mardi, juin 28, 2005

Refugee Law aid project

Decidemment ca s'emballe, je passe le lundi apres midi au bureau de RLAP a Tünel. Je pense pouvoir largement remplir mes 8h par jour 5 jours par semaine ici: les permanents me dressent un tableau impressionant du travail que je peux accomplir. Je vais pour l'instant y passer la moitie de la semaine, avant de lacher progressivement le bureau d'HCA. En attendant je sympathise nettement plus avec mes nouveaux collegues: Vitallina (Ukriane) Isabelle (France!), Rachel (Canada), Helen (Irlande), sans parler des multiples turcs et benevoles africains qui se bousculent dans les couloirs.
Manu lui me met un peu de pression pour le projet Gurminç. J'avoue que l'ecoute du premier stock de CD's m'a passablement deprime: Une pop tadjike immonde avec des orchestrations rappelant les pires moments de Thierry Hazard ou "Debut de soiree". Un VCD me permet toutefois de constater que la mini jupe en cuir est une valeur sure a Douchanbe. Je me propose d'organiser un travail de Lobbying demandant l'interdiction du Synthe tout sale sur le territoire Tadjike comme cause d'hygiene nationale, mais Manu me rassure, y a de la production de qualite qui arrive. On oublie donc la version de "Bye bye Daddy Cool" en Tadjik avec danseurs deguises en ours...

World Tribunal On Iraq, Irak Dünya Mahkemesi

Eh bien c’était ENORME. La soirée inaugurale de vendredi m’avait laissé une impression de grand rallye pour jet-set alter-mondialiste : concert d’Erkan Oğur dans un cadre hors du temps, le « Darphane », annexe du palais de Topkapı.

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C’était en fait me semble-t-il un atelier de monnaie. Dans la cours déambulent des marxistes américains, des activistes Coréens déguisés en Georges Bush, une vieille argentine des « mères de la place de main », un Mexicain du Chiapas...Je tique un peu sur une Américaine longiligne portant un t-shirt « Fight for Fallujah » largement décolleté, mais je m’abstiens de lui signaler qu’avec cette tenue elle s’y serait fait promptement lapider.

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La réunion des volontaires me fait présager une grande place laissée à l’improvisation, j’y rencontre mes collègues pour trois jours. Gökçe et Arda, jeune couple de retour d’un volontariat en ONG en Inde, Elif, et Melih. Notre boss Sinan d’HCA nous explique vaguement notre tâche, qui consistera essentiellement à aider les journalistes.

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Je suis sur le pied de guerre le lendemain à 7H30, et suis promptement amené sur place par le Tramway flambant neuf qui relie Kabataş à l’aéroport, en passant par Sultanhamet : à l’exact opposé de celui de bordeaux : il est moche mais il est climatisé et il marche.

Le tribunal est une énorme machine: 150 journalistes locaux et internationaux, environ 800 participants et une cinquantaine d’intervenants, environ 15 « jurés de conscience » au C.V impressionnants, tous activistes pour les droits de l’homme dans leur pays.

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La présidente du tribunal est la sublime Indienne Arhundati Roy, que j’aurais bien demandé en mariage une rose entre les dents si elle n’avait pas 55 ans (et un mari riche). Son apparition au bureau d’HCA jeudi après midi m’a valu une luxation de mâchoire.

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J’ai l’honneur d’imprimer son discours inaugural et de le photocopier à l’usage de la presse. Cela me vaut un sourire radieux et un « Thank youu thomass » qui paient au centuple trois jours de bénévolat. Dûment encarté et en-tisheurté, je n’ai que peu l’occasion de suivre les débats. Mon job ingrat est simple : recevoir les journalistes, les accréditer, discuter avec eux de leurs souhaits d’interviews, et me lancer à la recherche de personnalités dont je ne connais que le nom, dévalant les pentes du Darphane sous le soleil de plomb une bonne cinquantaine de fois par jour.

Parfois la chance sourit, et je tombe nez à badge avec la « cible ». Parfois c’est plus dur, et je provoque une interview pour CNN avec un peintre Irakien, vaguement homonyme du journaliste irakien que je cherchais. A ma décharge il m’avait été indiqué par deux moustachus irakiens en pause café. Il s’avère pourtant (ouf) que j’ai eu le nez creux, puisque le peintre en question a passé deux jours à la douane de Diyarbakir pendant que la police analysait ses tableaux, soupçonnant un nouveau système révolutionnaire de transport de cocaïne dans la peinture blanche. Saalam Omar est donc passablement remonté et le fait savoir. Ayşe Gül de CNN Türk me considère probablement comme son assistant personnel et je parviens à lui rabattre en deux jours une bonne moitié du jury, rappelé à l’ordre sur mon portable quand je manque à mes devoirs. La voici avec l'irakien Saalam Al Jaboorie, journaliste a Bagdad et membre du Jury.

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Je bosse aussi intensivement avec l’AFP, TV5 et RFI, ainsi qu’avec l’AFP local DHA.

A 16h pétante je me sauve, pour un long trajet en Tramway/Métro à travers la vieille ville puis les banlieues interminables jusqu’à l’aéroport. Ma copine réceptionnée, sa valise montée et un plantureux repas avalé chez ses parents, je parviens, totalement claqué à me traîner jusqu’à chez moi et à m’écrouler devant un navet sur CNBC.

Le réveil du samedi matin est cruel, mais les affaires reprennent vite pour une nouvelle journée de cavalcades sur les pavés ottomans. Les discours se succèdent, les intervenants sont tous de carrure internationale : du fondateur du tribunal sur le Vietnam en 1967 (le jovial Belge François Houtard), aux ex pontes des Nations Unies Hans Von Sponneck et Denis Halliday, démissionnaires pour protester contre l’embargo infligé à l’Irak entre 1991 et 2003, en passant par l’activiste Malaisien Chandra Muzaffar, le journalistes Mark Manning (Planqué à Fallujah pendant le siège), le vétéran de l’US air force Tim Goodrich, le sociologue Samir Amin.

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J’ai l’occasion de tous les approcher, carnet de rendez vous en main, pour les convaincre d’accepter leur dixième interview de la journée. Le thème imposé par Jérôme Bastion de RFI est plutôt contraignant : « aujourd’hui trouve moi de la femme irakienne, c’est ma journée femme ». Sympa, mais galère de repérer des « Souad Al Ali Al Rhaman » écrit en police 8 sur des badges. Beaucoup de gens ont dû penser pendant ces 3 jours que je faisais un fétichisme sur les nombrils, vu le temps que j’ai passé en approches subtiles pour parvenir à zyeuter les badges des participants. Je mastérise pourtant Samedi la moitié du panel de personnalités, ce qui me vaut une double charge de travail vu que je dois maintenant orienter mes collègues peu physionomistes sur les bonnes personnes. Bonne ambiance au « press room », et je sympathise avec Melih, turquette rigolote et au parcours personnel atypique.

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Née en Suisse, confiée à ses parents à sa mémé à Erzincan (Est), elle y apprend le Kurmanci (kurde), mais doit émigrer à Istanbul en 1991 à la suite d’un gros tremblement de terre. Le tout lui forge une sacrée personnalité, qui la pousse à m’interdire formellement de lui parler en anglais. Le reste des volontaires est fortement prié de faire de même, et je me retrouve donc pour la première fois à travailler en turc. On prend vite le pli, et je fais vite sensation au Q.G de l’organisation à gueuler au téléphone en turc sur des journalistes en retard à leurs interviews, les menaçant de refiler leur « client » aux vautours tournant autour.

Il y a des demandes d’interview particulières, des journalistes exigeants qui veulent qu’on leur amène le client juste là, sous l’arbre dans la petite cour : il est dangereux d’effectuer de longs trajet, le risque étant qu’un indésirable mette le grappin sur le colis pendant que j’ai le dos tourné. J’escorte brièvement Chandra Muzaffar et son fauteuil roulant avant de me faire éjecter par le volontaire spécialement attaché au poussage de fauteuil et très jaloux de cette prérogative. L’ambiance générale est excellente, l’exiguïté du cadre faisant se mélanger journalistes, spectateurs, volontaires et personnalités. Les activistes coréens aux masques de Georges Bush massacrent imperturbablement un globe terrestre en mousse à coup de massue géante en plastique et distribuent des badges (j’en ai droit à un bon stock pour les avoir aidé à récupérer leurs affiches qui s’envolaient),

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le président du conservatoire musical de Bagdad (détruit par les bombes US) s’installe sur un tabouret avec son Oud et les irakiens présents reprennent ses chants en cœur.

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Un « happening » morbide tempère cette ambiance de kermesse : les irakiens déploient une toile de cinquante mètres de long portant les photos d’innombrables bébés et enfants irakiens affreusement mutilés.

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Le dimanche, un groupe de militants pacifistes turques nous rappellent à grand bruit que l’objecteur de conscience Mehmet Tarhan a été envoyé de force à son régiment à Erzurum, où il croupit probablement au cachot.

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La municipalité d’Eminönü se distingue en annulant le concert final de Mor ve Ötesi, pour « ne pas avoir l’air de cautionner une action anti-américaine. », ce qui lui vaut une belle manif de volontaires et de pacifistes près du marché égyptien. (200 manifestants, 500 policiers (ratio généralement observé).

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Je ne peux finalement souffler qu’une heure après la clôture, le retard pris ayant poussé la modératrice à annuler les pauses café. Je suis donc forcé de sauter sur mes proies dès le discours de fin d’Arhundati Roy (raaah lovely) terminé dans une standing ovation, et je parviens en l’espace de 10 minutes à obtenir mes dix dernières interviews pour des journalistes surexcités stressés par leur bouclage. Croyant pouvoir partir je suis attaqué par deux reporters voilées en tenue d’islamistes de choc, qui veulent un reportage avec une activiste indienne pour le lendemain. Je replonge dans le bordel ambiant de la salle d’audience, slalomant à la recherche d’un hypothétique sari rouge et noir. Je d’abord induit en erreur par un sari noir et rouge qui m’oriente aimablement sur la bonne personne, laquelle, charmante, me laisse le numéro de sa chambre d’hôtel et donne rendez vous aux deux kapalı (« fermées » = voilées). Un seul échec, je n’ai pas réussi à traîner Miguel Anjel, avocat du Chiapas, vers son interview avec un journaliste de Cumurhiet, lequel part finalement la mine défaite et la moustache tombante 5 minutes avant l’arrivée du Mexicain. Je frôle la crise de nerf quand l’envoyé d’ « Express » me fait faux bond alors que j’ai enfin réussi à lui amener sur un plateau en salle de presse l’irakienne Emann Khamas, le graal de ma journée. Il se pointe finalement au pas de course après un coup de téléphone impérieux de ma part. (Il me l’avait demandée environ 10 fois dans la journée)

Le verdict du tribunal tombe le lendemain à 11h à l’hôtel Armada. Pas de surprise Bush et Blair sont déclarés coupables des crimes de guerre énoncés pendant trois jours durant avec force témoignages, chiffres, preuves à l’appui par un tribunal mondial impressionnant de sérieux.

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Je retire une certaine exaltation d’avoir contribué à cet événement, et un réel engouement pour cet embryon de société civile mondiale. On retiendra que j’ y étais, si l’on omet les deux journalistes, le seul représentant français (et si peu !!), les t… du c…d’ATTAC et consorts étant trop occupés à se reposer sur leurs lauriers post-non pour prendre part à des actions réellement décisives pour « un autre monde » potentiel. La présence de Malaisiens, Argentins, Indonésiens et autres Philippins écarte d’office « l’argument géographique », pourtant si souvent invoqué en France quand on parle de la Turquie

mercredi, juin 22, 2005

Nouvelles du boulot

Oui au fait hein, qu'est ce qu'il fout le tom a Istanbul

Je passe quand meme bien 7h par jour au bureau! Rien de bien folichon, pour l'instant une "survey" sur "Islam and Democracy" qui consiste a digerer un max de textes, de noms bizarres et a trier l'ivraie du bon grain, entre vrais reformistes et gros matous islamistes, main de fer dans gant de velours. Je suis alle pointe mon nez a RLAP (Refugee law aid program) et en suis revenu avec un emploi du temps bouleverse: je risque d'y passer 3 jours par semaine sur diverses missions que je detaillerai plus tard!

Ce WE je suis benevole au World Tribunal on Irak, appointe par HCA pour les relations avec la presse. Ca promet, mais j'ai deja signale que je secherai le vendredi apres midi pour faire le pied de grue a l'aeroport. Merde quoi, crimes de guerre peut-etre mais il y a des priorites dans la vie.



Qu'y-a-t-il de plus con qu'un gendarme?

Vous connaissez la suite. La soiree d'hier a probablement vu un des evenements les plus surrealistes qui me soient arrives en Turquie, au moins a egalite avec les couilles de moutons fourrees degustees au Kurdistan. En hommage a Jack Lang (non je deconne) j'ai reussi a convaincre Corey de jouer dans la rue pour la fete de la musique. Comptant 10 morceaux a notre repertoire, nous campons sur la place du lycee de Galatasaray et commençons a jouer. Quelques fans allemands rameutes par Katherine et Judith forment le noyau d'un groupe qui s'elargit vite. Les Turcs sont un peuple de musiciens doubles d'une bande de curieux insatiables, et le duo flute violon tranche singulierement avec l'habituel saz-darbuka des musiciens de rue stanbouliotes.

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Tout va bien donc, et les pieces sonnent dans l'etui a violon de Corey. Nous attaquons "king of the fairies" et quelques lascars esquissent un pas de danse irlando-anatolien. Soudain deux casquettes surgissent dans mon champ de vision. Baissant les yeux, je m'aperçois que les casquettes reposent sur deux tetes pas aimables, a l'oeil ne luisant pas particulierement d'intelligence. "King of the faeries" s'arretent en un couinement, et le dialogue s'engage.

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Moi "Sorun ne?" (il y a un probleme?)

Lui "Ne yapiyorsunuz"? (que faites vous?)

Moi "Musik çaliyoruz be!" (on joue de la musique tiens!!!)

Lui "Ce n'est pas possible, arretez"

Moi (fort) "Yasak mı???" (c'est interdit??)

Lui "C'est interdit de provoquer des attroupements"

La ca devient drole en terme d'attroupement, en 2 secondes les deux graines de fascistes sont encadrees par une cinquantaine de nos fans et se font agonir d'injures.

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Le leader, une petite bonne femme bien sapee leur fait comprendre qu'ils peuvent repartir d'ou ils viennent, que les gens veulent ecouter la musique et que il n'y a pas de loi contre la musique. Je glisse perfidement "Neyse, bir yasa varsa, onu görmek istiyordum" (en tous cas si il y a une loi j'aimerais la voir). Le flic se courrouce, fait mine de m'empoigner le bras pour m'embarquer. Grondement dans la foule. Un gars, tres calmement "On veut rentrer dans l'UE, dans l'UE on arrete pas les gens qui font de la musique" (euh, dans l'UE peut etre, mais attend que Sarko arrive...). Ca gueule, les deux cretins sont debordes et battent en retraite. La foule applaudit et les gens se congratulent. Je suis franchement mort de rire et pete un petit "aires de pontevedra" pour le fun. Tout de meme peu desireux de voir debarquer la police anti-emeute, on plie bagage et on retourne jouer pres de Tünel.

Rien de bien croustillant cette fois, tres bonne ambiance, et un petit roux barbu ravi vient me glisser a l'oreille "We're from Bangor" (vu l'accent je pense que c'est plus Bangor, Ulster, que Bangor, Pays de galles).

Bilan de la campagne: 23 millions recoltes!! (92 francs!), depenses comme vous le voyez a bon escient chez Mado.

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mardi, juin 21, 2005

African Communauty World cup

Le Samedi Midi c'est...pas ravioli non, (ils ont recemment diffuse la vie est un long fleuve tranquille en VO...) mais en tous cas distribution de bouffe pour les refugies a l'eglise sainte trinite (aya trinita) de Taksim. Ecrasante majorite d'Africains, avec ca et la un ou deux irakiens, chretiens le plus souvent. Le principe est simple, on donne son nom, on se fait cocher sur une feuille par les charmants benevoles, et on recoit un ticket bouffe. Pas franchement ambiance resto du coeur, ca braille, ca rigole, ca vanne, et c'est souvent content de pouvoir enfin parler français avec les "autorites". Ca se fout aussi doucement de la gueule d'i-celles (premiere fois que je la place celle la...) si j'en crois quelques noms douteux sur la liste: Fidele de Castro??? John Scarface???, pas bien important, la liste n'a pas tellement d'allure de toutes façons et gagnerait a etre vite inofmatisee. Je papote avec un jeune ivoirien (mon age je pense, malgre le fait qu'il ait une fille a Abidjan), qui a le manque de bol d'etre d'une ethnie du nord, equivalent local des "citoyens de seconde classe" denonces le 21 mars par le chef de l'etat major turc. (les kurdes quoi). Il a prefere fuir le bordel ambiant, aggrave par la France, (il est effare de voir un "français" abonder dans son sens...) de la zone rebelle, se barrer au Burkina, se payer un passeport burkinabe et debarquer a Istanbul.

L'apres midi, evenement international au stade de Feriköy (10 min de bus, 45 min d'attente): la coupe des refugies: une dizaine d'equipes nationales, en vrac Nigeria, Soudan, Tanzanie, Senegal, Somalie, Ethiopie je crois, et j'en oublie. Ceremonie d'ouverture minimaliste mais toute mimi: des gamins porte drapeaux font semblant de defiler au pas sous les ordres desesperes de l'organisateur, mais passent le plus clair du temps a se chamailler en turc. J'avoue scotcher en voyant une petite black rasta traiter un autre mome de "salak" (cretin) au grand bonheur de la tele turque qui tient son image du jour.

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Un poil enervant le journaliste qui tentait avec ses gros sabots d'extorquer des aveux de travail illegal a un groupe de refugies (c'est vrai, si les etrangers viennent piquer des emplois dans l'economie parallele (40% du PIB je crois), ou va-t-on.) Malheureusement les Africains professent tous une inactivite totale. "But how do you live?" "Oh, like you, it's easy". Le journaleux en est pour ses frais!
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Le match Nigeria Tanzanie se joue sous un soleil de plomb, mais je profite de l'ombre de la tribune VIP (le toit des vestiaires), et est pas franchement equilibre. 5 a 0 au final pour les green eagles, comptant dans leurs rangs un ex futur joueur de Besiktas arnaque par son agent et bloque en Turquie sans papiers depuis. D'apres Corey le gardien jouait en equipe nationale, mais je me mefie de ses connaissances en "Soccer". Est ce que je me mele de base-ball moi?

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Samedi prochain c'est Senegal Soudan, mais je doute que l'arrivee de ma douce Vendredi me laisse le loisir d'y assister.

Les photos seront publies des que j'aurai eu le courage de mettre les photos sur ma clef USB pour les transferer ici...

jeudi, juin 16, 2005

Chaton et kurdes

Partis jeudi dernier avec Roshanak pour rencontrer les parents de Günce (graphiste, roshanak veut des contacts dans le milieu), nous revenons avec sous le bras le dernier chaton de la portee. Adopte par le jeune couple, baptise "Fri-wenn" par mes soins (nez blanc en breton), le monstre squatte actuellement mon appart pour cause de visite familiale chez manu. Il manifeste une etonnante predisposition pour s'endormir tout beat dans le giron des frauleins venues lui rendre visite, une autre pour attaquer sauvagement les pieds imprudemment glisses sous la table du salon.

Venue voir la bete, Arzu, avocate travaillant au consulat allemand, est la preuve que tous les turcs ne sont pas totalement infectes par le nationalisme qu'on leur fourre dans le crane des le plus jeune age: fan de musique armenienne et kurde, elle profite de la recente detente pour visionner frenetiquement les films kurdes interdits pendant des annees. Les disquaires de l'Istiklal ont d'ailleurs vite pris le pli, et le rayon "Kürtçe" explose: les artistes kurdes, auparavant vendus sous le manteau ici ou ouvertement en Allemagne figurent en bonne place dans les bacs, le grand Şivan Perwer en tete. Sacre bonhomme qui realise la prouesse d'etre a la fois deteste par les nationalistes turcs ET le PKK, ce qui est plutot bon signe!!

Pas loin de Tünel, je passe dans une maison d'edition kurde recuperer un bouquin pour un ami en France. Evidemment on en est pas encore au pignon sur rue, et le local est pas reluisant. Une piece remplie de piles de livres, un ordi et un barbu dedans (la piece, pas l'ordi). Sympa comme tout le barbu, meme si un peu inquiet au debut de me voir debarquer. On papote une demi heure autour d'un the et d'une cigarette (je ne refuse pas les cigarettes ici, c'est mal, mais socialement preferable avec les inconnus)(theorie fumeuse?). Originaire de Mardin, il a appris le turc a 7 ans et son accent s'en ressent. Progres notable par rapport a mon premier sejour au Kurdistan il y a deux ans, JE COMPRENDS TOUT, il suffit de ne pas se laisse effrayer par les K prononces comme des C'H bretons (j espagnol pour les incultes). Comme le disait Theophile Gautier a propos de cette sonorite bretonne, il suffit de faire comme si on essayait de cracher un noyau d'olive du fond de la gorge. Charmant. Il faut savoir qu'ici les non francophones definissent essentiellement la langue française a travers ses "R", horriblement secs et racles selon eux. Et toc.

Pour en revenir au libraire kurde, celui-ci, assez peu commercant, veut d'abord me filer le bouquin gratuit. Il est bien emmerde par mon refus, qui implique de fouiller la piece a la recherche de menue monnaie. Par esprit d'equite, j'accepte de repartir avec en cadeau prime le livre que je feuilletais pendant qu'il recherchait le stock de derniere page manquante (pas encore au point leur boite): la biographie du grand Karapete Xaço, armenien de Diyarbakır, survivant des massacres de 1915 et recueillit par une famille kurde, devenu un des plus grands "Dengbeş" (bardes) du XXeme siecle, et mort en janvier a 103 ans. Personellement ca me secoue les tripes, mais je peux concevoir qu'on n'aime pas, sa voix etant potentiellement capable de provoquer un carnage dans la galerie des glaces de Versailles....





lundi, juin 13, 2005

Silence radio?

Pas de post depuis une semaine suite a un probleme technique: l'absence presumee de port USB sur l'ordinateur du bureau. Probleme regle apres avoir realise que debrancher le Scanner en liberait un. Me voila donc apte a publier quotidiennement les peripeties de ma vie trepidante, agrementees de cliches ebouriffants.
Pour commencer vous trouvez donc ci dessous ce magnifique exemple d'art brut kurde, pris sur le vif apres un retour zigzagant du traditionnel concert tzigane du mercredi soir. Zigzagant parce que la biere reste tout compte fait abordable, et parce qu'une recente theorie elaboree par Corey et moi meme affirme que les pentes de la ville aux sept collines sont moins penibles en tirant des bords, ce qui reste tout compte fait a prouver. Vous admirerez tout de meme la prouesse sportive d'un arret photo en pleine cote, et vous laisse imaginez la difficulte du redemarrage ("je crois que je vais dormir la").

Question boulot je bosse tranquillement sur "Islam et democratie" et doit faire une "survey" des courants reformateurs et democrates du monde musulman. Le plus dur est de ne pas se laisser distraire par "wah, un article de 20 pages sur les coptes en Egypte" ou "Wouhou, un site sur les soufis au Yemen".

Question reste, le train train d'Istanbul est bien installe et je constate avec plaisir que mon alpinisme quotidien (le plus court chemin d'un point a un autre est toujours un escalier de 150 marches) compense avantageusement les portions genereuses des petits restos. Retour hier dans une gargotte pour faire decouvrir l'Iskembe a Corey, avec lequel s'est d'ailleurs installe une relation surrealiste et assumee de "Jedi/Padawan", matiere a pas mal de fous rires a base de repliques cultes.

Decouverte de l'İşkembe donc, soupe de tripes de mouton reconnue mondialement pour ses vertus desaoulantes. A ceux qui s'interroge sur le besoin de se desaouler, je signale que le cocktail "Insolation-Narghile-Mojito-Sucreries" d'une apres midi expat' branchouille sur un toit de galata est particulierement devastateur. Commandant donc deux İşkembe, nous sommes geneureusement fournis par le serveur en Pide chaud, Cacık (yaourt avec ail menthe et concombres), Ciğ Köfte (preparation de bulgur, de viande crue et d'epices, enfin surtout d'epices!!!), the, le tout "on the house". Le meme serveur me rappelle au moment de payer la note que je venais souvent ici il y a deux ans et qu'il se rappelle de moi. Sa tete me disait en effet quelque chose, mais la gargotte avait ete refait a neuf et je n'avais pas fait le rapprochement.
Inutile de dire que ce repas finit de nous achever, et que le reste de la soiree se passe a tenter poussivement de garder les yeux ouverts.

A noter, le duo irlandais se porte mieux, et nous comptons maintenant trois titres a notre repertoire.


Le PKK est franchement dans la merde

Je ne parle pas ici d'un éventuel proces du moustachu AKA "tueur de bébé de sang froid" (apo, pas le bébé) pour certains exités ici, mais de la déliquescence inéluctable de son parti légal, le DEHAP (ne parlons pas du reste...)

Les faits sont accablants, voyez plutot...

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Pour les mal comprenants ou ceux qui ont voté non, j'explique

En haut à gauche le logo du DEHAP donc
En bas à droite un beau signe Anarchiste
En bas à gauche "çöp", ce qui veut dire "ordures" (comme dans "ne jetez pas vos ordures ici", fréquent sur les murs)

Concours de circonstances me direz vous? Que nenni, vous retorque-je, le message est clair quoique codé.

"Au Dehap c'est le bordel, et on est bien dans la merde"

vivement qu'ils libèrent Apo pour qu'il remette de l'ordre....

lundi, juin 06, 2005

Demenagement, Alevis et cholies Frauleins

Pas de nouvelles depuis quelques jours, ne vous en faites pas c'est bon signe! Je m'excuse d'avance pour l'absence d'accents aigus, circonflexes et autre graves, le clavier turc en etant totalement depourvu.

En vrac Vendredi du boulot, et une bonne soiree a Galata. L'appart d'Ansel, mon futur boss pour mon deuxieme stage est parait il "peu pratique a vivre" mais a pour lui une double terrasse sur le toit: premiere terrasse vue sur la corne d'or, Topkapı, Sainte Sophie, etc etc, illumines dans la nuit Stanbouliote: Deuxieme terrasse vue sur le Bosphore et la rive asiatique. On ne se plaint pas. Je revois la plupart de mes connaissances, Srdan le croate, Linda la croato-australienne, Ekin le Turc, et beaucoup d'autres.

Samedi essentiellement consacre au demenagement a Cihangir apres un çay börek avec mon amie Merve: enfim un chez moi! Premiere tentative de duo flute violon avec Corey, assez infructueux. Suivant la charmante colloc allemande Katherine et sa non moins charmante colloc autrichienne Uli, nous allons deux rues plus loin voir Turquie-Grece (Yunanistan) chez des Turcs. Match mediocre mais bonne ambiance. Mon turc progresse gentiment meme si je suis effare par le niveau qu'ont acquis les Allemandes (enfin chermaniques) en quelques mois. Corey a l'air de tomber de la lune, ce qui s'aggrave quand un Tcherkesse charitable tente de lui faire la conversation en anglais (?).

Dimanche, c'est decide, je suis inactif. Grasse mat', puis calage devant mon ordi, bien decide a ne pas decoller de Hearts of İron II, dernier opus de Paradox, editeur de jeu qui a bien du me bouffer 6 mois de ma jeunesse en cumule. L'arrivee de Katherine suivie d'une autre charmante allemande (mais merde ils les reservent pour l'exportation? jamais vu ca en Allemagne moi!) Judith et d'un jeune turc Aytekin (surnom High tech) met fin a ma guerre d'Espagne.

J'accroche tout de suite avec Aytekin: Musicien, danseur pour le groupe Kardeş Türküler, il scotche sur ma MP3teque et nous nous lancons dans une conversation probablement obscure pour les profanes. Rencontrer un turc amateur de musique armenienne et qui ne sort pas son sabre en entendant du Şivan Perwer (chanteur kurde un peu engage sur les bords et longtemps interdit par les autorites....et le PKK!) m'intrigue au plus au point. Mystere resolu autour d'une biere a Örtaköy (dysneyland sur Bosphore): il me parle de son memlekket (pays) au sud de Trabzon et de la liberte qui regne dans son village, visiblement peu porte sur la bigoterie. Je lui demande en rigolant si il y une mosquee: meme pas! J'ai ete un peu lent a la comprenette, mais le jeune homme est simplement Alevi, ce qu'il confirme, ravi que je connaisse!

L'Alevisme est une religion specifiquement turque, censement musulmane mais pas sunnie, adorant Ali, mais pas Chiite, depourvue de Mosquee, İmam et autres tracasseries: le culte, a base de musique et de meditation se passe dans une "Cem Evi", et les specialistes y voient un syncrethisme de rites pre islamiques, de christiannisme et de chiisme. Ouf. En Turquie ils sont peu visibles et engloutis dans les stats officielles: 98% de Sunnites. Sporadiquement persecutes, ils se sont accomodes de la laicite kemaliste et votent massivement CHP. Ils fournissent egalement le gros des cadres des partis d'extreme gauche. L'alevisme ne s'associe pas vraiment a un peuple: il y a des Turcs alevis, et des Kurdes Alevis qui forment une categorie a part. Aytekin lui est turc matine de Tzigane, et donc triplement musicien!

jeudi, juin 02, 2005

Mais que diable allons nous faire dans cette galère

En Turquie en tous cas le "non" inquiète vraiment. Entre les "Fransa'da deprem" (tremblement de terre en france" et les "Fransiz Tsunami" (bon ca se comprend non?), les journaux commentent allégrement l'évenement. Le premier ministre n'est pas en reste, et se demande officiellement dans un discours "voyons ce qu'il restera de l'UE dans 10 ou 15 ans": eh oui, si adhésion turque il y a ce n'est pas avant 10 ou 15 ans, alors si ils doivent faire plein de réformes pour finalement trouver porte close à Bruxelles et un mot "fermé pour cause de connerie française", il y a de quoi se poser des questions.
Maintenant quand on demandera des réformes démocratiques à la Turquie, on verra les souverainistes turcs (les mêmes qu'en France mais avec casquettes et médailles) nettement enclins à céder aux exigences d'une entité molle et sans pouvoirs réels. Pourquoi se faire ch....à tout réformer pour voir le peuple français souverain tout foutre en l'air au final?

mercredi, juin 01, 2005

Boboïsation ??

Retour des Janissaires sur l'Istiklal pour une raison qui m'échappe. En grande formation ils entament une marche guerrière, tambours battants et bombardes (enfin zurna quoi) sonnantes. D'après les chroniqueurs byzantins le seul son des tambours turcs au pied des murailles suffisait à remplir les défenseurs de Constantinople d'effroi (lire l'immense "roman du conquérant" de Nedim Gürsel). Un détail me trouble cependant, nos janissaires de 2005 entonnent un air guilleret et bien connu "Üskudur'a gideriken" (en allant à Uskudar) qui me parait assez peu compatible avec l'époque et l'ambiance de la chute de la deuxième Rome. En tous cas j'imagine mal les hordes révolutionnaires défier l'Europe au son de "La Madelon", encore moins les croisés francs prendre Jerusalem avec à la bouche "ah le pt'it vin blanc". Enfin bon.

Le quartier de Tünel se boboïse à vue d'oeil et sera bientot infréquentable sans y mettre le prix. En attendant on en profite pour une première "soirée bade hane". Le concept est simple, dans un bar d'une (ex) ruelle mal famée, des virtuoses jouent tous les mercredi soir de la musique tzigane de constantinople: clarinette, kanoun, darbuka et saz, turquettes qui se déhanchent et raki qui coule à flot. A 6 liras le raki, contre 3 il y a 3 ans, on paie la renaissance de cet ancien quartier levantin dont les facades sont ravallées une à une et dont tous les pas de portes se transforment en bars branchouilles. Le premier raki passe assez mal, mais comme la musique et l'ambiance elles ne changent pas, on se dit que la bière c'est bien aussi et on profite.

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Et puis bobo ou pas, il reste possible de tomber au coin d'une rue sur un groupe de musiciens de rue bourrés qui font stopper net les passants. Impossible de voir en France cette culture commune, ce répertoir national de chansons populaires...A Tünel actuellement un festival des arts de la rue. Pour les Turcs, encore plus badauds que les français c'est du nouveau et des attroupements parsèment l'Istiklan à partir du Lycée de Galatasaray. Après avoir vécu à Lille Bordeaux ou Rennes, j'ai tendance à fatiguer devant des chevelus en kaki jonglant avec des bâtons. Allez je suis injuste y en avait de très bons, mais détail rigolo leur singerie de parade militaire avec force grimaces ne faisait pas rire grand monde. On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui...

Il y a des choses immuables en Turquie, des choses qui si elles changeaient feraient s'écrouler les bases de la société. Sur l'Istiklal tous les magasins diffusent de la musique. Comme on considère que plus la musique sera forte, plus elle attirera le client, la cacophonie est monstrueuse. Entre le grondement de la foule, les beuglements de divers vendeurs, le MEME p........ de gars qui vend des machins qui imitent le cui cui de l'oiseau (me demandez pas comment ca marche) et qui joue comme il y a trois ans le thème du "Parrain" ("Baba" en turc), et les enceintes des magasins, cette rue a un "sound systeme" spécifique, incomparable. Lors des coupures de courant en hiver (oui quand il neige il fait noir), il y a parfois des moments magiques ou le son d'un coup s'arrête. Puis peu à peu des vrombissements se font entendre et une odeur d'essence monte. En deux minutes la musique a repris, avec en basse continue, en buzzzz, le doux bruit des groupes éléctrogènes. Courageux, dernier au monde peut être, un magasin continue à passer l'insipide "Bêêêêle" de "Notre Dame de Paris". Quand il y a un tube, tous les magasins bien sur le passent. Sur un kilomètre (au bas mot, faut que je me renseigne), on a l'occasion d'entendre 4 ou 5 fois le mêle morceau. Vu qu'il n'ya pas de "comité de coordination du matraquage", on aboutit à des canons surprenant, un morceau commence et finit deux pas plus loin alors qu'à 20 mètres en retentissent les premiers accords. Les vendeurs, eux, ont du "se défoncer les oreilles au tisonnier une bonne fois pour toute" (Desproges, procès de Georges Guétary).