mercredi, septembre 12, 2007

Le fardeau des villes satellites

Le National Action Plan de la Turquie concernant les demandeurs d'asile a été en grande partie élaboré en 2005. Dans le petit monde des ONG, il a suscité l'incompréhension et la consternation: un candidat à l'asile, enregistré auprès du UNHCR, devait obligatoirement accepter d'aller vivre dans une des "villes sattelites" désignées par les autorités turques. En d'autres termes, quitter Istanbul pour des endroits aussi improbables que Bilecik ou Burdur, Isparta ou Afyon : but avoué de cette politique, éloigner les réfugiés de la capitale culturelle.

Le problème, c'est que l'aide légale ou matérielle aux demandeurs d'asile était concentrée à Istanbul, à travers quelques ONG comme ICMC ou Helsinki Citizen Assembly (où j'ai travaillé). Dans une ville comme Istanbul, un Somalien peut espérer passer un peu inaperçu et trouver à se loger dans des conditions déplorables à Tarlabasi ou Umkapani. Il peut également trouver un travail illégal lui permettant de subsister.

A Burdur, qui accueille aujourd'hui 300 demandeurs d'asile, une partie de la population commence à grogner contre la présence d'étrangers qui ne reçoivent plus de support du HCR ou de l'Etat. Aidés sur le budget de la ville, ils présentent de plus un risque pour l'emploi en se vendant à des prix défiants toute concurrence. Dans une ville déja touchée par la pauvreté, l'aide apportée à ces étangers suscite des tensions... Mais de nombreux habitants considèrent qu'il est du devoir de la Turquie d'aider ces "invités du Seigneur" qui ont fuit leur pays en guerre (Erythrée, Somalie, Soudan) et qui sont de plus souvent musulmans. Le député AKP de la ville, M. Özcelik, tente d'obtenir du gouvernement des subsides pour alléger la charge de la municipalité...



2 commentaires:

Ismail a dit…

J'avais parlé un peu de ce sujet dans un post précédent (nouvelles frontieres)

A Konya, il n'est désormais pas rare d'apercevoir des africains de l'Est dans les rues (jusqu'a présent c'était reservé aux joueurs de foot). La majorité visible est en effet constituée de somaliens et soudanais. Il y a aussi beaucoup d'Irakiens qui sont bien entendu moins visibles.

Au service des étrangers, j'ai remarqué des casiers pour les réfugiés et a vue de nez il doit y avoir 30-40 nationalités.

Quant aux réactions de la population, je n'ai pas effectué d'enquete mais mon sentiment est que pour l'instant ça releve plus de l'indifférence que de l'hostilité.

On trouve aussi assez facilement du travail au noir dans les "grandes" villes satellites comme Konya, Bursa ou Adapazarı(peut etre pas a Burdur).

Il y a certainement des aspects négatifs a cette politique mais ça permet de répartir le poids de la gestion sur différents départements et soulager Istanbul qui devait etre certainement débordé.

En tous cas ça m'a permis de me faire un ami francophone (burundais).

Tom a dit…

Pareil à Istanbul, plus d'indifférence ou d'incompréhension (mais c'est qui ces gens, qu'est ce qu'ils font là) que d'hostilité.

Dans les grandes villes oui, mais dans des bleds comme Bilecik ou Burdur, déja assez pauvres, ça doit pas être évident pour un Somalien de trouver du boulot!

Je ne pense pas que quelques milliers de réfugiés fassent "déborder" Istanbul qui gagne des milliers d'habitants par jour. D'autant que vu qu'ils n'ont strictement droit à aucune aide de l'Etat Turc, ils ne coutaient pas bien cher :D