mardi, octobre 25, 2005

Ankara. Un Breton chez les Galates...


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Un petit Week end à Ankara pour décompresser. Je me rends compte que me faire réveiller systématiquement à 3h du matin et devoir subir pendant plus d'une heure les braillements des tambourineurs (c'est officiel, ils sont plusieurs à se passer le relai pendant 1h30) ont fini par me mettre les nerfs en pelote. Si on ajoute le bruit de travaux perpétuel et l'atelier près de chez moi qui scie gaiement des poutres métalliques jusque tard dans la nuit en écoutant de l'arabesque à fond, j'étais près à mordre à la première contrariété.

C'est la première fois que je m'aventure au delà de l'Otogar ASTI (ashti) d'Ankara où j'ai souvent transité. Ankara était cette fois bien le but de mon voyage, afin d'y retrouver une camarade de promo et d'année d'étude en Turquie, Lise. Son organisation lui fournit un très chouette appart sur les hauteurs de la ville. Ambiance un peu rive asiatique d'Istanbul (pas de caractère et de grands immeubles partout), mais calme impressionant. C'est là que je me rend compte de l'état de mes nerfs, puisqu'il me semble découvrir le silence pour la première fois!.

Après 6h de bus (lambin) j'ai juste le temps de retrouver Lise à la sortie de la station de métro de Kizilay (Ankaray) et de foncer en bus jusqu'à sa résidence: on nous attend dans le centre au Théatre National pour une représentation de la pièce Ferhat et Sirin, texte de Nazim Hikmet sur une vieille légende persano turque. Si je ne comprend évidemment pas tout (le monologue d'introduction en vieux turc limite ottoman a fait frémir même Lise, pourtant bien plus avancée en turc que moi) la pièce est pourtant plaisante, servie par d'excellents acteurs et une mise en scène entraînante (au pire quand on s'emmerde on regarde les décors et les bo costumes). Avec nous la prof de turc de Lise, sous-payée pour donner des cours aux ambassadeurs.

Après ma première nuit complète depuis le début du Ramadan, (pas de tambour ici, les vigiles doivent tirer à vue!) et un solide petit dèj', nous partons pour une visite d'Ankara. Découverte! Il y a une vieille ville, plutot un village massé autour d'une citadelle Romano-byzantino-ottomane.

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Maisons typiques, vue imprenable sur la ville, et cruelle nouvelle: Ankara n'est pas "paumée au milieu de la plaine", elle est "paumée au milieu des collines":ca monte raide, et je souffre dans les côtes, d'autant que mon gros-pull-blouson est moins approprié ici qu'à Istanbul: grand ciel bleu et soleil qui mine de rien réchauffe les os. J'espère un début d'été indien, mais mon retour à Istanbul me détrompe: temps toujours pourri, ciel bas et bruine.

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Après quelques détours dans les rues du vieux quartier (Ulus)....

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..visite au musée: le musée des civilisations d'Ankara vaut le détour, avec une impressionante collection d'art Hittite...qui explique pourquoi on voit pas ces bas reliefs ailleurs en Turquie: ils ont été proprement découpés et amenés ici, ce qui rend la visite vraiment obligatoire. Comme je m'extasie de ce début de visite, Lise veut pousser son avantage et m'emmener au "Gençlik Parki" (parc de la jeunesse): échec cuisant puisque les fontaines sont désaffectées, tous les restaurants fermés et la piste de Halay (danse Tradi) désespéremment vide. Nos estomacs crient famine mais nous parvenous après une traversée d'autoroute risquée (paumés de chez paumés) à nous réfugier dans un restaurant de Kizilay. Re-Découverte: c'est BEAUCOUP moins cher qu'à Istanbul. Malgré mes réticences, Lise finit par me convaincre d'ailler rendre visite au père Kemal dans son mausolée. Avouons le c'est impressionant et j'oserais "sobre", au sens ou il n'y a pas de statue géante en or tournant avec le soleil....un temple immense et un tombeau de marbre plutôt épuré.

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Quelques groupes d'écoliers dissipés, peu de militaires en vue...loin de l'hystérie que j'imaginais. On rentre à la résidence avec quelques kilomètres dans les pattes. Nos vagues ambitions de vie sociale ne survivent pas au jacuzzi de la résidence (oui monsieur!) et la soirée est consacrée à ingurgiter du mauvais vin en regardant "les Bronzés" (une première pour moi) et à faire un obligatoire "rattrapage-ragots". (une promo à passer en revue ca occupe...)

Je me demande ce que Lise va pouvoir me concoter le lendemain, vu qu'avec toute la bonne volonté du monde nous avons probablement épuisé les merveilles d'Ankara en une journée. Pleine de ressources, Lise m'emmène à 100 km d'Ankara dans la bonne ville de Beypazari, et sa spécialité de Jus de Carotte.

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Il ne faut s'arrêter au nom effarant du boulevard d'entrée dans la ville nouvelle: "Alparslan Türkes Bulvari". Qu'on imagine une avenue Jean Marie Lepen ou un Boulevard Amiral Darlan...Bref cette "faute de gout" mise à part, Beypazari est un petit bijou d'architecture Ottomane typique, restaurée avec goût (ca arrive), servant de villégiature aux Ankariotes désireux de s'aérer pour la journée...le village est orienté tourisme, mais sans faute de goût, sans tape à l'oeil et sans être dénaturé.

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Un vrai bonheur et une bouffée d'air frais...Lise se voit offrir 3 kilos de pommes amochées par une vieille "Teyze"...

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nous faisons l'attraction en escaladant (inutilement) une colline en provocant des éboulements poussiéreux...Déjeuner dans un restaurant de la vallée Inözü, truite et soupe locale pour pas un rond...retour lambin à Ankara à la nuit tombante, avant d'aller boire une bière dans un quartier branché (encore une fois bien moins cher).

Bilan très positif, je me suis bien reposé et je pensais avoir emmagasiné assez de calme pour affronter la dernière ligne droite à Istanbul. Je déchante vite: à l'appart l'eau est toujours coupée, et j'ai été victime cette nuit d'un attentat anti chrétiens: 5 post pubères prenant prétexte du Ramazan pour venir faire chier les chrétiens. 1h30 de tambourinage dans ma rue aux cris de "DEBOUT LES CHRETIENS" avec rire gras en prime. Je ne supporte plus.

3 commentaires:

Sandrine Alexie a dit…

"Ferhat et Sirin, texte de Nazim Hikmet sur une vieille légende persano turque"

rôôô "persano-turque", mdr. Un truc bien vieux mais purement iranien tout court et pas seulement persan, même kurde, pashto, baloutche etc, attends je me casse pas je repompe la note que j'avais faite dans Mem et Zîn : "Chêrîn fut une favorite chrétienne du roi d'Iran Khosrow II Parviz (590-628). Le couple entra très vite dans la légende des peuples de langue iranienne. La version la plus célèbre de leur histoire est celle de Nizamî (1141-1209). Chêrîn, aimée du roi Khosrow, inspire ausi une passion à Ferhad, un ingénieur. Khosrow lui interdit de revoir Chêrîn mais il désobéit et pour se venger le roi lui annonce la nouvelle (fausse) de la mort de Chêrîn. Désespéré, Ferhad se tue."
Le château de Shîrîn (Qasr e S,îrîn) se trouve au Kurdistan d'Iran et l'historien kurde S,eref Xan de Bitlis prétend que Ferhad était un Kurde Kalhûr, mais méfiance il a tendance à kurdifier tous les héros du Shahnameh de Firdousî :).
Enfin si c'est devenu une légende "turque" aussi c'est tout simplement que les Turcs, du 10° au euh... 20° siècle disons ont été de culture turco-iranienne.

Tom a dit…

Turco Iranienne ou Persan turc...moi au moins j'ai mis persan en premier!
Tristan et Iseult passe pour une légende française et est pourtant bien Bretonne!
Turcs et Persans partagent un fond important de légendes...Même si Atatürk a voulu génocider le vocabulaire persan, il est facile de voir à quel points les cultures ont été entremelées!

Sandrine Alexie a dit…

Il faut reconnaître aux Turcs et à leurs dynasties qu'ils ont énormément aidé à la diffusion de la culture iranienne dans tout l'islam...