jeudi, novembre 30, 2006

Ca m'aurait étonné



Alors quand Tayip Bey est là on est tout gentil et on souhaite l'intégration de la Turquie, mais dès qu'on est peinard on retourne aux racines chrétiennes. On y aura cru 5 minutes à la nouvelle ouverture d'esprit de Yusuf Hoca, dit Benoit XVI... On ne peut pas lui reprocher d'insister sur le manque de liberté religieuse en Turquie: comme en France, la laïcité est matinée de "religion nationale", et les Chrétiens, mais surtout les Alevis, un poil plus nombreux, sont à peine reconnus, les Alevis n'apparaissant jamais dans les statistiques du pays aux "99% de sunnites"...



Mais ce retour aux racines chrétiennes fondamentales m'effraie au plus haut point "renouveler la conscience de l'Europe en ses
racines, ses traditions et ses valeurs chrétiennes, et à leur redonner
une nouvelle vitalité"
qu'il-dit..



.



Ce qui fait plaisir c'est cette belle communion de pensée entre Benoit et Bartholomée, inquiets du "rejet de la foi chrétienne" sur le continent Européen...peut-on "revengéliser"? Bon courage!





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Nouvelles en vrac...

15 jours d'absence, ou "c'est quand même vachement plus facile de blogger quand on a rien d'autre à faire". Eh oui, nouveau boulot, nouvelles activité, et nouvelle version de blogger qui débloque...

Pas d'inspiration, déprime devant l'actualité et les têtes de mules turco-européennes engagées dans un jeu de "je te tiens tu me tiens par la barbichette" à Chypre. "Si tu débloques, je débloque, non toi, non toi d'abord". Difficile de prendre partie, rappelons tout de même que depuis le rejet du plan Annan par les GRECS en 2004 (à la différence des chypriotes turcs), on comprend qu'Erdogan attende un geste du camp d'en face. Négociations "ralenties" donc, et pas "gelées", malgré une ambiance de plus en plus glaciale.

Rendons grâce à Yousouf Hoca (Joseph Ratzzinger) pour son virage à 180°: il arrive à faire de son voyage en Turquie si menacé un succès relatif, grâce, il faut le dire, à la bonne volonté du gouvernement turc. Les excités du Saadet Parti m'ont bien fait rire, en une du "Métro" belge (oui bon, je prends le train le matin, je fais ce que je peux) : "Jésus n'est pas chrétien, c'est un prophète de l'Islam". Et vlan, encore un qui était surement Turc sans le savoir.

En souhaitant ouvertement l'adhésion de la Turquie, il renvoie à leurs études les "Avrupa Hristiyandir Hristiyan kalacak" (l'europe est chrétienne et le restera) de Vendée et du Béarn. J'ai quand même peur que cela aie du mal à passer et qu'il aurait préféré avaler un de ses petits chaussons dorés, mais j'applaudis.

Le dinosaure Sezer a quant à lui la même tolérance que le "petit père Combes" en France il y a 100 ans. Il en est encore à refuser aux minuscules minorités chrétiennes de Turquie (Arméniens, Grecs, Assyriens, Protestants) une amélioration de leur droit à la propriété et surtout la retrocession des biens saisis en 1974. Symbole de ces vétos répétés de ce gardien autiste d'une fause laïcité, l'orphelinat grec de l'île de Büyükada continue de pourrir sur pied.

Sur le front kurde, avouons que le cessez le feu est respecté par le PKK, moins par l'armée turque qui continuer de pourchasser des grappes de guerilleros dans les montagnes.

Voila pour un résumé superficiel des "dossiers du moment", promis, je m'y remets avec un peu plus d'application!


mardi, novembre 14, 2006

Qui a dit....

"(il ya eu" beaucoup de souffrances et à côté il y a des hommes et des femmes quelles que soient leurs origines qui ont également été victimes de cette injustice. Il n'y a pas de douleurs que d'un seul côté, mais des deux côtés" (...) "On ne peut pas demander aux fils de s'excuser des fautes de leurs pères".

Nicolas Sarkozy, en visite en Algérie. Amusant, ce serait presque mot pour mot l'argumentation de certains Turcs face aux demandes de reconnaissance du génocide arménien.

vendredi, novembre 10, 2006

Téhéran-Istanbul-Paris

Le cheminement d'une artiste iranienne, Roshanak Ostad qui devrait bientôt faire parler d'elle... elle se consacre actuellement, entre autres activités, aux illustrations de livre pour enfant...


J'avoue ma fascination pour "Mademoiselle Lune", qui bien que destiné aux enfants me fait totalement fondre!


(tous droits réservés!!)


(tous droits réservés)

Bon, je ne vais pas m'essayer à la critique artistique, parce qu'à part "wah, que c'est beau", je ne sais pas bien quoi dire!

Allez faire un tour sur ses différents sites...

http://www.roshangar.fr


http://roshangar.canalblog.com/

http://roshanname.canalblog.com/

et n'hésitez pas à la contacter!


Groove alla turca

Concilier deux de mes amours musicaux, funk et musique turque? C'est possible, grâce à MONSIEUR Burhan Öcal, et à son album "groove alla turca"... en toute objectivité, la performance surpasse celle de Mercan Dede qui pourtant n'est pas n'importe qui. Mais ici la fusion jazz-funk et musique rom d'Istanbul est parfaite. Le trompettiste Ilhan Ersahin s'y était essayé, aboutissant à une très plaisante fusion jazz-électro-orientale, sans plus.

La collaboration Laço Tayfa et Brooklink Funk Essentials était déja plus intéressante, avec notamment une reprise du mythique "Üsküdara Gideriken"....

Burhan Öcal, en touche-à-tout génial, met la barre un peu plus haut avec ce morceau "Nihavend longa", mon favori dans un album comportant d'autres bijoux comme "Kismet" et "Saz Caz"...



Plus kémaliste que Kemal, qui est Kemal Kerinçsiz ?

Publié sur le site Turquie Européenne, une petite retouche de mes différents articles sur le fielleux Kemal Kerinçsiz


Le prix Nobel attribué à Orhan Pamuk a permis de faire connaître en France les méfaits de l’article 301 du code pénal turc, qui condamne toute atteinte à "l’identité de la Turquie" (Türktür Türk kalacak (la Turquie est turque et restera Turque, slogan ultranationaliste), l’armée, la justice, le gouvernement. Cet article, dénoncé par tous les intellectuels turcs progressistes et par les observateurs européens, doit sa célébrité à un homme courageux et intègre, Kemal Kerinçsiz, président de la "Büyük Hukukçular Birligi" (grande union des avocats), "ONG" ultranationaliste qui se donne pour mission d’intenter un procès à tout intellectuel, journaliste, écrivain qui ose porter atteinte à l’évangile selon Alparslan Türkes (fondateur du MHP).

Avide de célébrité, il peut être rassuré, il rentrera dans l’histoire aux cotés du ministre de l’information de Saddam Hussein, Mohammed Saeed al Sahaf, celui qui annonçait la défaite pitoyable des armées américaines alors qu’elles entraient dans Bagdad. Tant d’abnégation, de coeur à l’ouvrage, de mépris du ridicule international méritent en effet tout notre respect. Kemal Kerinçsiz est un grand homme, qui se bat pour ses idées, jusqu’au bout. Quelques jours après le prix Nobel de Pamuk il allait attaquer L’ACADEMIE ROYALE SUEDOISE. Il avoue cependant devoir étudier le système légal suédois. Comme il le dit si bien,"notre pays est sous occupation culturelle et économique... l’impérialisme occidental a choisi sa nouvelle princesse (Elif Safak) pour soutenir les minorités ethniques, les partisans des USA, et de l’union européenne"

Il ajoute par ailleurs que les travaux de Pamuk "ne valent rien", et sont dignes d’un « auteur de troisième classe ». Il n’a d’ailleurs pu finir que "Neige" (Kar), et n’a pas réussi à lire plus de 50 pages des autres. On le croit sans peine ! Comment imaginer ce nabot moustachu fielleux et mégalomaniaque se délecter devant les savantes digressions de Pamuk sur les miniatures de l’école de Tabriz dans "Mon nom et rouge", les errances dans l’Istanbul crépusculaire du « Livre Noir », la description méticuleuse de l’« Hüzün » (spleen) stambouliote dans « Souvenirs d’Istanbul ».. Le pauvre homme avait l’impression de "perdre son temps !", et quand on voit la noble tâche qu’il a devant lui, on le comprend sans peine...

D’autres partis ultranationalistes, syndicats de profs ronchons et journaux illuminés crachent leur venin sur le pauvre Pamuk. C’est probablement la première fois qu’un prix Nobel provoque la "honte" d’une partie (ridicule) de son propre pays... Ce prix Nobel pose un problème de taille aux nationalistes turcs : comment concilier paranoïa au dernier degré ("tout le monde hait la Turquie") et reconnaissance internationale de la littérature turque ? Facile ! Si on a accordé le prix Nobel à Pamuk, et s’il a tant de succès à l’étranger, c’est UNIQUEMENT parce qu’il dit du mal de la Turquie.

D’ailleurs, ce vieux Kemal Kerinçsiz l’a bien compris : "le prix donné à Pamuk n’est donné ni à un Turc, ni à la nation Turque". Il ajoute même "le peuple turc ne pardonnera à Pamuk que si il REND LE PRIX et s’il fait des excuses publiques". Pamuk est "parfaitement au courant qu’on ne lui a remis ce prix que parce qu’il a dit que 1000000 d’arméniens et 30000 kurdes avaient été tués dans ce pays"...

Eh oui, si on est démocrate et apprécié à l’étranger, c’est parce que tout le monde en veut à la Turquie... de même, la reconnaissance internationale de Nazim Hikmet, déchu de sa nationalité turque et mort en exil, ou de Yilmaz Güney, mort en exil, n’est qu’une des stratégies perverses de l’anti-Turquie judéo-arménienne internationale...

Ce courageux guignol se voit systématiquement ridiculisé par des juges qui l’écoutent d’une oreille distraite et acquittent illico les agents de l’impérialisme. Baskin Oran avait proprement terrassé le procureur auteur de l’acte d’accusation consécutif à une plainte de Kerinçsiz en démontant point par point son brûlot, avec un mépris jouissif...

"L’"existence d’une minorité" est un fait sociologique. Il n’est pas du pouvoir de l’Etat de l’accepter ou de le nier. Si dans un pays, il y a un groupe non-dominant qui diffère de la majorité par différents aspects, et qui considère que ces différences sont une partie indissociable de son identité, alors les critères internationaux s’accordent sur le fait qu’il existe une minorité dans ce pays. Et à partir de là, ce qu’affirme l’Etat est sans importance." (trad sandrine alexie) "Ah, ces procureurs que nous voyons aujourd’hui, qui ont tenté de sauver le pays ! Il y a eu un Procureur militaire en 1980, qui disait dans son acte d’accusation : “Dans l’Est s’il neige, alors il gèle ; et quand on marche dessus, cette neige produit les sons khart-khurt. Le nom Kurde est dérivé de cela, donc il n’y a pas de groupe appelé kurde”. Bon, c’était lors du coup d’Etat militaire, alors nous pouvons comprendre. Nous nous disons : “Ce procureur n’a jamais entendu parler de la blague sur Hayri le canard”. Il y en a un autre, qui dans les années 1970, nous explique dans son acte d’accusation : “Les mots Turc (Türk) et Kurde (Kürt) sont une valeur commune combinée, composée de l’assemblage des mêmes lettres ". Il nous apprit ainsi que les lettres T, Ü, R et K sont les mêmes, alignées différemment et donc que les Kurdes sont en fait des Turcs. Et comme si ça ne suffisait pas, le même procureur militaire a pu dire, dans son acte d’accusation, que je vais lire verbatim, tellement c’est dur à croire : “Le nationalisme turc n’est jamais raciste, en accord avec notre Constitution. Au contraire, au lieu d’une vue raciste abstraite, il accepte un racisme national idéaliste, progressiste, unificateur basé sur l’unité d’une même culture et d’une même destinée.”Mais bon, c’était le coup d’Etat militaire, alors que ça nous plaise ou non, nous disons d’accord, nous comprenons." Mais en 2006, nous ne comprenons plus du tout. Dieu merci, il n’y a plus de dictature militaire maintenant, mais une Turquie qui s’avance sur le chemin démocratique qui mène à l’UE.

La suite est en ligne, et est du même tonneau ! Un vrai bonheur... Je ne résiste pas à citer ce morceau de bon sens

"Par exemple, l’article 39/2 de Lausanne se lit comme suit : “Tous les habitants de la Turquie, sans distinction de religion, sont égaux devant la loi.” Maintenant je souhaite pouvoir repérer celui qui interpréterait ça comme un “droit des minorités” puisqu’il ne parle même pas de “majorité”. Il n’est même pas fait mention de “nationaux” mais des droits de “tous ceux qui habitent en Turquie”, étrangers ou nationaux. Saviez-vous que cet article 39/2 était la proposition de la Délégation du gouvernement d’Ankara à la conférence de Lausanne ? Avez-vous jamais songé que si l’art. 39/2 avait été appliqué, c’est-à-dire que si l’Etat ne l’avait pas violé constamment jusqu’à nos jours, nous n’aurions pas ce problème stupide concernant les émissions de radio ou télévision en des “langues autres que le turc” ? N’avez-vous jamais pensé que sans de tels problèmes, le nationalisme kurde n’aurait jamais gagné en force ?"

Ca tombe sous le sens, mais ça reste d’une élévation de pensée totalement inaccessible à l’establishment turc ! Il est CLAIR, que si un enfant est éduqué dans sa langue maternelle, il voudra prendre les armes contre son pays. Le fait qu’après 80 ans de république négationniste les Kurdes soient toujours là et posent toujours problème n’effleure pas les courageux croisés : la seule solution est la répression, le fusil dans le dos de chaque citoyen.

Pour en revenir à Kerinçsiz, il est également responsable des procès contre Hrant Dink le journaliste turc arménien, de l’interdiction de la conférence arménienne prévue à l’université de bogaziçi, d’une tentative d’interdiction de la conférence sur la question kurde, et du procès de 5 journalistes ayant critique la décision d’interdiction de la conférence arménienne susdite. Il s’est aussi distingué en tentant de faire interdire la venue du Katolikos arménien en juin... C’est en le voyant en photo que j’ai réalisé que j’avais même touché de mes mains le grand homme, le repoussant (contrairement à ses séides au poil ras, il est tout petit et pas franchement impressionant) alors qu’il tentait de m’éjecter avec d’autres d’une exposition sur les émeutes de septembre 1955 en septembre 2005 !

Selon un article du journal Yeni Safak, Kerinçsiz a des fréquentations édifiantes dans les milieux négationnistes et l’Etat profond. Il a notamment participé en avril 2006 à une cérémonie visant à réhabiliter un fonctionnaire ottoman responsable de massacres d’arménien et pendu par le gouvernement provisoire de Mustafa Kemal. La filiation idéologique de ce triste cuistre n’est donc même pas "ultra kémaliste", elle remonte directement au comité union et progrès, aux fondement du nationalisme turc de la fin du XIXème siècle, aux inspirateurs de la "turquification", des émeutes anti-chrétiennes de septembre 1955, des massacres de 1895 et de 1915, aboutissant aujourd’hui aux caciques de l’Etat profond, du MHP, en passant par l’idéologue du MHP Atsiz, qui parvenait dans ses écrits à prouver dans ses écrits que les kurdes n’existaient pas mais qu’ils étaient quand même inférieurs, au colonel Türkes arrêté après la seconde guerre mondiale pour avoir tenté de pousser la Turquie dans le camp Nazi...

La suppression de l’article 301 permettrait à la Turquie de s’économiser une publicité négative dont elle n’a que trop peu besoin, et de mettre hors d’état de nuire des gens comme Kerinçsiz...

Le gouvernement AKP, soutenu en cela par le CHP (membre de l’internationale socialiste, rappelons le), se refuse, malgré les appels répétés de l’UE et des progressistes turcs, à retirer cet article, sous le prétexte que cet article ne constitue pas une entrave à la liberté d’expression et protège la république. On rappelle que la constitution militaire issue du coup d’état du 12 septembre 1980 affirmait protéger la liberté d’expression "SOUS RESERVE DE" (s’ensuivait une liste interminable de cas particulier rendant dans les faits impossible la moindre critique). La Turquie, citadelle assiégée, sous les menaces des ennemis de l’intérieur et de l’extérieur, ne peut se permettre de laisser ses citoyens attaquer les fondements de la république…

vendredi, novembre 03, 2006

Le MP3 de la semaine

Aujourd'hui, je vous propose d'apprendre les "tics" nécessaires à toute conversation turque, grâce à cet excellent morceau des moustachus de Baba Zula: les paroles se composent exclusivement de ces parasites verbaux qui parsèment la conversation des jeunes turcs et turques "iste" "ya" "ondan sonra" et autre "yani" équivalents de nos chers "beeenh" "euuuh" et horripilant "'..'fin". Loin de moi l'idée de critiquer, je les emploie moi même à foison... en Turc!


jeudi, novembre 02, 2006

Réponse à Ara Toranian

Rebond gonflé de mauvaise foi dans Libération, signé par Ara Toranian, rédacteur en chef du magazine « nouvelles d’Arménie ». Inutile de revenir sur son passé d’activiste au sein de l’ASALA, je préfère me concentrer sur ses propos les plus récents. Après tout, comme le dit Patrick Devedjian à propos de son escapade au sein du mouvement « Occident », tout le monde peut faire des erreurs de jeunesse.

Ara Toranian met les protestations internationales qui ont suivi le vote par un parlement désertique de la loi sur la pénalisation de la négation du génocide arménien sur le compte du néo-jacobinisme et du refus de l’altérité. Rien de moins. On apprend donc que l’ensemble de la classe politique européenne et des intellectuels progressistes turcs et arméniens de Turquie sont des néo-jacobins. Il m’avait jusque là semblé qu’ils se battaient justement au contraire contre les jacobins turcs qui ont adopté à la fondation de la république le jacobinisme français en le poussant jusqu’à l’absurde. Mea Culpa.

Que cela plaise ou non à M. Toranian, les Arméniens de Turquie, de Hrant Dink au Katolikos Karenine II ont condamné cette loi liberticide. Hrant Dink, rédacteur en chef du quotidien arménien Agos a même déclaré qu’il viendrait en France se faire condamner pour que « ces deux mentalités irrationnelles se rejoignent pour me mettre en prison" .Cette initiative révèle pour lui "à quel point ceux qui nuisent à la liberté d'expression en Turquie et ceux qui cherchent à lui nuire en France ont la même mentalité". Il est rejoint en cela par son confrère Etyen Mahçupyan, journaliste arménien du quotidien Zaman, "Les actions dans le style de celle menée au Parlement français sont maladroites. Elles rapprochent la population turque de l'Etat, qui peut d'autant plus facilement la manipuler". Le rédacteur en chef d'un petit journal arménien appelle lui la diaspora a sortir de son rôle de victime et à arrêter de regarder vers le passé, glissant une petite pique sur le nécessaire développement de l'Arménie, peut être un peu plus important...

Mais tout cela avait été dit et redit il y a plus de deux semaines lors du vote de cette loi. Ara Toranian tente de réchauffer un débat qui, semble-t-il, s’était soldé par un embarras diplomatique pour la France, une énième poussée de nationalisme en Turquie, un boycott vite avorté des produits français, et un accord général en France pour dire que cette loi ne serait jamais entériné par le Sénat et tomberait des les poubelles de l’histoire. Selon M. Toranian, les 106 députés qui ont voté cette loi « connaissent bien le problème pour avoir dans leur circonscription des rescapés du «pays de l'épouvante» ». On apprend donc qu’être élu d’une circonscription donne des compétences d’historien. M Strauss Kahn, élu de Sarcelles, devient donc par la grâce de Dieu un expert des massacres d’Assyrien à la même époque. Les députés qui avaient fait voté la loi sur le rôle positif de la colonisation ont donc injustement été brocardés : étant les élus de circonscriptions abritant de nombreux Pieds-noirs, ils étaient très bien placés pour parler. Mieux encore, les députés ont « défendu l’honneur et la noblesse du Parlement ». Une loi votée dans un hémicycle désert par des députés en quête de réélection devient donc un acte chevaleresque, protégeant la république contre les méchants historiens « promoteurs d'un libéralisme sauvage de la connaissance historique ». La formule est splendide et mérite qu’on s’y arrête : certaines recherches sont légitimes, d’autres ne le sont pas, le parlement devrait tenir le rôle d’une haute chambre validant ou invalidant ce qu’il est possible de dire. On verra bientôt M. Toranian militer pour l’imposition en France d’un article 301 alafranca, qui lui permettra de devenir le pendant de l’inquiétant avocat ultranationaliste turc Kemal Kerinçsiz, sautant à la gorge de tout imprudent se permettant de dire du bien de la Turquie. M. Toranian réclamait en avril 2005 dans une interview donnée à l’Express le droit pour l’Arménie, menacée par 70 millions de Turcs et 10 millions d’Azeris, le droit d’exister. Faudrait-il attaquer M. Toranian en justice parce qu’il nie le fait que 15% du territoire Azeri, vidé de sa population musulmane, est actuellement occupé par l’Arménie, fait reconnu et condamné par la communauté internationale ? S’ériger en grand inquisiteur de l’histoire nécessite peut être un minimum de bonne foi et l’abandon d’un esprit partisan…

Mais le plus navrant dans ce texte reste l’impression que pour M. Toranian, cette loi n’est qu’un problème franco-français. Les réactions courroucées de la commission européenne, du prix nobel de littérature Orhan Pamuk, des intellectuels qui avaient luttés pour organiser la conférence arménienne d’Istanbul il y a un an ne l’atteignent pas. A l’en croire, la communauté arménienne de France est assaillie de toutes part par des hordes de Turcs assoiffés de sang, le négationnisme tient le haut du pavé, les agents de la Turquie sont partout. Le problème, c’est que cette loi n’empêchera pas les nationalistes Turcs en France de continuer à prétendre que l’Empire Ottoman n’a jamais massacré les Arméniens, mais qu’au contraire les arméniens ont génocidé les Turcs. Cette loi n’interdira pas à des « Comité Talat Pasa » de défiler en Allemagne. Elle donnera par contre des armes à ces mêmes nationalistes pour étouffer dans l’œuf le début de « dégel » entrevu en Turquie ces dernières années. Quand un pays au passé aussi chargé que la France se permet de donner des leçons, les loups gris ont beau jeu de hurler au complot international quand Hrant Dink, Baskin Oran, Murat Belge, Orhan Pamuk ou Elif Safak tentent dans leur pays de faire tomber les tabous.

Le vrai enjeu aujourd’hui, c’est le progrès de la démocratisation en Turquie, pas la tranquillité d’esprit de la diaspora arménienne en France. Mais une Turquie réellement démocratique, débarrassée de ses carcans idéologiques, en paix avec sa conscience, voilà qui enlèverait le pain de la bouche à M. Toranian. Il a raison quand il dit que la république turque s’est construite sur le cadavre d’un peuple. Mais il oublie de préciser que le fondement de l’identité et de l’unité de la diaspora, c’est le génocide et une vision du Turc qui est restée figée en 1915…

mercredi, novembre 01, 2006

Le Kurdistan sous les eaux

Des inondations exceptionnelles ont déja fait 20 morts au Kurdistan turc, dont 14 mortes dans un Dolmus circulant entre Diyarbakir et Mardin. Elles touchent notamment Diyarbakir et Silopi (ville frontière avec l'Irak), mais aussi à Batman, Urfa, Van et Sirnak. Difficile à croire quand on a vu ces villes en été sous la sécheresse...



Le village de çinar (source Firat)

Des centaines d'habitations sont sous les eaux à Diyarbakir, métropole où se sont agglutinées dans des bidonvilles les villageois chassés par les opérations de l'armée dans les années 1990. Ces inondations sont considérées par l'agence Firat comme la pire catastrophe naturelle dans la région depuis 50 ans.