lundi, mai 30, 2005

Helsinki Citizen Assembly

Avec un nom plutot propice à quiproquo, c'est l'ONG dans laquelle je vais bosser pour trois mois. Première visite cet après midi dans des bureaux situés à Gümusuyu, un peu au dessous de Taksim sur le chemin du stade de Besiktas (oui j'ai des repères à la con). Ma responsable, Didem, ne rentre que le 7 Juin, et je commence donc à bosser en autonome sur le sujet convenu, "Turkey's EU Integration and the reactions in French society", ce qui me permet d'évacuer un peu la rancune après le résultat du réferendum!

A propos de Referendum, c'est assez drôle: les Turcs veulent savoir si "L'Europe va s'arretêr". Mon analyse aigrie de la situation "non elle va continuer, mais sans la France" les rassure, et j'en jurerais, leur fait plutot plaisir...C'est vrai qu'avec une France décrédibilisée que plus grand monde n'écoute, la Turquie a moins de souçis à se faire. Ils veulent aussi savoir si le Non à la constitution est un Non à la Turquie..."en partie" dois-je avouer. Un sondage IPSOS à la sortie de l'isoloir me donne plutot raison: 35% des "nonistes" affirment que le "non" était une occasion de s'opposer à l'entrée de la Turquie. (UMP et FN 56%, UDF 44, PS 26). La question turque arrive quatrième des raisons du "non" derrière "on est pas contents" "le traité est libéral" et "il faut renégocier". Probablement de peu devant "et en plus le temps est pourri". Ici ca va, un petit 30° moite.

Grosse déception, le site www.nonalaturquie.com semble avoir fermé ses portes, je suis sur que j'aurais pu trouver des trésors la dessus, moi.......

Sur la place de Taksim, une grappe de gamins tous bronzés et surexcités, vêtus d'un survêtment du club de Yüksekova (ville située au dans le sud-est près de la frontière irakienne). Chez eux, le PKK tente de faire reparler de lui depuis un an déja, et l'armée, qui n'en demandait pas tant, se relance dans de grandes manoeuvres.

dimanche, mai 29, 2005

Galère immobilère

Ce qui est dit est dit, je me suis lancé dans une recherche d'appart avec Corey, même s'il serait peut etre plus facile de trouver tout seul...le plan Cihangir devient plus galère puisque l'appart', parfait d'ailleurs, n'est disponible que pour le mois de juin, ses occupants partant en voyage...il y a de grandes chances qu'on se retrouve "à la rue" dès la première semaine de Juillet, à moins de réussir à négocier le mois avec l'agence...ilôt bon marché à Cihangir, cet appart' coutera pour les prochain locataires 1000 liras par mois, contre 750 aujourd'hui...soit 150 euros d'augmentation entre deux bails...reste la possibilité de faire un mois là, puis peut etre un autre à Tepebasi, avant de retrouver quelque chose pour moi seul en aout...pas gagné
Voilà Corey
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Après midi à Üsküdar dans une ambiance assez familiale, l'occasion de bronzer un peu face au bosphore et de prendre quelques bonnes photos...

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samedi, mai 28, 2005

Séance ciné

Je retrouve Manu, Roshi, ainsi que son ex colloc Leo (un grec) et sa copine (allemande) pour aller voir un film sur l'Istiklal. J'ai déja vu ce film kurde "les tortues aussi peuvent voler " (Kaplunbaga uçar en turc) mais je suis si surpris de le voir à l'affiche en Turquie que je fonce.
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Alors déja "il n'y a pas de film kurde". Le réalisateur étant Kurde Iranien, c'est un film iranien. OK. Autre problème le film se passe au Kurdistan Irakien, juste avant l'invasion américaine. Pas de problème, en Turquie de tout temps on a appelé ça "Küzey Irak" , Irak du nord. Les habitants sont probablement des "nords-irakiens". Ca c'est pour les affiches extérieures. A l'intérieur tout le monde s'en fout, ca beugle en kurde (enfin en küzeyirakci je suppose) à l'écran sans que les bonnes gens ne s'effarouchent. Incompréhension par contre devant la bande annonce de "Vodka lemon" entièrement doublé en turc. Ils ont pas du trouver de soustitreur Kurdo Armeno Russo Turc. Ou alors pas plus de deux langues mençant l'unité de la république par film...

Plutot marrant, dans l'indispensable thé post-film qui s'ensuit, la conversation s'installe en Turc. Deux français (dont un breton et un alsacien), une iranienne, un grec, une allemande. Improbable mais ca marche! J'en rigole en turc avec l'allemande qui a autant oublié son français que moi mon allemand....

Détail insignifiant mais c'est mon blog et je fais ce que je veux: quand je rentre j'apprend que le Stade Rennais jouera l'UEFA. wOuuhoOOooooU!

Prise de Constantinople

Si les troupeaux de boeufs britanniques ont finit à regret par transhumer vers leur île, quelques irréductibles au crâne rouge brique continuent de picoler près de leur QG à Taksim. Ils ont du rater leur avion ou vont peut être demander l'asile politique au pays ou la bière est moins chère. Les vendeurs de maillots se font plus rare, et à le nouveau centre d'attraction est un vague concert pseudo ottoman donné en l'honneur de l'anniversaire de la prise de Constantinople par Mehmet II. Ca fait 532 ans que les turcs assoifés de sang ont violé un des centres de la chrétienté. Certains en France ne s'en sont toujours pas remis, mais pour les turcs c'est essentiellement l'occasion de se saper en Janissaire de carnaval et de faire Boum Boum Tsoin Tsoin avec des gros batons.

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Impossible de s'approcher, pas de regret.

Première soirée levantine...

Invité pour une « hoşgeldiniz parti » (bienvenue), je me rends en taksi chez Manu qui habite à deux minutes de la tour de galata. Zeki, sapé comme un milord pour un vernissage, fait le chemin avec moi. Manu habite avec sa fiancée et très prochainement femme iranienne Roshanak, dans un loft au dessus d’ateliers bruyants dans la journée mais déserts pour la nuit.

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La vue sur le bosphore est à couper le souffle et l’appart’ regorge de décorations centrasiatiques…un vrai fantasme. La soirée est l’occasion de souhaiter la bienvenue à ma modeste personne et aussi à Beyzat, ami iranien que je connais depuis 2002. Un personnage, immense, moustachu, volubile, raffiné, donnant des « babas » à ses amis et interdit de séjour en Iran.

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S’y ajoutent Mady, américaine que j’ai rencontré plusieurs fois, Carl, autre américain inconnu et plus tard Leila, bosniaque moitié de Beyzat…Je retrouve les ambiances des soirées stambouliotes, la musique iranienne en toile de fond, le narghilé et le thé fumant, et la sensation de toucher du doigt le sens profond du mot « keyif ». Nous tentons avec Manu un duo Ney Duduk expérimental mais prometteur. Je passe finalement la nuit dans la chambre d’ami, pour entamer la journée du lendemain par une discussion sur le projet Gurminş sur lequel je vais bosser, et par une découverte du jeu Hearth of Iron II. On peut vouloir sauver le patrimoine tadjik, puis décider de conquérir les Balkans avec une Yougoslavie Fascisée. Merde quoi.

Erdogan Stadionu

Recep Tayip Erdoğan est depuis début 2003 le premier ministre turc, et surtout le fondateur de l’AKP, parti islamiste qui a tant fait jaser à son arrivée au pouvoir en novembre 2002 (« La Turquie bascule dans l’islamisme » titrait Libé, « Ah bon, ou ca ? » se demandait Tom, sirotant sa bière et matant les jolies turques). Ce vieux Recep est originaire du quartier populaire stambouliote de Kasım Paşa, et en est très fier. A Kasım Paşa, en lieu et place d’un ancien terrain vague on peut maintenant voir un stade de football flambant neuf et ultra moderne, cadeau de l’enfant du quartier pour un club de....ligue 3!!!!

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Je l’appelle «Erdoğan Stadion », et c’est à deux pas que je visite avec Corey un appartement potentiel. Le quartier ne m’inspire pas, situé derrière la frontière psychologique du « périph » de Beyoğlu, une avenue engorgée qui longe Taksim et débouche sur un des ponts de la corne d’or. Si l’appart, décoré années 70’s, est franchement potable, le prix (200 euros chacun) et les difficultés à trouver un colloc remplaçant en Aout me dissuadent, mais nous réservons notre réponse.

vendredi, mai 27, 2005

Parcours improbable

L’Iranien, lui, est un cas. Je connaissais des parcours personnels tordus mais là…Si j’ai bien suivi il a vécu entre l’Iran et Los Angeles, où, tombé dans la drogue, il s’est fait convertir par les adventiste du septième jour…il continue à picoler sec, mais « believe in Jesus and stuff », ce qui ne semble pas bien menaçant. Rentré en Iran il a animé une radio chrétienne en persan, s’est créé des problèmes couplés à une histoire d’héritage, et bref après avoir été torturé a fini par fuir et se retrouve à Istanbul où il attend qu’on lui accorde un statut de réfugié…il reste à l’aise financièrement et déménage bientôt à Büyukada, la plus grande île de la mer de marmara (1h de bateau).

Début de vie sociale....

Parti pour une bière à 18h, je reviens à 1h avec 3 ou 4 dans le nez…je rencontre Corey, étudiant américain de 19 ans l’hôtel Marmara en me fiant à son auto portrait « I look like a tourist ». Grand, baraqué, cheveux frisés et faux air de Manu de Lille en mieux rasé, il est un peu trop zen à mon goût mais vraiment sympa. On se retrouve avec ses collègues d’ONG dans une ambiance un poil trop expat’ à mon goût dans un bar franchement upper class « Dulcinea »…pèle-mêle le vice-consul de France (bourré), un américain taciturne, une turque et un iranien (bourré), bossant tous les deux pour mon ONG… Si la Turque (Cağla) est sympa au premier abord malgré sa double rangée de bagues et son accent américain, elle s’avère aussi obtue politiquement qu’un HitlerJugend bavarois et je dois vite me refaire à la langue de bois qui reste le moyen le plus simple d’éviter les conflits dans ce pays. C’est pourtant simple, en Turquie il n’y a PAS de problème, ou sinon c’est un complot (Judeo Arménien, Armeno-kurde, lenino-islamiste, imperialisto-grec) . Bref…il suffit de prendre le pli mais le choc est rude quand on s’est habitué à parler à des étudiants turcs de France un peu plus ouverts sur le monde…

A la recherche d'un colloc'

J’ai pour l’instant deux options d’appart : un truc avec Corey l’américain qui revient à 200 euros et qui semble se trouver à Taksim, ou récupérer l’ancien appart d’Anne à partir de la semaine prochaine. J’ai en effet rencontré son ex colloc Guillaume devant le tableau des annonces du consulat, et deux chambres se libèrent dans cet appart’ de Cihangir…même si j’étais plus attiré par Galata au début, je ne pense pas pouvoir me taper l’Istiklal d’un bout à l’autre plusieurs fois par jour. A 250 millions la chambre, sans problème d’agence, je pense que c’est l’idéal. Corey, joint au téléphone ce matin à l’air un peu lent à l’allumage et a un gros accent américain, mais bon…

Dernière chose, j’ai rencontré Ayşe sur l’Istiklal, connaissance de mon précédent séjour. Après un master en droit, elle bosse dans un cabinet d’avocat et prépare un mémoire sur « les sociétés anonymes ». Berk. Le bon point est qu’elle entame spontanément la conversation en turc et que j’enchaîne du tac au tac !

Squatt provisoire

Un mot sur les « beaux parents » : Zeki et Gülay vivent à Elmadağ, à 10 minutes de Taksim. L'appart est très sympa et lumineux, et surtout bondé de chats. Ronron, brave pépère castré, que j’ai déjà rencontré en janvier est submergé par quatre chatons hyperactifs, portée d’une heureuse maman (Nezaket) bien rétablie puisque de nouveau en chaleur et le faisant savoir.

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Zeki et Gülay sont graphistes et bossent et font la com’ matérielle de plusieurs entreprises. Je suis royalement accueilli puisque après un repas copieux je me retrouve installé de force sur la canapé une Efes pilsen à la main devant le match. Lequel se prolonge comme chacun sait, et je ne me couche que vers 2h après une vaine tentative pour avoir internet sur mon ordi. Nuit agitée, vu les hurlements langoureux de la chatte….

Portable....

Dans ma recherche d’une carte sim (ma quête du jour) on me demande évidemment à chaque fois si je suis anglais et si je suis venu pour le match. Pensant très fort « oui oui connard, et j’étais tellement bourré que j’ai appris dans la nuit à parler turc avec l’accent français sans m’en rendre compte », je m’abstiens pourtant, et j’y gagne (30 YTL quand même) une ligne de téléphone : 0090 538 617 71 22. Bouygues telecom n’a pourtant pas fini de m’emmerder puisque mon p.... de portable NEC n’est débloquable (après avoir trouvé le débloqueur dans un tunnel à Karaköy) que pour 50 YTL soit 28,491419410948 euros d’après la calculette du type. Même si pense qu’il peut me le faire à 28,40 si j’insiste, ca reste cher puisque c’était 25 à saint michel à bordeaux….en attendant je squatte sans vergogne le portable de la mèr de ma copine

YOUUUUU'LL NEEEEEEEEVER WAAALK ALOOOONE

Istanbul pullule d’anglais. On en attendait 40 000 hier pour le match de l’année Milan-Liverpool, et m’est avis qu’il ne sont pas tous rentrés dans la nuit. On en trouve en troupeau devant les rares « pubs » ou équivalents, en grappes de 3 ou 4 aventuriers dans les ruelles adjacentes à l’Istiklal. Ca beugle de temps en temps, et il m’aura été donné d’entendre pour la première fois en live « you’ll never like alone » en plein Beyoğlu.

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Les pancartes « Fresh beer good price » remportent un succès appréciable, les vendeurs de faux maillots font fortune,

dévalisés par des fans qui se foutent comme de leur première pinte de porter avec leurs maillots « made in turkey » un coup dur au département merchandising du club qui se retrouvera avec un stock de maillots « made in china » invendus sur les bras.

Cuba Turquie meme combat!

Après avoir récupéré mes effets, je suis accueilli par Zeki, qui me donne dans la voiture des nouvelles de Göksü, clarinettiste rencontré en janvier dans un resto.

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Si pour les instruments à vent je confirme qu’il vaut mieux jouer avec le ventre, lui est un artiste qui joue carrément avec l’estomac, se produisant contre un open-bar dans un resto de copains le lundi, et passant le reste de la semaine à faire un job alimentaire en nœud papillon, virtuose pour touristes dans la kız kulesi [1]. Figurez vous qu’il se trouve actuellement à Cuba, membre d’une délégation de 50 musiciens et 100 officiels ( !) du …. Parti communiste turc (TKP) ! Je ne sais pas si Fidel entend quoi que ce soit, mais l’idée de 50 pèlerins venus du Bosphore jouer l’aubade à un dictateur sclérosé me fait doucement rigoler.



[1] Tour de la vierge / tour de léandre

jeudi, mai 26, 2005

Dernieres emm.... françaises

25/05/2005

Après un départ matinal de landi, j’arrive à 12h14 à Roissy, ma copine est là sur le quai, et elle a eu la délicate attention d’acheter un assortiment de fromages français pour ses parents. Outre le fait que je pense déjà largement dépasser le poids autorisé j’ai maintenant la garantie d’être arrêté à la douane et de me retrouver avec une lampe dans la gueule, répondant à des mastards qui veulent savoir pourquoi je veux commettre un attentat bactériologique en Turquie.

Le Charter s’avère de plus en plus naze et il est quasiment impossible de savoir de quelle compagnie il s’agit exactement. A l’enregistrement les choses se compliquent un peu plus, pesant mes valises je me rends compte que j’en ai pour 38 kilos, pour 20 autorisés, plus 5 en cabine. Je décide dans l’affolement d’éloigner ma copine avec mon deuxième sac et de ne n’enregistrer que la valise. Celle-ci pèse déjà 27 kilos. En reculant un peu et en appuyant les roulettes sur le bord, on tombe ni vu ni connu à 17 kilos. Hop. Je me rends compte ensuite que le sac ne passera jamais en cabine. Qu’à cela ne tienne, je le fais enregistrer dans le chaos général (vive les groupes d’emmerdeurs !) et ca passe comme dans du beurre. Honnêtement j’y croyais pas, avec 15 kilos d’excédent j’aurais du en avoir pour 300 $...J’aurais à la rigueur pu faire soustraire les 3 litres de sueurs froides émis pendant l’opération.

Je ferai néanmoins le reste du voyage en m’imaginant arrêté à l’arrivée pour trafic de sac clandestin. J’ai finalement embarqué les fromages et la douane n’y voit que du feu. Une bonne femme examine d’un air circonspect mon duduk et mon kaval, puis, après s’être fait à l’idée que je ne pourrais même pas détourner un dolmuş avec çà, se rabat sur une paire de ciseaux à ongles égarée. Malgré les blagues lourdes des bidochons susnommés (« avion à pédales » « va falloir pousser ») le vol est sans histoire, si on omet le rebond artistique de l’appareil à l’atterrissage (double back flip mellow). Je précise qu’en manque de bois à toucher, j’ai tripoté mon rameesh (anche de duduk) à chaque manœuvre. Dans un pays où on marmonne « bismillah » avant de monter dans le bus, faut assumer.