vendredi, août 25, 2006

De Sarajevo à Mostar

Je pense avoir battu un record personnel d'absence de ce blog...Bien installé, doté d'un clavier français et d'un peu de temps libre, je me dois donc de relater mon petit voyage en Bosnie Herzegovine...fin Juillet...

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Impression générale: amateur de trous de balles (dans les murs), de ruines, de champs de batailles, n'allez pas à Sarajevo, c'est déja trop tard. Les traces de la guerre sont bien sur encore présentes, mais la ville (en tous cas le centre) a été refaite à neuf, briquée, rénovée, et offre un visage plus qu'attrayant.

C'est d'ailleurs ce qu'on du se dire les centaines de backpackers échoués dans le quartier turc de Bascarsija (çarsi = marché en turc, Bas = tête, ca simplifie le tourisme pour moi...mais POURQUOi les Ottomans ne sont pas restés plus longtemps à Budapest!).... le train de Budapest à Sarajevo (14 heures, départ 17h40, un par jour!) est d'ailleurs essentiellement occupé par des "routards", plus ou moins civilisés...sans surprise les australiens forment le gros des troupes, le "trip to europe" tenant lieu de voyage initiatique avant la première année de fac. L'austalien moyen se contrefout des vieilles pierres, des mosqées, églises et autres citadelles, mais sera en mesure d'alimenter les pages "going out" du Lonely Planet et de donner à 1 cent près le prix d'une bière à Zagreb. J'écope pour ma part d'un gros Irlandais sympa éduqué dans une école en gaëlique, et la conversation s'oriente évidemment dans des sphères pan-celtiques assez jouissives mais totalement hermétiques pour l'américaine du kentucky qui partage notre compartiment. La fraternité celtique survivra à une nuit blanche pour cause de ronflements gargantuesques...

Inutile d'espérer trop dormir, le passage de 2 frontières hors-UE n'en laisse pas le loisir! Les gardes frontières hongrois, croates (2 fois) et Bosniaques regardent d'un oeil las les passeports Australiens, Européens, Japonais (eh oui...) avant de laisser repartir le train. Bien 4 heures consacrées à franchir les frontières, soit un petit tiers du voyage...le voyage de Budapest à la frontière croate (Manastir) me permet d'ailleurs d'avoir un aperçu du Sud Ouest de la Hongrie, écrasé par le soleil de juillet, tout à fait bucolique.

L'arrivée à Sarajevo est assez surprenante...grande gare ferroviaire assez glauque, mais surtout FROID POLAIRE! la ville est mine de rien un peu en altitude, enfermée dans une cuvette surplombée de collines, et oui, bon, il est 6h du matin... l'hostel Ljubjica propose un service de navette qui nous amène directement dans le quartier turc. C'est bien tout ce que ce cloaque propose d'ailleurs, la seule fois ou j'ai dormi dans un truc aussi sale,c'était à Amidya au Kurdistan...et au moins c'était silencieux! Bref je suis un vieux con, mais 5 australiens et yankees brâmant jusqu'à 6 heures du mat ne font rien pour le sommeil du juste. Bref, à éviter à tout prix, en tous cas les dortoirs...

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Peu importe l'hotel miteux et mal fréquenté, la lumière du matin sur Sarajevo fait vite oublier la nuit blanche passée dans le train! Le petit déjeuner tant fantasmé de Börek et de Café Turc (pardon, Burek et Café Bosniaque !) englouti dans le premier café ouvert est un délice... Ayant quitté Itanbul en Novembre j'ai par contre perdu le fil des Ezans (appel à la prière)...n'ayant toujours rien entendu à 9h, je finis par demander à un gardien de mosquée si cela exisite ici... il me rassure, le prochain est à 10h (le deuxieme de la journée), en complet décalage avec les horaires turques de cette péridode... quand il retentit enfin, le dépaysement est complet: chaleur + calme + architecture ottomane + collines verdoyantes + Ezan: je me croirais bien à Trabzon!!

Pris d'un besoin irrepréssible de prendre de la hauteur, je me dirige vers la première colline que je vois, arpentant les ruelles et longeant les cimetières. Détail dérangeant, la plupart des pensionnaires semblent être morts en 1993 ou en 1994...pas de surprise, mais des frissons dans le dos tout de même...à flanc de colline, les pierres tombales blanches garnies de turbans s'étendent sur des kilomètres...il faut dire que le fondateur ottoman (Isa Bey) de Sarajevo n'avait pas du prévoir la possibilité d'un siège tenu par des barbares pilonant la ville de leurs mortiers...

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On comprend mieux l'enfer subit par la population, l'impossibilité de même traverser la rue sans risque le sniper vicieux, l'obus sournois...gageons que les courageux soldats de forces serbes de Bosnie se sont payé du bon temps...

Les traces de la guerre sont patiemment effacées, et le quartier touristique en est à peu près exempt, restauration oblige... je sympathize avec le gardien de la mosquée Gazi Husrev Bey, joyau de l'Islam balkanique, qui a fait ses études à Istanbul...on blablate en turc et je marque bien sur des points en comparant sa mosquée à la Sokolu Mehmet Pasa Camii d'Istanbul: même harmonie, même calme, même paix, même inspiration puisqu'elle a été construite par un élève de Mimar Sinan... mon statut de connaisseur es mosquées me fait ouvrir les portes du Turbe de Gazi Husrev Bey, théoriquement fermées au public, et toc, mais pas celles de la Medressa...

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Mais la principale curiosité, c'est ce clocher garni d'un cadran aux chiffres arabes... on admire, n'est ce pas, l'inspiration photographique intense, l'ombre du minaret se reflétant sur le clocher...la bonne idée de se lever tôt surtout!

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Petite déception au fur et à mesure que la journée avance, les boutiques de souvenir ouvrent, étalent leur camelote, et le quartier turc se transforme en entrepôts de bibelots exportés du grand bazar... je chipote,mais c'est trop propre, trop briqué, trop lisse... je flâne vite fait dans les ruelles, explore les "hans" (cours intérieures), engloutis un ou deux çay et repars vite dans les collines...rien de plus plaisant que de marcher peinard dans les quartiers résidentiels (coquets), avec la ville à ses pieds... but de mes pérégrinations, le cimetière juif de Kovaçiçi, aperçu en photo dans l'ancienne synagogue transformée en musée du judaïsme bosniaque... je ne trouverai jamais ce cimetière, malgré la perte de deux ou trois kilos dans les côtes! Je l'ai pourtant vu de loin...tant pis!

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Dans la catégorie "gout douteux", la bibliothèque (XIXeme siècle) désaffectée remporte le premier prix

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Une vague ressemblance (néo mauresque?) avec la grande synagogue de Budapest...

Ceux qui ont suivi le siège de Sarajevo, ou vu l'excellent "Welcome to Sarajevo" de Michael Winterbottom reconnaitront ces tours jumelles...

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en bien meilleur état qu'en 1992....

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Comme un symbole de la reconstruction de la bosnie? La campagne donne une impression plus mitigées, et les ruines jonchent la voie entre Sarajevo et Mostar...impacts d'obus, immeubles calcinés voisinent avec des bâtiments flambants neufs et des grosses cylindrées aux plaques allemandes et autrichiennes...comme au kurdistan irakien, les réfugiés tentent de revenir et d'investir dans leur pays meurtri.

Ayant commencé ma visite à 6 h du matin, j'ai en début de soiré épuisé les charmes touristiques de la ville... 13 heures de tourisme stakhanoviste me poussent à croire qu'il est inutile de rester un jour de plus, et je prends (après moult palabres à l'otogar) un billet pour Mostar, histoire de voir si le pont tient le coup...

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