vendredi, juin 09, 2006

Les Chants du Pays de ma mère

Après "le temps de l'ivresse des chevaux" et "Les Tortues aussi peuvent voler" j'ai enfin pu voir cet autre film du réalisateur Kurde d'Iran Bahman Ghobadi. Le titre original est "Gomgashtei dar Aragh" ("Marooned in Irak) et me semble être en Iranien, mais l'essentiel du film est en Kurde Sorani.


Je suis desservi par des sous-titres minimalistes qui me font perdre une bonne partie du sens du film, mais pour l'essentiel voilà un résumé de l'intrigue: Mirza vieux musicien kurde iranien très connu, force ses deux fils Barat (chant, zurna et duduk) et Audeh ( chant et daf) à l'accompagner au Kurdistan Irakien à la recherche de son ex femme Haraneh qu'il sait en danger.


Le problème c'est que nous sommes en pleine guerre Iran-Irak, ce qui est rappelé par le bruit omniprésent des avions de chasse... La référence a des attaques chimiques de l'armée irakienne situe l'action en 1986-1987

Mirza est sec, droit comme un I, doté d'une magnifique moustache blanche immaculée, et n'hésite pas à flanquer des beignes énergiques à ses ingrats de fils.




Barat ne se dépare jamais de ses grosses lunettes noires ou de son masque de moto, et promène son bedon avantageux bien soutenu par son chalvar et sa ceinture traditionnelle (une bande d'étoffe de 10 mètres de long roulée autour du ventre) et est pour moi le personnage le plus profond.


Audeh est irrésistible, sorte de gros ours chevelu et moustachu, marié 7 fois et père de 11 filles, incapable de se donner un héritier mâle.




La première partie du film est franchement burlesque et se passe sous le soleil dans les montagnes du Kurdistan: l'ouverture se fait sur Barat chevauchant son side car. On ne comprend qu'après 5 minutes qu'il se trouve en fait sur la remorque d'un camion par peur des voleurs. Le personnage du médecin à grosses lunettes qui se réjouit de l'afflux de réfugiés parce qu'il peut leur refourguer sa camelote est franchement antipathique. Rassurez vous, il finit en caleçon dépouillé par des voleurs kurdes irakiens! A noter qu'il ressemble comme un fère à un autre docteur kurde iranien à la recherche d'un orphelin dans "Les tortues aussi peuvent voler" du même Bahman Ghobadi. (Vérification faite, c'est le même)



Autres scènes franchement poilantes en vrac, la douche du gros Audeh, arrosé à grands seaux par ses inombrables filles, le mariage annulé de force par un prétendant éconduit par le père de la fille...


(il faut dire qu'il a des arguments)

Le concert donné par les trois musiciens pour fêter l'annulation de ce mariage (enfin la j'avoue que les sous-titres ne permettent pas d'y entendre grand chose...), l'enterrement vivant de l'entremetteur (il s'en sortira) responsable du mariage...

J'ai eu une impression de déja vu lorsque 3 petits mioches viennent déranger Barat qui se soulage tranquillement la vessie...l'avantage de ces acteurs non proffessionels est qu'ils sont clairement aussi vrais que nature!!!



"comment peut-on faire pour avoir une aussi belle voix que toi oncle Barat??"

"Commencez par avaler un insecte!!!!"

La seconde partie se déroule à la frontière entre les deux Kurdistans...dans la neige et le froid, la bouillasse et la pluie, à l'image au final de tous les films de Bahman Ghobadi... clin d'oeil aux contrebandiers suvis dans "le temps de l'ivresse des chevaux", scène insoutenable de la découverte d'un charnier provoqué par la répression féroce de Saddam, douleur du vieux Mirza forcé de partir seul en Irak, son fils risquant d'être engagé de force...

Je ne dirai pas plus sur la fin du film, cela dévoilerait un peu trop...Sachez tout de même que Barat trouve un amour compliqué (bah oui, revoir son coup de foudre à la recherche de son frère dans un charnier ca n'augure rien de bon), et qu'Audeh découvre qu'au lieu de chercher une douzième épouse, il peut adopter sans frais deux orphelins kurdes irakiens doués pour le chant... (la scène est à pleurer!)


J'ai beaucoup ri en lisant un commentaire sur le jeu des acteurs sur le site www.imdb.com

Almost all the dialogue is delivered in a uniform monotonous shout. No one hardly ever lowers their voice to a conversational tone or a whisper. Whether this restricted range is due to the fact that Kurds actually speak this way or to amateurish acting, I don't know; but it wears on the nerves, dazes one with its constant din, and robs all dialogue of nuance and impact.

Réponse: oui oui, les Kurdes parlent vraiment comme ca, et oui oui, ca tape sur les nerfs à la longue!



2 commentaires:

Sandrine Alexie a dit…

Ah ce film, c'est mon préféré... Le meilleur de Ghobadi. Une pure tragi-comédie kurde, magnifique !

Tom a dit…

J'avoue que je suis franchement poilé pour ensuite rester figé pendant les 20 dernières minutes...soufflant!