samedi, décembre 24, 2005

Et de Trois...

Désiré, 17 ans, de la province de Bujumbura Rural au Burundi, tutsi victime du génocide de 1993 a été reconnu réfugié il y a deux jours par le UNHCR. C'est donc un 3 sur 3 pour les Burundais que j'avais vu débarquer en Aout, "évadés" des Universiades d'Izmir. Une bonne nouvelle pour Noël ;o)

jeudi, décembre 22, 2005

Le Mot inconnu, par Roshanak Ostad...


Une bonne idée sortie sur Paris (et oui, un mois dans ce bled et je me mêle déja de donner des conseils), le centre culturel Pouya, situé 48 bis qui de Jemmapes à Paris. Une sorte d'institut culturel iranien "alternatif" tenu par un digne iranien joueur de Daf (Monsieur Abbas) et son frère (Monsieur Ali). Belle bibliothèque, large choix de disques iraniens et kurdes, et possiblité de se poser dans un cadre chaleureux pour savourer un bon thé persan parfumé et une glace à la pistache...

Tout à fait acessoirement c'est aussi ici que mon amie Roshanak fait sa première exposition en France, "le mot inconnu". Elle présente des oeuvres récentes et moins récentes réalisées en France et en Turquie, essentiellement des calligrames à partir de ses poèmes en persan. Evidemment vous allez me dire "on y comprend rien c'est dommage". Certes, mais comme je l'aurais dit moi même si elle ne l'avait pas dit avant "On peut apprécier une chanson sans en comprendre les paroles". Et toc. Celà laisse de plus la place à l'imagination...




Encore 2 bonnes semaines pour en profiter...pour d'éventuels acquéreurs voilà l'adresse de l'artiste... roshangar@gmail.com


mercredi, décembre 07, 2005

YOUPI!

Pour un début c'est un beau début! Deux des Burundais qui sont arrivés à Istanbul en Aout et dont j'ai mené le dossier avec ma collègue Pilar viennent d'être reconnus réfugiés par le UNHCR. 3 mois de recherches ultra pointues sur le Burundi, des heures et des heures d'entretiens à essayer d'écrire un témoignage cohérent, 25 sessions "d'aide psychologique" à traduire des horreurs (le pire ayant été je crois la description d'une femme tutsie éventrée au foetus arraché par les massacreurs) à une psychologue obtue...et j'ai dû quitter Istanbul juste avant leur "interview" à Ankara, pour laquelle je les avais préparé en essayant de ne pas laisser le moindre détail au hasard...j'avoue qu'un rejet m'aurait bien déprimé, mais la réponse ultra rapide (moins de 2 semaines) d'Ankara est une bénédiction pour mes deux "protégés" Ferdinand et Léopold. Ils ne sont évidemment pas au bout de leurs peines puisqu'il leur faut maintenant être acceptés par un "pays de réinstallation" (resettlement country), la Turquie n'acceptant pas d'intégrer des réfugiés non européens...en tous cas je n'ai qu'un seul mot "YIPEEEEE"


dimanche, novembre 27, 2005

Retour à Amedi

Si seulement! En plus si il neige ca doit être à couper le souffle...
Malheureusement je n'y retourne qu'à travers d'autres grimoires
D'après Henry Binden, en 1857 Amedi est un monceaux de ruines. La citadelle est essentiellement peuplée de juifs, et les femmes juives s'unissent souvent aux musulmans.
Il décrit déja la porte qui nous a frappé en Aout: "nous sortons par la porte ouest, cette porte est fort curieuse, la voute extérieure en ogive est ornée de dessins d'arabesques et de serpents entrelacés" Cette porte s'appelle en fait "porte de Zibar", et daterait de l'époque parthe! (148-226 après J.C)...Les rois parthes ayant vaincu les romains sont ceux représentés sur la porte...la pauvre Roxane peut oublier ses "visages de princes kurdes..." Mais l'info reste à vérifier...moi j'aimais bien l'idée d'avoir vu les visages des emirs du Badinan.

Pour Thaha Baher il existe à Amedi un "étrange monument, une grande fosse carrée creusée dans le roc de la montagne". J'avoue qu'on l'a ratée celle la.

Et la je m'insurge: à quelques Km d'Amedi à Ardan, une église Assyrienne du IV ème siècle, qui d'après une étude de 1997 existe toujours....ils auraient pu y penser nos anges gardiens...

Claudius James Rich

Ils me font toujours rigoler les neuneus en Turquie avec leur très inspiré et épidermique "il n'y pas Kurdistan", "ca n'a jamais existé", comme ci ces trois syllabes leur arrachaient les yeux à chaque fois. Quand on lit les récits des voyageurs, diplomates, "touristes" des XVIII et XIX eme siècles, le mot Kurdistan est courant. Difficile pour un louveteau gris même de mauvaise foi de crier au complot séparatiste si il tombe sur le livre "Narrative of a Residence in Koordistan" de Claudius James Rich, écrit en 1820. L'édition que j'ai lue date de 1836...

Je souhaite pousser un coup de gueule contre l'institut kurde de paris et sa règle de non-emprunt qui ne m'a permi que de le feuilleter. :o)

Ce bouquin est un trésor, écrit par un homme d'exception...parlant couramment latin, grec, hébreu, araméen, arabe, persan, turc (etc). Il effectue un voyage au "Koordistan" en 1820, et rédige un journal quotidien, gorgé d'observations anthropologiques. L'homme meurt en octobre 1821, du Choléra attrapé à Shiraz (Perse).

Evidemment il faudrait que je le lise en intégralité...mais rien que sa description de Sulemanye me fait aimer cet espèce d'anglaise: "Suleymanye ressemble à un gros village arabe". Il le juge sans intérêt, notant tout de même 2 belles mosquées et un joli Hammam. Il faut dire que la ville ne faisait que 10000 habitants à l'époque...

Petites découvertes...

Comme j'ai du temps libre (profitons en!), je vais faire un petit tour à l'institut kurde de paris, rue La Fayette. Presque par réflexe, je salue le standard en turc (oups), et on me répond en turc. Pas de surprise....
Quel accueil! Ayant formulé des désirs de recherche sur le patrimoine architectural du kurdistan irakien, on me fait asseoir en face d'une pile de livres, des cartes grandes comme l'appart dans lequel je loge (14m²)...merci Sandrine!

Je commence par combler une partie de mes énormes lacunes sur les Yezidis: déja on me fait découvrir que "religion originelle des kurdes", rien du tout, encore de la propagande. Et merde. Le Yezidisme remonte en fait au 12ème siècle, serait issu du Soufisme et originaire de la vallée de Lalish, entre Mossoul et Duhok. A voir les photos de monastère et de pélerinages, j'en veux encore un peu plus à ces neuneus d'UPKistes qui ont refusé qu'on visite un village Yezidi sous prétexte "d'eau pas pure...".

Brièvement notons que les Yezidis ont été engendrés par Adam, sans Eve. La grande classe, et surtout un bon point pour eux! En fait Adam et Eve avaient décidés de "prendre leur volupté" au dessus d'une cruche (sans jeu de mot)....pour Adam le résultat fut le merveilleux peuple Yezidi, pour Eve de la pourriture te des vers...j'y peux rien, tout ca et dans les Kawls, leurs chants relgieux.,

A noter dans leur système de castes une caste des Kawwals, équivalent intéressant des Bardes celtes, formés dans des écoles de la vallée de Lalish. Autre bretonnerie, de grands "pardons" (processions) organisés tous les ans, ou on "promène le paon" (Tawus gerran) dans les régions yezidies...

Stigmatisés comme "adorateurs du diable", les Yezidis ont en fait une cosmogonie assez complexe, avec un soupçon de zoroastrisme. Après avoir créé le monde, Dieu, un poil flemmard, l'a confié aux 7 archanges ou 7 mystères (Haft Surr): le big boss "Tawus Melek" (l'ange paon), désigné comme le diable par les sunnites qui généralement n'apprécient que peu les nombreuses sectes anatolo-méspotamiennes...Tawus Melek décide de tout, et Dieu est foncièrement bon, donc nul besoin de le prier, autant se concentrer sur son assistant. Bon d'accord c'est le diable, enfin l'ange déchu, mais Dieu lui a pardonné, alors hein.

"Shaytan" le mot iranien (et turc) pour Satan, est un mot tabou, et la lettre "Shin" de l'alphabet arabe tout autant. D'ailleurs pour simplifier, l'écriture et la lecture sont théoriquement interdites aux croyants, réservées aux lettrés. Il parait que cha se perd.
Autres tabous les vêtements bleus, certains aliments, l'interdiction de salir le sol, l'air, le feu, l'eau (je ne sais pas si ca veut dire "écologie", espérons...)

En résumé, niveau vestiges, il peut etre intéressant d'aller découvrir le sanctuaire du Sheikh Adi, fondateur de la religion, tous les villages Yezidis comptent un mausolée dédié à un Saint protecteur. Grand festival en automne dans la vallée de Lalish...équivalent de Hacibektas pour les Alevis en Turquie.




Un mois à Paris... C'est par ou la plage?

Bon bah voila, pour la première fois de ma vie je me retrouve à Paris pour plus de 3 jours. Honnêtement on ne fait rien pour que mes préjugés de Breton évoluent...Je laisse toujours les cadres supérieurs pressés me foncer dedans et rebondir, l'air surpris que quelqu'un ne comprenne pas à quel point ILS sont pressés, eux. Je ne peux m'empêcher de demander au serrurier à qui il faut 2 heures pour faire un double pourquoi ce double doit me coûter 15 euros (19 pour deux clés), contre 10 balles les deux à Istanbul. Si le niveau de vie ici était 10 fois celui de la Turquie, ca se saurait...La sempiternelle réponse "oui-mais-à-Paris-il-y-a-tous-les-théâtres" lasse un peu à force, même si il est vrai qu'on ne va pas chez le serrurier tous les jours. Renoncer à tout confort de vie pour le plaisir de voir Francis machin au théâtre de la Michautruc, j'avoue en béotien diplômé que ca ne m'effleurerait pas.

Le programme de formation auquel je participe vaut tout de même le déplacement, malgré quelques à côtés un peu effrayant pour un apolitique militant comme moi. Il est vrai que bosser sur les questions de migrations mène vite à cotoyer les "militants" qui m'ont souvent débecté. Je pense par exemple à la promo précédent la nôtre à Science Po Lille, qui sous prétexte que des sans papiers avaient occupé l'IEP pendant quelques jours ont passé le reste de leur scolarité à parler comme si ils avaient fait le Vietnam. La formation dispensée par le programme "échanges et partenariats" vaut pourtant le détour, malgré mes réserves initiales: faut dire qu'aller tous les jours au "centre international de culture populaire" (CICP) m'effrayait un peu: les comité france-palestine ou france-tchétchénie m'ont fait vaguement craindre un "france-kurdistan" avec "cadre" du PKK à l'oeil torve fourni gratuitement (grace à la "contribution du peuple kurde" comme disait l'autre). Rien de tout celà. Par contre évidemment on nage dans une ambiance "alter" que je n'avais jamais trop fréquenté à part au tribunal international sur l'Iraq en juin...Rien de bien méchant au contraire, et je me détend vite.... au menu méthodologie de projet, nombreuses rencontres avec des responsables d'ONG (CIMADE, Gisti) sur Paris et familiarisation avec le système français, que je connais logiquement (?) moins que le turc...

mercredi, novembre 09, 2005

Fin de séjour

Je rentre en France le 12 novembre....fin de 6 mois à Istanbul, sans trop de regret. Istanbul en hiver est un poil glauque, il pleut depuis deux mois et je n'ai pas vraiment pu faire de tourisme!
Retour en France donc, et si tout va bien départ pour la Hongrie en Janvier. Une autre langue tordue en perspective...

J'ai beaucoup d'appréhension. Tous mes amis turcs me disent de bien faire attention à moi en France, parce que ca a l'air dangereux ce pays là. Limite on se demande ce qu'ils font dans l'Europe.

mardi, octobre 25, 2005

Ankara. Un Breton chez les Galates...


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Un petit Week end à Ankara pour décompresser. Je me rends compte que me faire réveiller systématiquement à 3h du matin et devoir subir pendant plus d'une heure les braillements des tambourineurs (c'est officiel, ils sont plusieurs à se passer le relai pendant 1h30) ont fini par me mettre les nerfs en pelote. Si on ajoute le bruit de travaux perpétuel et l'atelier près de chez moi qui scie gaiement des poutres métalliques jusque tard dans la nuit en écoutant de l'arabesque à fond, j'étais près à mordre à la première contrariété.

C'est la première fois que je m'aventure au delà de l'Otogar ASTI (ashti) d'Ankara où j'ai souvent transité. Ankara était cette fois bien le but de mon voyage, afin d'y retrouver une camarade de promo et d'année d'étude en Turquie, Lise. Son organisation lui fournit un très chouette appart sur les hauteurs de la ville. Ambiance un peu rive asiatique d'Istanbul (pas de caractère et de grands immeubles partout), mais calme impressionant. C'est là que je me rend compte de l'état de mes nerfs, puisqu'il me semble découvrir le silence pour la première fois!.

Après 6h de bus (lambin) j'ai juste le temps de retrouver Lise à la sortie de la station de métro de Kizilay (Ankaray) et de foncer en bus jusqu'à sa résidence: on nous attend dans le centre au Théatre National pour une représentation de la pièce Ferhat et Sirin, texte de Nazim Hikmet sur une vieille légende persano turque. Si je ne comprend évidemment pas tout (le monologue d'introduction en vieux turc limite ottoman a fait frémir même Lise, pourtant bien plus avancée en turc que moi) la pièce est pourtant plaisante, servie par d'excellents acteurs et une mise en scène entraînante (au pire quand on s'emmerde on regarde les décors et les bo costumes). Avec nous la prof de turc de Lise, sous-payée pour donner des cours aux ambassadeurs.

Après ma première nuit complète depuis le début du Ramadan, (pas de tambour ici, les vigiles doivent tirer à vue!) et un solide petit dèj', nous partons pour une visite d'Ankara. Découverte! Il y a une vieille ville, plutot un village massé autour d'une citadelle Romano-byzantino-ottomane.

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Maisons typiques, vue imprenable sur la ville, et cruelle nouvelle: Ankara n'est pas "paumée au milieu de la plaine", elle est "paumée au milieu des collines":ca monte raide, et je souffre dans les côtes, d'autant que mon gros-pull-blouson est moins approprié ici qu'à Istanbul: grand ciel bleu et soleil qui mine de rien réchauffe les os. J'espère un début d'été indien, mais mon retour à Istanbul me détrompe: temps toujours pourri, ciel bas et bruine.

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Après quelques détours dans les rues du vieux quartier (Ulus)....

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..visite au musée: le musée des civilisations d'Ankara vaut le détour, avec une impressionante collection d'art Hittite...qui explique pourquoi on voit pas ces bas reliefs ailleurs en Turquie: ils ont été proprement découpés et amenés ici, ce qui rend la visite vraiment obligatoire. Comme je m'extasie de ce début de visite, Lise veut pousser son avantage et m'emmener au "Gençlik Parki" (parc de la jeunesse): échec cuisant puisque les fontaines sont désaffectées, tous les restaurants fermés et la piste de Halay (danse Tradi) désespéremment vide. Nos estomacs crient famine mais nous parvenous après une traversée d'autoroute risquée (paumés de chez paumés) à nous réfugier dans un restaurant de Kizilay. Re-Découverte: c'est BEAUCOUP moins cher qu'à Istanbul. Malgré mes réticences, Lise finit par me convaincre d'ailler rendre visite au père Kemal dans son mausolée. Avouons le c'est impressionant et j'oserais "sobre", au sens ou il n'y a pas de statue géante en or tournant avec le soleil....un temple immense et un tombeau de marbre plutôt épuré.

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Quelques groupes d'écoliers dissipés, peu de militaires en vue...loin de l'hystérie que j'imaginais. On rentre à la résidence avec quelques kilomètres dans les pattes. Nos vagues ambitions de vie sociale ne survivent pas au jacuzzi de la résidence (oui monsieur!) et la soirée est consacrée à ingurgiter du mauvais vin en regardant "les Bronzés" (une première pour moi) et à faire un obligatoire "rattrapage-ragots". (une promo à passer en revue ca occupe...)

Je me demande ce que Lise va pouvoir me concoter le lendemain, vu qu'avec toute la bonne volonté du monde nous avons probablement épuisé les merveilles d'Ankara en une journée. Pleine de ressources, Lise m'emmène à 100 km d'Ankara dans la bonne ville de Beypazari, et sa spécialité de Jus de Carotte.

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Il ne faut s'arrêter au nom effarant du boulevard d'entrée dans la ville nouvelle: "Alparslan Türkes Bulvari". Qu'on imagine une avenue Jean Marie Lepen ou un Boulevard Amiral Darlan...Bref cette "faute de gout" mise à part, Beypazari est un petit bijou d'architecture Ottomane typique, restaurée avec goût (ca arrive), servant de villégiature aux Ankariotes désireux de s'aérer pour la journée...le village est orienté tourisme, mais sans faute de goût, sans tape à l'oeil et sans être dénaturé.

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Un vrai bonheur et une bouffée d'air frais...Lise se voit offrir 3 kilos de pommes amochées par une vieille "Teyze"...

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nous faisons l'attraction en escaladant (inutilement) une colline en provocant des éboulements poussiéreux...Déjeuner dans un restaurant de la vallée Inözü, truite et soupe locale pour pas un rond...retour lambin à Ankara à la nuit tombante, avant d'aller boire une bière dans un quartier branché (encore une fois bien moins cher).

Bilan très positif, je me suis bien reposé et je pensais avoir emmagasiné assez de calme pour affronter la dernière ligne droite à Istanbul. Je déchante vite: à l'appart l'eau est toujours coupée, et j'ai été victime cette nuit d'un attentat anti chrétiens: 5 post pubères prenant prétexte du Ramazan pour venir faire chier les chrétiens. 1h30 de tambourinage dans ma rue aux cris de "DEBOUT LES CHRETIENS" avec rire gras en prime. Je ne supporte plus.

lundi, octobre 10, 2005

Umkapani

Un quartier que j'affectionne: petites rues en pente, linge aux fenêtres, vue imprenable sur la Zeyrek Camii, à deux minutes de Suleymanye: Umkapani. Quartier "populaire" euphémisme pour "franchement pauvre"


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Comme je l'ai dit, beaucoup de Kurdes dans le coin, musique kurde plein pot dans les ateliers, et attitude typiquement kurde des gamins: quand les petits gosses turcs jouent les durs et snobent le touriste, les kurdes se battent pour être immortalisé: c'était vrai à Erbil, ca ne varie pas à Istanbul. Seule différence notable, le signe V (PKK) qui comme je l'ai dit fait partie de leur patrimoine génétique.

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Pour le reste, mêmes bouilles, mêmes sourires!

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Comme c'est déja l'hiver ici (si il y a eu un automne je devais dormir), les préparatifs vont bon train: la corvée de bois est généralisée, et la tenace odeur de poêle ne quittera plus les rues avant Avril...

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Entraînement paramilitaire de la jeunesse turque!

Un vrai scandale! Mais que fait l'Europe!

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Iftar à Fatih

Comme promis, petit reportage en direct du coeur traditionnel d'Istanbul...au menu voiles, barbes, et overdose de bonbons!

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Une de mes plus belles ballades à Istanbul! Bravant le rhume tenace que je trimballe depuis une semaine, je m'élance à la conquête de Fatih (pléonasme!) avec la ferme intention d'assister à "l'iftar", rupture quotidienne du jeune au coucher du soleil...Première mosquée construite après la conquête d'Istanbul, Fatih Camii est immense, majestueuse et austère, dotée de dépendances immenses, une ville dans la ville, lieu de pélerinage, d'étude et de prière, essentiellement peuplée de barbus en pantacourt: un cauchemar pour les laïques qui y voient le centre de la menace islamique...à raison probablement, vu la dernière manif ayant eu lieu dans le quartier, rassemblement d'excités réclamant le retour du califat!

Remontant par Umkapani, quartier populaire peuplé de kurdes et de réfugiés, je me retrouve sur la place "moderne" du quartier, située près de la mairie d'Istanbul.

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Ici, autour d'une statue équestre de Mehmet II Fatih (le conquérant), les vieux attendent la rutpure du jeune, l'oeil mauvais et la mine boudeuse! Eh oui, difficile de concillier deux paquets de gitane maïs quotidiens et les devoirs de bon musulman...

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Je suis mauvaise langue, certains rigolaient quand même un peu, peut être de mes ruses de sioux pour les prendre "discrètement" en photo.

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En louvoyant dans les petites rues, je me retrouve dans l'enceinte de la mosquée. Pour le Ramadan, comme prévu, elle se transforme en Disneyland islamiste, avec grande roue, auto-tamponneuses, tranpoling, et surtout la plus grande concentration de sucre au mètre carré qu'il m'ait été donné de voir...

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Difficile de croire que Beyoglu et l'Istiklal se trouvent à 10 minutes en bus: ici en général une femme est voilée et un homme est barbu. A coté des vendeurs de sucettes, des magasins de livres islamiques "éduquez votre enfant", des cassettes de prière, des prèches en DVD, les inévitables posters de la Mecque, des bouteilles d'eau de la Mecque (ils ont du faire un stage à Lourdes!!!)

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Contrairement aux adultes, qui visiblement respectent tous le ramadan à la lettre....
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les enfants sont eux autorisés à s'empiffrer, et ils ont l'embarras du choix:

Sucettes "ottomanes" dégoulinantes et fluorescentes...

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Popcorn tout chaud, et autres cauchemars de "Dis hekimi" (dentiste)

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Notons aussi, attendant le client, divers restaurants proposant d'alléchants "Iftar menüsü", kokoreç, çig köfte, çorba...un peu étourdi par les odeurs, et me souvenant que mon dernier repas consistant date de la veille au soir, je suis placé devant un terrible choix: braver le couroux des indigènes en m'empiffrant devant eux, risquer le malaise, ou capituler devant les gargouillis et rentrer chez moi...ce que je fais, m'offrant une portion de çig köfte à Eminönü, un kilo de dattes à Umkapani et un "ramazan pidesi" près de chez moi!

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A noter que la mairie d'Eminönü (comme beaucoup d'autres) distribue des repas gratuits tous les soirs...

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De retour le lendemain soir avec Lieven, nous attendons l'Iftar le ventre plein et en prenant soin de ne pas arriver trop tôt...on perd en lumière et en ambiance, mais le look définitivement "non-turc" de Lieven (je fais personnellement illusion) nous attire un peu plus d'attention.
Un vendeur de posters de la Mecque s'ébaubit de mon turc et me tape une causette sympathique. Un vendeur de livres me met lui nettement plus mal à l'aise, me demandant si je suis musulman. Je réponds "non je suis chrétien" (tu parles!), pour m'entendre prédire "Insallah bir gün sen müslüman olursun" (si Dieu veut un jour tu seras musulman) (si Dieu existe il sait que je suis une cause perdue...). Pas de manière agressive, mais quand même. Il veut ensuite me refourguer un coran en allemand, mais je le rassure en disant que j'en ai un en français à la maison. C'est bien la première fois qu'on veut me convertir en tous cas, j'ai parlé avec des imams et des étudiants en théologie qui ne m'ont jamais chatouillé sur la question de la foi! Je me rappelle à la rigueur d'un Kurde qui voulait me convaincre que la sainte trinité était "débile" (certes!).

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Cet "incident" mis à part, l'Iftar est très chaleureux! Pendant que nous achetons notre repas du soir, l'Ezan libérateur retentit. Les petites filles du Köfteci, déja peu avares en clowneries pour attirer notre attention, poussent un hurlement sauvage et attaquent leur plateau repas avec ardeur. La scène est irrésistible! En nous asseyant sur un mur pour déguster notre pitance, nous sommes repérés et invités par un groupe de poilus en pleine bombance. Inutile de refuser, nous ajoutons donc à notre cig köfte-ayran quelques cuisses de poulet et une demi bouteille de turca cola! Discussion sympathique, ces messieurs sont tous de Samsun et sont venus à Istanbul pour une formation: gardiens au ministère de la justice, ils se voient fournir un mois de cours par un envoyé de l'union européenne pour une "mise aux normes". Inévitable discussion foot plus politique, oui oui Recep Tayip Erdogan est le meilleur et non désolé, je ne soutiens pas Galatasaray mais Besiktas! Vu que les centaines de personnes en train de remuer des maxillaires, le calme qui règne est impressionnant, très apaisant.

Ramazan

vendredi, octobre 07, 2005

Faux espoirs...


En attendant que ma pide cuise, dans un petit boui boui de galata, je suis d'un oeil distrait les "news" de la très poujadiste chaîne "Flash T.V", spécialisée dans les chiens écrasés, les vidéos amateurs de scènes de violence et l'info populiste à souhait (retransmission d'enterrement de soldats avec pleureuses assermentées...). Après un vague "reportage" sur une alliance entre le Saadet (islamistes radicaux groupusculaires) et le MHP (néo-fascistes monochrosomiques), le présentateur annonce d'un air grave que l'Europe a déja commencé ses méfaits!

Suit une vidéo "Davulu Yasagi", ou en français "L'interdiction du tambour"! Je suis parcouru d'un frisson délicieux: d'après le journaliste les autorités ont proclamé l'interdiction de réveiller les bonnes gens à 3h du mat, pour se mettre en conformité aux normes européennes (j'ai quand même un doute). Après la menace pesant sur le kokoreç (équivalent de la ritournelle sur les fromages de Pasqua), délicieux sandwich au tripes visé par Bruxelles d'après les experts, voici que les technocrates s'attaquent aux traditions turques...et devant mes yeux ravis, le reportage montre des scènes tragiques d'honnêtes emmerdeurs harcelés par la police, de tambours confisqués...cela se passe à Adana, mais j'ai l'espoir fou qu'une rafle policière vienne décimer la population des tambourineurs...


Je passe une nuit paisible, aidé peut être par mes boules quies utilisées en prévention...je me réveille surpris à 8h, après ma première nuit d'une seule traite depuis longtemps.

Ravi je sors de ma chambre...pour trouver mon colloc Lieven gueuler avec son accent belge "c'était quoi ce tambourrr de merrrrde à 3h"? O rage, O desespoir...J'ai au moins le malin plaisir de l'informer qu'il le subira pendant un mois!

jeudi, octobre 06, 2005

Kahrolsun Davulcu!

Bon bah j'ai la réponse à ma question...il Y A un joueur de tambour fou dans mon quartier. Et par rapport à mon spécimen du Ramadan 2002 on passe un palier, c'est très net.

Déja (j'étais peut etre de bonne humeur), j'ai trouvé qu'il jouait bien. Evidemment ce genre de considérations mélomanes pèsent peu devant le fait qu'il m'a quand même réveillé à 3h du matin. Ensuite, grande innovation: il CHANTAIT!!!!!!!!!!!!!! Ou gueulait, bref il ne se contentait de cogner son machin, il informait la population (majoritairement chrétienne ou athée dans ce coin d'expats) de la nécessité de se réveiller la maintenant tout de suite. Ensuite il m'a semblé anormalement long, bien une heure de tapage, et j'ai eu l'impression dans mon demi-coma qu'ils s'y étaient mis à plusieurs....

Si un soir je rentre tard chez moi et que je le croise dans la rue, je ne manquerai pas de le prendre en photo. Si il n'y a pas de témoins, on risque fort de retrouver un matin un turc mort avec une baguette de bois introduite la ou je pense.

mercredi, octobre 05, 2005

Enfin une nouvelle de France qui fait plaisir

Les stagiaires
«Nous sommes une main-d'oeuvre gratuite»

«Miniprix, mais il fait le maximum.» Drapé dans sa cape rouge, «Superstagiaire» mène ses troupes de surdiplômés «exploités» à la manifestation, à Paris. Ils se sont réunis derrière un manifeste publié en ligne sur www.generation-precaire.org le 9 septembre qui prône la réforme du statut des stagiaires. Ils dénoncent les recours abusifs aux stages et la «complicité» des facs qui délivrent des inscriptions bidons pour les futurs stagiaires : une «main-d'oeuvre gratuite» pour des «entreprises Potemkine», comme le répète à l'envi Guillaume, avant d'enfiler son masque, indispensable pour préserver l'anonymat et de futures possibilités de stages. Ils sont une petite vingtaine à défiler, symboliquement enchaînés les uns aux autres dans une corde de drap blanc. Ils appellent à une grève générale des stagiaires au mois de novembre.

Le pire c'est qu'en ONG si tu fais grève, t'as mauvaise conscience!


mardi, octobre 04, 2005

Début de Ramazan...

Un mot sur Istanbul en octobre 2005

Il fait un temps de merde, j'ai réussi à choper une bonne crève et je suis en manque de sommeil chronique: un voisin non identifié, d'après mon colloc un des ateliers de la rue, passe de l'Arabesque à fond les ballons à 3 h du mat'...

Galata et Tünel sont progressivement transformés en banlieues de Kaboul: les autorités mettent un point d'honneur à arracher méticuleusement tous les pavés, et à transformer les rues en cloaques boueux: bah oui, nettement plus marrant de creuser des trous quand il pleut non?? Le bureau a eu un jour de répit, entre la fin des travaux de facade du "Babylon" club (2 mois à couper des poutes métalliques à la scie électrique sous nos fenêtres) et le début de la guerre des tranchées, ou "concerto pour marteau piqueur opus 5"...je dois raser les murs pour éviter les cireurs de chaussure, outrés de voir mes groles maculées de boue passer sous leurs nez tous les jours.

Et pour corser le tout, qu'est ce que donc qui nous arrive dessus? LE RAMADAN!

Soit des rues bouchées à 17h par des automobilistes sur les dents, n'ayant rien mangé depuis 4 h du matin et pressés de rentrer se faire éclater la panse. Mon grand traumatisme de 2002 refait surface, l'heure de vérité est pour cette nuit:

Serai-je, ou ne serai-je pas, réveillé toutes les nuits pendant un mois par le tambour du ramadan? Négligeant royalement le fait que la plupart des turcs ont un réveil, ce brave noctambule fait sa tournée, balladant son énorme tambour pour s'assurer que les musulmans se réveillent bien à 3h du matin pour prendre un solide petit déjeuner, afin de tenir la journée. Quand au chrétiens, juifs, athées, mauvais musulmans, le tambour n'a rien prévu pour eux, et les réveille impitoyablement dans une ambiance de déclaration de guerre... Le pire est qu'il passe à la fin du ramadan demander un paiement pour ses services...en 2002 j'avais feint la parfaite incompréhension. Cette année, si il s'aventure dans mon quartier de "gavour" (chiens d'infidèles), il peut s'attendre au même accueil. J'ai de toutes façons déja acheté mes "Kulak tipasi" (boules quies...)

Plus sympa l'IFTAR, rupture du jeune au coucher du soleil..j'irai faire un tour dans les quartiers tradis pour ramener quelques clichés...

BABA ZULA en concert!

Un post pour recouper en fait TROIS concerts de Baba Zula auxquels j'ai assisté ces dernières semaines...une fois pour voir, la deuxième pour montrer à ceux qu'avaient pas vu, la dernière pour le départ de Günce la semaine dernière.

En concert à YAGA (rue des boîtes, en haut de taksim, en face de l'Aya Triyada), les Baba Zulas ne sont que deux, leur pianiste, entrevu dans le film de Fatih Akin (oui j'en parle souvent et après) et en concert à Açik Hava a du claquer d'une overdose de coke. Ou alors sa manie de renifler et de se gratter le nez venait d'une allergie aux paillettes de son costume.

Bref deux zigotos moustachus, l'un au Saz électrique, l'autre à la boîte à sons bizarres. Deux percussionistes visiblement roms, déchaînés. Une dessinatrice pour l'ambiance visuelle, et une floppée de danseuses du ventre, d'inégales beautés. La dernière que j'ai vue, probablement petite soeur de la première (un peu grasse) aurait détourné de ses devoirs un couvent de moines bénédictins, même si le grand frère Rom discrètement affecté à la surveillance aurait peut être dissuadé certains. Malheureusement, pas de photos pour elle.. juste ses consoeurs.

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Chaude ambiance...
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Niveau musique avouons qu'il suffit de les voir une fois, deux si on accroche vraiment. Personnellement la troisième m'a un peu saoulé, mais il est difficile de se renouveler toutes les semaines! Inutile de vous y précipiter, ils ne reviendront qu'en Janvier dans ce club...