystérie, une telle violence, un tel délire nationaliste irrationnel. L'histoire montre bien sûr que ce n'est pas la première fois.

Sans préjuger des horreurs qui peuvent encore se produire pendant les deux mois à venir, le bilan de 2007 est effroyable. Commençée avec l'assassinat de Hrant Dink, l'année a vu le débat politique trusté par l'opposition nationaliste, par les délires anti-européens, anti-américains, anti-juifs, anti-kurdes, anti-intellectuels, anti-ennemi-de-l'intérieur. Je pensais sincèrement que les élections du 22 juillet mettraient un terme à ce baroud d'honneur des "associations pour la pensée d'Atatürk," des "Grande Union des Avocats" et autres présidents vétoïsateurs compulsif, et remettraient la Turquie sur la voie de la démocratisation et de la normalisation. C'est ce que mérite ce grand pays, et ce qui méritent les millions de Turcs ne partageant pas la conviction farouche que "Her Sey Vatan için" (tout pour la patrie)...

Mais le mal est plus profond. L'AKP, après avoir suscité de nombreux espoirs (et j'étais le premier à les défendre), donne des gages aux militaires et aux nationalsites fous furieux pour tenter de rassembler. Dans un contexte hystérique alimenté savemment par les attaques du PKK (le seul mouvement non-séparatiste qui emploie la violence pour respecter les frontières du pays qu'il combat)(sic), les Cemil Cicek et Mehmet Ali Sahin parviennent à occulter les tentatives d'Abdullah Gül et de Recept Tayip Erdogan d'apaiser la situation.

Et si c'était concerté? Le gouvernment freine des quatre fers pour empêcher une intervention en Irak, qu'il sait vouée à l'échec et qui causerait la fin des espoirs d'intégration européenne. Il mandate donc deux ou trois ministres pour carresser les Martyrophiles dans le sens du poil. D'où les propos surréalistes du ministre de la justice regrettant que les prisonniers rentrent vivant. D'où la volonté de Cicek d'attaquer encore et encore les députés DTP, en s'interrogeant sur leur passé, leurs liens familiaux, et probablement la langue dans laquelle ils rêvent.

A Paris, à Bruxelles, en Allemagne, les loups gris achèvent de dessiner l'image du Turc dans l'inconscient européen. Non seulement il est musulman, sa femme est voilée, mais en plus ses enfants se mettent à 100 contre 1 pour passer à tabac des journalistes, des Kurdes ou des Arméniens. Image superficielle, déformée, outrée, puisque la majorité silencieuse de la communauté turque en Europe est la première frappée par les militants d'extrême droite. Mais la France l'Allemagne ou la Belgique ont perdu l'habitude des défilés fascistes, des lynchages et des chasses à l'homme, et le pékin moyen, dont je fais partie, se demande pourquoi ces jeunes qui se déclarent prêts à mourrir pour leur pays restent bien en sécurité à 4000 km du Kandil. Il est bien sur plus facile de tabasser un "chien d'arménien" ou un "traître" que d'aller dans les montagnes "casser du Kurde".

J'aime trop ce pays pour être totalement découragé. Il reste en Turquie, avant qu'ils soient abattus au coin d'une rue, de nombreux intellectuels et journalistes (vendus à l'occident et au complot kurdo-arménien), des associations comme les "Genç Siviller", qui défendent un idéal de démocratie et de pacifisime. Mais chaque jour, pour le plus grand bonheur des loups gris et du PKK, la Turquie semble devoir tomber plus bas...


jeudi, novembre 08, 2007

Kenan Evren regrette

L'ex-putschiste de 1980 serait il travaillé par les remords? Après avoir fait scandale en proposant un système fédéral en Turquie, Kenan Evren exprime maintenant ses regrets quant à l'interdiction de la langue kurde, gravée dans le marbre de l'article 26 de la constitution militaire de 1982.

"C'était une erreur, nous n'aurions jamais dû faire ça" avoue-t-il, expliquant sa décision à l'époque par une visite dans une école primaire kurde, lors de laquelle il a découvert que certains enseignants utilisaient toujours le kurde en pratique.

Evren reste cependant opposé à l'enseignement du kurde à l'école (on cherche la logique).

Imaginons maintenant Monsieur "Pas de repentance" Sarkozy s'excuser au nom de la France pour l'interdiction du Breton et le combat pour son éradication...Après son accueil au Guilvinec, on peut toujours rêver...i

mercredi, novembre 07, 2007

Engagez vous, rengagez vous qu'ils disaient

Pauvres otages libérés! Ils doivent maintenant regretter la tranquillité de leur brève captivité dans les monts Kandil...ou de ne pas être morts en martyrs en refusant de se rendre après avoir vu 12 de leurs camarades tomber.



Ils sont maintenant interrogés par les forces armées turques, depuis plusieurs jours, sans possibilité de se défendre.

Mehmet Ali Sahin, ministre de la justice, a déclaré "Aucun membre des forces armées turques n'aurait du se trouver dans une telle situation. Je ne peux pas accepter le fait qu'ils sont partis avec les terroristes cette nuit la. JE NE PEUX PAS ETRE TRES HEUREUX DE LEUR LIBERATION"

On imagine la joie de Madame Sahin, à l'idée que son mari serait contrarié par le non sacrifice volontaire de son fiston pendant son service militaire. La presse turque devrait se poser la question: si il y a un Mehmet Ali Sahin junior, OU fait il son service? A Izmir? A Bodrum? Vérification faite, Mehmet Ali Bey a 4 enfants...

Mehmet Ali Sahin, Ministre de la justice

Cemil Cicek lui se contente de blâmer les députés DTP qui sont allés négocier la libération des prisonniers avec le PKK. Encore tout faux les gars, bien essayé... Le procureur d'Ankara les a déja attaqué pour liens avec une organisation historique.

Bianet cite l'exemple de la libération de Coskun Kirandi, prisonnier du PKK en 2005. La délégation qui avait négocié avec le PKK à l'époque avait été attaquée pour "diffuser la propagande d'une organisation terroriste", mais la cour pénale de Malatya avait jugé que l'initiative était basée sur des "raison humanistes".

Humaniste, humaniste...ça rime avec séparatiste ça, c'est louche!

Hürriyet se pose légitimement la question

SERONT ILS JUGES? Les réponses ici...


La leçon sera sûrement retenue par les prochaines prisonniers du PKK. Vu la reconnaissance de la mère patrie, ils resteront bien sagement dans les montagnes, quitte à se farcir une rééducation politique complète. Au moins ils parlent déja la langue officielle du PKK...

lundi, novembre 05, 2007

Comme prévu...

Apo Junior, pardon Osman Öcalan, le frère de l'autre, indique que les forces du PKK en Irak sont en train de fondre comme neige au soleil: elles se retirent en fait en Iran, à la frontière turque...

Rassurons nous, la presse turque n'en est pas à ça près et appellera bientôt à "punir" le régime des ayatollahs et à annexer l'Azerbaïjan iranien pour faire bonne mesure!

Si toi pas martyr, toi traître!

Un article de Today's Zaman, relatant la libération des soldats turcs prisonniers du PKK, s'élève contre certains commentateurs dans la presse turque, qui laissent entendre qu'il aurait été "plus honorable pour eux de mourir que de se laisser capturer". Ayant de la suite dans les idées, ces mêmes commentateurs s'interrogent sur les origines des soldats, probablement des Kurdes n'est- ce-pas.

Dans sa lutte contre "l'organisation marxiste terroriste", la Turquie devient tout bonnement stalinienne: bientôt, les soldats qui reculeront seront fusillés sur place, et ceux qui se laisseront capturer seront envoyés en camp de rééducation après leur libération. Kemal Kerinçsiz deviendra le nouveau Vychinsky terrassant les "vipères lubriques", Büyükanit fera un magnifique Brejnev, et Hürriyet une très crédible Pravda...

Les 8 soldats devraient être réintégrés à l'armée, et renvoyés au front. On s'interroge sur le geste du PKK: quel intérêt de libérer ces prisonniers en sachant qu'on obtiendra rien en échange? Geste de bonne volonté certes, mais face à un ennemi qui en est totalement dénué...bonne nouvelle cependant, on peut désormais sortir libre et vivant des camps du Kandil...

Selon Abdulrahman Cadirci, porte parole du PKK, la libération des soldats doit s'entendre comme un acte de bonne volonté pour favoriser la libération d'Abduallah Öcalan. Selon les députés DTP qui ont réceptionné les soldats à leur libération, ceux ci ont répété qu'ils avaient été très bien traités, et qu'ils étaient très réconnaissant envers le DTP, et même envers leurs ravisseurs, qu'ils n'ont quitté qu'après moutl embrassades...de quoi alimenter leur futur procès en sorcellerie...

samedi, novembre 03, 2007

Honte sur moi...

Le message était passé inaperçu dans mon spam hotmail... (oui chers lecteurs, c'est ici, filtre hotmail exclusif oblige, que finissent vos messages, que je sauve systématiquement et auxquels je réponds à peu près aussi souvent!)

Evidemment c'est un peu tard, mais saluons le déja terminé "Festival de Cinéma Kurde de Paris", qui a eu lieu du 24 au 30 octobre.

Voici le programme, impressionnant, en pièce jointe... je regrette particulièrement de ne pas avoir vu le documentaire Dersim 1938.

Est ce que certains de vous y sont allés?

Mauvais point pour un "brave garçon"

Si on ne peut même plus tranquillement menacer de mort anonymement, ou va-t-on, je vous le demande??

Un étudiant turc, Mert Sahin est actuellement poursuivi pour menaces de mort sur la personne de l'éditeur Necati Abay, porte parole de la "platforme de solidarité avec les journalistes emprisonnés".

Celui ci avait écrit,  le soir du meurtre de Hrant Dink, un article intitulé "Un autre journaliste a été tué, les "brave garçons" ont tué Hrant Dink". On se souvient que les "braves garçons" en Turquie sont ceux qui avaient été désignés ainsi par le général Buüyükanit au lendemain de l'affaire de Semdinli: en d'autres termes, les barbouzes ultra nationalistes agissant officieusement sur ordre de l'Etat profond. 

A la suite de cet article il avait été menacé de mort par e-mail par le jeune Mert Sahin. "Si vous continuez à informer le public en accusant de tels nationalistes, votre sort sera le même". L'adresse email disait tout le courage de la menace :"mekiskali87@hotmail.com". Le problème, c'est que l'anonymat sur internet ne résiste pas à une enquête poussée...

Jugé, le jeune Sahin assume ses idées et ses actes: "Mes sentiments nationalistes étaient à vif à l'époque, j'ai réagi, mais mon but n'était pas de menacer". Bravo. Plus intéressant, cette déclaration: "Le message d'Abay m'a été envoyé par des gens que je connaissais pas, et ils m'ont demandé de réagir à cette déclaration". En d'autres termes, Mert Sahin avait été "repéré" auparavant, comme Ozgun Samast avant lui, par d'autres "braves garçons" sympathisant du drapeau aux trois lunes...Fait notable, Sahin est originaire de Sakarya, ville connue pour son campus très MHP-friendly. Manipuler des ados fanatisés pour faire taire des journalistes, ça se fait aussi en Belgique...par les mêmes personnes.

Sahin va être jugé au titre de l'article 106/2 et de l'article 115 pour "bénéficier de la peur créée par des organisations criminelles qui existent pour menacer quelqu'un" et "faire obstacle à liberté de croire, de penser et de conviction". L'avocat de Necati Abay a demandé une peine de 2 à 8 ans de prison.

La sentence sera prononcée le 2 février 2008.

jeudi, novembre 01, 2007

"Le PKK: une trahison de la cause kurde"

Celal Talabani ne mâche plus ses mots! Dans une interview au quotidien Milliyet publiée Mercredi, il appelle le PKK a déclarer un cessez le feu unilatéral et à se retirer entièrement en Irak.

Le temps du combat armé est terminé. Le nouvel esprit du nouveau siècle est au dialogue, à la démocratie, à la négociation et aux moyens pacifiques. Le contraire de ceci est l'activité terroriste.

"Si le PKK n'est pas prêt à complètement déposer les armes, alors il devrait déclarer un cessez le feu inconditionne. Il devrait se retirer entièrement à l'intéreiur de l'Irak d'une manière qui éviterait les combats et ne ferait pas une cible des troupes turques".

Les attaques du meutrières du PKK sont définitivement des actions terroristes et des meutres. Ce que le PKK fait est une "trahison de la cause Kurde".

Talabani accuse du plus le PKK de vouloir attirer à la fois la Turquie et le gouvernement kurde irakien dans un piège.

Bien sûr, ce langage est une réponse aux demandes de la Turquie, et doit être remis dans le contexte d'une interview à un quotidien turc. Mais les autorités kurdes ont commencé à resserrer le contrôle autour des camps du PKK, visant à réduire sa liberté de mouvement.