Iftar à Fatih
Comme promis, petit reportage en direct du coeur traditionnel d'Istanbul...au menu voiles, barbes, et overdose de bonbons!
Une de mes plus belles ballades à Istanbul! Bravant le rhume tenace que je trimballe depuis une semaine, je m'élance à la conquête de Fatih (pléonasme!) avec la ferme intention d'assister à "l'iftar", rupture quotidienne du jeune au coucher du soleil...Première mosquée construite après la conquête d'Istanbul, Fatih Camii est immense, majestueuse et austère, dotée de dépendances immenses, une ville dans la ville, lieu de pélerinage, d'étude et de prière, essentiellement peuplée de barbus en pantacourt: un cauchemar pour les laïques qui y voient le centre de la menace islamique...à raison probablement, vu la dernière manif ayant eu lieu dans le quartier, rassemblement d'excités réclamant le retour du califat!
Remontant par Umkapani, quartier populaire peuplé de kurdes et de réfugiés, je me retrouve sur la place "moderne" du quartier, située près de la mairie d'Istanbul.
Ici, autour d'une statue équestre de Mehmet II Fatih (le conquérant), les vieux attendent la rutpure du jeune, l'oeil mauvais et la mine boudeuse! Eh oui, difficile de concillier deux paquets de gitane maïs quotidiens et les devoirs de bon musulman...
Je suis mauvaise langue, certains rigolaient quand même un peu, peut être de mes ruses de sioux pour les prendre "discrètement" en photo.
En louvoyant dans les petites rues, je me retrouve dans l'enceinte de la mosquée. Pour le Ramadan, comme prévu, elle se transforme en Disneyland islamiste, avec grande roue, auto-tamponneuses, tranpoling, et surtout la plus grande concentration de sucre au mètre carré qu'il m'ait été donné de voir...
Difficile de croire que Beyoglu et l'Istiklal se trouvent à 10 minutes en bus: ici en général une femme est voilée et un homme est barbu. A coté des vendeurs de sucettes, des magasins de livres islamiques "éduquez votre enfant", des cassettes de prière, des prèches en DVD, les inévitables posters de la Mecque, des bouteilles d'eau de la Mecque (ils ont du faire un stage à Lourdes!!!)
Contrairement aux adultes, qui visiblement respectent tous le ramadan à la lettre....
les enfants sont eux autorisés à s'empiffrer, et ils ont l'embarras du choix:
Sucettes "ottomanes" dégoulinantes et fluorescentes...
Popcorn tout chaud, et autres cauchemars de "Dis hekimi" (dentiste)
Notons aussi, attendant le client, divers restaurants proposant d'alléchants "Iftar menüsü", kokoreç, çig köfte, çorba...un peu étourdi par les odeurs, et me souvenant que mon dernier repas consistant date de la veille au soir, je suis placé devant un terrible choix: braver le couroux des indigènes en m'empiffrant devant eux, risquer le malaise, ou capituler devant les gargouillis et rentrer chez moi...ce que je fais, m'offrant une portion de çig köfte à Eminönü, un kilo de dattes à Umkapani et un "ramazan pidesi" près de chez moi!
A noter que la mairie d'Eminönü (comme beaucoup d'autres) distribue des repas gratuits tous les soirs...
De retour le lendemain soir avec Lieven, nous attendons l'Iftar le ventre plein et en prenant soin de ne pas arriver trop tôt...on perd en lumière et en ambiance, mais le look définitivement "non-turc" de Lieven (je fais personnellement illusion) nous attire un peu plus d'attention.
Un vendeur de posters de la Mecque s'ébaubit de mon turc et me tape une causette sympathique. Un vendeur de livres me met lui nettement plus mal à l'aise, me demandant si je suis musulman. Je réponds "non je suis chrétien" (tu parles!), pour m'entendre prédire "Insallah bir gün sen müslüman olursun" (si Dieu veut un jour tu seras musulman) (si Dieu existe il sait que je suis une cause perdue...). Pas de manière agressive, mais quand même. Il veut ensuite me refourguer un coran en allemand, mais je le rassure en disant que j'en ai un en français à la maison. C'est bien la première fois qu'on veut me convertir en tous cas, j'ai parlé avec des imams et des étudiants en théologie qui ne m'ont jamais chatouillé sur la question de la foi! Je me rappelle à la rigueur d'un Kurde qui voulait me convaincre que la sainte trinité était "débile" (certes!).
Cet "incident" mis à part, l'Iftar est très chaleureux! Pendant que nous achetons notre repas du soir, l'Ezan libérateur retentit. Les petites filles du Köfteci, déja peu avares en clowneries pour attirer notre attention, poussent un hurlement sauvage et attaquent leur plateau repas avec ardeur. La scène est irrésistible! En nous asseyant sur un mur pour déguster notre pitance, nous sommes repérés et invités par un groupe de poilus en pleine bombance. Inutile de refuser, nous ajoutons donc à notre cig köfte-ayran quelques cuisses de poulet et une demi bouteille de turca cola! Discussion sympathique, ces messieurs sont tous de Samsun et sont venus à Istanbul pour une formation: gardiens au ministère de la justice, ils se voient fournir un mois de cours par un envoyé de l'union européenne pour une "mise aux normes". Inévitable discussion foot plus politique, oui oui Recep Tayip Erdogan est le meilleur et non désolé, je ne soutiens pas Galatasaray mais Besiktas! Vu que les centaines de personnes en train de remuer des maxillaires, le calme qui règne est impressionnant, très apaisant.
Une de mes plus belles ballades à Istanbul! Bravant le rhume tenace que je trimballe depuis une semaine, je m'élance à la conquête de Fatih (pléonasme!) avec la ferme intention d'assister à "l'iftar", rupture quotidienne du jeune au coucher du soleil...Première mosquée construite après la conquête d'Istanbul, Fatih Camii est immense, majestueuse et austère, dotée de dépendances immenses, une ville dans la ville, lieu de pélerinage, d'étude et de prière, essentiellement peuplée de barbus en pantacourt: un cauchemar pour les laïques qui y voient le centre de la menace islamique...à raison probablement, vu la dernière manif ayant eu lieu dans le quartier, rassemblement d'excités réclamant le retour du califat!
Remontant par Umkapani, quartier populaire peuplé de kurdes et de réfugiés, je me retrouve sur la place "moderne" du quartier, située près de la mairie d'Istanbul.
Ici, autour d'une statue équestre de Mehmet II Fatih (le conquérant), les vieux attendent la rutpure du jeune, l'oeil mauvais et la mine boudeuse! Eh oui, difficile de concillier deux paquets de gitane maïs quotidiens et les devoirs de bon musulman...
Je suis mauvaise langue, certains rigolaient quand même un peu, peut être de mes ruses de sioux pour les prendre "discrètement" en photo.
En louvoyant dans les petites rues, je me retrouve dans l'enceinte de la mosquée. Pour le Ramadan, comme prévu, elle se transforme en Disneyland islamiste, avec grande roue, auto-tamponneuses, tranpoling, et surtout la plus grande concentration de sucre au mètre carré qu'il m'ait été donné de voir...
Difficile de croire que Beyoglu et l'Istiklal se trouvent à 10 minutes en bus: ici en général une femme est voilée et un homme est barbu. A coté des vendeurs de sucettes, des magasins de livres islamiques "éduquez votre enfant", des cassettes de prière, des prèches en DVD, les inévitables posters de la Mecque, des bouteilles d'eau de la Mecque (ils ont du faire un stage à Lourdes!!!)
Contrairement aux adultes, qui visiblement respectent tous le ramadan à la lettre....
les enfants sont eux autorisés à s'empiffrer, et ils ont l'embarras du choix:
Sucettes "ottomanes" dégoulinantes et fluorescentes...
Popcorn tout chaud, et autres cauchemars de "Dis hekimi" (dentiste)
Notons aussi, attendant le client, divers restaurants proposant d'alléchants "Iftar menüsü", kokoreç, çig köfte, çorba...un peu étourdi par les odeurs, et me souvenant que mon dernier repas consistant date de la veille au soir, je suis placé devant un terrible choix: braver le couroux des indigènes en m'empiffrant devant eux, risquer le malaise, ou capituler devant les gargouillis et rentrer chez moi...ce que je fais, m'offrant une portion de çig köfte à Eminönü, un kilo de dattes à Umkapani et un "ramazan pidesi" près de chez moi!
A noter que la mairie d'Eminönü (comme beaucoup d'autres) distribue des repas gratuits tous les soirs...
De retour le lendemain soir avec Lieven, nous attendons l'Iftar le ventre plein et en prenant soin de ne pas arriver trop tôt...on perd en lumière et en ambiance, mais le look définitivement "non-turc" de Lieven (je fais personnellement illusion) nous attire un peu plus d'attention.
Un vendeur de posters de la Mecque s'ébaubit de mon turc et me tape une causette sympathique. Un vendeur de livres me met lui nettement plus mal à l'aise, me demandant si je suis musulman. Je réponds "non je suis chrétien" (tu parles!), pour m'entendre prédire "Insallah bir gün sen müslüman olursun" (si Dieu veut un jour tu seras musulman) (si Dieu existe il sait que je suis une cause perdue...). Pas de manière agressive, mais quand même. Il veut ensuite me refourguer un coran en allemand, mais je le rassure en disant que j'en ai un en français à la maison. C'est bien la première fois qu'on veut me convertir en tous cas, j'ai parlé avec des imams et des étudiants en théologie qui ne m'ont jamais chatouillé sur la question de la foi! Je me rappelle à la rigueur d'un Kurde qui voulait me convaincre que la sainte trinité était "débile" (certes!).
Cet "incident" mis à part, l'Iftar est très chaleureux! Pendant que nous achetons notre repas du soir, l'Ezan libérateur retentit. Les petites filles du Köfteci, déja peu avares en clowneries pour attirer notre attention, poussent un hurlement sauvage et attaquent leur plateau repas avec ardeur. La scène est irrésistible! En nous asseyant sur un mur pour déguster notre pitance, nous sommes repérés et invités par un groupe de poilus en pleine bombance. Inutile de refuser, nous ajoutons donc à notre cig köfte-ayran quelques cuisses de poulet et une demi bouteille de turca cola! Discussion sympathique, ces messieurs sont tous de Samsun et sont venus à Istanbul pour une formation: gardiens au ministère de la justice, ils se voient fournir un mois de cours par un envoyé de l'union européenne pour une "mise aux normes". Inévitable discussion foot plus politique, oui oui Recep Tayip Erdogan est le meilleur et non désolé, je ne soutiens pas Galatasaray mais Besiktas! Vu que les centaines de personnes en train de remuer des maxillaires, le calme qui règne est impressionnant, très apaisant.
Ramazan |
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