Chaton et kurdes
Partis jeudi dernier avec Roshanak pour rencontrer les parents de Günce (graphiste, roshanak veut des contacts dans le milieu), nous revenons avec sous le bras le dernier chaton de la portee. Adopte par le jeune couple, baptise "Fri-wenn" par mes soins (nez blanc en breton), le monstre squatte actuellement mon appart pour cause de visite familiale chez manu. Il manifeste une etonnante predisposition pour s'endormir tout beat dans le giron des frauleins venues lui rendre visite, une autre pour attaquer sauvagement les pieds imprudemment glisses sous la table du salon.
Venue voir la bete, Arzu, avocate travaillant au consulat allemand, est la preuve que tous les turcs ne sont pas totalement infectes par le nationalisme qu'on leur fourre dans le crane des le plus jeune age: fan de musique armenienne et kurde, elle profite de la recente detente pour visionner frenetiquement les films kurdes interdits pendant des annees. Les disquaires de l'Istiklal ont d'ailleurs vite pris le pli, et le rayon "Kürtçe" explose: les artistes kurdes, auparavant vendus sous le manteau ici ou ouvertement en Allemagne figurent en bonne place dans les bacs, le grand Şivan Perwer en tete. Sacre bonhomme qui realise la prouesse d'etre a la fois deteste par les nationalistes turcs ET le PKK, ce qui est plutot bon signe!!
Pas loin de Tünel, je passe dans une maison d'edition kurde recuperer un bouquin pour un ami en France. Evidemment on en est pas encore au pignon sur rue, et le local est pas reluisant. Une piece remplie de piles de livres, un ordi et un barbu dedans (la piece, pas l'ordi). Sympa comme tout le barbu, meme si un peu inquiet au debut de me voir debarquer. On papote une demi heure autour d'un the et d'une cigarette (je ne refuse pas les cigarettes ici, c'est mal, mais socialement preferable avec les inconnus)(theorie fumeuse?). Originaire de Mardin, il a appris le turc a 7 ans et son accent s'en ressent. Progres notable par rapport a mon premier sejour au Kurdistan il y a deux ans, JE COMPRENDS TOUT, il suffit de ne pas se laisse effrayer par les K prononces comme des C'H bretons (j espagnol pour les incultes). Comme le disait Theophile Gautier a propos de cette sonorite bretonne, il suffit de faire comme si on essayait de cracher un noyau d'olive du fond de la gorge. Charmant. Il faut savoir qu'ici les non francophones definissent essentiellement la langue française a travers ses "R", horriblement secs et racles selon eux. Et toc.
Pour en revenir au libraire kurde, celui-ci, assez peu commercant, veut d'abord me filer le bouquin gratuit. Il est bien emmerde par mon refus, qui implique de fouiller la piece a la recherche de menue monnaie. Par esprit d'equite, j'accepte de repartir avec en cadeau prime le livre que je feuilletais pendant qu'il recherchait le stock de derniere page manquante (pas encore au point leur boite): la biographie du grand Karapete Xaço, armenien de Diyarbakır, survivant des massacres de 1915 et recueillit par une famille kurde, devenu un des plus grands "Dengbeş" (bardes) du XXeme siecle, et mort en janvier a 103 ans. Personellement ca me secoue les tripes, mais je peux concevoir qu'on n'aime pas, sa voix etant potentiellement capable de provoquer un carnage dans la galerie des glaces de Versailles....
Venue voir la bete, Arzu, avocate travaillant au consulat allemand, est la preuve que tous les turcs ne sont pas totalement infectes par le nationalisme qu'on leur fourre dans le crane des le plus jeune age: fan de musique armenienne et kurde, elle profite de la recente detente pour visionner frenetiquement les films kurdes interdits pendant des annees. Les disquaires de l'Istiklal ont d'ailleurs vite pris le pli, et le rayon "Kürtçe" explose: les artistes kurdes, auparavant vendus sous le manteau ici ou ouvertement en Allemagne figurent en bonne place dans les bacs, le grand Şivan Perwer en tete. Sacre bonhomme qui realise la prouesse d'etre a la fois deteste par les nationalistes turcs ET le PKK, ce qui est plutot bon signe!!
Pas loin de Tünel, je passe dans une maison d'edition kurde recuperer un bouquin pour un ami en France. Evidemment on en est pas encore au pignon sur rue, et le local est pas reluisant. Une piece remplie de piles de livres, un ordi et un barbu dedans (la piece, pas l'ordi). Sympa comme tout le barbu, meme si un peu inquiet au debut de me voir debarquer. On papote une demi heure autour d'un the et d'une cigarette (je ne refuse pas les cigarettes ici, c'est mal, mais socialement preferable avec les inconnus)(theorie fumeuse?). Originaire de Mardin, il a appris le turc a 7 ans et son accent s'en ressent. Progres notable par rapport a mon premier sejour au Kurdistan il y a deux ans, JE COMPRENDS TOUT, il suffit de ne pas se laisse effrayer par les K prononces comme des C'H bretons (j espagnol pour les incultes). Comme le disait Theophile Gautier a propos de cette sonorite bretonne, il suffit de faire comme si on essayait de cracher un noyau d'olive du fond de la gorge. Charmant. Il faut savoir qu'ici les non francophones definissent essentiellement la langue française a travers ses "R", horriblement secs et racles selon eux. Et toc.
Pour en revenir au libraire kurde, celui-ci, assez peu commercant, veut d'abord me filer le bouquin gratuit. Il est bien emmerde par mon refus, qui implique de fouiller la piece a la recherche de menue monnaie. Par esprit d'equite, j'accepte de repartir avec en cadeau prime le livre que je feuilletais pendant qu'il recherchait le stock de derniere page manquante (pas encore au point leur boite): la biographie du grand Karapete Xaço, armenien de Diyarbakır, survivant des massacres de 1915 et recueillit par une famille kurde, devenu un des plus grands "Dengbeş" (bardes) du XXeme siecle, et mort en janvier a 103 ans. Personellement ca me secoue les tripes, mais je peux concevoir qu'on n'aime pas, sa voix etant potentiellement capable de provoquer un carnage dans la galerie des glaces de Versailles....
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