samedi, octobre 21, 2006

"Il a pris six mois fermes en interro d'histoire"

Excellent papier dans "rebonds" de libération...rien à redire!

"Puisqu'il s'agirait de pédagogie, imaginons ce que donneraient ces lois appliquées dès l'école. Interrogé en classe, un élève devrait prendre la précaution de répondre : «Je ne parlerai qu'en présence de mon avocat.» Et si jamais il répond quand même, sa phrase introductive devrait être: «Je jure de dire l'Histoire, toute l'Histoire, rien que l'Histoire.» C'est une manière radicale de restaurer l'autorité et la discipline à l'école. La distribution des prix aura lieu au tribunal. On imagine des parents aller chercher leur enfant à la sortie de l'école et s'inquiéter de ne pas l'y trouver jusqu'à ce qu'un professeur les informe : «Il a pris six mois ferme en interro d'histoire.» «Maman, je suis tombé sur la Turquie, dira le pauvre enfant. J'avais fait l'impasse, mais, sur le Rwanda, je savais tout.» Quand on copiera sur un voisin qui s'est trompé, on risquera d'être inculpé de complicité. Sans compter les malentendus, comme l'enfant qui dira «J'avais pas révisé, je croyais que c'était interdit», parce que le sens du mot «révisionnisme» lui aura échappé. Comme nul n'est censé ignorer la loi, nul ne sera censé ignorer l'Histoire. Espérons que cette rigueur ne s'appliquera pas aux autres matières, l'orthographe, les mathématiques, la chimie. Sinon, les jours d'interrogation écrite de physique quantique, la liberté ne sera plus qu'un souvenir pour la majorité d'entre nous. Le seul avantage, ce sera pour la réinsertion : un mois avec sursis et soixante-dix heures de cours d'histoire."

Mathieu Lindon

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