J’ai vu un certain nombre de films kurdes
« Le temps de l’ivresse des chevaux »
et « Les tortues aussi peuvent voler » de Bahman Ghobadi
« Vodka Lemon » d’Hinar Saalem
« Yol » de Yilmaz Güney
Des films magnifiques, poignants, à couper le souffle. Un point commun : misère et neige, et pour les deux films de Bahman Ghobadi, orphelins et estropiés. Tous ces films sont filmés en plein hiver, dans la boue, la crasse, le froid, l’humidité qui s’infiltre jusque dans le cinéma, la pénombre permanente. J’ai certes connu ces paysages en mars 2003, mais après une semaine en Irak j’ai aussi vu des paysages verdoyants, entendu des cigales et humé des senteurs de menthe et de résine. Je ne sais si ce sont les cinéastes kurdes qui se complaisent dans le pathos (ça n’aurait rien d’étonnant vu leurs chansons), ou si ce sont les distributeurs qui les sélectionnent ainsi en Europe, mais ce que l’on nous laisse souvent voir du Kurdistan en Europe, c’est souvent des clichés en noir et blanc d’enfants boueux au regard tragique. Comme me l’a dit Roxane après deux heures passées à photographier des gamins hilares et surexcités dans les rues d’Erbil, « c’est pas possible, ils doivent leur taper dessus avant la photo pour qu’ils aient des têtes comme ça ». Désolé, mais toute les petites filles kurdes ne portent pas sur leur visage la misère du monde, elles n’ont pas toute de grand yeux mouillés et n’ont pas toujours l’air de s’être fait tabasser par les armées turques, irakiennes et iraniennes réunies.
Je reconnais plus les Kurdes dans le film d’Hinar Saalem « Vodka Lemon », filé en Arménie : mimiques, blagues, tendresses se rapprochent plus de ce que je connais. Il est vrai que je ne connais rien aux kurdes d’Iran, filmés par Ghobadi, peut être sont ils particulièrement glauques, mais les Kurdes d'Irak et de Turquie m'ont frappé par leur faculté innée à déconner malgré ce qu'ils ont pu subir.
Allez j’avoue, j’aimerais AUSSI voir un bon gros navet kurde. Une bonne comédie bien légère, avec en vrac quelques scènes auxquelles j’ai pu assister :
- un fier gaillard qui se fait engueuler par sa mégère parce qu’il a oublié le pain et qui repart la tête basse
- deux graines de guérillero de 25 ans qui se tordent en une séance de chatouilles sur un canapé
- un groupe de Peshmergas qui, entrant nuitamment dans le bureau du grand chef pour récupérer les sacs des touristes, en ressortent en ayant fait main basse sur le stock de bonbons réservés aux visiteurs.
- Un guignol fringué comme un Marseillais et pétant une chorégraphie du tonnerre dans le manège « crazy disco » du Dream City de Duhok, Kurdistan-sud.
- Un gamin qui m’ordonne de le prendre en photo et qui, une fois dans la boîte, me décoche un sourire radieux, un petit signe de la main, et s’en va en bombant le torse
- Deux peshmergas qui, voyant que je me jette à l’eau avec délice, se déshabillent et en font autant. Par esprit de sacrifice parce qu’ils sont chargé de me protéger ? Mon œil !
- Un car entier de kurdes se gondolant devant les aventures de Jackie Chan.
J’aimerais que ce film soit tourné en été, ou alors peut être au printemps, il paraît que les montagnes sont pleines de coquelicots, et que l’herbe est bien verte sur la terre ocre, ça doit être choli. En tous cas ça changera de la neige, si il y a un soleil sur le drapeau du Kurdistan, il y a bien une raison!!!
1 commentaire:
Marooned in Iraq ou "Le Pays des chants de ma mère" de Ghobadi est bourré de scènes très truculentes, dans le genre road movie, même si la fin mélange images émouvantes et gaies.
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