Boboïsation ??
Retour des Janissaires sur l'Istiklal pour une raison qui m'échappe. En grande formation ils entament une marche guerrière, tambours battants et bombardes (enfin zurna quoi) sonnantes. D'après les chroniqueurs byzantins le seul son des tambours turcs au pied des murailles suffisait à remplir les défenseurs de Constantinople d'effroi (lire l'immense "roman du conquérant" de Nedim Gürsel). Un détail me trouble cependant, nos janissaires de 2005 entonnent un air guilleret et bien connu "Üskudur'a gideriken" (en allant à Uskudar) qui me parait assez peu compatible avec l'époque et l'ambiance de la chute de la deuxième Rome. En tous cas j'imagine mal les hordes révolutionnaires défier l'Europe au son de "La Madelon", encore moins les croisés francs prendre Jerusalem avec à la bouche "ah le pt'it vin blanc". Enfin bon.
Le quartier de Tünel se boboïse à vue d'oeil et sera bientot infréquentable sans y mettre le prix. En attendant on en profite pour une première "soirée bade hane". Le concept est simple, dans un bar d'une (ex) ruelle mal famée, des virtuoses jouent tous les mercredi soir de la musique tzigane de constantinople: clarinette, kanoun, darbuka et saz, turquettes qui se déhanchent et raki qui coule à flot. A 6 liras le raki, contre 3 il y a 3 ans, on paie la renaissance de cet ancien quartier levantin dont les facades sont ravallées une à une et dont tous les pas de portes se transforment en bars branchouilles. Le premier raki passe assez mal, mais comme la musique et l'ambiance elles ne changent pas, on se dit que la bière c'est bien aussi et on profite.
Et puis bobo ou pas, il reste possible de tomber au coin d'une rue sur un groupe de musiciens de rue bourrés qui font stopper net les passants. Impossible de voir en France cette culture commune, ce répertoir national de chansons populaires...A Tünel actuellement un festival des arts de la rue. Pour les Turcs, encore plus badauds que les français c'est du nouveau et des attroupements parsèment l'Istiklan à partir du Lycée de Galatasaray. Après avoir vécu à Lille Bordeaux ou Rennes, j'ai tendance à fatiguer devant des chevelus en kaki jonglant avec des bâtons. Allez je suis injuste y en avait de très bons, mais détail rigolo leur singerie de parade militaire avec force grimaces ne faisait pas rire grand monde. On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui...
Il y a des choses immuables en Turquie, des choses qui si elles changeaient feraient s'écrouler les bases de la société. Sur l'Istiklal tous les magasins diffusent de la musique. Comme on considère que plus la musique sera forte, plus elle attirera le client, la cacophonie est monstrueuse. Entre le grondement de la foule, les beuglements de divers vendeurs, le MEME p........ de gars qui vend des machins qui imitent le cui cui de l'oiseau (me demandez pas comment ca marche) et qui joue comme il y a trois ans le thème du "Parrain" ("Baba" en turc), et les enceintes des magasins, cette rue a un "sound systeme" spécifique, incomparable. Lors des coupures de courant en hiver (oui quand il neige il fait noir), il y a parfois des moments magiques ou le son d'un coup s'arrête. Puis peu à peu des vrombissements se font entendre et une odeur d'essence monte. En deux minutes la musique a repris, avec en basse continue, en buzzzz, le doux bruit des groupes éléctrogènes. Courageux, dernier au monde peut être, un magasin continue à passer l'insipide "Bêêêêle" de "Notre Dame de Paris". Quand il y a un tube, tous les magasins bien sur le passent. Sur un kilomètre (au bas mot, faut que je me renseigne), on a l'occasion d'entendre 4 ou 5 fois le mêle morceau. Vu qu'il n'ya pas de "comité de coordination du matraquage", on aboutit à des canons surprenant, un morceau commence et finit deux pas plus loin alors qu'à 20 mètres en retentissent les premiers accords. Les vendeurs, eux, ont du "se défoncer les oreilles au tisonnier une bonne fois pour toute" (Desproges, procès de Georges Guétary).
Le quartier de Tünel se boboïse à vue d'oeil et sera bientot infréquentable sans y mettre le prix. En attendant on en profite pour une première "soirée bade hane". Le concept est simple, dans un bar d'une (ex) ruelle mal famée, des virtuoses jouent tous les mercredi soir de la musique tzigane de constantinople: clarinette, kanoun, darbuka et saz, turquettes qui se déhanchent et raki qui coule à flot. A 6 liras le raki, contre 3 il y a 3 ans, on paie la renaissance de cet ancien quartier levantin dont les facades sont ravallées une à une et dont tous les pas de portes se transforment en bars branchouilles. Le premier raki passe assez mal, mais comme la musique et l'ambiance elles ne changent pas, on se dit que la bière c'est bien aussi et on profite.
Et puis bobo ou pas, il reste possible de tomber au coin d'une rue sur un groupe de musiciens de rue bourrés qui font stopper net les passants. Impossible de voir en France cette culture commune, ce répertoir national de chansons populaires...A Tünel actuellement un festival des arts de la rue. Pour les Turcs, encore plus badauds que les français c'est du nouveau et des attroupements parsèment l'Istiklan à partir du Lycée de Galatasaray. Après avoir vécu à Lille Bordeaux ou Rennes, j'ai tendance à fatiguer devant des chevelus en kaki jonglant avec des bâtons. Allez je suis injuste y en avait de très bons, mais détail rigolo leur singerie de parade militaire avec force grimaces ne faisait pas rire grand monde. On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui...
Il y a des choses immuables en Turquie, des choses qui si elles changeaient feraient s'écrouler les bases de la société. Sur l'Istiklal tous les magasins diffusent de la musique. Comme on considère que plus la musique sera forte, plus elle attirera le client, la cacophonie est monstrueuse. Entre le grondement de la foule, les beuglements de divers vendeurs, le MEME p........ de gars qui vend des machins qui imitent le cui cui de l'oiseau (me demandez pas comment ca marche) et qui joue comme il y a trois ans le thème du "Parrain" ("Baba" en turc), et les enceintes des magasins, cette rue a un "sound systeme" spécifique, incomparable. Lors des coupures de courant en hiver (oui quand il neige il fait noir), il y a parfois des moments magiques ou le son d'un coup s'arrête. Puis peu à peu des vrombissements se font entendre et une odeur d'essence monte. En deux minutes la musique a repris, avec en basse continue, en buzzzz, le doux bruit des groupes éléctrogènes. Courageux, dernier au monde peut être, un magasin continue à passer l'insipide "Bêêêêle" de "Notre Dame de Paris". Quand il y a un tube, tous les magasins bien sur le passent. Sur un kilomètre (au bas mot, faut que je me renseigne), on a l'occasion d'entendre 4 ou 5 fois le mêle morceau. Vu qu'il n'ya pas de "comité de coordination du matraquage", on aboutit à des canons surprenant, un morceau commence et finit deux pas plus loin alors qu'à 20 mètres en retentissent les premiers accords. Les vendeurs, eux, ont du "se défoncer les oreilles au tisonnier une bonne fois pour toute" (Desproges, procès de Georges Guétary).
3 commentaires:
je vois que tu as déjà le complexe de l'ancien combattant,c'était mieux avant,la biére était moins cher,il y avait moins de touristes ,etc...c'était seulement il y a 3 ans!!
Je revendique le statut d'ancien combattant! :o)Et la montee du prix de la biere est une tragedie pour moi
va on t'enverra de la Kro par la Poste, pov' chéri
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